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LAUNOY (MATHIEU DE) — LAURENS (LOUIS DU)

tion d’adultère portée contre lui ; sa fuite lui valut une condamnation par contumace. Il rentra alors dans l’Église catholique, devint prêtre, s’il ne l’était déjà, et reçut un canonicat à Soissons, les Mémoires de la Ligue disent même la cure de Saint-Merry à Paris. Il fut un des fondateurs de la Ligue et l’un des plus fougueux ligueurs, membre du conseil des Quarante, finalement des Seize ; de Thou n’hésite pas à le rendre responsable de l’assassinat juridique de Barnabé Brisson, président au Parlement de Paris (15 novembre 1591). Obligé de s’enfuir pour éviter les représailles de Mayenne qui fit pendre les plus compromis des Seize, Launoy se retira en Flandre et ne se hasarda plus à revenir à Paris, bien que compris dans l’amnistie proclamée par Henri IV après la capitulation de Paris (mars 1594). On ignore l’endroit et la date de sa mort. Il publia pour justifier son retour au catholicisme : La déclaration et réfutation des fausses suppositions et perverses applications d’aucunes sentences des saintes Écritures desquelles les ministres se sont servis en ces dernier temps à diviser la chrétienté, avec une exhortation auxdits ministres d’en réunir et ramener leurs auditeurs à l’Église catholique, apostolique et romaine…, par Mathieu de Launoy et Henri Pennetier naguère ministres de la religion prétendue réformée et à présent retournés au giron de l’Église catholique, Paris, 1577. Cet écrit ayant amené les calvinistes à soulever sur le compte de Launoy de fâcheuses imputations, le converti répondit par une Défense de Matthieu de Launoy tant pour lui que pour Henri Pennetier contre les fausses accusations et perverses calomnies des ministres, Paris, 1578 ; les extraits qu’en donne Bayle montrent que la défense de Launoy est assez faible. D’une inspiration moins personnelle est la Réplique chrétienne en forme de commentaire sur la réponse tirée de la moelle des saintes Écritures et de toute bonne doctrine et faite par les ministres calviniques, Paris, 1579, in-12 de 1000 pages. Quelques années plus tard, Launoy donna encore une Réponse chrétienne à XXIV articles pleins de blasphèmes et absurdités dressés par P. Pineau, dit Desaigues, prédicant zwin-calvinian, contre l’article de la surnaturelle et miraculeuse transsubstantiation, Paris, 1581, in-12 de plus de 500 pages (la foliotation n’est pas poussée jusqu’au bout).

De Thou, Historia sui temporis, l. LXXXVI, an. 1587, édit. de Francfort, 1658, p. 112b ; l. XCV, an. 1589, p. 280a ; l. CII, an. 1591, p. 441 sq. ; Maimbourg, Histoire de la Ligue, Paris, 1683, p. 56 sq. ; ces deux historiens, nettement opposés à la Ligue, sont naturellement portés à noircir les chefs ligueurs ; Bayle, Dictionnaire historique et critique, édit. de Bâle, 1741, t. iii, p. 60-62, abonde dans le sens des deux précédents ; de même l’art. Launoy (Matthieu de), de l’Encyclopédie des sciences religieuses de Lichtenberger, 1880, t. x, p. 14-15 ; la Biographie universelle de Feller-Pérennes, 1834, t. vii, p. 520, semble admettre la culpabilité de Launoy ; Mgr Räss, Die Convertiten seit der Reformation, t. ii, Fribourg-en-B., p. 195 sq., innocente au contraire ce personnage ; voir dans ce livre des extraits assez copieux, traduits en allemand, du premier ouvrage de Launoy ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 14, emboîte le pas à Räss.

