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JÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE. LES RÉCITS DE L’ENFANCJ


chements que certains assyriologues ont faits entre k’s récits mythologiques des religions anciennes et les narrations évangéliques. C’est l’argument principal <le P. Jensen, qui trouve Gilgamës reconnaissable non seulement en Jésus, mais en trente antres personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament. Marotte de spécialiste : Sans pousser le paradoxe aussi loin que Jensen, d’autres auteurs rapprochent Jésus de Mardouk : cf. II. Zimmern, dans la 3’édition refondue de l’ouvrage de Schrader, Die Keilinschriften und dus Aile Testament, Berlin, 1902 ; Jérémias, Babt/lonisclies im Xeuen Testament, Leipzig, 1905. Des rapprochements analogues sont faits entre Jésus et Bouddha ; cf. R. Seydel. Die Budda-Legende und das Leben Jesu, 2’édit.. YVeimar, 1907 ; R. Steck. Dcr lun/luss des Luddhismus au/ das Christentum, Zurich, 1908 ; on tiouve ces rapprochements chez Smith et Ilaupl. I « ’autres parlenfde Mithra, et concluent a une influence des religions orientales en général et du culte de Mithra en particulier sur la figure du Christ tracée parles évangiles et saint Paul. F. Cumont, Les mystères de Mithra, 2e édit. Paris, 1903 ; J. Cyrill, Die persisrhe Mi/sterienreligion im rômischen Reich und das Christrntum, Tubingue, 2e édit., 1907, etc. Voir, dans le Dictionnaire apologétique de M. d’Alès, les articles Mithra (la Religion de), et Mystères païens (les) et saint Paul, t. iii, col. 578 sq. ; 961 sq. Sur l’origine et le développement de ces systèmes, voir L. Cl. Fïllion, Les étapes du rationalisme, p. 296-319 ; A. Valensin. Jésus-Christ et l’histoire comparée des Religions, Paris, 1912, p. 56-84. On trouvera dans l’ouvrage de M. Fillion une abondante documentation bibliographique. Tous ces rapprochements sont sans fondement solide, basés sur des ressemblances superficielles, purement extérieures, matérielles ou même simplement verbales. Ces traits d’érudition de mauvais aloi ne sauraient domrer la raison dernière d’une histoire qui est le point de départ d’un mouvement prodigieux comme celui du christianisme : Quels sont donc les rêveurs anonymes capables d’avoir donné corps à des fables inconsistantes ? Faudrait-il admettre l’hypothèse absurde d’un mythe éclos spontanément ?

La thèse de W.-B. Smith supprime le rôle historique de Jésus, sans contester toutefois l’existence du personnage ; aux preuves tirées des comparaisons avec les religions orientales, elle en ajoute d’autres tirées du christianisme lui-même. Au siècle qui a précédé l’ère chrétienne, il y aurait donc eu, chez les Juifs et surtout dans le monde grec, une religion aussi secrète que répandue, du dieu Jésus le Nazaréen, c’est-à-dire le « protecteur », ou le « sauveur ». Nazareth n’a jamais existé. Pour la réfutation de ce sophisme extravagant, voir Lagrange, Évangile, selon saint Matthieu, Paris, 1923, p. 37-39. C’est surtout le livre des Actes qui est exploité en faveur du Jésus préchrétien ». (ni cite le cas d’Apollos. Act., xviii, 24-28, qui était instruit dans les voies du Seigneur » et « enseignait exactement les choses de Jésus », tout eir « ne connaissant que le baptême de Jean ». Pour expliquer ce cas, il n’est pourtant pas nécessaire de supposer un culte piéchrétien de Jésus. Quelles que soient d’ailleurs l’origine et le caractère de la secte des Nazaréens dont parle saint Épiphane et que ce Père distingue des judéo-chrétiens (Nazoréens), en la déclarant antérieure au christianisme il n’en résulte pas que l’appellation « Jésus de Nazareth o soit un contre-sens. Les « meilleurs .aiguinent s de M. Smith sont, on le voit, bien fragiles. Faut-il enfin rappeler que ces négations radicales n’ont pas même Plntérêl de la nouveauté ? Elles ne sont cpie des rééditions des extravagances de Bruno Bauer, Krilik der evangeltschen Geschtchte des Johannes, Berlin, 18-10 ; Krilik der evangeltschen Geschichte, icr Synopttker, Berlin, 1841-1842 el surtout

Krilik der Evangclien und Geschichie ihres Ursprungs, Berlin, 1850-1851, et Christus und die Câsaren, Berlin, 1877 : ou encore d’Arnold Ruge († 1880), dans les Halliselie Jahrbucher Jûr Kunsl und Wissensehafl, années 1838-1842, passiin. Aux auteurs ayant ni. ; l’existence historique de Jésus, il faut ajouter Albert Kalthoff, dont le radicalisme absolu traite d’allégories et de légendes tout le Nouveau Testament, Dos Christus Problem, Leipzig, 1902 : Die Hnlslehumj des Christentums, Leipzig, 1904 ; Was ivissen wir von Jésus ? Berlin, 1904.

