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JÉSUS-CRRIST CHEF DE SON CORPS MYSTIQUE

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agençassent la prédication de leur doctrine d’abord

cliez les Juifs seuls, cf. M.itth., xv, 24 ;. 5. Ne fallait-il pas montrer d’abord l’accomplissement des prophéties données autrefois auxVIuifs, non aux Gentils’.' Cf. Rom., xv. 8. Ne convenait-il pas que la doctrine du Christ, Fils de Dieu, fût proposée d’abord à ceux qui, par la foi et le culte monothéistes, étaient plus près de Dieu, et devaient être les intermédiaires naturels pour porter ensuite la révélation aux Gentils ? Cf. Is., lxvi, 19. Cependant l’exclusion des infidèles au début ne fut pas tellement absolue qu’elle ne souffrît aucune exception. Cf. Joa.. iv. 7 sq. ; Matth., xv. 22 sq., pour bien montrer que la voie du salut était ouverte à tous ; S. Thomas, loc. cit., a. 1, et ad 3um. — b)La prédication de la doctrine du Christ fut faite en toutes conve-Dances, nonobstant le scandale des Juifs. Ce scandale, provenant de leur malignité, devait concourir au bien général. Id., a. 2 ; Suarez, De mysteriis vilæ Christi, disp. XXX. sect. n ; cf. Billot, De Yerbo incarnalo, 1912, p. -157. —ci L’enseignement de Jésus dut être public, à cause du but de rédemption universelle poursuivi par le Christ ; mais dans la forme, il comportait des tempéraments et des figures, exigés par la prudence ou les exigences du milieu. S. Thomas, a. 3. Voir dans les opuscules attribués à saint Thomas, l’opuscule De humanilate C.hristi, a. 1 1 ; Suarez, Comment, in III* iii, q. xui, n. 3. — d) Enfin, Jésus, qui fit si souvent appel à la sainte Écriture en transmettant son enseignement à ses auditeurs, a proposé sa doctrine verbalement, sans nous laisser le moindre écrit, soit composé, soit dicté par lui-même. Il recommande ainsi la meilleure méthode d’évangélisation, qui use surtout de la prédication et subsidiairement des écrits : de plus, n’était-ce pas une sage précaution pour conserver au magistère vivant de l’Église toute son autorité’.' S. Thomas, a. 4 ; cf. Van Noort, Tractalus de Deo Redemplore. Amsterdam, 1910, n. 111 ; Ch. Pesch, De Verbo incarnalo, n. 557.

/II. JÉSUS CUEF DE SO.V COUPS MYSTIQUE. — Cette

propriété du Christ si fortement affirmée par saint Paul, voir col. 1233 et par saint Jean, voir col. 1242 est rattachée, par la nature même des choses, à l’exercice du sacerdoce de Jésus par rapport aux hommes. L’effet propre de ce sacerdoce est l’expiation de nos péchés et quant à la coulpe et quant à la peine ; quant à la coulpe, par l’infusion de la grâce ; quant à la peine. par la satisfaction. S. Thomas, III’, q. xxii, a. 3. Et cet effet, Jésus n’a pu le réaliser en lui-même, parce qu’il était la sainteté parfaite et substantielle, n’ayant rien de commun, avec le péché. /(L, a. 4. Or, précisément Jésus est le chef de l’Église, qui est son corps mystique, parce que, supérieur à tous par la grâce qu’il possède en toute plénitude, il communique cette vie de la grâce, à des degrés divers, à tous ceux qui font partie a un titre quelconque de ce corps mystique. Sur cette vérité de foi, la théologie catholique apporte nécessairement quelques éclaircissements et quelques précisions aux données de l’Écriture. 1° Comment Jésus est-il le chef de son corps mystique ?

