Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/224

Cette page n’a pas encore été corrigée
433
434
LE PLAT — LEPORIUS


de vue des régalistes’suivant qui le ? pouvoir civil a seul le droit de déterminer les empêchements matrimoniaux. Le théologien A’an der Velde ayant défendu le point de vue ecclésiastique dans son De impedimentis matrimonii, 1782, Le Plat, qui, dans cet ouvrage, était accusé d’imposture et d’hérésie, releva le gant avec plus de véhémence encore. La lutte s’exacerba en 1786 lors de la création par Joseph II du séminaire général de Louvain, où Le Plat devait faire un cours de droit canonique obligatoire pour les théologiens. D’ordre de Joseph II, l’enseignement serait donné d’après les Pralectiones in jus ecclesiasticum de Pehem, le plus intransigeant des canonistes joséphistes. Le cours de Le Plat ne pouvait manquer de susciter dans les milieux lovanistes, déjà fortement excités contre Joseph II, la plus vive hostilité. Le professeur l’accrut encore par ses maladresses et ses violences de langage ; des scènes de désordre eurent lieu dans les salles de cours, puis dans la rue ; Le Plat dut se retirer à Maastricht durant la seconde partie de l’année 1787. Sur un ordre du gouvernement, il reprit son cours en janvier 1788, d’abord à Louvain. puis à Bruxelles où la Faculté de droit fut transférée. On sait que les mesures maladroites de Joseph II amenèrent dans cette ville une révolution, devant laquelle Le Plat dut s’enfuir. Il se retira en Allemagne, puis en Hollande auprès de l’abbé Mouton, qu’il aida dans la rédaction des Nouvelles ecclésiastiques. Sa situation était devenue fort gênée ; enfin il fut, en 1806, nommé par Napoléon professeur de droit romain et directeur de la Faculté de droit de Coblence. C’est là qu’il mourut le 6 août 1810.

Associé à la direction des presses académiques du Louvain, Le Plat fut amené à rééditer à l’usage de public universitaire les œuvres des canonistes et des juristes, ses collègues flamands ou autrichiens. C’est ainsi qu’il publia : U. Huber, Pralectiones juris civilis, 1766, 3 vol. in-4° ; Van Espen, Commentarius in Decretum Gratiani, 1777, 2 vol. in-8° ; P. J. Riegger, Instiluliones jurisprudentiw. ecclesiasticæ, 1779, 6 vol. ; P. Stockmans, Opéra omnia, 1783, 4 vol. in-8° ; J. J. N. Pehem, Pralectiones in jus ecclesiasticum, 1789 ; en 1792 il faisait encore paraître le prospectus d’un nouveau supplément aux œuvres de Van Espen qui n’a pas vu le jour. — Dans le même genre de travaux rentre encore : Claudii Fleurii in historiam ecclesiasticam dissertaliones, 1780, 2 vol. in-8°. — Plus personnels sont les travaux relatifs au concile de Trente : Le Plat avait publié en 1779 les canons et décrets du concile, il entreprit ensuite de continuer le travail des Lovanistes qui, en 1561, avaient réuni un bon nombre de documents. C’est ainsi qu’il compila : Monumenlorum ad historiam concilii Tridentini potissimum illustrandam spectantium amplissima collectio, Louvain, 1781-1787, 7 vol. in-4°, contribution très précieuse à l’histoire du concile. — Intéressent directement le théologien les dissertations relatives aux empêchements du mariage : 1. Dissertation historico-canonique sur l’indissolubilité du mariage de l’infidèle converti, 1771 ; 2. Josephi Maugis, Jodoci Le Plat et Paulini Nervii dissertationes 1res in Casu Apostoli, I Cor., VII, 12. sç., Louvain et Gallipoli, 1770-1772, 3 vol. in-8° ; 3. Collectio variarum dissertalionum casum Apostoli, I Cor. Vit, 12 sq. illustrantium, Liège, 1773 ; 4. Dissertatio canonica de sponsalibus et matrimoniorum impedimentis, Louvain, 1783 ; 5. Vindicindissertationts canonir.i ilr tpOtlBallbUê rt mulnmoniorum impedlmentts ; 6 « Dissertation contre l’autorité des règles de l’Index, 1783 ; 7. Lettres d’un théologien canoniale à N. S. P. le pape Pie VI au sujet de la bulle AVCTORSM fIDRI, Bruxelles, 1796. — Enfin

d’autres écrits de Le Plat ont directement pour objet les incidents de la vie universitaire : Recueil de quelques pièces de l’Université de Louvain, Lille, 1783 ; Observation sur la déclaration de l’archevêque de Matines concernant l’enseignement du Séminaire général, 1789.

