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LÉON 1er. SAINT LÉON ÉVÈQUE DE ROME


suffrage de votre faveur, vous qui avez porté sur moi un jugement si honorable, sans que j’eusse aucun titre à le mériter. Je vous conjure donc par les miséricordes du Seigneur d’aider de vos prières celui que vous avez appelé par vos désirs, afin que l’esprit de grâce reste sur moi, et que vous n’ayez pas à regretter les suffrages que vous m’avez donnés. Que celui-là nous octroie à tous le bien de la paix, qui a mis dans vos cœurs le zèle de l’unanimité. » Éloquence grave d’un homme de foi, et d’un évêque, qui, dit-il, désire le salut des âmes avec une pastorale sollicitude.

Chaque année ramènera, le 29 septembre, l’anniversaire de l’ordination de saint Léon, son natale. Les Serm., u-v ont été prononcés à pareille date, qui est aussi chaque année l’occasion d’un concile. Ces sermons révèlent son humilité très noble, sa déférence pour les évêques ses collègues, sa conscience de l’éminente dignité de son siège. « En ce jour où revient l’anniversaire de celui où le Seigneur a voulu que commençât mon office épiscopal, j’ai une cause véritable de me réjouir pour la gloire de Dieu, qui, afin d’être par moi beaucoup aimé, m’a beaucoup pardonné, et qui, afin de rendre sa grâce admirable, a comblé de ses dons un homme en qui il n’a point trouvé de mérites qui les appelassent. » Il se tourne vers les évêques présents en nombre, il salue leur splendidissimam frequentiam, il ne doute pas de la présence de Dieu dans cette assemblée quand il y voit tant de speciosissima tabernacula Dei, tant de membres excellents du corps du Christ. Il a confiance que l’apôtre Pierre n’est pas non plus absent et qu’il ne fait pas défaut à leur dévotion en une solennité où les assemble le respect qu’ils ont pour lui. L’apôtre bénit la charité de toute l’Église qui voit Pierre dans la chaire de Pierre, et qui ne tiédit pas en passant de l’apôtre aimé à la personne de son bien inégal successeur. Demandez à Dieu, conclut le pape, à Dieu qui a voulu que je préside au gouvernail de l’Église qu’il fasse son humble serviteur capable d’une si grande tâche et utile à votre édification.

Les évêques sont égaux par l’onction de l’Esprit qui les a faits évêques, ils sont égaux par leurs infirmités, ils sont égaux par l’aide que leur assure le prêtre perpétuel qui est le Christ. Cependant, il est un évêque en qui l’apôtre Pierre se survit et par les mains de qui il tient le gouvernail de l’Église : Pelrus, in accepta forliludine petræ persévérant, suscepta Ecclesiæ gubernætlla non reliquit. Pierre vit dans sa chaire : (Petrus) alfas in sede sua vivit potestas et excellil auctoritas. Scrm., iii, 3. On a raison de célébrer cet anniversaire d’ordination : dans l’humilité de la personne de Léon, on doit voir et honorer l’apôtre en qui se perpétue la sollicitude de tous les pasteurs et des brebis à eux confiées, et dont In dignité ne défaut pas même quand son héritier est indigne.Ibid., 4. L’empressement de tant de vénérables évêques à cet anniversaire est une manifestation d’autant plus sainte et plus dévote qu’elle est un devoir de piété rendu avant tout à l’apôtre qu’ils savent être, non seulement l’évêque de ce siège, mais le primat de tous les évcrpies : sed et omnium episcoporum noverunt esse primatem. Ibid.

Même doctrine, plus appuyée encore, dans le Srrmn iv. Il y a un sacerdoce de tous les chrétiens, distinct du sacerdoce proprement dit, prteter islam specialem nostri ministrrii seroituiem. Ibid :, 1.(> sacerdoce tpéctal a été conféré < Pierre par le Soigneur. sourre de tous les charismes.. eu telle manière que nul n’en possède rien que Pierre n’ait reçu d’abord. Pierre a été élu par le Seigneur pour et ri 1 préposé a la vocation de toutes les nations, pour être DTOpO tous les apôtres et à tous les pèret de l’Église fies évêques) : « si nombreux que soient les saceriotet et les

paslores dans le peuple de Dieu, Pierre régit proprement ceux que le Christ régit en premier. Ibid., 2. La collation de ces pouvoirs à Pierre est dans les paroles mêmes du Sauveur, Matth., xvi, 16-19 ; Luc, xxii, 31 ; Joan., xxi, 17. Rendons grâces à Jésus-Christ, quod tantam potentiam dédit ei quem tolius Ecclesiæ principem fecit, ut si quid etiam noslris temporibus recte per nos agitur recteque disponitur, illius operibus, illius sit gubernaculis depulandum cui dictum est : El lu conversus confirma fratres tuos… Quod nunc quoque procul dubio jacit. Ibid., 4.

