Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/128

Cette page n’a pas encore été corrigée
241
242
LEON 1er. SAINT LEON ET L’OCCIDENT


et a horreur des vindictes sanglantes, mais est aidée par les sévères lois des princes chrétiens, les hérétiques recourant souvent au remède spirituel par crainte du supplice corporel. On voit là saint Léon, après saint Augustin, professer que l’Église condamne l’hérétique dans sa doctrine, et s’en remet aux princes pour les poursuivre, mais ne veut pas de sang. Le pape gémit d’ailleurs que l’invasion des Barbares en Espagne ait mis en sommeil les lois impériales. Il gémit que les évêques ne puissent plus tenir de conciles. Il gémit que des évêques catholiques aient manqué de zèle contre le priscillianisme renaissant. Il dresse un syllabus des erreurs priscillianistes, en quinze articles. Le diacre que Turribius a envoyé à Rome en rapporte des lettres pour les évêques des provinces de Tarragone, de Carthagène, de Lusitanie, de Galice, que le pape invite à tenir un générale concilium, et à condamner le erreurs énumérées dans le syllabus : les évêques qui s’y refuseront seront excommuniés.

Ces mesures visaient surtout des évêques de Galice, à commencer par celui de Braga. En fait, on ne put lenir le concile général suggéré par le pape. Mais on se borna à dresser un formulaire, qui fut signé par les évêques des provinces de Tarragone, de Carthagène, de Lusitanie, et aussi de Bétique, et soumis ensuite à l’évêque de Braga, métropolitain de Galice. Les évêques galiciens signèrent tous, certains cependant avec une bonne foi douteuse.

La lettre de saint Léon à Turribius jette un jour sur la pénible condition de l’Espagne, depuis qu’elle n’est plus romaine. On ne trouve pas d’autre trace d’intervention du pape en Espagne dans les vingt ans de son pontificat, sinon que, en 451, par l’intermédiaire de l’évêque d’Arles, Ravennius, il fait parvenir à l’épiscopat catholique d’Espagne sa lettre à Flavien. Idatius, Chron., P. L., t. li, col. 883. Il faisait parvenir aussi chaque année la notification de la date pascale. Jaffé, n. 512.

Saint Léon et les Africains.

L’Afrique romaine

est depuis 430 la proie des Vandales. En 442, Genséric a été par Valentinien III reconnu maître de la Proconsulaire, de la Byzacène, d’une partie de la Numidie, les Romains gardant le reste de la Numidie et les Mauritanies. En 455, toute l’Afrique est aux Vandales, et les Vandales sont ariens.

En 446, par une lettre du 10 août, Jaffé, n. 410, saint Léon s’adresse aux évêques de Mauritanie Césarienne. Les relations de Rome et de ce qui reste d’Afrique romaine sont fréquentes, crebrior ad nos r.ommeanlium sermo, peut écrire le pape. Il parle d’un évêque Potentius, un évêque africain apparemment, qui est venu à Rome et que le pape a chargé d’une mission auprès des évêques de la Césarienne, l’accréditant pour enquêter sur les élections épiscopales irrégulières que l’on a signalées au Siège apostolique. Potentius, son enquête faite, a adressé à Rome une relalio qui n’a que trop confirmé les craintes du pape. Il s’en ouvre dans sa lettre du 10 août aux Africains. Il intervient, leur dit-il. parce que l’on est venu de chez eux se plaindre a lui. et parce que l’exige la sollicitude qu’il a de droit divin de l’Église universelle. On a fait évêques des hommes qui avaient été mariés deux fois ou qui avaient épousé des veuves, on a fait évêques des hommes qui n’avaient point passé par les degrés préalables de la hiérarchie. Il tolérera ces Infractions aux tlatuta du Siège apostolique) mail il les

interdit.i l’avenir.

