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LAVEMENT DES PIEDS. FAITS LITURGIQUES

peregrinis qui ad te venerint. Hoc si feceris, habebis vitam æternam in sæcula sæculorum. Amen. Suit, sans aucun rappel de l’imposition des vêtements, une oraison post baptismum.

c. Missale Bobbiense (Sacramentarium gallicanum, de Mabillon), P. L., t. lxxii, col. 502.

Ici une particularité notable. Au lieu de précéder l’imposition des vêtements comme dans le Gothicum (et c’était déjà l’ordre indiqué par saint Ambroise), le lavement des pieds vient après ce rite, qui suit immédiatement l’onction, COLLECTIO AD PEDES LAVANDOS : Ego tibi lavo pedes, sicut Dominus noster Jesus Christus fecit discipulis suis, ita tu facias hospitibus et peregrinis. Dominus noster Jesus Christus de linteo quo erat præcinctus tersit pedes discipulorum suorum, et ego facio tibi : tu facies peregrinis, hospitibus et pauperibus. Suivent, sous les titres Post baptismum et Item alia, deux oraisons ou plus exactement (car le titre item alia paraît bien un contre-sens) une monition et une oraison pour la persévérance des néophytes.

On aura remarqué que dans nos trois textes le lavement des pieds est postérieur à l’onction. Dans les deux premiers, il précède l’imposition des vêtements ; dans le troisième, il lui fait suite.

b) Textes patristiques. — Outre les textes liturgiques, nous possédons, comme attestation du lavement des pieds baptismal en Gaule, des textes de saint Césaire d’Arles (470-543), longtemps édités sous le nom de saint Augustin, et que la critique de notre temps a rendus à leur véritable auteur. Cf. dans ce dictionnaire, l’article Césaire, t. ii, col. 2170 sq.

Ce ne sont que des allusions, mais, qui rapprochées des textes liturgiques retrouvent toute leur valeur : Serm., clxviii. In pascha X, P. L., t. xxxix, col. 2071, n. S : « Que les parrains rappellent souvent à leurs filleuls les engagements pris au baptême. Admoneant ut caritatem custodiant…, peregrinos excipiant et secundum quod ipsis in baptismo dictum est, hospitum pedes lavent. »

Serm., cclvii, ibid., col. 2220. C’est un examen de conscience sur les innombrables négligences qu’ont à se reprocher ceux-là mêmes qui ne sont pas coupables de fautes graves. Cogitemus ex quo sapere cœpimus… quid pro eo quod tarde aut difficile Christum in carcere visitavimus, quod peregrinos negligenter excepimus, quod secundum promissionem nostram in baptismo hospitibus pedes lavare negleximus.

Serm., cxlix, Cœna Domini, ibid., col. 2035. Ce sont des reproches à ceux qui croient au-dessous d’eux de laver les pieds des pauvres et des voyageurs. Le rite du baptême n’y est pas rappelé, mais on reconnaît facilement le thème des passages déjà cités. D’autre part, nous voyons apparaître l’idée qui reviendra ailleurs, que laver les pieds des pauvres est un moyen d’expier ses propres pèches.

Quam excusationem prætendere poterimus qui dedignamur impendere peregrinis quod ille dignatus est impendere servis suis ?

Timeamus ergo, fratres, illud quod beatus apostolus Petrus timuit quando audivit Dominum dicentem : Si non lavero te, non habebis partem mecum… Inclinemus nos potius ad sanctorum vel peregrinorum vestigia : quia cum hoc sancta humilitate complemus, illorum quidem pedes manibus nostris tangimus, sed animarum nostrarum sordes et maculas per fidem et humilitatem abluimus et non solum minuta, sed etiam capitalia peccata purgamus.

4. Pays de rite celtique (Cornouallle, pays de Galles, Irlande, Écosse, Bretagne continentale ou Armorique). — L’existence du lavement des pieds postbaptismal en ces pays nous est attesté par le document connu sous le nom de Missel de Stowe. Nous en empruntons la description à dom P. de Puniet, Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, art. Baptême, t. ii, col. 334.

