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JESUS-CHRIST SA KOÏW I I-. SPIRITUELLE

faite, spécialement sous la forme religieuse, tel est

donc le but de son règne, ou. comme il l’insinue, de son incarnation, désignée ici par les mots ; Je suis venu dansée monde ». Cl. Fillion, Vie de N.-S. Jésussl, t. m. p. 448.

On sait d’ailleurs que cet empire de la vérité sur les âmes. — qui est le règne de Jésus — doit y amener la foi et par la foi le salut qu’a mérité à tous Jésus par sa mort. Kn sorte que Jésus devient notre roi, par là même qu’il exerce effectivement en nos âmes son rôle de médiateur et de sauveur.

Bossuet arrive à eette conclusion en partant de la définition de la vraie royauté, qui est « la puissance universelle de faire le bien ». Et par là. c’est le propre des rois de sauver ! (’.'est pourquoi le prince Jésus, en venant au monde, considérant que les prophéties lui promettent l’empire de tout l’univers, il ne demande point à son Père une maison riche et magnifique, ni des armées grandes et victorieuses, ni enfin tout ce pompeux appareil dont la majesté royale est environrée. Ce n’est pas ce que je demande, ù mon l’ère ! Je demande la qualité de sauveur, et l’honneur de délivrer mes sujets de la misère, de la servitude, de la damnation éternelle. Que je sauve seulement, et je serai roi. O aimable royauté du Sauveur des âmes ! Édition Lebarcq, t. ii, p. 108.

2. Origine de cette royauté.

« L’autorité du Chiist ne vient pas seulement d’un droit de naissance, comme Fils unique de Dieu, mais encore en vertu d’un droit acquis. Lui-même, en effet, nous a arrachés à la puissance des ténèbres. Col. i, 13. Lui-même s’est livré pour la rédemption de tous, ITim.. n. 6. Léon XI II, encyclique citée, dans Lettres apostoliques, édit. de la Bonne Presse, t. vi. p. 29. Jésus aurait pu, exerçant sa royauté de Sauveur, nous racheter différemment ; mais il a voulu nous sauver en mourant pour nous et par là nous faire régner avec lui. Il est donc à la fois « notre roi par naissance, et… par amour et par bienfaits ». Bossuet, 1° sermon, édit. citée, 1. 1, p. 277-278. En d’autres termes, Jésus-Christ a deux royautés, dont l’une lui convient comme Dieu et l’autre lui appartient en qualité d’homme. Comme Dieu, il est le roi et le souverain de toutes les créatures qui ont été faites par lui : Omnia per ipsum fada sunt. Joa., i, 3, et outre cela, en qualité d’homme, il est roi en particulier de tout le peuple qu’il a racheté, sur lequel il s’est acquis un droit absolu par le prix qu’il a donné de sa délivrance. Voila donc deux.rox autés dans le Fils de Dieu : la première lui est naturelle, et lui appartient par sa naissance : la seconde est acquise, et il l’a méritée par ses travaux. Bossuet, Sermon pour une pro/ession, le jour de la Sainte-Croix, édition Lebarcq, t. iii, p. 531532.

3. Universalité de la royauté spirituelle du Christ. — Parce que sa royauté a les limites de la rédemption, elle est universelle, le Christ s’étant offerl pour tous. « Non seulement les catholiques, non seulement ceux qui ont reçu le baptême chrétien, mais tous les hommes sans exception deviennent pour lui, « un peuple conquis !

I Pet., ii, 9. Aussi., , ce sujet, saint Augustin dit

avec raison : « Vous cherchez ce qu’il a acheté ? Voyez le prix qu’il a donné et vous saurez ce qu’il a acheté. Le prix, c’est le sang du Christ. Qu’est-ce qui peut avoir pareille valeur ? Quoi ? si ce n’est le monde entier, si ce n’est tous les peuples ? C’est pour tout l’univers que le Christ donna une telle rançon. » Enarmt in Ps.. XCF, "j, P. L., t. xxxviii, col. 1231 Les infidèle mêmes tombent sous la puissance et la domination de Jésus-Christ. « Tout est soumis au Christ, quant a la puissance, bien que tout ne lui soit pas encore soumis, quant à l’exercice de cette puissance. » S. Thomas. Sum. theol., IIP q. l., a. 4.