— « En raison de sa proximité a l’égard de Diei

e est la plus élevée et elle est la première, bien qu’elle ne le soit pas dans l’ordre des temps : tous les autres hommes, en effet, ont reçu la grâce en raison de la sienne ; cf. Rom., viii, 29 ; de plus, Jésus possède la plénitude de toutes les grâces ; cf. Joa., i, 14, et il a la vertu de communiquer sa grâce a tous les membres « le l’Église, ainsi que l’affirme saint Jean : nous arons tous reçu de sa plénitude, i, 16, Il est donc évident que Jésus doit et re dit le chef de l’Église, v Thomas, III-, q. viii, a. 1. C’est a la fois comme Dieu et comme homme que Jésus est le chef du corps mystique : cette vérité, précision de la doctrine de loi. doit être tenue au moins comme théologtquement cer taine. Comme Dieu, il est cause principale de la grâce. Comme homme il produit physiquement en nous la grflee, comme cause efficiente Instrumentale ; mais comme cause méritoire, il intervient, dans la production de la grâce en nos âmes, à titre de cause principale. Voir ci-dessus, col. 1317, 1318, et Grâce, t. vi, col, 1633-1636. On voit par là que l’analogie de la tète, mieux que celle du cœur, convient au Christ, par rapport à l’Église : l’influence du cœur est simplement occulte ; il vaut mieux en réserver l’analogie à l’action du Saint-Esprit. S. Thomas, loc. cit.. ad 3’"". Toutefois, certains théologiens ne refusent pas d’appeler le Christ, cœur de l’Eglise. Suarez, disp. XXIII. sect. i ; Salmanticenscs, disp. XVI, dub. I, n. G.

2° Jésus, dans toute son humanité, âme et corps, es le chef des hommes, non seulement quant à l’âme, mais aussi quant au corps. — 1. L’analogie de la tête par rapport au corps vaut non seulement pour l’âme, mais encore pour le corps du Christ, qui est l’instrument de l’âme dans les actes méritoires de la grâce (influence morale), et qui est d’ailleurs nécessaire à l’âme du Christ pour constituer avec elle l’humanité du Sauveur. Voir les commentateurs de l’a. 2 de saint Thomas et notamment Suarez, in h. L, et les Salmanticenses, De Verbo incarnalo, disp. XVI, dub. i, n. 3, qui font à ce sujet deux remarques importantes relatives a l’influence physique du corps du Christ quant a la communication de, s grâces : premièrement, dans l’eucharistie, le corps du Christ est la cause instrumentale de la grâce ; deuxièmement, dans le ciel, il est pour les élus un principe de gloire accidentelle. Toutefois cette influence du corps ne peut s’exercer séparément de l’âme. — 2. L’action de la tête, dans le corps mystique du Christ, s’exerce sur les membres considérés dans leur intégrité. Par conséquent l’action du Christ s’exerce sur les hommes non seulement du côté de leurs âmes, mais encore du côté de leurs corps :

  • L’humanité entière du Christ influe sur les hommes…

principalement quant à l’âme, et secondairement quant au corps. Elle y influe premièrement en ce que les membres du corps sont les armes de la justice que le Christ a conférées à notre âme, Rom., vi, 13 ; secondement, en ce que la vie de la gloire rejailli ! de l’âme sur le corps ; cf. Rom., viii, 2. t> S. Thomas, loc. cit.. a. 2. Mais de là, il ne faudrait pas inférer, comme l’ont fait à tort Galatinus (Pierre (.(donna). De arçanis, t. II, c. n et Catharin, De eximia Christi prædeslinatione, que le Christ peut être dit le chef des corps purement animaux ou même inanimés. C’est à cause de l’âme, à laquelle il est substantiellement uni, que notre corps peut recevoir l’influence de la vie divine qui a son origine dans le Christ ; il n’y a donc pas parité. S. Thomas, loc. cit., ad 2° »  » ; Salmanticen es, n. ~>. Voir une thèse analogue à celle de Catharin, dans Suarez, disp. XXIII, sect. i. n. 10.

3° Jésus est, après la chute d’Adam, le chef de tous les hommes sans exception, mais à des degrés et des titres divers. — Cf. S. Thomas, III. q. viii, a..’! et les commentateurs. — 1. Deux remarques. — Le cardinal Billot, op. cit., p. 216, fait justement observer que l’appellation métaphysique de chef donnée au Christ nous laisse une assez grande latitude pour apprécier les rapports qui unissent le Christ aux hommes quant à l’influx de la vie surnaturelle : aussi nous ne devons pas nous étonner que les théologiens affirment que le Christ est le chef des hommes soit] en simple puissance, SOil en acte, mais a des degi i I’ne aut re observation concerne l’identification qu’on sérail par lois tente de faire entre la question des membres du

(.hrist et celle des meinbi es du corps de l’Église. NOUS

us, en effet, qui est le corps mystique de

deux éléments constitu irps mystique

l’âme, qui est la ie mii naturelle sanctifiant les