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JESUS-CHRIST ET LA CRITIQUE LIBÉRALE


parle de l’incompatibilité réciproque des deux narrations et en conclut qu’elles sont « des tictions composées ou accumulées par les premiers chrétiens. S’ouvelle vie de Jésus, trad. franc. Paris, 1839, t. i, I ». S6. Cf. A. Sabatier, art. Jésus, dans V Encyclopédie des sciences religieuses de Lichtenberger, t. vii, p. 383 ; I.oisy. Évangiles synoptiques, t. î, p. 1 70 ; Bousset, Jésus, Tubingue, 1007, p. 1 ; et, parmi d’autres plus modérés d’ordinaire, mais tout aussi tranchants sur ce point, Beyschlag, I.eben Jesu.Bei lin. 1e édit., 1901, t. i.p.151 ; Spitta, Die synoptische Grundschrtft, p. 1 ; Keim, Geschichle Jesu, 1. 1, p. 354 ; Ed. Reuss, H isloirc évangélique, synopse des trois pre-niers évangiles, Paris, 1876, p. 17, etc. — Nous avons déjà reconnu, voir col. 1175, qu’entre les récits des deux évangélistes, à côté des points de contact assez nombreux, ii y a des divergences accentuées. Mais « divergence » ne signifie pas contradiction » : les narrations sont indépendantes lune de l’autre : et, loin de s’exclure, elles se complètent et se confirment réciproquement. On seul point, et simplement en apparence, soulève quelque difficulté. Saint Luc, ii, 39, semble dire que la sainte Famille revint directement de Jérusalem à Nazareth, aussitôt après la présentation de Jésus et la purification de Marie dans le temple, tandis que d’après saint Matthieu, ii, 1-23, il faut insérer, avant ce retour, la visite des Mages, la fuite et le séjour en Egypte. Mais c’est là simplement, de la part de saint Luc, un procédé littéraire fréquemment employé par les historiens les plus sérieux, lorsqu’il leur convient, conformément à leur plan, de passer tels ou tels faits sous silence. C’est par un artifice de ce genre que le même saint Luc semble fixer au jour de la résurrection du Sauveur le mystère de l’ascension, qu il savait fort bien (il nous le dit au livre des Actes, i, 3), n’avoir eu lieu que quarante jours plus tard, i xxiv, 44-53… Au reste. du langage même de l’evangéliste : i après qu’ils euient tout accompli selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville, il résulte nettement que l’essentiel pour lui n’était pas de déterminer l’époque précise du retour à Nazareth, mais l’accomplissement fidèle, par M ; irie et Joseph, de toutes les prescriptions légales qui concernaient le divin Fnfant et sa mère. « F illion. Vie Je X.-S. Jésus-Christ, t. i, p. 4^0.

On n’a pas manqué non plus de soulever des difficultés sur la naissance à Bethléem et le recensement ordonné par Quirinius, lequel ne viendrait là que pour justifier le voyage de la sainte famille. Cette question de Quirinius est d’ailleurs assez compliquée. Luc est seul à parler de ce dénombrement qu’ignorent les anciens historiens et Josèphe lui-même ; on affirme d’autre part que, d’après la méthode romaine, Joseph et Marie n’étaient pas tenus de se rendre à Bethléem. Loisy, Évangiles synoptiques, t. r, p. 311 : cf. Maurenbrechei, W’eihnachlsgeschichten, p. 31. D’ailleurs la Palestine, royaume indépendant, ve pouvait être soumise à l’obligation du recensement. Puis, du vivant d’Hérode le Grand, Quirinius n’a certainement administré la province de Syrie en qualité de légal impérial : d’où il suivrait qu’aucun recensement pu avoir lieu en Palestine sous sa direction à l’épo de la naissance du Christ, puisque l’evangéliste place ce fait « aux jours d’Hérode t. Luc, ii, 1-5, cf. Mat th., n, 1. Telles sont, en raccourci, les principales objections relatives au dénombrement de Quirinius, objections qu’on retrouve chez C. Hase, Geschichle Jesu, 2’édit., p. 22 : i-228 : Keim, Geschichle Jesu, 1. 1, p. 398105 ; II..1. Holtzmann, Die Synopliker, 3° cit.. p. 316-317 ; Oskar Holtzmann, I.eben Jesu, p. 61 o. Pfleiderer, Die Entslehung des Christentums, p. ! " 197 ; A. Réville, Jésus de Xazarelh, t. i, p. 391-394 ; A. Loisy, Les évangiles synoptiques, t. i, p. 343-344 ;

l’seiier. dans V Encyclopedia Biblica de Clievne, I. iii, p. 3345-3346 ;.1. Weiss, Die Schriften des X. T., t. i, p. 393-394. et surtout Sehurer, Geschichle des judischen Volkes. 4e édit., t. i. p. 508-54 I.

