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LEON 1er. SAINT LEON ET L’ORIENT


pas osé réhabiliter Eutychès et lui rendre la dignité dont ta Sainteté l’avait dépouillé ? Pis encore, « il avait visé dans sa folie celui à qui le Sauveur a confié la garde de la vigne, nous voulons dire ta Sainteté, et il avait voulu excommunier celui qui se dépense à unir le corps de l’Église. » Nous aurions voulu le ramener, continuent les évêques, notre concile se fût terminé dans la joie si nous n’avions pas eu à le condamner. Du moins est-il le seul que nous ayons dû frapper. Sainte Euphémie, dont la basilique abritait le concile, a travaillé avec nous : la définition que nous avons faite de la foi, elle l’a présentée à son époux le Christ par les mains de l’empereur et de l’impératrice. — On remarquera le tour insinuant pris par les évêques pour faire accepter du pape un formulaire dont en principe il ne voulait pas.

Les évêques pensent lui faire accepter de même le 28e canon. Rappelons que ce 28e canon est une réfection du 3e canon du concile de Constantinople de 381 qui attribue à l’évêque de Constantinople la primauté d’honneur après l’évêque de Rome, « parce que Constantinople est la nouvelle Rome ». Le 28e canon de Chalcédoine énonce d’abord qu’il définit la même chose que le 3° canon de 381. « Car au siège de la vieille Rome, parce que cette ville est souveraine, les Pères ont à bon droit attribué la primauté : dans le même dessein les 150 pieux évêques (de 381) ont accordé la même primauté au très Saint Siège de la nouvelle Rome, estimant avec raison que la ville qui est honorée (de la présence) du basileus et du sénat et qui a les mêmes privilèges (civils) que la vieille Rome royale, est grande aussi comme elle dansleschoses ecclésiastiques, étant la seconde après elle. » Ce considérant posé, le 28e canon prescrit que les métropolitains, « les seuls métropolitains, des diocèses de Pont, d’Asie, de Thrace, et aussi les (simples) évêques des (régions) barbares (rattachées) aux diocèses susdits, seront ordonnés par le susdit très saint siège de la très sainte Église de Constantinople, chaque métropolitain des susdits diocèses avec les évêques de la province ordonnant les évêques de la province, ainsi qu’il est prévu par les divins canons, l’ordination des métropolitains des susdits diocèses étant réservée à l’archevêque de Constantinople, après que leur élection aura eu lieu dans la forme accoutumée et qu’elle aura été notifiée à l’archevêque de Constantinople. r

Dans leur lettre au pape, les évêques énoncent qu’ils ont pris des décisions pour le bon ordre des choses ecclésiastiques, et qu’ils ne doutent pas que « Léon les approuvera et les confirmera », quand il les connaîtra. La coutume est depuis longtemps établie que les métropolitains de Thrace, d’Asie, de Pont, soient ordonnés par l’évêque de Constantinople : le concile a consacré cette coutume par un canon. Le canon (3 du concile) des 150 Pères (de 381) a prescrit que, « après votre très saint et apostolique siège », Constantinople ait la primauté, c’est-à-dire soit le second siège. Nous sommes persuadés que, « le rayon apostolique étant chez vous dans tout son éclat, vous en ferez bénéficier souvent l’Église de Constantinople, par votre habituelle sollicitude. » Les évêques ne doutent pas que le pape n’agrée cette disposition, à laquelle se sont opposés très vivement ses ledits. Considérant néanmoins les sentiments favorables de l’empereur, du sénat, de toute la ville impériale, nous avons jugé opportun de faire consacrer par le concile la primauté da siège de

Constantinople, présumant que l’approbation du Siège

apostolique ne serait pas refusée Suivent les signatures.

