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i ÉSUS-CHKIST ET LA CRITIQl I


c’est-à-dire, le souverain pontife et les évêques, avec

les pasteurs qui leur sont soumis, elle nous parle avec toute l’infaillible autorité du Christ Jésus lui-même.

Pendant qu’il était sur la terre, le Christ renfermait en lui l’infaillibilité : « Je suis la vérité, je suis la lumière celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais parvient à la lumière éternelle. » Joa., xiv, (5 ; cf. viii, 12. Avant de nous quitter, il a confié ses pouvoirs à son Église. Sicut misit me Pater, et ego millo vos : Comme mon Père m’a envoyé, ainsi je vous envoie, Joa., xx, 21 : qui vous écoute m’écoute ; qui vous méprise, me méprise, et méprise celui qui m’a envoyé. » Luc, x, 16. De même que je tiens ma doctrine de mon Père, ainsi la doctrine que vous distribuerez vous la tenez de moi ; qui reçoit cette doctrine, reçoit ma doctrine, qui est celle de mon Père ; qui la méprise, à quelque degré ou dans quelque mesure que ce soit, méprise ma doctrine, me méprise, méprise mon Père. »

— Voyez donc cette Église, possédant tout le pouvoir, toute l’autorité infaillible du Christ, et comprenez que la soumission absolue de tout votre être, intelligence, volonté, énergie, à cette Église, est le seul moyen d’aller au Père… Cette voie est sûre, car Notre-Seigneur est « avec les apôtres jusqu’à la consommation des siècles » et il a « prié pour Pierre et ses successeurs, afin que leur foi ne défaille point. Luc, xxii, 32. » Dom Columba Marmion, Le Christ vie de l’Ame, p. 106-107.

4° L’Église continue l’incarnation dans la communication de la vie. — Jésus est la vie, il est notre vie ; il est venu pour que nous ayons cette vie en abondance et en surabondance. Pour nous distribuer cette vie, il a laissé, en son lieu et place, l’Église par qui nous vient toute la grâce. Pour être sauvé, il faut être incorporé au Christ, c’est-à-dire à l’Église, par le baptême, porte des sacrements. A l’Église Jésus a dit, avant de remonter au ciel : « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » Matth., xxviii, 19. A l’Église, Jésus communique le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés. Joa., xx, 23 ; Luc, xii, 39. Ce n’est pas ailleurs qu’il faut aller chercher la voie du salut : Hors de l’Église, il n’y a pas de salut possible. C’est, du reste, l’Église qui demeure chargée par Jésus d’oflrir le sacrifice de la nouvelle alliance, par lequel nous est perpétuée, sur terre, la possession du corps naturel du Sauveur dans l’eucharistie. Or, l’eucharistie est la source de vie par excellence, et l’Église est la régulatrice et la dispensatrice de cet aliment divin.

5° Enfin, l’Église continue l’incarnation dans la divine médiation de la prière et du sacrifice — La prière, l’adoration que Jésus adressait à son Père et qu’il renouvelle sans cesse dans le ciel, le sacrifice qu’il a une fois pour toutes consommé au Calvaire, mais qu’il perpétue dans sa gloire, l’Église en est l’héritière sur la terre. Au nom de Jésus-Christ, à qui elle est unie, elle prie, elle adore, elle offre le sacrifice agréable à la divine majesté.

Concluons donc : « Tous les fidèles (sont) un en Jésus-Christ, et par Jésus-Christ un entre eux ; et cette unité, c’est la gloire de Dieu par Jésus-Christ, et le fruit de son sacrifice. « Jésus-Christ est un avec l’Église, portant ses péchés, l’Église est une avec Jésus-Christ, portant sa croix. « Jésus-Christ est en son Église faisant tout par son Église : l’Église est en Jésus-Christ, faisant tout avec Jésus-Christ. « Vous me demandez ce que c’est que l’Église : l’Église, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué ; c’est Jésus-Christ tout entier ; c’est Jésus-Christ homme parlait, Jésus-Christ dans su plénitude ». Bossuet, loc. cit.


V. JÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE.

ne peut démontrer les vérités de loi : mais ou peut détruire les objections qu’on leur oppose Puisque la foi repose sur la vérité infaillible, il est impossible qu’on arrive a démontrer la vérité d’une doctrine contraire à cette foi. Les arguments apportés contre la foi ne sauraient évidemment constituer des démonstrations : ils ne sont que de simples objections qu’on doit résoudre. s. Thomas, Sum. theol., I », q. r, a. 8. Cette formule du docteur angélique situe exactement la position de l’apologétique chrétienne à l’endroit de la critique rationaliste. Exposer par quels arguments cet le critique prétend déti aire le dogme et la théologie de Jésus-Christ et, dans la mesure du nécessaire, montrer comment ces arguments portent à faux : telle est la tâche du théologien apologiste.

La critique rationaliste, depuis le xvii c siècle jusqu’à nos jours, mais surtout la critique contemporaine, n’a pour ainsi dire rien laissé subsister de l’auguste figure du Sauveur. Ce n’est pas une simple déformation du dogme, c’est une négation totale de ce que nous croyons être la vérité qu’on trouve au bout des arguments rationalistes, si on les réunit en un seul faisceau. Depuis l’existence historique de Jésus jusqu’à sa mort et sa résurrection, tout a été révoqué en doute : l’œuvre surnaturelle et divine de notre rédemption, de notre incorporation au Christ, a été minimisée, sinon complètement niée. Il faudrait des volumes pour reprendre un à un les arguments fournis par la critique incrédule contre l’édifice de notre foi On se contentera ici de préciser les positions des adversaires en les groupant autour de quelques points essentiels :


I. L’existence historique de Jésus. —
II. Le caractère surnaturel de la venue de Jésus en ce monde (col. 1364). —
III. La personnalité divine de Jésus (col. 1370). —
IV. La conscience messianique du Christ (col. 1386). —
V. Les miracles du Sauveur et leur valeur démonstrative (col. 1398). —
VI. La résurrection de Jésus (col. 1406).

I. Existence historique de Jésus.

Cette existence repose sur des preuves irréfutables. Jésus est apparu sur terre à une époque bien déterminée. Les personnages mêlés à sa vie ont une réalité historique que nul ne conteste. C’est dans un cadre bien connu qu’évolue le Sauveur. En comparant les évangiles aux sources historiques profanes, on ne relève en eux aucune contradiction touchant le milieu palestinien, les influences et les courants d’idées qui s’y manifestaient, les coutumes, les croyances, les vicissitudes du peuple juif. En bonne logique, on ne saurait donc contester, dans tout cet ensemble, la réalité historique du seul Jésus. A elles seules, les lettres de saint Paul suflisent à mettre hors de doute l’existence de Notre-Seigneur. Enfin, nous l’avons vii, col. 1132, quelques documents profanes viennent corroborer l’assertion évangélique de tout le poids de leur témoignage incontesté.

Certains auteurs ont cependant, sous des formes différentes, soutenu le paradoxe de la non existence historique, sinon de la personne même du Christ, du moins de son rôle dans le monde. On peut citer, parmi les plus connus, P. Jensen, Das Gilgamesh-Epos in der Weltlitteratur, Strasbourg, 1906, p. 102’. » 1030 ; Drews, Die Christusmylhe, Iéna, 1909 ; I laupt, The Aryan Anceslry o Jésus, articles publiés dans Open Court de Chicago, 1909, et surtout W.-Ii Smith, Der vorchristliche Jésus, Giessen, 1906 et Ecce Dais, Iéna, 1911. L’argumentation de ces auteurs se ronde tout d’abord sur un petit nombre de faits secondaires, d’indices plus ou moins vagues, pour en déduire toute une histoire nouvelle, en contradiction avec le gros des témoignages et la masse des i alsemblancei Parmi les « indices., les plus mai quis (in | tindes rappro-