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LÉON X — LÉON XI


s’était remis en campagne et avait reconquis aisément ses domaines. Les cardinaux Bandinelli, Sauli, Raphaël Riario, camerlingue et neveu de Sixte IV, Adrien Castellesi, François Soderini et Alphonse Petrucci, mécontents de ce que les articles de la capitulation électorale de 1513 n’avaient pas été respectés et favorables au duc d’Urbino, profitèrent des circonstances pour tramer un complot contre le pape. Petrucci, qui en fut l’âme, entra en relations avec le duc et fomenta une révolte à Sienne. Il fit plus. Le médecin florentin Battista Vercelli s’engagea, à prix d’or, à empoisonner Léon X, si on parvenait à l’introduire près de lui, sous prétexte de le guérir d’une fistule douloureuse. La conjuration fut découverte. Petrucci et Sauli, arrêtés par surprise (18 mai), furent emprisonnés au château Saint-Ange. Une commission cardinalice instruisit immédiatement leur procès. Les aveux obtenus ou non par la torture — on ne sait pas la chose avec certitude — permirent de saisir les autres coupables qui avouèrent à leur tour. Le 22 juin, une sentence de condamnation fut lue en consistoire. Riario, Petrucci et Sauli devaient être privés de leurs biens et bénéfices, dégradés et livrés au bras séculier. Cela équivalait à une sentence capitale. Le pape commua la peine en amende et pardonna à de dures conditions. Petrucci fut seul décapité ou étranglé au début de juillet 1517.

Ce procès scandaleux émut fort l’opinion publique et discrédita la cour romaine au plus haut point. Les contemporains doutèrent de la réalité du complot et leurs soupçons s’accrurent du fait que, contrairement à la promesse du pape, les actes du procès ne furent pas publiés. On resta persuadé qu’il s’agissait d’une vengeance politique. Toutefois, les nombreux documents mis au jour par M. Ferrajoli semblent prouver l’existence des crimes de haute trahison reprochés aux cardinaux. De plus, tous les accusés avouèrent le complot tramé contre la vie du pape, de façon concordante. Il résulte de l’examen des dépêches des ambassadeurs à Rome que ceux-ci ne doutèrent pas de la culpabilité des cardinaux et de l’impartialité de leurs juges.

Un pape préoccupé de desseins terrestres ne pouvait que très peu signaler son activité en matières ecclésiastiques. On doit pourtant à Léon X quelques réformes utiles. A maintes reprises, le Saint-Siège avait vainement essayé de fondre ensemble les membres de la famille franciscaine. Léon X prit le sage parti de scinder en deux ordres distincts ces frères ennemis. Les frères mineurs qui répudiaient tout accommodement avec la règle de saint François, les amadéens, les coletains, les clarisses, certains déchaussés d’Espagne et de Portugal se réunirent sous la direction d’un même général et acceptèrent la qualification de « frères de l’observance ». Les conventuels continuèrent à avoir le droit de posséder et élurent à leur tête eux aussi un général ; cf. Wadding, Annales minorum, an. 1517. La même année, il fut décrété que quiconque entendrait la messe dans une église desservie par des réguliers, satisferait au précept dominical ; cf. Raynaldi, Annales ecclesiastici, an. 1517, n. 113. L’année 1519 fut marquée par la canonisation de saint François de Paule, le 1 er mai ; cf. Ravnaldi. op. cit.. an. 1519, n. 82.

Sources. — Regesta Leonis Xe tabularii Vaticani manuscriptis voluminibus, éd. Hergenrœther, Fribourgen-B. , 1884-1891, 8 fasc. parus ; P. Balan, Monumenta reformationis Lutheranæ, 1521-1523, Ratisbonne, 18831884 ; Fr. Giucciardini, Storia d’Ilalia, Capolago, 1836 ; P. Jovius, Vita Leonis X, Florence, 1548-1551 et Histoiiv sui lemporis, Florence, 1552 ; H. Lemmer, Monumenta Vaticana historiam ecclesiasliam sccculi XVI illustrantia.

Fribourg-en-B., 1861 ; O. Raynaldi, Annales ecclesiastici, Lucques, 1754, t. xii ; M. Sanuto, / Diarii, Venise, 18861903, t. xvi ; Paris de Grassis, /{ diario di Leone X, éd. Delicati-Armellini, Rome, 1884.