E. Amann.

LAURENS (Louis du) (1589-1671), naquit à Montpellier en 1589, fut ministre de l’Église réformée dans sa ville natale ; mais il se convertit jeune encore et reçut l’ordination. Il vint à Paris où il se fit une réputation dans la chaire. Le cardinal de Richelieu le logea dans son palais pour l’employer à la conversion des protestants. Le cardinal lui demanda de rédiger un cours de controverses pour servir de base aux conférences qu’il voulait entreprendre avec les principaux ministres. Pour cette rédaction, du Laurens demanda à Richelieu de lui adjoindre un docteur de Sorbonne, un jésuite et un Père de l’Oratoire ; le cardinal lui fit une réponse que Richard Simon déclare avoir lue : « Les docteurs de Sorbonne étaient bons pour les hérétiques du temps passé ; je ne veux point me servir des jésuites dans cette affaire ; pour ce qui est des Pères de l’Oratoire, ils sont trop mystagogiques. Travaillez seul. « Après de longues discussions, il fut convenu que, dans les conférences avec les protestants, afin d’éviter toute contestation et de se placer sur le terrain des protestants, on ne ferait pas appel à la tradition, mais seulement à l’Écriture, et, pour l’Écriture même, on prendrait la version française de Calvin et non point le texte original. Mais le cardinal mourut en 1642. Du Laurens entra à l’Oratoire le 9 janvier 1649 et se fixa à la maison Saint-Honoré où il fut l’ami et le commensal de Richard Simon : deux fois par semaine, les deux amis discutaient, en forme de conférence, les matières de controverses ; Richard Simon tenait la place du ministre protestant et du Laurens celle du docteur catholique. Alors du Laurens tenta de reprendre auprès de Mazarin le projet de Richelieu, mais le nouveau ministre n’attachait pas la même importance à cette question du protestantisme. Du Laurens rédigea un mémoire qui est resté manuscrit (30 pages in-4o) où il indique la méthode et le plan des conférences projetées. Du Laurens composa d’autres écrits pour la conversion des protestants. Il mourut à Paris le 1er juillet 1671.

Parmi les écrits laissés par du Laurens, on peut citer : Réponse au livre du Pierre Du Moulin, intitulé : Opposition de la parole de Dieu à la doctrine de l’Église romaine, in-8o, Paris, 1625. — Trente journées de retraite en mémoire et à l’honneur des trente années de la vie cachée de Notre-Seigneur Jésus-Christ, touchant les diverses misères de l’homme, in-4o, Paris, 1649. Ce sont des dialogues de l’homme avec Jésus dans lesquels l’homme expose ses misères spirituelles et intérieures et Jésus lui répond, en lui faisant sentir davantage ces misères et en lui indiquant le remède pour les guérir. — Quatre sermons pour le vendredi saint, in-8o, Paris, 1651. Ces sermons ont pour objet : 1. les juifs curieux et envieux ; 2. la Vierge compatissante et zélée ; 3. Jésus-Christ mourant ; 4. le chrétien affligé et pénitent. Ces sermons furent prêchés, les deux premiers à Saint-Jean-en-Grève ; les deux derniers à Saint-Gervais, avant l’entrée de du Laurens à l’Oratoire ; ils sont déclamatoires et remplis d’apostrophes, de descriptions et de figures d’assez mauvais goût. — Dispute touchant le schisme et la séparation que Luther et Calvin ont faite de l’Église romaine, in-fol., Paris, 1655. L’épître dédicatoire au clergé de France étudie le schisme, ses causes, ses progrès et ses suites funestes. L’ouvrage est le compte rendu d’une discussion sur les matières controversées entre M. Jean Mestrezat, ministre de Charenton, et Louis du Laurens ; ce compte rendu n’a été publié qu’après avoir été lu et approuvé par Mestrezat. Du Laurens poursuivit son travail, au sujet de la transsubstantiation, qui, d’après le ministre protestant, était la cause principale de la séparation, dans la Dispute touchant le mystère de l’eucharistie, mais ce travail est resté inédit. — Huit sermons de l’eucharistie sur ces paroles : Vere Dominus est in loco isto et ego nesciebam, prononcés durant l’octave du Saint-Sacrement dans l’église Saint-Gervais, in-8o, Paris, 1662 ; ces sermons sont encore remplis d’images brillantes et d’érudition profane. — Le triomphe de l’Église romaine contre ceux de la religion prétendue réformée par six démonstrations qui font voir clairement combien il est impossible de se sauver dans leur communion, in-12, Paris, 1667. Dans cet écrit dédié à MM. de Charenton, l’auteur montre que l’Église réformée est schismatique ; elle est divisée en partis opposés ; elle enseigne des propositions entièrement contraires à l’Écriture et aux Pères de