On a soumis au pape le cas de Douât us, évêque de

Salica, un novatien revenu an catholicisme avec son

peuple. Saint Léon veut qu’il soit maintenu à la tête de son Église, mais il devra répudier par écrit l’erreur novat irnnc et envoei ; i liome sa profession de fm Maximus.qui a été fail évêque, et qui est un donalisle

rallié, sera maintenu pareillement, à condition d’adresser aussi sa profession de foi à Rome. Pour Aggarus et Tibérianus, dont les élections ont été troublées par des séditions, saint Léon s’en remet à l’examen des comprovinciaux, et attend leur relatio pour statuer.

La présente lettre sera portée aux destinataires par l’évêque David, qui est apparemment l’évêque qui a porté à Rome la relatio de Potentius. Saint Léon exhorte les évêques de Césarienne à la concorde, au respect des canons et des staluta des saints Pères, spécialement en ce qui concerne les élections épiscopales. Que l’on ne donne pas d’évêques à des localités où des prêtres peuvent suffire : il faut prendre garde à ne pas diminuer la dignité du sacerdoce par la multiplication des évêques.

Cette lettre de saint Léon est très remarquable pour autant qu’elle révèle l’action du pape dans cet épiscopat africain, naguère encore si ombrageux à l’égard du Siège apostolique. Il n’y a plus pour l’épiscopat africain de concile d’Afrique. C’est à Rome que l’on demande maintenant la règle, l’ordre : c’est Rome qui dit le droit, qui juge des plaintes, qui pose des conditions, qui édicté des sanctions. C’est de Rome que l’évêque Potentius reçoit mission d’enquêter, à Rome que l’évêque David porte la relatio de Potentius, à Rome que l’on statue sur des évêques de Césarienne. Quel contraste entre cette lettre du pape Léon en 446 et la lettre au pape Célestin du concile de Carthage de 426. L’évêque de Rome s’est substitué au concile d’Afrique et au primat de Carthage. Mais dans sa lettre saint Léon ne prétend pas tenir leur place, c’est en vertu de l’autorité du Siège apostolique qu’il parle et agit. Siège apostolique, p. 477-481.

La lettre aux évêques de Mauritanie Césarienne touche à un dernier point que Tillemont, Mémoires, t. xv, p. 423 a écarté trop vite en accordant au P. Quesnel que le texte était ici interpolé : l’authenticité a été bien établie par les Ballerini et elle ne fait plus question. Lupicinus, évêque (en Mauritanie Césarienne selon toute vraisemblance), s’est adressé au pape, lui demandant de lui rendre la communion, parce que ses collègues africains l’avaient excommunié, et, l’ayant excommunié, n’avaient pas tenu pour suspensif l’appel qu’il avait fait à Rome. Les collègues de Lupicinus ont ordonné un évêque à sa place. Saint Léon s’élève contre cette procédure : l’appel de Lupicinus à Rome devait, prononce-t-il, suspendre toute action de ses collègues. Le pape repousse donc absolument la vieille prétention del’épiscopat africain de ne pasreconnaître les appels à Rome. Néanmoins, saint Léon se borne à rendre la communion à Lupicinus, il ne retient pas sa cause à Rome, il la renvoie aux évêques africains : il estime sans doute qu’elle n’a pas été entendue vraiment par les évêques africains, qu’elle reste à être entendue et par ses juges de première instance. les causes, dit-il, qui concernent la concorde des évêques, nous voulons qu’elles soient jugées sur place : on nous en adressera une relatio, et ce qui aura été bien jugé nous le corroborerons de notre sentence Sans aucun doute, saint Léon connaît les dispositions des évêques africains, il les ménage, niais s’il B’offre à confirmer les justes sentences de l’épiscopat d’Afrique, comment ne se réserverait-il pas le droit de réformer celles qu’il estimera Injui tes ?

Tillemont a écrit : Quelques-uns croient que saint

Léon fut bien aise d’avoir cetle occasion d’étendre son

pouvoir dans l’Afrique, contre les ellorts que les Mu

cains avoient faits sous < « ’lest in pour l’empescher.

ililement où est oit cette belle province estant

assez favorable, i l.nr. rit. Port -Royal se reconnaît a

..n. acrimonie I Saint Léon étall Bdèle > la doctrine

ii <in Sl<’apostolique, dont la sollicitude

ail ail à maintenir partout la régie et tordre, mais qui