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JÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE MODERNISTE

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choses qui. selon la réalité, ne lui conviennent point. Ce qui arrive surtout, quand il s’agit d’un phénomène du passé, et d’autant plus aisément que ce passe est plus lointain. De cet le double opération les modernistes tirent deux Uns qui, ajoutées a une troisième, déjà fournie par l’agnosticisme, forment comme les l.ases de leur critique historique. Un exemple éclaireira la chose, et Jésus-Christ va nous le fournir. Dans la personne du Christ, disent-ils, la science ni l’histoire ne trouvent autre chose qu’un homme. De son histoire donc, au nom de la première loi, basée sur l’agnosticisme, il faut effacer tout ce qui a caractère de divin. I.a personne historique du Christ a été Iransfigurée par la foi : il faut donc retrancher.encore de son histoire, de par la seconde loi, tout ce qui l’élève au-dessus des conditions historiques. Enfin, la même personne du Christ a été défigurée par la foi : il faut donc, en vertu de la troisième loi, écarter en outre de son histoire les paroles, les actes, en un mot, tout ce qui ne répond point à son caractère, à sa condition, à son éducation, au lieu et au temps où il vécut ». Condamnation du modernisme, Tournai-Paris, 1907, î. Kncyclique Pascendi, texte latin et français, p. 13-15. />) Le savant et le croyant en /ace de Jésus-Christ. — « (L’objet) de la foi est justement ce que la science déclare lui être à elle-même inconnaissable : … la science est toute aux phénomènes, la foi n’a rien à y voir ; la foi est toute au divin, cela est au-dessus de la science… Kntre la science et la foi, il n’y a point de conflit possible : qu’elles restent chacune chez elle, et elles ne pourront jamais se rencontrer, ni partant se contredire. Que si l’on objecte à cela qu’il est

certaines choses de la nature visible qui relèvent aussi de la foi, par exemple, la vie humaine de Jésus-Christ : ils le nieront. Il est bien vrai, diront-ils, que ces choses là appartiennent par leur nature au monde des phénomènes ; mais, en tant qu’elles sont pénétrées de la vie de la foi, et que, en la manière qui a été dite, elles sont transfigurées et défigurées par la foi, sous cet aspect précis les voilà soustraites au monde sensible et transportées, en guise de matière, dans l’ordre divin. Ainsi, à la demande : si Jésus-Christ a fait de Mais miracles et de véritables prophéties, s’il est ressuscité et monté au ciel : non, répondra la science agnostique ; oui, répondra la foi. Où il faudra bien se garder pourtant de trouver une contradiction : la négation est du philosophe parlant à des philosophes, et qui n’envisage Jésus-Christ que selon la réalité historique ; l’affirmation est du croyant s’adressant à des croyants, et qui considère la vie de Jésus-Christ, comme vécue â nouveau par la foi et dans la foi >. Id.. p. 25-27… « Tout est pesé, tout est voulu chez (les modernistes), niais à la lumière de ce principe que la foi et la science sont l’une à l’autre étrangères… Kcrivciit-ils l’histoire ? nulle mention de la divinité de Jésus Christ ; montent-ils dans la chaire sacrée ? ils la proclament hautement. » Id., p. 29.

c) Les progrès de lu jui dans l’intelligence du rôle de Jésus. (Les modernistes) posent ce principe général que, dans une religion vivante, il n’est rien qui ne soit variable, rien qui ne doive varier. D’où ils passent à ce que l’on peut regarder comme le point capital de leur système, savoir l’évolution. Des lois de l’évolution, dogme. Église, culte, livres saints, foi même, lout est tributaire… Commune a tous les hommes et obscure

fut la forme primitive de la loi. parce que précisément

elle prit naissance dans la nature même et dans la vie

de l’homme. Ensuite, elle progressa et ce fui par évo lui ion Vitale, c’est a dire… par pénétration croissante du sentiment religieux dans la conscience… Pour explique] ce progrès de la toi, il n’y a pas à recourir à d’autres causes qu’à celles la mêmes qui lui donnèrent ne, si ce n’est qu’il faut y ajouter l’action de cri

tains hommes extraordinaires, ceux quc nous appelons prophètes, et dont le plus illustre a été Jésus-Christ. Ces personnages concourent au progrès de la foi. soit parce qu’ils Offrent, dans leur vie et dans leurs discours, quelque chose de mystérieux dont la foi s’empare et qu’elle Huit par attribuer à la divinité, soit parce qu’ils sont favorisés d’expériences originales, en harmonie avec les besoins des temps où ils vivent, i Id., p. -15.

