Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/131

Cette page n’a pas encore été corrigée
247
248
LEON 1er. SAINT LEON ET L’ORIENT


Inter S. Léon. Epist., xxi. La lettre d’Eutycliès était accompagnée d’une lettre de l’empereur Théodose II à saint Léon. Iléraclide, p. 298. On ne recevait cependant à Rome aucune communication de Flavien.

Le pape répondit à Théodose II, Jalïé, n. 421, le 18 février 449. Il le loue du secours que l’Église est habituée à trouver dans sa religion et dont témoigne une fois de plus la lettre qu’il a adressée à Rome. Nous nous réjouissons, dit saint Léon, de trouver en vous une âme, non seulement de prince, mais d’évêque. Que s’est-il produit dans l’Église de Constantinople, qui ait ému l’évêque Flavien jusqu’à priver « le prêtre Eutychès » de la communion, je n’ai pu le savoir encore avec certitude, assure le pape. Ce prêtre a fait tenir à Rome un libellas qui contient l’expression de sa douleur et l’assurance qu’il garde la foi de Dieu. Quant au libellus d’Eusèbe de Dorylée, que le susdit prêtre a transmis aussi, il ne renferme rien de décisif dans les accusations qu’il articule. Il faut qu’on nous éclaire, conclut le pape, si l’on veut que nous jugions en connaissance de cause. Saint Léon ajoute qu’il vient d’écrire à Flavien pour le blâmer de son silence, car il aurait dû instruire de tout depuis longtemps le Siège apostolique.

Donc, Flavien n’a envoyé encore à Rome ni les gesla de son concile, ni aucune relatio. Le pape Léon ne connaît l’affaire que par l’appel d’Eutychès et par la lettre de Théodose II qui l’appuie. Il ignore, semble-t-il, qu’Eutychès ait fait appel à Alexandrie, à Jérusalem. La lettre impériale le dispose favorablement envers « le prêtre Eutychès », auquel cependant il ne répond pas : il veut être instruit par Flavien. Il lui écrit, Jaffé, n. 420, le même jour qu’à l’empereur, 18 février 449. Il s’étonne qu’il ne lui ait rien fait connaître du trouble qui agite Constantinople. Il ne voit pas la justice de l’excommunication prononcée contre Eutychès. Nous voulons connaître la raison de cette sentence, nous voulons que tout nous soit rapporté. Saint Léon n’a pas d’hésitation sur son droit : Flavien aurait dû lui tout notifier, et le pape lui rappelle ce qu’il attend de lui, volumus.

On rapprochera opportunément cette lettre du pape à l’évêque de Constantinople en 449 de la lettre à l’évêque d’Alexandrie en 444 : l’autorité revendiquée par l’évêque de Rome sur les deux plus grands évêques d’Orient est-elle assez consciente d’elle-même et nettement affirmée, et cela sous Théodose II, c’est-à-dire sous un empereur nullement favorable au principalus de l’évêque de Rome ?

Postérieurement à l’envoi de cette lettre du 18 février 449, on reçut à Rome la relatio de Flavien et les gesla du concile qui avait excommunié Eutychès. Flavien priait Léon de faire connaître la sentence aux évêques de l’obédience de Rome. Inter S. Léon. Epist., xxii. Flavien dans cette lettre donne à entendre que la sentence prononcée par lui contre un prêtre de Constantinople doit être sans appel, il la notifie comme définitive à l’évêque de Rome et par lui aux évêques qui dépendent de Rome. Une autre lettre du même Flavien, ibid., xxvi, est adressée à Léon peu après la précédente, sans doute en mars 449, mais semble être adressée collectivement à d’autres aussi, auxquels Eutychès a fait appel, appellasse ad vestram sententiam. Flavien demande que par lettres on souscrive à la déposition d’Eutychès. Il espère ainsi prévenir le concile que l’on dit devoir être convoqué pour en connaître, et épargner bien des troubles à l’Église universelle. Cependant de son côté Eutychès agissait : le 30 mars 449, Théodose II faisait expédier à l’évêque d’Alexandrie l’ordre d’être à Éphèse le 1 er août avec dix métropolitains et dix évêques d’Egypte, et pareille invitation était sans doute expédiée dans tous les « diocèses » des États de Théodose II. Une invitation

fut adressée à saint Léon, qui parvint à Rome le 13 mai. Siège apostolique, p. 505-506.

