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LÉONCE DE BYZANCE. PHILOSOPHIE


2010), ou mieux dans l'édition critique de la Docirina Patrum de Diekamp, Munster, 1907, où l’index alphabétique des auteurs cités permet de les retrouver aussitôt. Cette édition contient le c. xvi, non édité par Mai, où se trouve un autre fragment de Léonce : èx tcov a/oXitov AeovtÎou, p. 111, xvi. Le premier fragment èx tùv Aeovtîoo reproduit assez fidèlement un passage de ÏEpilysis, P. G., col. 1932 AB. Tous les autres ont leur réplique dans le De sectis, mais avec de telles variantes, que Loofs en a conclu qu’ils appartenaient à un écrit fondamental de Léonce, intitulé 2/oXia, d’où proviendraient le De sectis, le Contra monophysitas, V Adversus nestorianos, et où l’Epilysis et les Triginia capita auraient eu leur place. Loofs appuie son sentiment sur un autre fragment attribué à Léonce et qu’on ne trouve dans aucun écrit connu de cet auteur. Il est publié dans Mai, op. cit., p. 52-54, en note, et reproduit dans Migne, P. G., t. cit., col. 20042009. Cette Grundschrijthypothese a rencontré dans Junglas un sérieux contradicteur. Cet érudit a réussi à identifier tous les membres du dernier fragment (au nombre de dix-huit). Il en indique l’origine dans les Libri très de Léonce, sauf pour les deux derniers, col. 2009 C 5 et C 16, dont il fixe la source dans le commentaire d’Ammonius Hermas sur Ylsagoge de Porphyre. Quant aux autres fragments dont Loofs tire argument, Junglas y voit une retouche et un résumé des passages correspondants du De sectis, lequel lui paraît être l’ouvrage original. Cette réponse n’est pas décisive, et c’est le seul point faible de sa réfutation, victorieuse pour tout le reste. Mais comme ce point faible touche au cœur du sujet, adhuc sub judice lis est. Voir Junglas, op. cit., ci, § 1.

Ouvrages supposés.

Les autres ouvrages qui

se trouvent dans la Patrologie de Migne, t. lxxxvi, sous le nom de Léonce de Byzance ou Léonce de Jérusalem, doivent être considérés tout au moins comme douteux. Ce sont : 1. Adversus fraudes apollinaristarum, col. 1947-1976. Cet écrit, dont l’importance est très considérable, voir ici t. i. col. 1506 appartient probablement à un auteur plus ancien que Léonce. — 2. Contra nestorianos, col. 1399-1767. — 3. Contra monophysitas, col. 1769-1901. — 4. AeovtÎou axoXaafixoij PoÇav-ûoo a/àXia <*tco çwv^ç ©soSwpou, tou 9eoquXe(TTdcTou àp(35 xal aoçoTàxoo quXoaô<pou. Cet ouvrage appelé encore De sectis, qui a été anciennement le plus estimé des écrits de Léonce, est postérieur d’un demi-siècle à ses écrits authentiques. Junglas, op. cit., p. 15-24, identifie avec beaucoup de vraisemblance ce Théodoore, abbé et philosophe, avec Théodore de Raithu, et pense que le Léonce des S^ôXia, qui n’est sûrement pas l’auteur des Très libri, est un des élèves de ce savant personnage, qui a recueilli par écrit ses leçons orales, inb cpcùvrjç 0so8wpoo, Junglas, op. cit, p. 15-24. — 5. Joannis et Leontii collecianea de rébus sacris, col. 20172100. Cet écrit est généralement reconnu aujourd’hui pour une œuvre de saint Jean Damascène. Voir K. Holl, Die sacra Parallela des Johannes Damascenus, Leipzig, 1896, dans Texte und Untersuchungen, Neue Folge, t. iii, fasc. 1 ; cf. t. v, fasc. 2, p. xii sq. Voir également A. Ehrhard, Zu den « sacra Parallela » des Johannes Damascenus, dans Byzantinische Zeitschrijt, t. x, p. 394-415. — 6. Leontii Byzantii sermones, col. 1976-2004. On n’en connaît pas encore l’auteur. Le Contra monophysitas, le Contra nestorianos et le De sectis, s’ils ne sont pas des fragments remaniés d’un Grundschrift de Léonce aujourd’hui perdu, ont tout au moins été composés sous l’influence de cet auteur dont ils reproduisent la christologie. Nous ne pensons pas cependant devoir les utiliser, comme Rugamer l’a fait, pour exposer la doctrine de notre écrivain. Nous ne ferons appel pour cela qu'à ses œuvres reconnues authentiques.

