Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/683

Cette page n’a pas encore été corrigée

1347

JÉSUS-CHRIST SOUVERAIN MÉDIATEUR

1348

n. 21, P. L., t. xxxviii. col. 310. Voir d’autres citations patristlques dans Petau, De incarnations, t. XII, c. i-ii.

Caractère unique et universel de cette médiation.


La médiation du Christ est universelle, parce qu’ « en tout, il tient lui-même la primauté, parce qu’il a plu [au Père | de faire habiter en lui toute plénitude, et par lui de réconcilier en lui toutes choses, pacifiant par le sang de sa croix soit ce qui est sur terre, soit ce qui est dans les cicux. » Col., i, 15-20. Pour le développement scripluraire de cette idée d’une médiation universelle, coïncidant avec la primauté du Christ, voir Incaunation’, t. vii, col. 1483-1488. Sur les deux concepts théologiques, l’un scotiste l’autre thomiste, de la médiation universelle du Christ dans le plan de la rédemption, voir Incaunation, col. 1495-1506, et les auteurs cités dans la bibliographie.

Cette médiation est unique, tout d’abord parce qu’elle est universelle ; et ensuite, parce qu’elle est d’une efficacité si parfaite, en ce qui concerne la réconciliation de l’homme pécheur avec Dieu, qu’elle ne peut convenir qu’à l’Homme-Dieu, qui, lui-même, est unique. Toutefois cette médiation parfaite et unique, loin d’exclure, inclut, d ?ns le plan actuel de la Providence, des médiations imparfaites et multiples qui concourent à la réconciliation de l’homme avec Dieu, celle des prophètes et des prêtres de l’Ancien Testament qui annonçaient et préfiguraient le véritable et parfait médiateur de Dieu et des hommes ; celle des prêtres de la Nouvelle Alliance, ministres du médiateur véritable, et administrant aux hommes, en son nom et lieu, les sacrements qui sanctifient. Cf. S. Thomas, III’, q. xxvi, a. 1 et ad lu’», et les commentateurs.

II. JÉSU8, prophète. — Les évangiles nous attestent explicitement que Jésus, le prophète annoncé par Moïse, Deut., xviii, 18, fut vraiment favorisé du don de prophétie. Il prophétisa, en eflet, sa passion et sa mort, sa résurrection, et l’établissement sur la terre du royaume de Dieu, c’est-à-dire de l’Église catholique ; voir Église, t. iv, col. 2115-2117. D’ailleurs, il est appelé « prophète », et par les foules, Marc, vi, 15 ; Luc, vii, 16, 39 ; Joa., iv, 19 ; vi, 11 ; vii, 40, et par ses disciples, Luc, xxiv, 19, et par lui-même ; id., iv, 24. Sur la doctrine des Pères, voir Petau, De incarnatione, i. II, c. x. C’est donc a bon droit que nous avons i minière le don de prophétie parmi les grâces gratuitement accordées à l’âme du Christ. Voir plus haut, col. 1316. D’autre part, en prenant le mot « prophète » dans son sens le plus vrai on peut appeler Jésus le prophète par excellence, en tant qu’il nous a communiqué la doctrine surnaturelle qu’il enseigna soit par ses discours soit par les i ;  ; liti"iis « Il spnt Saint envoyé par lui. C’est sous ces deux aspects généraux que Ks théologiens étudient, en Jésus, la fonction prophétique.

1° Le don de prophétie ou de prédiction en Jésus-Christ. — Saint Thomas, Sum. theol., III’, q. vii, a. 8. Le problème théologique agité par les docteurs au sujet de la prophétie en Jésus-Christ roule tout entier sur la nature de ce don de prophétie. S’agil-il d’une prophétie véritable, telle qu’on a coutume de la définir : i une connaissance surnaturelle, possédée par inspiration divine, des choses distantes et ignorées » ? Ne serait-ce pas plutôt, eu égard â la science bienheureuse du Christ et à son oniniscience divine, une qualité supérieure à la prophétie proprement dite et qui n’aurait de la prophétie que l’apparence extérieure ? i -ite dernière opinion, proposée par Alphonse Tostat, dans son Commentaire sur le livre des Nombres, c i. « I i

