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JESLS-CHRIST ET LA CRITIQUE. LA CONSCIENCE MESSIANIQUE L392

pharisiens qui l’amena à prendre conscience de cet le douloureuse destinée. Cf. Jésus-Christ avant son

ministère, p. 89-92 ; 152-153 ; 162-176 ; Jésus-Christ pendant son ministère, p. 222-223. — Cette dernière épuration dans la conscience messianique de Jésus, précédée de la o rupture de Jésus avec tout ce qu’il y a de fantastique et de dangereux, au point de vue politique, dans le concept du Messie, rupture figurée par l’histoire de la tentation, » c’est encore le développement progressif qu’admet, dans la conscience messianique de Jésus. M. p. Wernle, Die An/ange unserer Religion, p. 29-31. — M. H. Monnier reconnaît également que la conscience filiale de Jésus remonte certainement plus haut que sa conscience messianique. L’épisode de Jésus au milieu des docteurs du temple témoigne qu 1 < il se sent fils de la façon la plus immédiate ; mais il n’a pas encore conscience d’être Messie (. La mission historique de Jésus, Paris, 1906, p. 29. — M. Wendt fait également dériver la conscience messianique de la conscience filiale. Mais il trouve l’origine de cette conscience d’une filialité divine dans L’étude des Écritures, où Jésus apprit à connaître Dieu connue Père, dirigé en cela par la piété de ses parents et surtout « par le pouvoir spirituel particulier dont il se sentait miraculeusement investi par Dieu…, et par la vive impulsion intérieure qui le contraignait à une obéissance d’enfant envers la divine volonté. » Die I.ehre Jesu, 2e édit., p. 93. Il est impossible d’ailleurs d’assigner un commencement précis à cette conscience filiale, qui sans doute a grandi et s’est élargie graduellement en Jésus, mais a toujours existé en lui : en tout cas c’est au baptême que Jésus reçut la révélation qui éveilla en lui la conscience messianique. Id., p. 93-98. — M. Bernard Weiss admet, lui aussi que la conscience messianique a pour origine la conscience filiale antérieure ; il professe pleinement le développement progressif de cette conscience ; mais elle existait déjà, affirme-t-il, et dans sa plénitude au moment de la rencontre de Jésus avec le Précurseur. Le baptême ne fut que le signe par lequel le Père lui signifiait que le moment était venu d’entrer dans la carrière messianique ». — C’est également, à peu de choses près, l’opinion de M. Ilamack : « Jamais, dit-il, nous ne pénétrerons les phases intérieures que Jésus a traversées pour passer de la certitude qu’il était le

FïlS de Dieu à celle qu’il était le Messie annoncé… I.a plus ancienne tradition avait acquis la conviction, par une expérience intérieure que Jésus, à son baptême, savait qu’il était le Messie. Nous ne pouvons cont rôler cet te ci oyance et nous ne sommes pas davantage en étal de la nier, il est très vraisemblable qu’au début de sa vie publique, son opinion étail fixée en lui… Le récit ( de la tentation) suppose qu’il se regardait déjà comme le Fils de Dieu, comme celui à qui était confiée la mission d’accomplir ce que Mien avait promis ; i son peuple… i L’essence du christianisme p. 138.

On le voit par ces lapides aperçus : parmi les théologiens libéraux qui admettent en Jésus le développement progressif d’une conscience messianique issue de s ; i conscience filiale, beaucoup précisent que la conscience messianique daterait du baptême et de la révélation, piiiement subjective d’ailleurs, qui accompagna cel acte. C’est l’opinion de plusieurs parmi les auteurs déjà Cités, et de O. I loll /niann. I.eben Jesu, 1901, p. 106 107 ; cf. War Jésus Ekstatiker, p. 35 36 « le Th. Keini. Dus messianiselie BeWUSStsein.lésa.

I ; de Bousset, .lésas, p., s."> ; de von Soden, Die wichtigsten Fragen in Lettre.lésa.’! édit., p. T.". 7 l ; 99 100. D’autres, en plus petit nombre, reculent plus OU moins l’époque a laquelle Jésus eut eut ièrenieiil’"h cience <]< posséder la dignité messianique.

