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LAURIA — LAVEMENT DES PIEDS. FAITS BIBLIQUES

rature italienne : « Il était tenu pour l’un des plus savants théologiens de son époque. »

Pour avoir confondu le cardinal Brancati, Brancatus, avec son contemporain et quasi homonyme Brancacci, Brancatius, également cardinal († 1675), Jean de Saint-Antoine lui a attribué plusieurs dissertations, dont celui-ci est l’auteur. La plus connue est celle qui a pour titre De chocolatis potu diatribe, in-4°, Rome, 1664 ; il y étudie cette question : an chocolates aqua dilutus, prout hodierno usu sorbetur, ecclesiasticum frangat jejunium, et répond que pris en petite quantité le chocolat ne rompt pas le jeûne. Éditée plusieurs fois, elle se trouve dans le volume des Dissertationes, de Brancacci, in-4°, Rome, 1672, avec les suivantes : De privilegiis quibus gaudent cardinales in propriis capellis ; De optione sex episcopatuum S. R. E. cardinalium ; De pactionibus cardinalium quæ vocantur conclavis capitula ; De sacro Viatico in extremo vitæ periculo certantibus exhibendo ; De regulis sanctorum Patrum ; De benedictione diaconali ; De altarium consecratione.

Le P. Comando publia Vita F. Laurentii Brancati de Laurea cardinalis bibliothecarii, in-4°, Rome, 1698 ; elle était aussi écrite en italien par l’abbé Gabriel Baba, in-4°, ibid., 1699.

Franchini, Bibliosofiae memorie letterarie di scrittori conventuali, Modène, 1693 ; Eggs, Purpura docta, Munich, 1714, l. VI, n. 98 ; Jean de Saint-Antoine, Bibliotheca universa franciscana, Madrid, 1732 ; Benoît XIV, De servorum Dei beatificatione, Bologne, 1734, l. III, c. xvi ; Mazzuchelli, Gli scrittori d’Italia, Brescia, 1763, t. ii, 4e part. ; Tiraboschi, Storia della letteratura italiana, Modène 1780, t. viii ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 351-355.

P. Edouard d’Alençon.

LAUTER (Georges), théologien allemand (1610 †). — Originaire d’Ehingen (Wurtemberg), il étudia à l’université d’Ingolstadt, où il prit en 1561 le grade de maître ès-arts ; en 1562, il est prédicateur de l’église Notre-Dame à Ingolstadt, en 1563 prédicateur de la cour du duc Albert de Bavière. Ayant pris ses grades théologiques en Italie, il reçoit un canonicat à la cathédrale de Munich, dont il devient doyen, 1571, puis prévôt, 1577 ; il meurt en 1610. — On a de lui : 1° De sacrificio missæ, Munich, 1565. — 2° Refutatio falsæ gratulationis Jac. Andreæ lutherani, quod concionatores et doctores ducatus Bavariæ lutheranam doctrinam susceperint, ibid., 1569. — 3° Une traduction allemande abrégée de l’Enchiridion controversiarum de Jean Eck, Ingolstadt, 1565. Enfin, trois volumes de Sermons, Munich, 1572, et quelques opuscules de piété.

Jöcher-Rotermund, Gelehrten Lexikon, t. iii, Delmenhorst, 1810, col. 1417 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 442.

E. Amann.

1. LAVAL (Jean), jésuite, né à Ussel (Corrèze) en 1602, mort à Limoges en 1691. Auteur ascétique estimé, on a de lui divers ouvrages de piété et un solide ouvrage de doctrine : Maximes fondamentales de l’état spirituel, in-8°, Paris, 1657.

Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. iv, col. 1575 sq.

