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    1. LÉVITIQUE (LIVRE DU)##


LÉVITIQUE (LIVRE DU). ORIGINE DU LIVRE

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Introduction to the literature of the Old Testament, Edimbourg, 1898, p. 151.

Si la Loi de Sainteté à cause de sa rédaction tardive et surtout de sa fusion avec la partie fondamentale du Code Sacerdotal a reçu des éléments étrangers, elle a vraisemblablement perdu de ses éléments propres qui sont allés prendre place dans d’autres groupements ; de ce nombre seraient au c. xi du Lévitique, dans la loi sur les animaux purs et impurs, les versets 43-45, peut-être encore aux Nombres, xv, 37-41, moins sûrement, Lev., xii, xiii, 1-46 ; xiv, 1-8° ; Num., v, 11-31 ; vi, 2-8 (Wurster) ; Lev., v, 1-6, 21-24a ; Num., x, 11 ; xv, 17-21 (Dillmann). « Ce code ne se présente donc plus à nous au complet et nous ne pouvons plus juger de son plan primitif. Tel qu’il nous apparaît, il occupe une place intermédiaire entre le livre de l’Alliance et la législation sacerdotale en général. Il est moins cérémonial que cette dernière, mais il l’est plus que le premier, plus aussi que D. Il s’adresse ordinairement au peuple, tandis que P, au moins dans sa forme actuelle, est rédigé à l’intention des prêtres. » Gautier, Introduction à l’Ancien Testament, 2e édit., Lausanne, 1914, p. 166.

2. Loi des sacrifices.

D’autres groupes de lois, également bien distinctes les uns des autres, complètent la législation lévitique. C’est d’abord la loi des sacrifices (Po : priesterliche Op/erthora), Lev., i-vn. Elle s’intercale entre Exod., xxv-xl et Lev., viii, qui sont étroitement apparentés et dont elle brise la suite, elle-même d’ailleurs n’étant pas homogène. Ses trois premiers chapitres, en effet, se distinguent des suivants par l’absence de la formule si fréquente dans ces derniers : « Jahvé parla à Moïse » et les c. vivn se révèlent comme une addition aux cinq premiers. (Bæntsch, Bertholet, Steuernagel). S’il est difficile de fixer une date à la rédaction de ces divers éléments dont quelques-uns semblent antérieurs à Pg, par exemple Lev., i-m, et d’autres plus récents, tels les c. iv-vn, tous du moins semblent bien appartenir à la même école et provenir des mêmes milieux sacerdotaux qui mirent par écrit la pratique rituelle du temple de Jérusalem, tenue pour entièrement mosaïque. Cette œuvre était-elle bien avancée ou même seulement commencée lors de la destruction du Temple qui la rendait d’autant plus nécessaire ? C’est ce qu’on ne saurait affirmer.

3. Loi de pureté.

Comme le précédent, ce groupe de lois appelé loi de pureté (Pr : Reinheitsgesetz), Lev., xi-xv, apparaît en dehors de son véritable contexte, s’intercalant entre les c. x et xvi, étroitement unis entre eux, non seulement par les sujets mais encore par les premiers mots du c. xvi se référant à x, 1. Il n’est pas non plus d’une unité parfaite ; c’est ainsi que les c. xii et xv, bien qu’apparentés par le sujet, impuretés humaines, sont néanmoins séparés l’un de l’autre, parce que sans doute ils ont une origine différente.

4. Loi du Jour de l’expiation.

Les prescriptions concernant le Jour de l’expiation, Lev., xvi, ne forment pas un groupe indépendant comme les deux législations précédentes ; elles appartiennent aux parties secondaires de Pg, l’ordonnance même relative à l’obligation de la fête, xvi, 29-34, étant encore inconnue au temps d’Esdras. Cf. II Esd., viii-in.

5. La loi sur les vœux et les dîmes. — Quant au c. xxvii, le dernier du Lévitique, sorte d’appendice renfermant une série de préceptes sur les vœux et les dîmes, ce serait une des additions les plus récentes au Code Sacerdotal (Bæntsch, Bertholet, Steuernagel l.

