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LÉON XIII ET L’EXPANSION CATHOLIQUE


rent Léon XIII à mettre en garde les fidèles, par la lettre Testent benevolenliae (22 janvier 1899) contre les erreurs auxquelles « certaines personnes, disait-il, attribuaient le nom d’américanisme. » Il notait entre autres erreurs : « 1° la tendance à taire certains articles de doctrine ou à les atténuer, au point de ne plus leur laisser leur sens traditionnel, en vue de ramener plus facilement les dissidents à la foi catholique ; 2° le désir de restreindre la puissance et la vigilance de l’autorité dans l’Église, pour permettre à chaque fidèle de développer plus librement son initiative et son activité ; 3° le rejet de toute direction extérieure, comme superflue pour ceux qu’inspire le Saint-Esprit par un secret instinct ; 4° le dédain des vœux prononcés dans les ordres religieux, considérés comme convenant seulement aux âmes faibles ; 5° le mépris des vertus dites à tort vertus passives, telles que l’obéissance et l’humilité. » A la suite de cette lettre, Mgr Ireland fit savoir qu’il répudiait et condamnait, sans exception et littéralement, toutes ces opinions fausses et dangereuses, et qu’au demeurant jamais, pour un instant, sa foi catholique ne lui avait permis d’ouvrir son âme à de pareilles extravagances.

Au Canada, Léon XIII créa plusieurs évêchés et archevêchés ; et l’encyclique Affari vos, du 24 décembre 1897, bien qu’elle blâmât la législation scolaire du Manitoba.qui violait le droit reconnu par les lois du Canada aux enfants catholiques de recevoir une éducation confessionnelle, fut saluée par le premier ministre, Sir Wilfrid Laurier, comme un message de paix.

Le pontificat de Léon XIII fut décisif pour la vitalité religieuse de l’Amérique du Sud, grâce au concile plénier tenu à Rome, en 1899, par les Églises de ce continent. Ce concile, préparé par le futur cardinal Vives, organisa la discipline catholique dans l’Amérique latine, et préluda à un sérieux renouveau religieux. L’adoption dans la république brésilienne, fondée en 1889, du régime de la séparation de l’Église et de l’État, amena Léon XIII à adresser aux évêques du Brésil, en 1899, une lettre importante réglant les nouvelles conditions de vie de l’Église, la formation du clergé, et l’action catholique ; et le grand développement de la vie congréganiste dans la République brésilienne coïncida avec ce changement de la condition de l’Église.

IV. LÉON XIII et l’expansion catholique. 1°

Léon XIII et les missions. — De même que Léon XIII, comme nous le verrons ci-dessous, insistait pour le respect des rites traditionnels des Églises orientales et slaves, de même il témoigna d’une sollicitude constante pour la formation, la plus rapide possible, de clergés indigènes dans les pays de mission. Volontiers eût-il souhaité que les missionnaires tendissent à s’effacer, peu à peu, devant les prêtres autochtones formés par leurs soins, et qu’ils prissent l’habitude, en voyant se développer un clergé indigène, de répéter le mot du Baptiste’levant le Christ : < Il faut que celui-là croisse, et que moi je diminue. »

L’Église de Chine subit, durant le pontifical de Léon XIII, de douloureuses épreuves, dues à l’esprit de haine contre les étrangers ; elles s’inaugurèrent. L883, par le mail vie de plusieurs prêtres des Missions étrangères dans le Se Ichouan, et elles al Ici gnirent leur point culminant en 1900, au moment de la meurtrière insurrection dis l’.oxers. Léon XIII souhaitait d’établir a Pékin une nonciature apostolique ; ce désir parut finalement incompatible avec le

protectorat traditionnel de |fl France sur les catholiques île l’empire chinois ; mais i.éon xtll regretta toujours de n’avoir pu le réaliser. Il lui semblait que, pour progresse] en chine, la propagande catholique

devait affecter, aux yeux des Chinois, un caractère supranational, qui serait comme indiqué et ratifié par l’établissement d’une nonciature. L’Église d’Indo-Chine subit en 1885 une violente persécution, marquée par des martyres, mais gagna deux cent mille nouveaux fidèles dans les quinze années qui suivirent.