Le 18 décembre 48I, l’empereur Marcien écrit au

pape Léon, pour appuver la lettre dll concile. Inlrr

s. Léon. Bpi$L, c, Les évêques n’unis g Chalcédoine de

toute la terre qui est soumise a not re empire ont adhéré à la foi du pape, fiisffl hllrrus lanclliatù Une universi

assenserunt expositioni prout veritas’postulavit. Le pape partagera certainement la joie qu’en éprouve l’empereur. Les évêques ont de plus confirmé ce que les 150 évêques (du concile de 381), du temps de Théodose le Grand, avaient statué en l’honneur de la vénérable Église de Constantinople, à savoir que, après le Siège apostolique, l’évêque de Constantinople aurait la première place, parce que cette ville splendide est appelée Junior Roma. L’empereur prie le pape Léon de donner à cette décision son assentiment, et de ne pas prendre en considération l’appel interjeté par ses légats.

Une lettre d’Anatolios à saint Léon accompagne la lettre de Marcien. Inler S. Léon. Epist., ci. Anatolios se conforme à l’obligation qui lui incombe de faire connaître au pape les actes du concile qui vient de se tenir. Il lui envoie donc le prêtre Lucien et le diacre Basile, qui porteront à Rome le dossier, et qui, de vive voix, pourront compléter l’information du pape et revenir ensuite avec une réponse digne de lui, c’est-à-dire empreinte de la sollicitude que la paternelle béatitude du pape a accoutumé de témoigner au siège de cette ville royale (de Constantinople). Anatolios rappelle alors la condamnation de Dioscore, il rappelle le formulaire rédigé juxta vestram illam sacram epistolam (la lettre à Flavien), il parle enfin du 28e canon. Il le présente comme une réédition du 3e canon de 381. Nous avons abordé cet article avec la confiance que votre béatitude considérerait comme son propre honneur celui du siège de Constantinople, quippe jamdiu apostolicus vester thronus sollicitudinem erga ipsam et concordiam habet, ipsique per omnia proprium quibus rébus indigebat auxilium elargitus est abundanter. Anatolios ne comprend pas l’opposition faite par les légats à ce 28e canon : il les avait pourtant à maintes reprises éclairés. Voici que. le concile ayant accepté et souscrit ce canon, ils le rejettent, emplissent de trouble et de confusion l’assemblée, tiennent pour rien le siège de Constantinople, et font tout ce qui peut offenseretl’évêque et l’Église de Constantinople. Anatolios est convaincu que les légats vont contre les intentions du pape et il ne doute pas de la réponse favorable que le prêtre Lucien rapportera de Rome.

Le pape Léon ne pouvait que se réjouir de l’œuvre doctrinale du concile de Chalcédoine. On a une lettre de lui, JafTé, n. 479, du 27 janvier 452, à l’évêque Ravennius d’Arles et à ses collègues gallo-romains, lettre par laquelle il lui annonce le succès de la sainte foi, et le prie de le faire connaître aux évêques d’Espagne. Nous avions, dit-il, intimé à nos collègues orientaux la foi qui est celle de nous tous sur l’incarnation, la foi que nous devons à la prédication des saints Pères et à l’autorité de l’intangible symbole. Le concile, qui comptait près de six cents évêques, n’a toléré aucune entreprise contre cette foi divinement fondée. A tous, évêques, princes, clercs, peuple, il est apparu que c’était bien la foi apostolique et catholique. Le concile, humilitalis nostræ scriptis, auctnritate domini mei bealissimi Pétri apostoli et merito robondis, religiosa unanimitate consentiens, a condamné 1 >iOBCore. Le pape reprend à ce propos une pensée « pic nous l’avons vu exprimer ailleurs : il ne convenait pas que fût laissée SUS mains d’un hérétique Cette Eglise qua inlrr ipsn Evangelii prinripin bcatum Muraim bêatUstml Vftri apostoli discipuhim, in omnibus utiqnr dot-loris sui mngisterio consnnunlrni, liubiiil /undtilnrrni. cette Église qui a eu plus tard pour évêque Atlianase, Théophile, Cyrille, probalissimos prmsultB. Cette lettre du 27 janvier 452, ne parle pas de difficultés entre le concile et le pape : elle est truite a l’action de grâces II est i.ii qUS les légats ne sont pas encore <le retour à Home.

Quelque temps plus tard, les légats sont revenus.