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LAURENT DE SAINTE-THÉRÈSE — LAURIA

à la province romaine et le nomma lecteur des controverses et recteur du séminaire de Saint-Pancrace.

Malgré ses nombreuses occupations de recteur et de lecteur, Laurent était un des plus assidus aux offices du chœur et trouvait le moyen d’ajouter une heure d’oraison mentale supplémentaire aux deux heures prescrites par les constitutions. En même temps, sur l’ordre de ses supérieurs, il travaillait à composer un grand ouvrage de controverses, qu’il pensait intituler Elucidarium thomisticum. Mais, épuisé avant le temps, il fut frappé d’apoplexie et mourut au mois d’avril 1670, à peine âgé de quarante-quatre ans. Son disciple, Adéodat des Saints-Pierre-et-Paul (4 juillet 1626-15 février 1691), rassembla les fragments de son maître et les copies des étudiants et publia à Rome, 1682-1683, en cinq tomes in-fol. : Speculum theologicum seu difficiliores controversiæ selectæ ex Summa sancti Thomæ discusssæ, et resolutæ ad mentem efusdem Angelici Doctoris. Dans le t. i (1682) sont commentées les douze premières questions de la Somme théologique de saint Thomas formant les trois traités : De la théologie (112 pages) ; De Dieu (170 p.) et De la vision béatifique (144 p.). Dans le t. ii (1683) se continue le commentaire de la Somme depuis la question xiv constituant les traités : De la science et De la volonté de Dieu (488 p.). Dans le t. iii (1683) se trouvent les traités : De la prédestination et de la réprobation ; et De la Trinité (584 p.). Le ive (1683) comprend les traités : Des actes humains ; De la justice et du droit ; et De la pénitence (488 p.). Enfin le ve (1682) traite Du Verbe incarné (488 p.).

Martial de Saint-Jean-Baptiste, C. D., Biblioth. carm. excalc., Bordeaux, 1730, p. 273-274 ; Louis de Sainte-Thérèse, C. D., Les Annales des carmes déchaussés de France, nouv. édit., Laval, 1891, t. ii, p. 578-583 ; Cosme de Villiers, carme, Biblioth. carmel., Orléans, 1752, t. ii, col. 230-231, n. 31 ; Joseph-Albert Ximenez, Bullarium carmelitanum, t. iii, Rome, 1768, p. 587a-595a ; Barthélémy de Saint-Ange et Henri du Saint-Sacrement, C. D., Collectio scriptor. O. carm. excalc., Savone, 1884, t. i, p. 372-374 ; Hurter, S. J., Nomenclator literarius, 3e édit., t. iv, col. 30 ; Anastase de S. Paul, C. D., Cursus theologiæ mystico-scholasticæ P. Josephi a Spiritu Sancto, Bruges, 1924, t. i, app., p. 296.

P. Anastase de Saint-Paul.

5. LAURENT D’ORLÉANS, voir lorens.

LAURIA (Brancati de), frère mineur conventuel et cardinal, était né le 10 avril 1612, dans la petite ville de Lauria (Calabres). Réduit à la dernière extrémité par une maladie grave, il avait fait vœu à saint François d’entrer dans son ordre, s’il revenait à la santé. En exécution de cette promesse, le 2 juillet 1630, il recevait l’habit religieux et changeait son nom de Jean-François en celui de Laurent. Après avoir achevé le cours de ses études et conquis le titre de maître en théologie, il enseignait à son tour dans plusieurs couvents et même à l’université de la Sapience à Rome. De bonne heure ses connaissances théologiques et canoniques lui valurent les charges de consulteur des Indulgences, des Rites, de la Visite, du Saint-Office, de la Consistoriale, d’examinateur du clergé et des évêques et de premier custode de la bibliothèque vaticane. Très estimé des papes Alexandre VII, Clément IX et Clément X, le P. Laurent était créé cardinal, du titre de Saints Apôtres, par Innocent XI, au consistoire du 1er septembre 1681, et bientôt après il était nommé bibliothécaire de la sainte Église. Il méritait cette dignité par ses précédents travaux, car, à peine investi de ces fonctions, il dédiait à sis collé gués du Sacré-Collège le dixième volume de ses œuvres Sous la pourpre, le cardinal Brancati continua sa vie laborieuse ; l’étude, disait-il, avait toujours été son meilleur repos, et, véritable enfant de saint François, il ne perdait pas pour cela l’esprit de sainte oraison et de dévotion. Sa charité était proverbiale, si bien qu’on l’accusait de prodigalité. Une inscription placée au couvent des Douze-Apôtres rappelle qu’il fut le bienfaiteur de cette maison, dont en particulier il avait fait construire la bibliothèque. Il contribua encore largement aux frais de la béatification de son confrère, l’humble Joseph de Cupertino. Enfin, plein de jours et de mérites, le cardinal Brancati s’endormit pieusement dans le Seigneur, le 30 novembre 1693.

