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rencc, un opuscule intitulé : Homo, l’Jtaliae la reallà délie aise, l’i nsicri di un prelato ilaliano. Sous l’apparence de zèle pour les Intérêts de l’Église, l’auteur anonyme exposait des idées peu en harmonie avec les droits imprescriptibles du Saint-Siège. L’évêque de Brescia s’en émut, et écrivit au souverain pontife, qui, dans sa réponse du-il mars 1889, désapprouva hautement cette publication, i Comment un simple

individu, sans autorité aucune pour traiter de si graves questions, a-t-il pu, disait Léon XIII, soumettre à son jugement prié une cause qui touche de si près à la puissance suprême du vicaire de Jésus-Christ, et à la liberté inaliénable du magistère apostolique ? D’ailleurs, cette cause a déjà été jugée par le souverain pontife, non une fois seulement et en termes équivoques, mais plusieurs fois et très clairement. Puis, que dire de cette arrogance et de cette insubordination, qui se permet de donner publiquement des conseils au Saint-Siège, pour lui indiquer ce qu’il a de mieux à faire ? Et ce conseil qui nous est donné, se réduit à ceci : qu’il serait sage, avantageux et utile, de prendre en paix notre parti de l’étal actuel des choses, pour nous conformer aux besoins du temps. Il voudrait que ce qui a été accompli par la violence et l’injustice, lui sanctionné par Notre volonté, comme s’il n’était pas de toute évidence que la situation à laquelle Nous sommes réduit, depuis si longtemps, par l’abus de la force, n’était pas absolument contraire à la dignité du pontife romain, et un obstacle à sa liberté, qui a été violée, non par la volonté des peuples, mais par l’audace des sectes perverses, lesquelles ne se sont conjurées contre Noire principat civil, que pour combattre, de plus près, et abattre, si elles le pouvaient, Notre autorité sacrée. Avec quelle obstination elles poursuivent ce but, même sans plus se cacher, les faits eux-mêmes le proclament hautement. Il est donc extrêmement important de prémunir avec soin les esprits contre des écrits de cette nature, d’autant plus dangereux, qu’avec des apparences de respect et de dévotion, ils peuvent plus facilement eut rainer et séduire les multitudes. » Pour qu’elle eût plus de diffusion, cette lettre de Léon XIII fui publiée par l’Osservalore romano, le 1 avril suivant, et reproduite par divers journaux. Quelques jours plus tard, le 13 avril 1889, la S. C. de l’Index condamnait l’opuscule, objet de cette lettre.

I.’au leur de la broc luire incriminée était un évêque, Mgr Bonomelli, évêque de Crémone. Le 21 avril suivant, jour de Pâques, après avoir fait l’homélie sur l’évangile du jour, a la grand’messe pontificale, en présence de la foule qui remplissait la cathédrale, du haut de la chaire, il se déclarait l’auteur de l’opuscule. Borna, l’Ilalia c lu reallà délie cose, el lisait, d’une voix pénétrée, un acte d’édifiante soumission, qu’il voulut communiquer lui-même au Messagero di Cremona, et, par lui, à toute la presse. Le chapitre, le Clergé, plus de 200 séminaristes et les lidcles, entendant cette solennelle rétractation, étaient émus jusqu’aux larmes. Cet acte élail d’autant plus touchant, que, déjà, une rétractation anniv me av ail paru dans la Rassegna Nationale, d’abord, et dans l’Osservalofe romano, ensuite. Aussitôt l’office pontifical terminé, Mgr Bonomelli faisait porter, par un de ses

prêtres, l’acte de rétractation au souverain pontife.