Léon, que la lecture des gesta envoyés à Rome par Flavien avait maintenant édifié sur les dispositions et les erreurs d’Eutychès, dut regretter qu’on n’eut pas laissé au Siège apostolique le soin de finir la cause en confirmant, sur l’appel d’Eutychès, la sentence prononcée par Flavien, étant donné surtout qu’Eutychès s’était engagé à s’incliner devant ce que déciderait le Siège apostolique. L’intervention de Théodose II, remettant l’affaire à un concile, faisait échec à l’action de Rome. Il est vrai que l’empereur demandait au pape, non pas d’amener des métropolitains et des évêques d’Occident, mais de venir en personne. Léon ne pouvait quitter Rome, mais, par condescendance pour la volonté de Théodose II, il consentit à se faire représenter au concile par des légats, l’évêque de Pouzzoles, Jules, le prêtre Donatus du titre de Saint-Clément (il mourra en cours de route), le diacre Hilarus (le futur pape Hilaire qui succédera à saint Léon), qu’accompagnerait le notaire Dulcitius. Il le manda à Théodose II, JafTé, n. 424, par une lettre, 13 juin 449, dans laquelle il exprime sa conviction des erreurs d’Eutychès mises en lumière par les gesta de Constantinople. Pour les points de doctrine intéressés, le pape informe le prince qu’il s’en explique dans une lettre qu’il adresse à Flavien et dans laquelle il expose quid catholica Ecclesia universaliter de sacramento dominicæ incarnationis credat et doceat. Le même 13 juin-449, Léon écrit à l’impératrice Pulchérie. JafTé, n. 425. Il sait par de nombreux et fréquents témoignages, ce que l’Église de Dieu doit se promettre de la religion de la princesse. Présentement, nous savons par Flavien quelle discorde a déchaînée Eutychès dans l’Église de Constantinople, « plus par impéritie que par mauvais dessein. » Il est digne de la gloire de Pulchérie de supprimer l’erreur. Le pape ne pourra prendre part au concile que l’on va tenir à Éphèse : d’abord il n’y a pas de précédents, puis il ne peut dans les conjonctures actuelles quitter Rome : car le désespoir envahirait la’population de Rome, si le pape paraissait abandonner sa patrie et son siège.

Ces lettres à Théodose II et à Pulchérie nous révèlent saint Léon, éclairé par Flavien et les gesta de son concile, prenant avec autant de décision que de courage le parti de Flavien. Quels que soient les sentiments de Pulchérie, d’ailleurs peu écoutée à cette date. Léon ne peut ignorer que Théodose II est acquis à la cause d’Eutychès. Va-t-il donc tout remettre au concile que l’on annonce ? Non, saint Léon ne veut pas se taire sur ce qu’il voit être l’intérêt de la justice et de la foi.

On joindra à ses lettres à Théodose II et à Pulchérie, la lettre de saint Léon à Faustus, Martin et autres archimandrites de Constantinople, encore du 13 juin 449. JafTé, n. 426. Le pape leur fait connaître qu’il réprouve le sentiment d’Eutychès, tel que les gesta le lui ont révélé. Il veut cependant que, s’il répudie ses erreurs, on ne lui refuse pas toute miséricorde : on ne doit être sans merci que pour l’erreur. Léon recommande aux moines de Constantinople la lettre qu’il adresse à Flavien.

Lettre de saint Léon à Flavien.

Elle est comme

les précédentes du 13 juin 449. Jaffé, n. 423. Votre lettre, écrit le pape à l’évêque de Constantinople, votre lettre que nous nous étonnons d’avoir reçue si tard, et les gesta de votre concile qui l’accompagnent, nous ont fait connaître enfin le scandale qui vient d’éclater chez vous. Eutychès, que son titre de prêtre semblait recommander, a fait preuve d’une légèreté grande. Quelle connaissance peut-il avoir de l’Ancien et du Nouveau Testament, celui qui ne comprend même pas les premiers mots du Symbole ?