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LÉONCE DE BYZANCE. CHRISTOLOGIE


de <pùaiç ou oùaioe avec ÛTcéoTaaiç ou 7tp6aw7rov que sont nées les grandes hérésies trinitaires et christologiques ; car d’une substance en Dieu Sabellius concluait à une hypostase, et de trois hypostases Arius concluait à trois substances ; seniblablement Nestorius de deux natures dans le Christ concluait à deux hypostases, et Eutychès d’une seule hypostase à une seule nature. Col. 1276 C. Nature et hypostase sont, vis-à-vis l’un de l’autre, selon les Pères, comme le commun, et le propre. Col. 1909 B. L’hy postase est nature ; mais la nature ne suffit pas pour faire une hypostase. La nature marque l’idée d’être, l’hypostase l’idée d’être à part soi, xocô’êocuTÔv eïvoa ; la nature marque l’idée d’espèce, l’hypostase désigne quelqu’un ; la nature porte le caractère de l’universel, l’hypostase sépare du commun le propre. Col. 1280 A. Il y a des noms de nature, ainsi le nom d’homme, qui convient à chaque individu de l’espèce, et des noms d’hypostase, comme Pierre, Paul, qui désignent un seul. Col. 1912 A. Quand des choses sont séparées et par la nature et par l’hypostase, comme ce cheval, ce bœuf et cet homme, la nature indique proprement non la division, mais la différence, et l’hypostase indique proprement la division et non la quiddité, to tI, du sujet. Col. 1921 A. L’hypostase peut recevoir des contraires à la fois, ce que la nature ne peut faire que successivement. Col. 1944 AB. L’hypostase n’indique pas simplement ou principalement le parfait, mais l’existant à part soi, et secondairement le parfait ; la nature n’indique aucunement ce qui existe à part soi, mais seulement le parfait ; car les lSi.wfi.aTa qui concourent à la raison d’hvpostase font que chacun est distinct d’autrui, Tivà ànô tivov exacrov elvoa 7toieî ; mais ceux qui concourent à la raison de nature ne rendent pas quelqu’un mais seulement quelque chose distinct d’autre chose, où tov -riva y.èi tI Se àrc6 tivoç elvoa 7roteï col. 1945 A.

4.’Evu7t6aTaTOv. — Entre ràvu7t6aTotTOV qu’est l’accident, d’une part, et l’hypostase, de l’autre, il y a un milieu qui est rèvU716aTaTov. Aucune nature n’est àvu716aTaTOV, toute nature est subsistante de quelque façon, mais toute nature n’est pan hypostase, car elle peut être seulement èvu7160TaTov ; rèvu7r6aTaTOV signifie une substance, mais une substance qui n’est pas quelqu’un, qui fait seulement partie de quelqu’un. Col. 1277 CD. Les substances qui s’unissent ainsi en une hypostase sont des substances complètes qui, hors l’union, sont hypostases chacune séparément : ainsi l’âme et le corps, qui sont une seule hypostase durant la vie, sont deux hypostases après la mort, tant que le corps n’est pas dissous, et si l’homme ressuscite aussitôt, de deux hypostases il se fait une seule hypostase sans changement. Col. 1941 D-1944 A.

5. "Evwctiç. — La composition, l’union est ou substantielle, ou par juxtaposition, ou par mixtion, ou par amas, ou par adaptation, ou par agglutination ou par confusion, ou par pétrissage. Col. 1925 C. Outre ces unions physiques, Léonce nomme aussi les unions morales, xoct’èvépyeiav, r eùSoxEav, 9) àXXvjv Tivà toiaûnf )v cxéaiv, col. 1300 B, xaTàYva)(i.ir)v, col. 1 297 D, etc. Léonce établit deux sortes d’union et de division substantielles : il y a des choses unies par les espèces et divisées par les hypostases, et des choses divisées par les espèces et unies par les hypostases (exemple : l’âme et le corps dans l’homme) ; les choses unies par les espèces et divisées par les hypostases ont ce double rapport ou simple ou composé. Dans la composition qui se fait selon la substance, ou bien les éléments qui s’unissent gardent la raison propre de leur substance, ou bien ils se confondent et perdent leur propriété respective. Dans le premier cas, il résulte un seul être des deux, ceux-ci gardant la différence de leurs substances dans l’identité de l’unité. On en voit un exemple