P. Bernard.

2. LAVAL (Antoine de), sieur du Belair, humaniste et théologien français (1550-1631). — Originaire d’une famille noble du Bourbonnais, il devint en 1583 géographe du roi, après avoir été maître des eaux et forêts et capitaine du parc et château de Beaumanoir-lès-Moulins. Vrai type d’humaniste, au sens large de ce mot, il était fort versé dans les langues, l’histoire, la géographie et même la théologie. C’est pour ses connaissances dans cette discipline, qu’il fut invité à diverses conférences contradictoires avec les protestants, à celle de 1587 tenue à Paris sous les auspices du cardinal de Gondi, à celle de 1593, présidée à Mantes par le cardinal Duperron. De ces conférences on trouve un écho dans le Traité du grand chemin de la vraie Église, Paris, 1615, où l’on démontre par l’origine et la suite des traditions ecclésiastiques l’autorité de l’Église romaine. Ce fut aussi à la suite de ses discussions avec les protestants que du Belair entreprit de traduire un certain nombre d’écrits de l’ancienne littérature chrétienne : Homélies de saint Chrysostome avec les catéchèses (mystagogiques) de saint Cyrille, Paris, 1620. Cet auteur a publié aussi une Paraphrase des CL Psaumes de David tant littérale que mystique avec annotations nécessaires, Paris, 1610, plusieurs fois réimprimée, 1613, 1620, 1629, 1630. Un autre de ses écrits plus curieux que les précédents n’intéresse que de loin la théologie : Desseins des professions nobles et publiques, contenant plusieurs traités divers et rares avec l’histoire de la maison du connétable de Bourbon, écrite par son secrétaire Marillac, Paris, 1605, autres éditions en 1613, 1622.

Moréri, Le grand dictionnaire historique, édit. de 1759, t. vi, p. 187-188 ; Nicéron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, t. xxxvii ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxix, col. 961.

E. Amann.

LAVEMENT DES PIEDS. — I. Faits bibliques. II. Faits liturgiques. III. Question théologique : le lavement des pieds est-il un sacrement ?

I. Faits bibliques. — 1° Le lavement des pieds acte d’hospitalité. — L’usage en Palestine étant de marcher pieds nus ou en sandales sur un sol souvent poudreux, on comprend que se laver les pieds soit la première précaution à prendre en rentrant au logis. C’est pourquoi, quand David veut conseiller à Urie de passer au moins une nuit au domicile conjugal, il lui dit :

« Descends dans ta maison et lave tes pieds. » II Reg.,

xi, 18. D’autre part, quand on a fait cette opération, on hésite à salir de nouveau ses pieds, et c’est pourquoi l’épouse s’excuse ainsi de ne pas aller ouvrir à l’amoureux qui frappe à sa porte : « J’ai ôté ma tunique, comment la remettre ? J’ai lavé mes pieds, comment les salir ? » Cant., v, 3.

On comprend qu’une des premières règles de l’hospitalité orientale exige que l’on offre à l’hôte de quoi se laver les pieds. Ainsi fait Abraham pour ses trois visiteurs, Gen., xviii, 4 ; ainsi Lot à Sodome, Gen., xix, 2 ; ainsi Laban à l’égard d’Éliézer, Gen., xxiv, 32 ; ainsi l’intendant du Pharaon à l’égard des frères de Joseph, Gen., xliii, 24 ; ainsi le vieillard de Gabaa à l’égard du lévite d’Éphraïm. Jud., xix, 21. Aussi Jésus-Christ a-t-il pu, sans étonner personne, se plaindre que cette règle n’ait pas été observée à son égard. Luc, vii, 38, 44.

Il y avait d’ailleurs une nuance très notable dans la courtoisie selon qu’on laissait à l’hôte le soin de se laver les pieds lui-même ou qu’on lui faisait rendre ce service par ses esclaves, au besoin par sa femme. III Reg., xxv, 41. Mais le comble de la politesse était que le maître de la maison s’acquittât lui-même de cet humble soin. C’est précisément par une condescendance de ce genre que le Christ a voulu, au dernier jour de sa vie, inculquer fortement à ses disciples une leçon de charité, d’humilité et de respect mutuel. Joa., xiii, 15.

Cette leçon était si présente à l’esprit des premiers chrétiens que saint Paul mettait au nombre des devoirs de la veuve qui aspire à être consacrée à Dieu l’habitude déjà contractée de « laver les pieds des saints ». I Tim., v, 10, c’est-à-dire, selon toute apparence, de ces frères selon la foi, voyageant de ville en ville, dont la réception, d’après la Didachè, ix, était un des devoirs les plus onéreux, mais aussi les plus nettement ressentis des premières communautés chrétiennes.