L’apôtre Pierre est tout cela, et l’évêque de Rome est son héritier, son vicaire. Chaque évêque est à la tête de son troupeau, chaque évoque a la sollicitude spéciale de son troupeau, et chaque évêque en devra rendre compte. Mais Léon a part à l’administration de chaque évêque : Neque cujusquam adminislralio non nostri laboris est portio. De tout l’univers on recourt au siège de Pierre et l’on attend de l’évêque de Rome cet amour de l’Église universelle dont le Sauveur a fait à Pierre un commandement… ut, dum ad beati apostoli Pétri sedem ex loto orbe concurritur, et illa universalis Ecclesiæ a Domino eidem commendata dileclio etiam ex noslra dispensalione deposcitur. Serm., v, 2. Telle est la signification de cet anniversaire, hommage à la dignité apostolique, mais aussi épiscopale, de saint Pierre, qui sedi suæ præesse non desinit. La solidité que Pierre a reçue du Christ, se transmet à ses successeurs. Qui donc serait si peu instruit de la gloire de Pierre ou si jaloux, que de croire que quelque portion de l’Église échappe à sa sollicitude ou ne puisse avoir à bénéficier de son secours ? Quis gloriæ beati Pétri tam imperitus crit aul lam invidus œstimalor, qui ullas Ecclesiæ partes non ipsius sollicitudine régi, non ipsius ope credat augeri ? Ibid, 4.

Ces déclarations solennelles de saint Léon suffiraient à fixer l’idée qu’il se fait de la dignité de son siège, sedes Pétri. Il lui servirait peu d’être l’héritier historique de l’apôtre, si toute l’Église n’honorait dans sa sedes Pierre lui-même. Car Pierre se perpétue : sa dignitas ne saurait défaillir, sa solliciludo veille, sa potestas vit, son auctorilas excelle, il tient toujours le gouvernail de l’Église : il est l’évêque perpétuel de ce siège, omnium episcoporum primas, lotius Ecclesitr princeps. Saint Léon a conscience que tous ces titres de l’apôtre sont ceux que peut revendiquer l’évêque de Rome, et que l’Église universelle lui reconnaît, dum ad beati apostoli Pétri sedem ex loto orbe concurritur.

Rome, qui possède la chaire de Pierre et l’héritier de Pierre, garde le tombeau de Pierre. C’est à Rome, en effet, que l’apôtre repose dans la couche sacrée de sa bienheureuse dormition, insacro bealse dormilionis loro eadem qua præsedit carne requiescil. Serm., iv, 4. et lxxxiii, 3. Il convient que, entre tous les peuples du monde, celui-là excelle dans les mérites de la piété, que le Sauveur a établi in ipsa apostoliar prtnv arec, et que le bienheureux apôtre Pierre a instruit plus que tous autres, præ omnibus erudivil. Serm., m. 1. Pierre est associé à Paul dans le même natale, épie Léon tient pour l’anniversaire do leur martyre : /" dit martyrii mrum sit lœtitire principatiis, dit il dans un sermon prononcé à pareil jour. Srrm.. LXXXII, 1. Il sait que cet te fête du 29 juin est fêtée dans toutes les Églises du monde, mais il faut qu’elle le soit par l’allégresse ipédale et propre de notre cité. Pierre et Paul ont fait luire aux veux de Rome l’Évangile du Christ : par eux la ville rpii était maîtresse de l’erreur est devenue disciple de la vérité ; ils sont les sanrli patres qui l’ont fondée sous de meilleurs auspices, frlir ins ronditlr ntnl, que ceux qui élevèrent ses premiers murs, il

lui qui, lui ayant donné son nom. la souilla « lu

sang de son frère. Le siège sacré de Pierre a fait d’elle la tête du monde : l’rr MCTOfn l’iin srdnn rapnt orbis