Le Concordat avec le Portugal (1886) régla la situation religieuse de l’Hindoustan : la prérogative du patronat que, depuis le xvi c siècle, les rois de Portugal possédaient sur toutes les Églises des Indes, et la juridiction archiépiscopale de l’archevêque de Goa furent restreintes aux territoires portugais ; et Léon XIII créa dans le reste de l’Hindoustan une hiérarchie catholique, qui bientôt put enregistrer, comme un succès de l’Église romaine, la conversion d’un certain nombre de Brahmes dans le Maduré.

A la faveur de la constitution de 1889, par laquelle le Japon accordait à ses sujets la liberté de croyance, Léon XIII, en 1891, établit au Japon la hiérarchie catholique ; et l’on calcula que le chiffre des catholiques japonais, qui était de 20 000 à son avènement, avait triplé lorsqu’il mourut.

La Corée, où de 1866 à 1876 l’apostolat catholique avait été impossible, fut rouverte à cet apostolat, sous Léon XIII, et le nombre des catholiques, en 1898, y dépassait 36 000

L’apostolat catholique en Océanie fut illustré par le P. Damien, belge d’origine, piepussien, qui aux îles Havaï, dans la léproserie de Molokaï, mourut héroïquement, en 1889, au milieu du millier de lépreux qu’il soignait.

L’apostolat catholique en Afrique fit sous Léon XIII de gigantesques progrès. Quelques jours seulement après son avènement, il instituait pour les Pères Blancs de Mgr Lavigerie deux missions nouvelles ; en restaurant, sur la demande de Lavigerie devenu cardinal, le siège archiépiscopal de Cartilage, il encourageait hautement les ambitions africaines du prélat ; et le martyre des noirs de l’Ouganda attesta la vitalité de la jeune chrétienté. Mgr Augouard et les Pères du Saint-Esprit installaient l’apostolat catholique dans le vaste bassin du Congo. Et l’évangélisation de l’Afrique centrale, telle que la concevait Léon XIII, telle que l’organisaient un Lavigerie, un Augouard, était liée au mouvement antiesclavagiste. L’encyclique de mai 1888, par laquelle Léon XIII se réjouissait de la suppression de l’esclavage au Brésil, insistait, à la demande même de Lavigerie, sur les détresses qu’infligeait à l’Afrique le fléau de l’esclavagisme ; et la campagne de discours entreprise par le cardinal à Paris, à Londres, à Bruxelles, à Rome, à Milan, la fondation dans les divers pays de comités antiescla vagistes, le départ de troupes de volontaires qui s’en allèrent dans l’Afrique centrale combattre les traitants, furent dus à l’initiative souveraine de Léon XIII. Ainsi s’accomplit avec l’appui des États, sous la bannière de la croix, une œuvre vraiment rédemptrice, au cœur de cette Afrique où d’année en année le pontificat di) Léon XIII multipliait les terrains de mission : pré fecture du Sénégal et vicariat apostolique de la Côte d’Or en 1879, préfecture du Dahomey en 1882, préfecture de Fernando Po en i<ss.3, préfecture du Haut-NigeT en 1884, vicariat apostolique du Congo français en 1886, préfecture du Bas-Niger en 1889, préfecture de l’Oubanghi en 1890, préfecture de la Guinée française en 1897.

2° Léon XIII rt 1rs Église » tlaOU et orientales. — On découvre danles régions orientales, disait Léon XIII dans l’allocution i onsistoriale du 13 décembre

ihko, des indices permettant d’espérei que les peuples d<)i nui. si longtemps séparés du sein de l’Église

romaine, rentre rouf, sous l’inspirai ion di ine. en grâce avec elle. » L’élévation au cardinalat de Mgr llassoun.