III. Doctrine.

I. philosophie. — Léonce de Byzance fait servir, plus largement qu’on n’avait fait avant lui, les enseignements de la philosophie à l’exposition du dogme. Ses développements dépassent parfois les besoins de sa controverse. Nous nous bornerons ici aux données qui intéressent le théologien.

Anthropologie.

 L’anthropologie joue dans

la christologie de Léonce, un rôle de premier plan, car elle est presque tout dans sa façon d’entendre et d’exposer le mystère de l’union des deux natures dans le Christ. L’homme est un composé de corps et d'âme. Outre la définition qui convient à tout corps, to xpi/jj Siocotoctôv, Léonce applique aussi au corps humain, la définition fournie par Aristote : o~co|i.a çuaixôv ôpyavixôv Suvàjxsi Çcùtjv é/ov, P. G., t. lxxxvi a, col. 1281 C. Le corps a des parties semblables et des parties dissemblables ; ces dernières, parmi lesquelles on peut nommer la tête, les mains, les pieds, se composent d’os, de chair, de nerfs, lesquels sont constitués des quatre éléments qui, à leur tour, sont composés de matière et de forme. Col. 1296 D. C’est tout ce que l’on rencontre d’hylémorphisme chez notre auteur. Quant à l'âme, Léonce écarte la définition qu’en avait donnée le Stagyrite, èvTeXé/sia 7rpcô-nr) aôp.aToç cpocixoù, etc. Cette définition avait déjà été repoussée par Némésius d'Émèse, qui caractérise l'âme par les notes suivantes : oùa’itx. àacG[i<xTOç, à6âva-roç, àeixîvTjtoç, aÙTOxtV7)TOç, P. G., t. XL, col. 536-537. Léonce, à son tour, définit l'âme : oùcîa àacôuaToç aÛTOxtvi, TOç, et lui applique par voie de conséquence l’immortalité et l’incorruptibilité, P. G., t. i.xxxvi, col. 1281 C. Tout lien est donc rompu entre les deux définitions du corps et de l'âme, et dans leur notion n’entre plus le rapport de l’un à l’autre. Les parties de l'âme, sont une essence raisonnable, ouata Xoyix*), et une qualité incorporelle, 7to16-n ; ç à.aû>[ia.zoç. Elles comprennent divers genres de facultés : tô 7)yefi.ovi.xôv, T ° Oujjuxov, tô S7u60fxixôv, avec leurs subdivisions. Léonce ne veut pas examiner la question si ces choses sont dans l'âme comme de vraies parties ou seulement comme des puissances. Col. 1296 CD. La volonté n’est point indiquée ici, au moins directement, parmi les puissances, mais il est parlé ailleurs de la volonté libre qui est présentée comme le pouvoir de se décider entièrement de soi-même pour l’un ou l’autre de deux partis, provenant de la (Jmx^ Xoyix’J). Col. 1332 D. L’union de l'âme et du corps n’a pas pour résultat de constituer une substance. Tous deux sont des parties parfaites, des substances complètes. Si on peut les dire imparfaits, ce n’est pas en considérant leur mode d'être, xaxà toù elvai X6yov, col 1280 D, et la définition de leur substance, 7rpôç ôpov ttjç Ù7ràp^ewç, ni non plus en ce sens qu’ils doivent essentiellement appartenir l’un à l’autre et dans leur nature même dépendre l’un de l’autre, xotîi tov toû 7tcoç elvoa 0arépou X6yov. Col. 1281 B. Considérés en eux-mêmes, l'âme et le corps sont des êtres complets, oùx (xtsXtj xoc6'éauxà, mais ils sont incomplets, si on les considère par rapport àl’hypostase du tout dont ils sont les parties. Col. 1281 C. Par son union au corps, l'âme ne perd point sa perfection, elle demeure invisible et immortelle. Col. 1281 A. L'âme toute seule, sans le corps, est capable de souffrir et souffre en effet, parce qu’elle a reçu pour son utilité des puissances passives qu’elle garde même après la mort. col. 1284 CD ; elle ressent en outre les passions corporelles à cause de son union au corps et à cause de la propriété des lieux où elle demeure, mais cette seconde passivité a sa source dans la première. Col. 1284 D-1285 A. Semblablement, l'âme est circonscrite en elle-même en raison de son être, tco X6yco rîjç Û7râp^stoç, et de plus est circonscrite d’une seconde manière, parce qu’elle vit dans un corps circonscrit. Col. 1285 A. Dans l’homme, ni