, et c. w r, (|. iv. a fourni aux théologiens l’ocra sion de s’expliquer sur l’existence et la nature du don de prophétie en Jésus-Christ. Cf. Suarez, De incar nalione, disp. XXI, sect. i ; Salmanticenses, Cursus,

In III"" p., q. vu. a. 7. n. 3-7 : Gonet, Clypeus, De incarnatione, disp. Xll. a. 5, n. 121 sq. - 1. On ne peut arguer de I Cor., xui, 8-10, pour affirmer que le Christ, étant compréhenseur, ne saurait posséder le don de la véritable prophétie. A la fois compréhenseur et » voyageur « c’est en tant que voyageur que le Christ est prophète, et Jésus partageait pleinement les conditions de notre vie Intellectuelle dans sa science expérimentale. Quelque parfaite qu’aient donc été sa science infuse et sa science bienheureuse, il a pu être véritablement prophète par rapport aux hommes.

— 2. Rien ne sert d’insister en disant que la connaissance prophétique est de soi obscure et énigmatique ; l’obscurité et le caractère énigmatique n’est pas de l’essence de la connaissance prophétique ; c’est l’imperfection du sujet à qui est communiquée cette connaissance qui les cause accidentellement. En Jésus. dont l’intelligence était éclairée par les lumières des sciences surnaturelles, cette imperfection devait nécessairement disparaître. — 3. Enfin l’explication théologique communément donnée de l’illumination prophétique, motion actuelle et essentiellement transitoire, n’est pas en opposition avec la dignité du Christ ni avec le caractère permanent et habituel de la prophétie eu Jésus. On peut, en effet, affirmer simplement avec les théologiens de Salainanquc que le Christ eut à sa disposition, les lumières surnaturelles chaque fois qu’il voulut prophétiser, absolument comme i ! avait à sa disposition la puissance instrumentale d’accomplir des miracles, loc. cit., n. 6 ; voir col. 131 i. On peut encore avec Gonet, loc. cit., n. 129, et Suarez, toc. cit., n. 6, expliquer la permanence du don de prophétie en Jésus par la science bienheureuse et la science infuse, possédées par l’Homme-Dieu.

L’enseignement doctrinal de Jésus-Clirisl.

Les

théologiens en étudient l’excellence et le mode. — 1. Excellence.

Nous avons déjà reconnu, en parcourant les textes c angéliques, que « l’autorité des paroles et de la prédication du Christ décèlent un Dieu », voir col. 1200. Mais l’ensemble de ses enseignements sur Dieu, le monde, l’homme et nos destinées éternelles projette une lumière si vive que l’apologétique chrétienne en reçoit un argument singulièrement efficace et, comme le dit Bossuet, après saint Augustin, le Christ nous apparaît par là comme tenant « sur la terre la place de la vérité et nous la lait voir personnellement résidente au’milieu de nous. » Discours sur l’Histoire universelle, part. II, c. xix. Saint Thomas. Sum. theol., IIP, q. xlii, a. 1, ad 2° » ’, souligne la puissance de l’enseignement du Christ, et quantum ad miracula, per quæ doclrinam suam confirmai, et quantum ad efficaciam persuadendi, et quantum ad auctorilalem loquentis, … et eliam quantum ad virtutem rcclitudinis, quam in sua conversatione monslrabal. sine peccato vivendo. Cajétan, à ce propos, fait ressortir les propriétés de l’enseignement de Jésus, l’excellence de la doctrine, son utilité, sa rectitude, son intégrité, sa souveraine perfection en tout ce qui touche à la morale. Cf. Suarez, De mysteriis vitæ Christi, disp. XXX, sect. i, n. 4. C’est autour de ces deux points de vue que les apologistes groupent leurs arguments, tirés de la doctrine de Jésus, en vue de parfaire la « démonstration chic tienne ». Voir Apologétique, 1. 1, col. 15271528. On aboutit, en eiTet, à la conclusion déjà formulée par les serviteurs des pharisiens : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme. » Joa., vii, 16. E1 il n’a qu’une manière d’expliquer ce fait unique, déclare le l’. Monsabré, c’est que cet homme est Dieu Voir Carême 1880, 45e conférence : le Docteur.

2. Mode. - Les modalités de l’enseignement du Christ sont exposées par saint Thomas, Sum. theol., IIP. q. mil Voir les commentateurs de celle question.

a) Il fut convenable que Jésus et ses apôtres coin-