L. Cl. Flllion, L’existence historique de Jésus et le rationalisme contemporain, Paris, 1909 ; Les étapes du rationalisme dans ses attaques contre la Vie de Jésus-Christ, Paris. 1911 ; A. Valensin, Jisus-Christ et l’élude comparée des religions, Paris, 1912 ; J. Case, The Historicitg of Jésus, Chicago, 1U12 ; G. Esser, dans la Theologische Revue, Munster, 1911, p. 1-16 ; 11-17 ; A. Knœpller, Das Christusbild und die Wissensehafl, Munich. 1911 ; I.. de Grandmaison, art. Jésus-Christ, dans le Dictionnaire apologétique de M. d’Alès, t. rt, col. 1310 sq. — Parmi les non catholiques, citons : II. Welnel, Ist das « libérale » Jesusbild widerlegt ? Tubingue, 1910 ; A. JûUcher, Hat Jésus gcleht ? Marbour ;  ;, 1910 ; 1$. W. Bacon, The mgthical collapse / historical christianitg, dans Hibbert Journal, juillet 1910, p. 731-753 ; Th.-J. ïhomburn, Jésus the Christ : historical or mythical ? Londres, 1912 ; F. Loofs, What is the Truth about Jésus Christ, dans Lectures, Edimbourg, 1913, p. 1-10 ; A. Loisy, A propos d’histoire des religions, Paris, 1912, e. v. Le mythe du Christ ; C.h. Guignebert, Le problème du Christ. Paris, lï)14 ; Hans Windlsch, art. Jesus-Christus, dans Realencuklopàdie fiir protestantische Théologie und Kirehe, supplément i, Leipzig, 1913, p. 674-684. Voir aussi Btblische Zcitschrift, 1910, p. 415-417, emmurant les brochures.m articles en langue allemande sur le sujet.


II. Caratëre surnaturel de la venue du Chris r en ce monde. —

Sous ce titre, à dessein très général, se groupent un certain nombre de controverses, dont quelques-unes doivent avoir ailleurs leur exposé et leur solution.

1° La conception et la naissance surnaturelle de Jésus, niées par tous les rationalistes contemporains après tant d’hérétiques des siècles passés, sont les deux faits saillants où éclate davantage le caractère surnaturel de la venue du Christ en ce monde. Mais les controverses soulevées à propos de ces deux fails ont leur place indiquée à la question de la virginité perpétuelle de la sainte Vierge. Voir Marie.

2° Les /ails merveilleux qui précèdent, accompagnent ou suivent la naissance du Sauveur, sont pareillement révoqués en doute. — l. Un argument de portée générale prétend ruiner l’autorité des récits de l’enfance de Jésus. On nie purement et simplement V authenticité des quatre chapitres de saint Matthieu et de saint Luc, où sont consignés ces récits. La n tion remonte à la fin du xviii 8 siècle, époque où Williams publia A jree Inquiry into the authenlicity of the first and the second chaplers of S. Matlhciv’s Gospi. Londres, 1771. Les raisons invoquées ne manquent pas,

a) On note tout d’abord l’absence des récits de l’enfance dans saint Marc, qui regarde la prédicat i m de Jean-Bapl iste comme « le commencement de l’évangile de Jésus Chiisi », Marc., i, 1-1 ; et dans la catéchèse apostolique, qui néglige les faits préliminaires de la te du Sauveur pour placer en première ligne ceux qui se rai tachent au ministère du précurseur. Act.. i, 21 ; x, 37 ; xiii, 23-25. On souligne le silence de saint Jean, de saint Paul, de tous les autres écrivains du Nouveau Testament et même, dans l’évangile, de Jésus et de Marie. Karl Hase, Geschichie Jesu, 2° édit., Leip 1891, j>. 223 : Albert Héville, Jésus de Nazareth. Paris. 1X97, t. i. p. 389 ; A. Sabatier, art. Jésus, dans l’Encyclopédie îles sciences religieuses de Llchtenberger, l. vu. p. 362-363 ; Harnack, Dus Wesen des Clirislentums, Berlin, 1903, p. 20. Vucune de ces raisons