Les "auteurs catholiques ont répondu de façon plus ou moins (pertinente à ces difficultés d’ordre divers. Il n’est point dejl’objet propre de ce dictionnaire de discuter objections ou réponses. On trouvera l’essentiel dans un article du P. Lagrange, Où en est la question du recensement de Quirinius, dans Repue biblique, 1911, , i. 60-81, et dans le commentaire du même auteur sur l’Évangile de saint [.ne, Paris, 1023, p. 65-68,

e) On renouvelle enfin, à l’égard des récits de l’Enfance, ’es assertions hasardées Formulées touchant l’existence même de Jésus, voir ci-dessus. Les principaux éléments des récits de l’Enfance seraient empruntes aux religions païennes. Les uns rapprochent les légendes bouddhistes les narrations évangéliques. Cf. R. Seydel, R. Steck, op. supra cil Les autres interrogent la mythologie grecque. Cf. O. Pfleiderer, VorbereitungdesG. hristentums in der griechisrhen Philosophie. Halle, 1901 ; Dis Ghristusbild des urchristlichen Glaubens in religionsgeschientlicher Beleuchtung, Berlin, L903 ; P. Wendland, Die hcllenistisch-rômische Kutiur in ihren Beziehungen zu Judentum und Christentwn, Tubingue, 1907, etc. D’autres encore se réfèrent aux mystères de Mithra. Cf. F. Cumont, J. Grill, op. supra cit. D’autres pensent retrouver ces éléments dans les religions babyloniennes. Cf. Schrader ; Jeremias, op. supra cil. Usener, dans l’article Jésus, déjà cité de l’Encyclopedia biblica de Cheyne ne craint pas d’affirmer qu’à chaque détail de Matthieu et peut-être de Luc, il est possible de trouver un substratum païen, t. iii, p. 3352-3353. Cf. J. Weiss, Die Schriften des N. T.. 1. 1, p. 47, et Soltau, Das Fortleben des Heidentnms in der alichristlichen Kirche, Berlin, 1906. Ces alTlrmations se réfutent par les remarques mêmes que nous avons déjà faites à propos de l’existence ou du rôle historique de Jésus. Voir ci-dessus. Ajoutons, avec M. Fillion, que « les critiques sont souvent en complet désaccord sur ces divers points. Ce qui, pour l’un, provient da mithraïsme, dériverait, d’après d’autre, de la mythologie, grecque, ou du babylonisme, à moins donc, selon les autres, que l’origine ne soit judaïque. A eux seuls, ce décousu, ces contradictions montrent à quel point tout est arbitraire et même (le mot est de C. Clemen dans son intéressant ouvrage sur la théorie évolutionniste : Religions. jeschichtliche Erkliirung des N. T.. Giessen, 1909), « extravagant » dans ce système ». Op. cit., p. 183.


III. La personnalité divine de Jésus. — Les critiques, protestants libéraux ou rationalistes purs, s’efforcent de mettre en relief les traits de la figure humaine du Christ. Nous avons montré, au cours de " cet article, voir col. 1141-1171, qu’on peut, qu’on doit fortement accuser ces traits qui répondent à la réalité des choses. Mais la prétention des adversaires de la foi chrétienne a un but très différent du nôtre : en affirmant l’humanité de Jésus-Christ, nous entendons pleinement respecter sa divinité. Les rationalistes ni"ttent en un puissant relief les traits humains de Jésus, mais c’est afin de nier sa personnalité divine. Les protestants libéraux, tout en reconnaissant en Jésus une certaine transcendance par rapport aux autres hommes, ne veulent point y trouver une ti cendance, proprement divine. Ainsi, dans leur négation commune de la personnalité divine, les ration i listes et les libéraux se séparent par cette nuance, impie : premier chef, puisqu’elle contredit La

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, auxquels nous consacrerons un parauraph