6. Récit de lu consécration et dr l’Installation des prêtres. - - Restent les c. viii-x. Dans leur ensemble, ils sont regardés comme faisant partie, s.mf qnelques éléments secondaires, de l’écrit fondamental de P

Es sont en effet, la suite du c. xl de l’Exode et le c. viii du Lévitique n’est que le récit de l’exécution des ordres énoncés au c. xxix de l’Exode ; de plus les prescriptions relatives au sanctuaire, au sacerdoce, au rituel des sacrifices concordent avec celles de Pg, dont les expressions caractéristiques et certaines formules d’introduction stéréotypées se retrouvent dans ces trois chapitres, par exemple : Lev., vii, 1 ; x, 8… (Bæntsch). Toutefois, le récit de la faute et du châtiment des deux fils d’Aaron, Nadab et Abiu, Lev., x, 1-11, n’appartiendrait pas au récit primitif ; sa présence, en effet, dans la relation du permier service divin qui n’est décrit si longuement que pour servir de modèle à tous ceux de l’avenir peut paraître au moins singulière, sinon invraisemblable (Steuernagel, op. cit., p. 159). Ne porterait-il pas, au contraire, selon la remarque de Bertholet, op. cit., p. x, l’empreinte de Pg, dont on retrouve ici un des procédés accoutumés de rédaction qui consiste à rattacher la promulgation d’ordonnances à des circonstances historiques ?

De cet ensemble d’éléments d’origine assez variée, comment s’est dégagée la forme actuelle du Lévitique ? Les différents recueils de lois, résultat d’une élaboration lente et progressive, ont été successivement réunis à l’écrit fondamental du Code Sacerdotal, en subissant certaines modifications et additions, imposées par la fusion. Les principales étapes de cette formation du Lévitique sont assez communément marquées de la façon suivante : 1 Réunion de la Loi de Sainteté à l’écrit fondamental du Code sacerdotal. 2. Insertion de la Loi des sacrifices entre Ex., xl et Lev., vin. Le choix de cette place pour la Loi des sacrifices entre la législation, organisant le sanctuaire, et le récit de la consécration des prêtres se comprend : le service divin exigeant au préalable la consécration de ministres et celle-ci comportant nécessairement l’offrande des sacrifices, les c. i-vn du Lévitique venaient à point en décrire les rites et les différentes réglementations. 3. Insertion de la Loi des impuretés légales, Lev., xi-xv, placée avant la loi du Jour de l’expiation, dont elle apparaît comme la justification : la nécessité d’une telle solennité expiatoire ne résulte-t-elle pas, en effet, de l’exposé des nombreuses impuretés encourues par le peuple 4. Dernière étape, celle de la fusion du Code Sacerdotal avec les autres documents du Pentateuque et qui n’amena que de légères modifications au Lévitique déjà constitué.

Peut-on dater, au moins approximativement, ces différentes étapes ? En dehors de quelques critiques, Dillmann, Kittcl, Baudissin, Strack, Œttli, Sellin, qui maintiennent la rédaction du Code Sacerdotal à l’époque préexilienne, on place généralement la formation du Lévitique après l’exil. Peu après la rédaction de l’écrit fondamental sacerdotal Pg aurait eu lieu sa réunion avec la Loi de sainteté, Ph, au temps d’Esdras et peut-être par Esdras lui-même ; les autres étapes suivraient, s’échelonnant de l’époque de la promulgation de la loi (en 144) à 400 environ, date de la fusion de P avec les autres documents du Pentateuque. Quelques remaniements, retouches rédactionnelles, additions auraient achevé au siècle suivant, de donner au Lévitique sa forme définitive.

Ainsi le Lévitique apparaît comme le livre de la vie religieuse du second Temple, à la fois rituel et manuel de piété, guide des fidèles et des prêtres dans leurs rapports avec la divinité ; élaboré au cours des liécles, il a recueilli, adapté, groupé tout un ensemble de prescriptions, les unes plus anciennes, les autres plus récentes, mais que la piété juive fait remonter toutes sans distinction à Moïse