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LEON VI LE SAGE — LEON DE SAINT-JEAN


des formules, permettent de penser que l’érudition, la rectitude de jugement, la piété attestées par l’oeuvre législative et littéraire de Léon VI doivent lui donner quelque droit à l’estime sinon à l’admiration. Scipion Maffei, lui-même, dont l’orthodoxie doctrinale était scandalisée par les deux homélies sur le Saint-Esprit, reconnaissait du moins que, si l’erreur doctrinale au sujet de la troisième personne de la Trinité enlevait à Léon le titre de Sage, ce titre cependant lui avait été mérité par son multiple savoir et par les sciences diverses qu’il avait ardemment cultivées. P. G., t. cvii, col. 131, alinéa final.

Mêlé à l’histoire de l’Église au ix c siècle et au commencement du xe par l’affaire de la tétragamie, Léon VI, on l’a vii, y joue plutôt le rôle de partisan de l’intervention du pape en Orient, et donc de sa primauté ; de même, dans la seconde déposition de Photius, c’est la cause de Rome qu’en fait il sert en même temps que la sienne propre. Sa théologie sur la procession du Saint-Esprit est directement influencée par la doctrine photienne. Mais pour le reste, et notamment pour les accents de sa piété envers Jésus-Christ et envers la sainte Vierge, l’œuvre de Léon VI peut être dite catholique et mérite considération. En définitive, par le saisissant mélange des faiblesses de sa vie morale avec la très réelle piété de ses sentiments, de ses prédications, de ses écrits, Léon VI le Sage demeure un des plus typiques représentants de ce qu’on l’on pourrait appeler l’âme byzantine.

I. Sources.

Outre les histoires byzantines, qui ont raconté les règnes de Michel III, de Basile I", de Léon VI et de Constantin Porphyrogénète, et dont les données sont souvent très diversement appréciables, trois documents sont importants pour la vie de Léon VI et spécialement pour sa politique ecclésiastique : les deux premiers, savoir la biographie de l’impératrice sainte Théophano par un hagiographe contemporain et le panégyrique de la môme sainte Théophano par Nicéphore Grégoras, ont été édités par Edouard Kurtz, Zwei griechische Texte iiber die hl. Théophano, die Gemahlin Kaisers Léo VI, dans Mémoires de V Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, VIII » série, t. iii, n. 2, Saint Pétersbourg, 1898, avec des notes fort utiles ; le troisième est la biographie du patriarche Euthyme par un contemporain, éditée par C. de Boor, Vita Euthymii, Ein Anecdoton zur Geschichte Leo’s dis Weisen (886-912), Berlin, 1888, et accompagnée d’une admirable étude historique ; bien que le manuscrit soit incomplet d’un quaternion aux chapitres xvii-xviii, ce document capital a considérablement modifié l’histoire de l’affaire des quatrièmes noces, dont on ne connaissait guère les détails jusqu’alors que par le très partial récit du patriarche Nicolas le Mystique, Episl., xxxii, P. G., t. exi, col. 196-220.

Pour les œuvres mêmes de Léon VI, il n’y a à citer, comme recueils imprimés, que le t. cvn de la Patrologia Grœca et le volume publié par le moine Akakios : Aéovto ; toû toioû it « vuYr, piy.oi (sic) Vôyo :, Athènes, 1868, celui-ci a utiliser prudemment d’aprfs les indications de L. Petit, f-.rhos d’Orient, t. iii, 1900, p. 245-249, et de D. Serruys, Byzantinische Zeitschrift, t. xii, 1903, p. 167-170 ; plus le traité ascétique OiaxiorixT] i| » vv(3v ûltoruntoffiç, édité par A l’apadopoulos Kérameus, Varia græca sacra, Salnt-I’. Icrshourg, 15109, p. 213-253, cf. p. 298-302 ; plus aussi le Livre du Préfet, édité par J. Nicole, Genève, 1893 et 1894. Pour l’indication des manuscrits, voir Fabricius, Krumbacher, Monnler, dans les ouvrages mentionnés ci-dessous.

II. Travaux.

Fabricius-Harles, Bibliotheca grivea, t. vii, p. 693-713 ; Knimbacher, Geschichte der byzantinischen Literatur, 2- éd., Munich, 1897, p. 168-169 (par A. Erhhard, 7 lieologie) et p. 721 (par Krumbacher), fi compléter par le Gtntralrtçltler « les tomes moi (1892-1903) de la Byzanlini’. rhe Zeitschrift, Leipzig, 1909, s. v. L^on VI, p. 276 ; 11. Monnler, Les novelles de Mon le Sage : Introduction, droit public, droit fiénnl, 1rs personnes, 1rs biens, dans Bibliothèque île i du Midi, [asc xvit. Bordeaux 1933 ;

Lfl norrllr I. <h I.ion Ir Sage ri l’un intuition des donations, BKtrait des mélanges P. I Otrard, ParU, 1912.