Il laissait les ouvrages suivants : Epitome canonum omnium qui in conciliis generalibus ac provincialibus, in decreto Gratiani, in Decretalibus, in epistolis, in constitutionibus romanorum pontificum usque ad SS. D. N. Alexandri VII annum quartum continentur, in-fol. Rome, 1659, 2e édition, Venise, 1673, 1689, 1706 ; Cologne, 1683, 1684. Cet ouvrage est un simple index alphabétique, dans lequel il renvoie aux collections indiquées dans les préliminaires. Le barnabite Jean-Paul Paravicini, vicaire provincial d’Allemagne, le rééditait en y ajoutant les décisions principales, sous ce titre Polyanthea sacrorum canonum coordinatorum… olim opera Em. ac Rev. DD. Brancati de Laurea… in epitomen redacti… sublata fontis adeundi necessitate, 3 in-fol., Prague, 1708 ; Cologne, 1728. Son œuvre principale est la suivante : Commentaria in III et IV librum sententiarum Joannis Duns Scoti, 9 in-fol., Rome, 1653, 1682. Ces commentaires parurent dans un ordre assez bizarre, il commença par le IVe livre et le tome premier sur le IIIe livre parut le dernier. Roccaberti a inséré trois Disputationes, de decretis Ecclesiæ, de objecto materiali fidei in questionibus facti, de proponente legitime res fidei, extraites du t. III des Commentaires in IIIum librum, dans sa Biblioth. maxima pontificia, t. xv, p. 1-141, Rome, 1698.

Il publia ensuite Opuscula octo de oratione christiana ejusque speciebus, in tyronum orantium gratiam edita ab eorum amantissimo, in-8°, Rome, 1685 ; Venise, 1687 ; Brescia, 1697 ; Montreuil-sur-Mer, 1696, ouvrage très estimé et dont Benoît XIV faisait le plus grand cas déclarant ne pas connaître l’auteur « qui materiam orationis clarius, subtilius et tutius explicaverit » ; Opuscula tria de Deo quoad opera prædestinationis, reprobationis et gratiæ actualis, in commodum tyronum S. Augustini doctrinæ studiosorum elucubrata, in-4°, Rome, 1687 ; dans ces traités, écrit Hurter, il défend la grâce efficace par elle-même et la prédestination purement gratuite, comme la doctrine évidente de saint Augustin. Nous avons en témoignage de la piété du savant cardinal : Devota ad D. N. Jesum Christum precatio ; Devota laudis ad SS. Trinitatem oratio ; Gratulatoria humilis et devota oratio ad omnes cælestium civium ordines ; Devota ad beatam semper virginem Mariam salutatio, in-12, 1688, 1689, 1695

Brancati avait composé pour son usage un Index alphabeticus rerum et locorum omnium memorabilium ad annales card. Baronii, qu’il avait confié à un de ses admirateurs, le portugais Jean de Lima et Mello, marquis de Samandria, avec la permission de le faire imprimer ; l’impression était commencée quand mourut l’auteur. L’Index parut à Rome en 1694, in-4°. Dans sa préface l’éditeur annonçait que le P. Barthélémy Comando, conventuel, curé perpétuel des Douze-Apôtres, allait publier un autre ouvrage du cardinal dont il donnait un titre abrégé. C’est la Vita et Opera Jesu Christi, manu sanctorum evangelistarum scripta vel Contextus evangelicus, uno quatuor evangelistarum calamo sacram Jesu Christi describens historiam, in-12, Rome, 1695. Jean de Saint-Antoine rapporte que le même Comando édita un Compendium Nicolai de Lyra, du même auteur. Nous ne parlerons pas des manuscrits que Brancati laissait en mourant, ni d’autres œuvres littéraires ce que bous avons dit suffit à justifier le jugement de l’historien de la litté-