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LEON 1er. LA DOCTRINE DE SAINT LEON


dem ipsa catholici symboli brevis et per/ecta con/essio, quæ duodecim apostolorum totidemestsignata sententiis… EpisL, xxxi, 4. On peut voir dans ce texte une allusion à la croyance que le symbole est l’œuvre collective des apôtres, croyance attestée déjà par Cassien, De incarn. Domini, vi, 3, et que donc saint Léon a pu partager. Il se réfère maintes fois au Symbole. Les manichéens sont haïssables parce qu’ils ruinent toute la vérité du Symbole. Serm., xxxiv, 4. Nous avons cité Serm., xlvi, 3 : saint Léon donne là un résumé du symbole baptismal romain. Cf. L. Hahn, Bibliothek der Symbole und Glaubensregeln der alten Kirche, 3e édit., 1897, p. 27. Nous avons vu la lettre à Flavien réfuter Eutychès, avant tout, par l’autorité du Symbole. Saint Léon rappelle cet argument dans son Sermo lxii, 2 : Hac fidei régula, quam in ipso exordio Symboli per auctoritatem apostolicae institutionis accepimus… Il déteste les monophysites, quia ab Evangelio dissentiunt et Symbolo contradicunt. Serm., lxxii, 7. Il les dénonce comme les ennemis de la foi catholique, comme les ennemis de l’Église, comme les négateurs de l’incarnation, et instituto a sanctis apostolis Symbolo répugnantes. Serm., xcvi, 1. Rapprocher Epist., xlv, 2 ; lix, 2 ; en, 2 ; cxxiii, 2.

Mais saint Léon n’a pas le goût de scruter les mystères de la foi. Dieu a promis la rédemption, inutile de discuter les difficultés qu’on peut faire sur cet article. Non obstrepant ineptarum calumnise quæstionum nec effectus divini operis ratiocinatio humana discutiat. Serm., xxvi, 2. La rédemption de l’humanité par Dieu est un effet de sa miséricorde. Serm., xxvii, 3. Notre impuissance à pénétrer le mystère de notre salut, nous est un bien. Cum salutis nostræ altitudinem non valemus explicare, sentiamus nobis bonum esse quod vincimur. Serm., xxix, 1. Repoussons les arguments haïssables à Dieu de la sagesse du monde, qui n’a conduit personne à la connaissance de la vérité. Serm., xlvii, 3. Voir encore sur l’impuissance de la raison à expliquer les mystères de la foi, Serm., LVin, 1. Saint Léon dit ailleurs : Fugite mundanse argumenta doctrinæ et viperea hæreticorum vitate colloquia. Serm., lxix, 5. Il représente à l’empereur Léon que la sagesse chrétienne doit se prémunir contre la mundana sapientia, et que c’est la politique même de Jésus-Christ qui, ayant à appeler à l’illumination de la foi toutes les nations, n’a pas fait appel à des philosophes ou à des orateurs, mais à d’humbles pêcheurs, pour se faire connaître par eux, ne doctrina cœlestis, quæ erat plena virtutum, auxilio videretur indigere verborum. Epist., clxiv, 2.

Des fldéistes auraient beau jeu à exploiter de pareils textes de saint Léon, mais ils se méprendraient sur sa pensée, qui n’a en vuequedes’accommoder aux besoins d’un auditoire populaire, et qui répugne pour soimême à la spéculation ou à l’exégèse.

Sur la Trinité rien que d’élémentaire et de catéchistique. Serm., xxiii, 2 ; xxv, 3 ; xxx, 6 ; iii, 6 ; lxiv, 2 ; lxxii, 5 ; lxxv, 3-4 ; lxxvi, 2-3 ; lxxvii, 6. Distinction des missions comme des personnes, Serm., lxxvii, 1-3. Noter dans Epist., xv, l, à Turribius d’Astorga : (Spiritus ) qui de utroque processit.

Prendre garde de se représenter Dieu dans l’espace, dans le temps, dans le fini. Procul ab animo formas visibilium rerum et œtates temporalium naturarum, procul corpora locorum et loca corporum repellamus. Discedat a corde quod spatio extenditur, quod fine concluditur, et quidquid nec semper ubique et totum est… Tout le développement est remarquable. Serm., lxxvii, 4.

La création n’est pas un article sur lequel s’arrête saint Léon. Voir Serm., xxii, 6, une mention de la création ex nihilo. Théologien occidental, il est plus attiré par la sotériologie que par la cosmologie, et il préfère contempler le dessein de Dieu s’appliquant à se

réconcilier l’humanité déchue. Serm., lxiv, 2 ; Epist.. lix, 4.