parmi les vivants dans l’homme ordinaire, ô xaO’fj(xôcç àv6pw7To ;, et, parmi les corps simples ou physiques, dans le rapport mutuel d’êtres susceptibles d’avoir une existence propre et d’être autohypostases. Ainsi, dans le flambeau, autre est la matière inllammable, autre chose la flamme : mais existant l’une avec l’autre et l’une dans l’autre, elles ne font toutes deux qu’un ilambeau. Col. 1304 BC. Dans le second cas, où les substances, en s’unissant, s’altèrent mutuellement et perdent leurs propriétés, il y a mixtion et confusion des hypostases et des natures, et alors ne sont plus conservés ni le propre de l’hypostase ni le commun de la nature, mais c’est tout autre chose qui résulte ; cela a lieu par exemple dans la fonte des métaux. Voir tout le développement sur l’évcoaiç, col. 1301 D-1306 B. Il y a donc deux sortes d’unions substantielles, l’une où les substances qui s’unissent perdent leurs propriétés et deviennent une autre substance, l’autre où les substances qui s’unissent conservent leurs propriétés, mais possèdent la communauté de l’être, et consubsistent. Le type de cette seconde union est dans la composition de l’âme et du corps. C’est elle que Léonce affirmera dans le Christ en l’appelant yj xa ?’oùarlav xal oùaiâ>8r ( ç xal tvxmôa-tx-oç, êvuaiç. Col. 1300 A. Elle seule est une véritable et réelle union, tenant le milieu entre l’union morale, qui laisse subsister les hypostases, et l’union de confusion qui détruit les natures.

IL théologie. — lo Christologie. — 1. Union christologique « in fieri ». — a) Termes et causes de l’union. — Les termes de l’union sont Dieu le Verbe et la nature humaine, non pas la nature humaine en général, mais une nature humaine singulière qui a tous les caractères de l’espèce. Col. 1917 AB. La cause finale de l’économie est notre complète guérison : c’est pour cela que le Verbe a pris une nature humaine complète. S’il n’avait pris que la chair, notre salut serait encore en péril. Col. 1324 D. Comme c’est l’âme surtout qui avait besoin de purgation, elle a dû être prise elle aussi, ibid.. et ainsi le Verbe s’est uni substantiellement ôXov… écvGpwrcov, -rôv èx aûu, atoç Xeyto xal tyuyriç, Xoyixîjç te xai voepàç ouyxeî(j.evov, guérissant le semblable par le semblable, tcô ôjxoîw to ôu.oiov àvaxaôaîpwv. Col. 1925 A. La matière de la chair a été prise du sein de la vierge Marie. Col. 1352 D. Dans l’efficience de l’union, Léonce distingue entre l’acte par lequel le Saint-Esprit a formé dans le corps de Marie le corps de l’Homme-Dieu. et l’union elle-même par laquelle le Verbe s’est uni la nature humaine dans l’unité de sa personne, et leur attribue à tous deux des effets différents. Col. 13511352.

b) Moment de l’union. — L’union a commence quand a commencé l’humanité du Sauveur. Col. 1937 A. Le Verbe n’a pas attendu le complet achèvement de son temple pour l’habiter, mais dès le premier commencement de l’ineffable économie, il s’est entouré de sa demeure. Il n’y est pas entré du dehors, une fois son corps formé, mais il s’en est revêtu lui-même. Col. 1352 D-13Ô3 A. Le corps du Sauveur a été formé dans le sein de la Vierge peu à peu et selon le progrès naturel des autres enfants. Col. 1928 C. Un point curieux de la christologie de Léonce est l’hypothèse de la préexistence de la nature humaine du Christ. Il s’élève contre ceux qui avancent, comme raison de l’unique hypostase du Sauveur, le fait que son humanité n’a pas été formée avant l’union, et qu’ainsi elle n’a jamais présubsisté, fJU)8è TrpouçecTÔvoa, mais a toujours subsisté dans le Verbe, èv tw A6yw Ô7TO<TT7Jvoa. Pour lui, ce n’est ni au temps, ni au lieu, ni à l’imperfection du corps qu’il faut regarder pour expliquer l’unité du Christ, mais seulement au mode de l’union. Ce n’est pas pour une raison d’impos-