< I. Guignebért, Manuel d’histoire antienne du (lais

tianisme. Paris, 1907, p. 173 ; Jésus wer er geschichtlich war. p. 78 ; P.-YV. Schinidt. Dos I.eben Jesu ausgelegt, p. 165-166 ; A. Réville, Jésus de Nazareth, p. 188-190, 201, etc. Sur ce point, .1. Weiss a une théorie à part : pendant sa vie publique Jésus aurait seulement supposé qu’il était destiné à devenir plus tard le Messie, lorsque sa gloire éclaterait au grand jour, mais non qu’il l’était déjà.

Sur l’évolution que M. Stapfer marque de la conscience messianique de Jésus, au moment de la tentation au désert, et relativement au rôle spirituel du Messie, les critiques allemands, tout en admettant cpie la tentation a contribué, pour une certaine part, à former les idées du Sauveur concernant sa mission, n’osent cependant pas parler de rupture avec les conceptions erronées du milieu juif, que Jésus aurait partagées. Ce contre quoi Jésus se défend et lutte, ce sont bien plutôt des idées ou des images qui lui sont demeurées étrangères. B. Weiss, op. cit., p. 315-316 : cl. Wendt, op. cit., p. 98-102. O. Holtzmann affirme simplement, à l’occasion de la tentation, une plus grande pression » des réflexions du Christ relativement à son rôle. Op. cit., p. 107 note, 111-118. Harnack déclare plus simplement encore que le récit de la tentation suppose que Jésus se regarde déjà « comme le Fils de Dieu, comme celui à qui était confiée la mission d’accomplir ce que Dieu avait promis à son peuple. » Op. cit., p. 138.

Ils se montrent plus réservés encore à retracer la prétendue évolution qui se.serait produite dans les idées du Sauveur, au sujet de sa destinée souffrante et de sa mort. Leurs hypothèses se font plus circonspectes. H. Wendt suppose que Jésus a été. dès l’abord, convaincu, qu’il faudrait donner sa vie pour le royaume : mais il aurait appris des circonstances, au fur et à mesure des événements, quand et de quelle manière devait s’accomplir son sacrifice. Die Lehre .lésa. p. 189-491. Voir un avis analogue chez B. Weiss, Das I.eben Jesu. t. ii, p. 259-262 et, avec plus d’hésitation encore, chez O. Holtzmann, Lcben Jesu, p. 139. Hamack est nettement hostile à l’h pot hèse d’une vie de Jésus « passée au milieu de contrastes intérieurs, encore que les émotions, les tentations, les doutes mlui aient pas manqué. » Op. cit., p. 36.

b) La thèse de M. Loisy est presque complètement calquée sur celle des théologiens libéraux d’Allemagne. malgré certaines assertions qui semblent y apporter une noie contradictoire. M. Loisy a paru approuver, au nom de la critique, l’hypothèse (le la dérivation de la conscience messianique par rapport à la conscience filiale. « On pourrait dire, écrit il. que Jésus, dans l’humble maison de Nazareth, avait grandi en lils de Dieu, par la piété, par l’épanouissement de son âme pure sous le regard du Père céleste, sans que la préoccupation du grand rôle que Le Fils de Dieu, le Messie devait jouer dans le monde, entrai d’abord dans le commerce intime de cette âme avec Dieu : celle préoccupation se serait fait jour plus tard, soit par la seule Influence du messianisme commun, soit par le contre coup de la prédication de Jean annonçant. L’avènement prochain du royaume de Dieu : quoi qu’il en soit la rencontre avec Jean est une circonstance tout a lait appropriée a la révélai ion divine : c’est là, auprès du prophète qui se donnait lui-même comme le précurseur du Messie ou tout au moins comme le héraut (u royaume céleste, que Jésus, déjà fils de Dieu par la conscience intime de son union avec le Père

céleste, eu1 l’intuition suprême de sa mission providentielle cl qu’il se sentit le Lils de 1 Heu, le Messie promis a Israël.’Les évangiles synoptiques, t. i, p. L08, De plus, tout en se prononçant contre les exégètes qui pi étendent dater du baptême la conscience messianique de Jésus, Revue d’histoire et de littérature relii