Sur la chute et le péché, Serm., xxiii, 2 : Illa quae deceptor invexit et homodeceptus admisit nullum habuerunt in Saluatore vestigium, nec quia communionem humanarum subiit infirmitalum, ideo noslrorum juit particeps deliclorum : assumpsit formam servi sine sorde peccali. Il y a donc en chaque enfant qui naît la tache du péché d’Adam, la damnation encourue par Adam : Adam prsecepla Dei neglegens peccali induxit damnalionem. .. diabolo obtempérons usque ad prævaricationem meruit ut in ipso omnes morerenlur… Cupidus honoris angelici, naturae suse perdidit dignitatem. Serm., xxv. ô. Voir encore Serm., xxx, 6. La prévarication d’Adam entraîne la ruine universelle, comme l’enseigne saint Paul, Rom., v, 12, nul ne peut échapper à l’horrible domination du diable, nul ne peut s’évader des liens de la dure captivité, et il n’y aurait pour personne de réconciliation dans le pardon ou de retour à la vie, si le Fils de Dieu n’avait daigné être Fils de l’homme et venir chercher ce qui avait péri. Serm., un, 1.

Sitôt que l’humanité a été déchue par la malignité du diable, Dieu a préparé la réparation et annoncé le remède : Remédia inter ipsa mundi primordia prsesignavit. Dieu, en effet, annonce au serpent que la femme écrasera sa tête, que le Christ viendra dans la chair, Deum hominemque significans. Dieu achèvera son œuvre par un mystère plus caché. Serm., xxii, 1. Cf. Serm., lxiv, 2 : Venite cœlo medicus singularis, multis sœpe significationibus nuntiatus et prophetica diu pollicitatione promissus. Notre salut d’ailleurs sera l’œuvre d’une bonté toute gratuite de Dieu : Causa reparationis nostræ non est nisi miser icordia Dei. Serm., xii, 1. Miserendi nostri causam Deus nisi in sua bonitate non habuit, et mirabilior est secunda hominum generatio quam prima conditio. Serm., lxvi, 1.

Le fils de Marie est né sans péché, du fait de la conception virginale. Il est homme, mais il échappe à la contagion du péché originel, il naît sine contagione antiquæ prævaricationis. Saint Léon ajoute qu’il est le seul qui ait eu ce privilège d’exception. Solus enim beatse Virginis natus est filius absque delicto, non exlraneus ab hominum génère, sed alienus a crimine (in quo illius ad imaginem et similitudinem Dei conditi et perfecta esset innocentia et vera natura), cum de Adse propagine unus existeret in quo diabolus quod suum diceret non haberet. Serm., lxiv, 2. Rapprocher Serm., lxvi, 1. Epist., lix, 4. Cette doctrine est loin d’être particulière à saint Léon. Que le Christ naisse sans péché originel du fait de la conception virginale, et qu’il soit le seul dans l’humanité, c’est une thèse de saint Ambroise et de saint Augustin. Voir art. Immaculée conception, t. vii, col. 889-890, où le sentiment de saint Léon est passé sous silence, mais où l’on trouvera la discussion de la difficulté.

Quand les temps sont accomplis, Jésus-Christ vient au monde, de cœlesti sede descendens et a paterna gloria non recedens. Conçu par une vierge, il naît d’une vierge, sine paternæ carnis concupiscentia, sine maternée integritatis injuria. Dieu a voulu la conception virginale, l’enfantement virginal, la perpétuelle virginité de Marie. Serm., xxii, 2. De cette conception virginale, il suit que le Seigneur tient de sa mère la nature humaine, non le péché, lbid., 3. La terre de la chair humaine, qui avait été maudite dans le premier prévaricateur, donne par Marie pour la première fois un fruit béni, germen edidit benedictum et a vilio suie stirpis alienum. Serm., xxiv, 3. Saint Léon revient avec dévotion sur le sujet de la virginité de Marie : Serm., xxiii. 1 ; xxiv, 5 ; xxx, 4 ; Epist., xxxv, 3. Autant sur la maternité divine : Serm., xxvi, 1 ; xxvii, 2 ; xxviii, 5 : xxxv, 1 ; xxxvii, 1 ; lxii, 2 ; Epist.. lix, 5 ; cxxiv, 9. Il est à remarquer que jamais il ne se sert de l’exprès-