Marant, Relation fidèle de la dispute élevée entre les docteurs de théologie de Louvain, Lille, 1786 ; A. Verhægen, Les cinquante dernières années de l’Université de Louvain, Liège, 1884 ; Ch. Piot, art. Le Plat dans Biographie nationale de Belgique, t. xi, p. 877-881 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. v a, col. 807-808.

É. Amann.

LE PORCQ Jean, prêtre de l’Oratoire (16361722). — Il naquit à Boulogne le 28 octobre 1636 ; fit ses humanités et sa philosophie à Boulogne, puis au Mans et entra à l’Oratoire le 1 er février 1654 ; il reçut la prêtrise le 2 avril 1661. Après avoir étudié la théologie à Saumur, il enseigna la philosophie à Vendôme, puis la théologie à Saumur (1670-1673), à Riom (1673-1675) et au Mans (16751682). Il continua d’enseigner la théologie, durant quarante-six ans et il ne cessa cet enseignement qu’en 1717 « à cause de sa caducité et qu’il bredouillait un peu sur la fin. » Il mourut le 5 avril 1722.

Le Porcq n’a laissé qu’un seul ouvrage et il est dirigé contre le jansénisme ; il a pour titre : Les sentiments de saint Augustin sur la grâce opposés à ceux de Jansénius, in-4°, Paris, 1682. L’auteur veut prouver que Jansénius a mal compris saint Augustin et, contre l’évêque d’Ypres, il s’efforce de montrer : 1. que saint Augustin n’a jamais affirmé que toutes les grâces sont infailliblement efficaces, car il en est qui n’obtiennent pas le résultat pour lequel Dieu les a données ; 2. Aucune grâce n’impose à la volonté un consentement nécessaire. De ces affirmations Le Porcq donne des preuves multiples et ensuite il répond aux objections. Arnauld et Nicole jugèrent très sévèrement cet ouvrage qui valut aussi a son auteur quelques inimitiés au sein de sa congrégation. Cependant, en 1700, parut une seconde édition, revue, corrigée et augmentée par l’auteur en divers endroits, marqués à la fin de la préface et, en particulier, d’une dixseptième preuve où l’on fait voir a l’opposition des sentiments de Jansénius avec l’esprit de piété, par les ouvrages de piété des auteurs de ce temps de la plus grande réputation, » in-4°, Lyon, 1700.

Michaud, Biographie universelle, art. Porcq, t. xxxiv, p.<107-108 ; Hurter, Nomenclator, 3’édit., t. iv, col. 1083 ; Ingold et Bonnardet, Mémoires domestiques pour servir à l’histoire de l’Oratoire, t. iv ; Les Pères de l’Oratoire, recommandables par leur piété et par les lettres, qui ont vécu sous le P. de Sainte-Marthe, cinquième supérieur général, par le P. Louis Batterel, p. 514-522.

J. Carrf.yre.

    1. LEPORIUS##


LEPORIUS, moine, puis prêtre, auteur d’une hérésie christologique au début du v » siècle. I. Vie.

— II. Erreurs.

I. Vie.

Le curriculum vitse de Léporius est difficile à établir. Au début du De incarnatione Christi, t. I, c. ii, P. L., t. l, col. 18, Cassien parle d’une erreur christologique qui a commencé à se développer dans la ville de Belley (à moins qu’il ne faille comprendre Trêves) ; il semble ensuite faire de Léporius le principal représentant de cette doctrine ; et ses termes donnent à croire qu’il est entré lui-même en relation avec ce personnage. On en a conclu que Léporius av ; iit été moine dans le mimas tère que dirigeait a Marseille l’auteur des Collatlont », Il s’serait fait remarquer par des optnlona théologlquea suspectes. Cassien l’accuse nettement d’avoir donné dans les erreurs pélagtannes, ce que répète

fidèlement Gennade, » ' plr. m., n. 5 ! », P. L., t. Lvm,