Il en recevait aussitôt un télégramme, puis, le 29 avril, une lettre de félicitations pour sa soumission) quc

l’auguste pontife comparait, pour les circonstances

qui l’avaient entourée, à celle (lu grand l-’éiiclon. Mais. en même temps, le pape lui donnait une leçon de prudence et de sagesse : i Dans une affaire aussi grave,

lui disait il. il faut porter son jugement, non d’après

les événements, si sujets a changer, mais d’après lu Justice et les droits inaliénables du Saint-Siège. Ce

que Nous avons souvent dit, il faut le répéter : dans le principat civil, il s’agit non d’un avantage matériel, niais de la liberté indispensable au ministère apostolique. C’est ce qu’il ne faut cesser d’inculquer aux esprits, trop prompts à l’oublier. »

Autant la noble soumission de Mgr Bonomelli avait comblé de joie les catholiques fervents, autant elle suscita la colère et les sarcasmes des libéraux, et des sectaires.

-i. Le gouvernement royal, aurait été heureux d’avoir l’appui, des catholiques, pour lutter avec plus d’efficacité, contre les ennemis du trône et de la maison de Savoie, représentés par les radicaux, les socialistes, les anarchiste, et les républicains de toute nuance, l.e parti au pouvoir se sentait impuissant » réduit à ses seules forces, pour arrêter cette marée montante, quc lui-même avait soulevée, et qui menaçait de le submerger. Il aurait voulu que tous leshommes d’ordre s’unissent à lui. Si’sentant très compromise, la maison de Savoie appelait à son secours les catholiques : en eux seulement, elle voyait, pour elle, la planche de salut, en prévision du naufrage. On comprend qu’au de but les souverains pontifes n’aient pas voulu mettre les forces catholiques au serv ice de leurs spoliateurs.

De leur côté, les catholiques voyaient, dans le socialisme grandissant, un péril redoutable pour toutes les institutions les plus respectables, y compris la rt ligion, et ils cherchaient à concilier leur devoir envers la patrie et leurs devoirs envers la religion. Autre chose était concourir à sauver l’ordre social, en Italie, et autre chose concourir à sauver le gouvernement actuel. Les catholiques n’auraient pu, en conscience, contribuer a raffermir celui-ci, que s’il avait été une condition indispensable pour le maintien de l’ordre dans la société, lui dehors de cette hypothèse, ils n’attaqueraient pas directement le gouvernement actuel par dis moyens illicites, comme le faisaient les socialistes et les anarchistes, mais ils le laisseraient se débattre, au sein des difficultés nombreuses, dont il était lui-même la cause principale.

Pour ces raisons, les souverains pontifes défendirent aux catholiques italiens de se former en parti politique militant. Il leur suffisait de s’organiser, comme une .mande armée de réserve, pour sauver, un jour, l’Italie de l’abîme. Jusqu’à ce que le pape le leur aurait permis, leur influence ne sérail qu’extraparlemenlaire ; mais elle n’en serait pas moins réelle, grâce à leurs nombreux comités, à leurs associations de tout genre, a leurs cercles, à leurs réunions fréquentes, à leurs journaux, à leurs démonstrations publiques, etc. Celte influence extraparlementaire sérail de nature à exercer une salutaire influence sur le parlement et le gouvernement lui-même, pour y déterminer un courant moins hostile aux intérêts religieux. C’est assurément a cette influence extraparlementaire que l’on doit l’insuccès, au corps législatif, de plusieurs projets (le loi inspirés par l’anticléricalisme et la franc-maçonnerie ; par exemple, celui sur le divorce. Et cette Influence extraparlementaire des catholiques serait d’autant plus forte, que ceux-ci seraient mieux organisés, et domineraient dans les assemblées municipales.

2° Atténuations au Non expedit. - - 1. Au mois de février 1909, vu la gravité des circonstances et l’importance des conséquences qui découleraient des résultats des élections générales, fixées au 7 mars suivant, le conseil direct il de I’( liiolle cltllanile Cattolica italiana envoya une circulaire a lous les comités régionaux qui dépendaient d’elle. Il était à craindre, disait-elle, que les adversaires implacables de la religion, à l’aide d’alliances avec les partis les plus divers, 11’entrasscnl nombreux au Parlement. Leur programme était