</) Lu formation du dogme de Jésus-Christ, Dieu et homme ? Le progrès du dogme est dû surtout aux obstacles que la foi sait surmonter, aux ennemis qu’elle doit vaincre, aux contradictions qu’elle doit écarter. Ajoutez-y un effort perpétuel pour pénétrer toujours plus profondément ses propres mystères. Ainsi est-il arrivé… que ce quelque chose de divin que la foi reconnaissait en Jésus-Christ, elle est allée l’élevant, l’élargissant peu à peu et par degrés, jusqu’à ce que de lui finalement elle a fait un Dieu. Id.. p. 15-17.

e) Irréalité du Christ de la fia. En vertu des principes exposés en premier lieu et que l’encyclique rappelle encore à propos du moderniste historien, op. eil., ], . 51, les modernistes i dénient au Christ de l’histoire réelle la divinité, comme à ses actes, tout caractère divin ! quant à l’homme, il n’a fait, ni dit quèce qu’ils lui permettent, eux-mêmes, en se reportant flux temps où il a vécu, de faire ou de dire. Or, de même que l’histoire reçoit de la philosophie ses conclusions toutes faites, ainsi de l’histoire, la critique. En effet, sur les données fournies par l’historien, la crit ique fait deux parts dans les documents. Ceux qui répondent à la triple élimination (cf. supra, col. 1382) vont à l’histoire de la toi ou à l’histoire intérieure : le résidu reste à l’histoire réelle. Car ils distinguent soigneusement cette double histoire ; et ce qui est à noter, c’est que l’histoire de la foi. ils l’opposent à l’histoire réelle, précisément en tant que réelle : d’où il suit quc des deux Christs.pic nous avons mentionnés, l’un est réel, l’autre celui de la foi. n’a jamais existé dans la réalité ; l’un a vécu en un poinl du temps et de l’espace, l’autre n’a jamais vécu que dans les pieuses méditations du croyant. Tel par exemple le Christ que nous offre l’évangile de saint Jean : cet évangile n’est d’un bout à l’autre qu’une pure contemplation. » Id.. p. 52-53.

On le voit : le modernisme n’est qu’un démarquage à peine déguisé du rationalisme allemand : naturalisme, agnosticisme, évolutionnisme. Christ idéal, illusion des générations chrétiennes, tout ce qu’avait inventé, contre la divinité de Jésus et le surnaturel de ses œuvres, les génies destructeurs de Strauss et de liaur, tout s’y retrouve sous des formules équivalentes.

2. Les propositions christologiques du modernisme, condamnées par le décret LAMENTABILI.

a) Sur les documents d’origine chrétienne relatifs à Jésus-Christ : prop. xm-xviii.

xiii. Parabolas evanCe sont les évangélistes

gelicas Ipsimet evangelistac eux-mêmes et les chrétiens

ae Christian ! secundæ et terde la seconde et de la troi tise generationis artiflciose sième génération qui ont arti digesserunt, atque ita ratioflciellement élaboré les para »

ne.ni dedenml exigui fructus boles évangéliques.etquiont

prœdicationis Christi apud ainsi rendu raison du pende

Judeeos. fruit de la prédication du Christ auprès des Juifs.

iv. - In pluribus narraEn beaucoup de récits, les

tionibus non tam quai vera évangélistes ont rapporté

sunt evangelistæ retulerunt, non pas tant la réalité que ca

quam quæ lectoribus, ctsi qu’ils ont estimé, quoique

falsa, censuerunt manis profaux, plus profitable a leurs

licua. lecteurs.

w. Evangelia usque ad Les évangiles se sont enrl de fini I uni constitutumque chis d’additions et de correc canonem continuis additiolions continuelles jusqu’à la

nibus et correctionibus aucta fixation el à la constitution

tuerunt ; in ipsis proinde du canon : par suite, il n’y