Travaux. — L. Pastor a réuni une copieuse bibliographie au t. vu de son Histoire des papes depuis la fin du Moyen Age, trad. fr., Paris, 1909. — Deux ouvrages importants et de première main font bien connaître le pontilicat de Léon X ; ce sont les t. vu et vin de l’ouvrage déjà cité de L. Pastor et le t. ii des Origines de la Réforme, Paris, 1909, d’Imbart de la Tour qui le complète et le rectifie. — L’Histoire des conciles d’Hefele, éd. H. Leclercq, Paris, 1921, t. vui, 1° et 2° parties, a perdu de sa valeur. Au contraire, il faut consulter L. Cristiani, Du luthéranisme au protestantisme, Paris 1911, et J. Pasquier, Luther et l’Allemagne, Paris, 1918. Voir encore A. Ferrajoli, La congiura dei cardinali contra Leone X, Rome 1919.

G. Mollat.

11. LEON XI, pape du 1 « au 27 avril 1605.— Alexandre de Médicis naquit à Florence, en 1535, d’Ottaviano de’Medici et de Francesca Salviati, fille de Lucrèce qui était sœur de Léon X. Créé évêque de Pistoie le 9 mars 1573, il devint, le 15 janvier 1574, archevêque de Florence. Le grand duc de Toscane auquel il était apparenté, l’envoya à la cour pontificale avec le titre d’ambassadeur. Les honneurs de la pourpre cardinalice lui furent concédés dans le consistoire du 12 décembre 1583. Il reçut successivement les églises titulaires des Saints-Quiritte-et-Julitte (9 janvier 1584), des Saints-Jean-et-Paul (14 janvier 1591), de Saint-Pierre-aux-Liens et de Sainte-Praxède (14 février 1592). On le désignait communément sous le nom de cardinal de Florence-La légation qu’il remplit en France de 1595 à 1598, le mit en évidence. Il avait su travailler à la restauration de la discipline ecclésiastique tombée en pleine décadence au cours des guerres de la Ligue et régulariser la situation de certains bénéficiers. Si ses efforts ne réussirent pas à rétablir dans le royaume l’unité du culte impossible pratiquement à réaliser, ses manières affables et conciliantes provoquèrent dans les rangs des protestants des conversions retentissantes, telle que celle de la princesse de Condé, mère de l’héritier du trône. En son Journal d’Henri IV, Pierre de l’Estoile lui a décerné cet éloge parfaitement mérité : « Il ne vint jamais un meilleur légat en France, ny plus paisible que cestuylà. » MémoiresJournaux, Journal du règne de Henri I V, éd. La Haye, 1741, t. ii, p. 304.

Les qualités qu’il avait déployées en France, non moins que les sympathies des cardinaux français, attirèrent l’attention sur sa personne. Le 1 er avril 1605, Alexandre de Médicis fut élu pape, en dépit de son âge — il avoisinait la soixantaine — et de sa santé débile. Ses électeurs avaient su apprécier sa largeur de vues, son esprit conciliant, la sûreté et la droitesse de son jugement, sa prudence et son tact parfaits, sa piété sincère, son souci de la discipline ecclésiastique. Le nouveau pontife, qui fut couronné le 10 avril 1605, ne vécut que quelques semaines. Il mourut le 27 avril 1605. Le seul acte de quelque importance qu’il ait accompli, paraît avoir été celui du 23 avril, par lequel fut tranché le litige irritant qui divisait le clergé de Castille et de Léon et l’ordre des jésuites. Il obligea ceux-ci à payer au clergé paroissial le vingtième de leurs revenus, et le dixième sur leurs nouvelles acquisitions. Bullaritim Romanum, Turin, 1867, t. xi, p. 192.

Sources. — Il existe une relation manuscrite de la légation du cardinal Médicis en France aux Archives Vaticanes, Fondo Pio, vol. cl, ꝟ. 57r°-135 V>. Intitulée Historia o vero raguaglio délia legatione nel regno di Francia a Enrico IV per monsignore illuslrissimo Alessandro di Medici cardinale di Firenze, sotto il pontificato di Clémente ottavo, l’anno sesto, messa insieme da un suo inlrinseco