La royauté du Christ atteint les hommes, non seule ment connue individus ; mais encore comme membres de la société familiale ou civile, L’homme doit opérer son salut dans la famille et dans la cité : famille et cité sont instituées par la nature. c’est a-dire par Dieu, cl puisque Jésus-Christ est venu tout récapituler en lui-même, la famille et la cité, comme telles, doivent reconnaître son pouvoir royal.

I. Exerctee de cette royauté.

La puissance, bien que marquant le règne de Dieu sur ses créatures, n’est point l’attribut particulier de la royauté spirituelle du Christ sur les hommes, car la puissance s’applique à toutes les créatures -.ans distinction et ne caractérise pas la domination plus particulière de Dieu sur les natures Intelligentes, Cf. Bossuet, 2’sermon, loc. cit.. p. 11>2-P>3. L’autorité du Christ sur les hommes s’exerce donc spécialement par la vérité, la justice et surtout la charité ». Léon XIII, op. cit., p. 29.

Le règne par la vérité, voir col. 1386, est le règne par la foi. Mais l’acte de foi est essentiellement libre. L’autorité du Christ s’exerçant par la vérité suppose donc déjà 1 1 volonté de l’homm i soumise à Jésus. Le règne par la justice n’est pas le règne de Jésus en ce monde, mais dans l’autre : il n’est pas venu i pour juger le monde ». Joa., xii, 47. C’est à ce règne par la justice que se rapportent les fonctions terribles de juge qu’exercera Jésus au dernier jour. Mais il ne les exercera qu’après avoir épuisé sur nous les ressources de son’amour. Ce règne par la justice s’exercera sur les ennemis de Jésus ; » car enfin, il est nécessaire qu’il règne sur nous. L’empire des nations lui est promis par les prophéties. S’il ne règne sur nos âmes par la miséricorde, il y régnera par la justice ; s’il n’y règne par amour et par grâce, il y rognera par la sévérité de ses jugements et par la rigueur de ses ordonnances. » Bossuet, 1 er sermon pour la circoncision, op. cit.. p. 280281. Jésus sera donc le roi des réprouvés qu’il atteindra par sa justice. Ici-bas, et pendant notre vie, c’est « surtout par la charité » que s’exerce l’autorité du Christ. Jésus, « combat par bie.ifaits, par des attraits tout-puissants, par des charmes invincibles. » Le Fils de Dieu « surmontant le monde, devait principalement surmonter les cœurs » ; « Nous sommes acquis au Sauveur des âmes par le sang qu’il a versé pour l’amour de nous. Nous ne sommes pas seulement au prince Jésus comme un peuple qu’il a gagné par amour, mais comme un peuple cpi’il a acheté d’un prix infini. » Bossuet, ’! Sermon, op. cit., p. 115.

Mais afin de pouvoir, jusqu’à la fin des siècles, atteindre le cœur des hommes, il a fallu que Jésus-Christ se perpétuât pour ainsi dire par une institution visible, continuatrice de son œuvre. Cette institution, c’est l’Église catholique, à laquelle il faut appartenir si l’on veut appartenir à Jésus-Christ et participer aux fruits de la rédemption. C’est par sa puissance royale que Jésus nous a délivrés de I ? loi mosaïque pour nous imposer le joug suave et léger de la loi de l’amour. Sur le Christ-Roi, législateur, voir Conc. Irid., sess. vi, can. 21, cꝟ. 19-20, Den/inger-Baniiwart, n. 829-831.

5. Devoirs que nous impose la royauté spirituelle de Jésus-Christ. — A l’amour de Jésus, il faut répondre par notre amour. Il nous a achetés par son sang, par sa chair, par sa vie. « Donc, conclut Bossuet, nous lui tenons lieu de sa vie ; nous ne sommes pas moins à lui que sou propre corps et que le sang qu’il a donné pour nous acheter ; et c’est pourquoi nous sommes ses membres. i On lira la belle péroraison du 2° sermon de Bossuet pour la circoncision, dans laquelle le grand orateur montre que la royauté du Christ nous impose le devoir de l’amour dont lu pénitence.

Par là, nous rejoignons exactement la fin qui se

propose le culte du u. Le Sacré-Cœur est le

bote le plus parfaii de la royauté spirituelle du

Christ, mi et centre de U n. La dévotion au