« Ce manuscrit, trouvé au xviiie siècle en Allemagne,

a successivement séjourné dans la bibliothèque du duc de Buckingham à Stowe, puis dans celle de lord Ashburnham, d’où il est passé récemment (sous la cote D, II, 3) à l’Académie royale de Dublin. Il a été primitivement en usage dans une église, sans doute monastique, de Munster, dans le sud de l’Irlande. Par son écriture cursive et l’ornementation de ses lettres, il semblait appartenir à l’art irlandais du vie siècle. Dom Bäumer le croyait du viie siècle. Mais aujourd’hui, on le considère comme datant du viiie ou du ixe siècle avec des additions du xe (E. Bishop. Journal of theological studies, 1903, t. iv, p. 574, note 1). » Cf. la description de dom Gougaud dans le même Dictionnaire, art. Celtiques (liturgies), t. iib, col. 2973. Le Missel de Stowe a été édité par F. E. Warren, The Liturgy and Ritual of the Celtic Church, Oxford, 1881. Notre rite est décrit à la page 217 de cette édition.

Après l’ablution baptismale, l’onction du chrême, l’imposition des vêtements blancs et l’ « apertio manus » (un rite presque exclusivement celtique et qui consiste dans un signe de croix tracé par le prêtre dans la main droite du baptisé, on retrouve ce rite à Jumièges au xie siècle. Martène, De ant. Eccl. ritibus, t. i, p. 73).

TUNC AD LAVANDUM PEDES EJUS ACCEPTO LINTEO.

Alleluia. Lucerna pedibus meis verbum tuum, Domine.

Alleluia. Adjuva me Domine et salvus ero.

Alleluia. Visita nos Domine in salutare tuo.

Alleluia. Tu mandasti mandata tua custodiri nimis.

Mandasti misericordiam tuam, opus manum tuarum ne despicias.

Si ego lavi pedes vestros dominus et magister vester et vos debetis alterutrius pedes lavare : exemplum enim dedi vobis ut quemadmodum feci vobis et vos facitais (sic) aliis.

Dominus et salvator noster Jesus Christus, pridie quam pateretur, accepto linteo splendido, sancto et immaculato, præcinctis lumbis suis misit aquam in pelvim, lavit pedes discipulorum suorum. Hoc et tu facias exemplum Domini nostri Jesu Christi hospitibus et peregrinis tuis.

Suit immédiatement la formule de la communion du nouveau baptisé : Corpus et sanguis D. N. J. C. sit tibi in vitam æternam. Amen.

C’est peut-être, comme le conjecture Warren à cet endroit, cet usage gallican du pediluvium que saint Augustin de Cantorbéry demandait aux évêques bretons d’abandonner quand, entre autres conditions d’union, il leur offrait celle-ci : Ut ministerium baptizandi, quo Deo renascimur, juxla morem sanctæ romaïuv Ecctrsia> compleatis. Bède, /I. E., ii, 12, P. /… t. xc.v, col. 83 ; Haddon et Stubs, Councils and ecclesiastical documents of Greal Britain and Ireland, t. r. p. 153 ; cf. Wilson, dissert, iv, dans A..1. Masoii. The mission of S. Augustin to England, Cambridge, 1897.

5. Espagne. — Toute l’histoire du lavement des pieds en ce pays tient entre deux canons conciliaires, le canon 48 d’Elvire, qui l’interdit dans les premières années du ive siècle, et le canon 3 de Tolède qui le prescrit en 694. Mais dans le premier cas il s’agit du rite baptismal et dans le second de la cérémonie annuelle du jeudi saint, dont il sera question plus loin.

Voici le canon d’Elvire, qui dans le Décret, causa I. quæst. i c. 104 : Emendari placuit, ut ht qui baptizantur, ut fieri solebat, nummos in concna non mittant, ne sarcedos quod gratis accepit pretio distrahere videatur, NEQUE PEDES EORUM LAVANDI SUNT a sacerdotibus vel clericis. F. Lauchert, Die Kanones der wichtigsten altkirchlichen Concilien… Fribourg-en-B. et Leip-