L’ouvrage de N. Popov, L’empereur Léon VI le Sage et son règne au point de vue de l’histoire ecclésiastique (en russe), Moscou, 1892, in-8°, lv, 310 p., nous est malheureusement demeuré inconnu ; voir une recension par Th. Uspensky dans Byzantinische Zeitschri/l, t. ii, 1893, p. 632-634, et une analyse un peu plus étendue dans la revue Bogoslovskij Vestnik de Moscou, septembre 1893, p. 338-350 ; M. Mitard, Études sur le règne de Léon VI, dans Byzantinische Zeitschrift, t. xii, 1903, p. 585-594, avait annoncé une étude d’ensemble qui ne paraît pas avoir été terminée. Pour l’affaire de la tétragamie, le chapitre consacré à ce sujet par Charles Diehl, Figures byzantines, 1™ série, c. viii : « Les quatre mariages de Léon le Sage », p. 181-215, offre, malgré des apparences « littéraires » et malgré l’absence totale de références permettant un recours parallèle aux sources, une utilisation généralement exacte des documents, surtout de la Vita Euthymii. De même, une bonne mise en valeur de ce document capital dans une étude de M. Jugie, La vie et les œuvres de saint Euthyme patriarche de Constanlinople, en introduction à un recueil d’homélies mariales de ce personnage, dans Graffin-Nau, Patrologia Orientalis, t. xvi, fasc. 3, 1922, p. 463-478.

S. Sala ville.

16. LÉON DE SAINT-JEAN, carme chaussé de la réforme de Touraine, littérateur, philosophe, théologien, orateur et écrivain mystique (1600-1671).

— Léon de Saint-Jean (Jean Macé) naquit à Rennes, le 9 juillet 1600, d’une famille des plus distinguées de la ville. A l’âge de seize ans il entra au couvent des carmes chaussés de sa ville natale, et y fit sa profession, le 25 décembre 1617. Il étudia la philosophie et la théologie sous la direction du P. Antoine de Saint-Martin et se fit remarquer par la sagacité de son esprit, l’étendue de son savoir et de grands talents littéraires. Il n’était pas encore prêtre et déjà il émerveillait le public par les discours qu’il prononça. Religieux fervent et zélé autant que doué de sagesse et de prudence dans le gouvernement, il passa successivement par toutes les charges, excepté celle du généralat. Il fut prieur à Angers et ensuite à Paris au couvent des Billettes, couvent qu’il avait acquis en 1633. Aux chapitres provinciaux de 1635 et 1644, il fut élu provincial de la province de Touraine ; il fut honoré du titre de provincial de Terre Sainte ; en 1644 également, il fut nommé visiteurapostolique de France et, en 1660, le chapitre général de Rome l’élut premier assistant du général, office qu’il occupa pendant six ans. Prédicateur de la cour, sous Louis XIII et Louis XIV, il devint l’ami et confident du cardinal de Richelieu qu’il assista durant sa dernière maladie et à la mort. Le cardinal Mazarin et beaucoup d’autres personnages illustres, ainsi que les savants de France et de Rome l’honorèrent de leur amitié et de leur confiance. Il mourut à Paris au couvent des Billettes. le 30 décembre 1671.

Profondément pénétré de la doctrine mystique du vénérable Frère Jean de Saint-Samson, dont il fut un des meilleurs disciples, il était, après le P. Philippe Thibault, une des plus solides colonnes de la jeune réforme des carmes de Rennes, dite aussi de Touraine, réforme caractérisée par sa i<- Intérieure très intense. Non seulement il inculquait cette admirable doctrine à ses confrères, m ; iis il la répandait.mssi dans le grand monde et dans la niasse des fidèles BU moyen de ses nombreux écrits et de son « éloquence vraiment géniale » ; celle-ci fut toutefois entachée « d’un

goût souvent déplorable. » Parmi ses serinons, on eile surtout, au point de vue mystique : In France convertie. .., Octave à l’honneur du B, S. Denis t" Aréopagtte, Paris, 1661. D’après le témoignage de Henri Rrcmond. le P. Léon était un des plus excellents parmi les lopédlites dévots, d’une belle Intelligence, originale ei puissante, i oui s tour encyclopédiste, 1 î 1 1° rateur, philosophe, théologien, orateur, écrivain [que et mystique, le P. Léon fui plus érudil que

profond. « plus spéculatif peut être qu’il ne convient