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IÉSUS-CHRIST ET LA THÉOLOGIE. GRACE l>l C 1 1 1 < I s T
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cette sanctification accidentelle. Nous avons mi que la raison est mauvaise. Aussi tous les commentateurs de saint Thomas et tons les théologiens en général proposent la doctrine contraire au moins comme une doctrine (heologiquement certaine. Suarez veut qu’elle soit de foi, disp. XV 1 1 1, sect. u. ii, .">..Mais on considère plus communément que la thèse des t néologiens catholiques est théologiquement certaine ou, au plus, proche de la foi. Voir les Sahnanticcnses, disp. XIII, dnb. i. n. S ; Mastrius, De incarnalione, disp. II, q. i, n. 1 ; D. Alvarez. In ///, m p. Sum. S. Thomæ, q. vii, a. 1. n. 3, immédiatement avant la dis]). XXXI. Ces théologiens considèrent la thèse opposée non seulement comme improbable, mais comme erronée. Vasquez, disp. XLI, c. i, n. 1 et De Lugo, disp. XVI, sect. v, n. 91, tout en admettant la certitude de la doctrine communément admise, se refus nt à noter d’erreur l’opinion contraire. Au fond, la note de certitude théologique avec, pour l’opinion contraire, celle d’erreur théologique, représente la véritable norme. La thèse de l’existence d’une grâce créée en Jésus-Christ n’est pas si explicitement contenue dans l’Écriture et la tradition qu’elle n’ait besoin, pour être démontrée, d’un certain raisonnement. Aucune définition de l’Église ne la vient corroborer, et la déduction légitime qu’on peut tirer. > n sa faveur, de la condamnation, par le concile de Sens, de la 11e proposition d’Abélard, ne saurait lui conférer la certitude de la foi. Denzinger-Banmvart. n. 378.

y) Connexion entre la grâce d’union et la grâce habituelle créée, dans le Christ. — La grâce habituelle ne saurai ! être conçue, dans l’âme du Christ, comme une disposition à la grâce d’union. Voir Hypostatioii : (Union), col. 529. Elle en est plutôt l’effet et la résultante : cf. S. Thomas, Compendium theologiæ, c. ccxrv. L’union exige la grâce sanctifiante, et, en ce sens, on peut appeler cette dernière une propriété naturelle de l’union hypostatique. Cf. Sum. theol., IIP, q. vii, a. 13, ail 3 : m. Toutefois la presque totalité des théologiens catholiques est d’accord pour affirmer que la grâce sanctifiante suit la grâce d’union, non pas comme une propriété physique qui en découlerait, mais comme une conséquence morale exigée par sa souveraine convenance. » Dieu produit donc, dans l’âme du Christ, la grâce sanctifiante créée par une action que nous pouvons légitimement distinguer de l’action unitive. Quelle proportion physique et nécessaire établir entre l’union hypostatique et la grâce sanctifiante ? Il ne s’agit donc, entre l’une et l’autre grâce, que d’une connexion morale. Voir sur ce point les Sahnanticcnses, disp. XIII, dub. ii, n. 28 sq. ; Jean de S. Thomas, disp. IX. a. 3. n. 7 : Gonet, dis].. XII, a. 1, n. 23 et. en dehors de l’école thomiste, Suarez disp. XV 111. sect. iii, n. 5 : Vasquez, disp. XLI. cap. ult., n. 29 ; De Lugo. disp. XVI. sect. v. n. 100, etc. Remarquons toutefois que la nécessité morale de la grâce sanctifiante dans l’âme du Christ s’entend par rapport à la d’union. Dans le Christ, comme en nous, la grâce sanctifiante est physiquement nécessaire pour les opérations surnaturelles et pour la i déiformité » de l’âme.

i) Plénitude de la grâce habituelle dans le Christ. — Cf. S. Thomas, III’. q. vu. a. 9-13. Une remarque préalable est nécessaire qui doit nous mettre en garde contre l’interprétation de Cajétan. Tout ce qui va être affirmé de la plénitude et de l’infinité de la grâce habituelle dans le Christ s’entend de la grâce possible dans l’ordre présent de la divine Providence. Il est évident, en effet, que dans un ordre différent, niais inexistant. la puissance divine pourrait réaliser quelque chose de plus grand et de meilleur que la grâce habituelle du Christ. » S. Thomas, a. 12, ad 2 UI ". L’union trypostat ique est ce qu’il y a de meilleur et de plus parfait. i u

DICT. DE THÉOL.’MilOL.

égard à tous les ordres possibles ; la grâce habituelle du Christ est, dans l’ordre présent, possédée par le Christ dans une plénitude qui atteint la perfection qu’il était impossible à Dieu, dans cet ordre, de dépas sci. C’est dans ce sens que nous affirmons que : ’I. Le Christ a possédé la grâce habituelle dans une plénitude à la fois d’extension et d’intensité. La pléni tuile de grâce est affirmée dans Joa., i, 14-16 par saint Paul, l-’.ph., i. 13 (reX^ptù’ia toû Xp wtou) ; cf. Col., i, 18-19 ; ii, 9-1(1. L’intensité de la grâce marque sa perfection essentielle ; son extension marque les etïets auxquels elle peut atteindre. Or le Christ a eu la plénitude de la grâce SOUS les deux rapports Sa grâce a été la plus parfaite qu’on puisse concevoir ; elle a produit en lui et en ceux qui devaient « recevoir de sa plénitude ►, tous les effets qu’on était en droit d’en attendre. S. Thomas, Inc. cil., a. 10, parmi les commentateurs Gonet, disp. XIII. a. 2, §1 ; Billuar-t, dissert. VIII. a.."> ; Suarez. disp. XXII, secl. n et, chez les contemporains. Janssens, De Deo-Homine, t. i, p. 361 et llugon, De Verbo incarnate, p. 168 ; Le mystère de l’Incarnation, p. 219 sq. [i. Le Christ seul a possédé de la grâce la plénitude absolue ou jormclle ; les saints, auxquels l’Écriture attribue une plénitude de grâce (la sainte Vierge, Luc, i, 28 ; Etienne, Act., vi, 8 ; Barnabe, Ad., xi, 21). n’ont possédé qu’une plénitude relative ou subjective, celle qui était exigée par leur condition, leur étalon leur vocation, celle à laquelle fait allusion saint Paul, Eph., iv, 7. — yDans son commentaire sur Joa., i, 16, saint Thomas, lect x, n. 1, distingue, sous un autre aspect, une triple plénitude de la grâce. La plénitude de suffisance est celle qui est accordée à tous les justes en vue d’agir surnaturellement et de faire leur salut. La plénitude de rejaillissement (redundanliic) est celle qui se déverse sur les autres : la plénitude de grâce accordée à la sainte Vierge est de ce genre, puisque de Marie, par Jésus, nous est venue la grâce du salut, et que la Mère du Christ peut être en toute vérité saluée comme la Mère de la divine grâce. A plus forte raison ce rejaillissement de la plénitude de la grâce existe dans le Christ par rapport aux membres de son corps mystique et, en général à tous les hommes. La plénitude d’efficience, d’excellence, appartient à Jésus-Christ seul : seul, en effet, il a déversé sur les hommes la grâce qu’il possédait en lui et dont il était l’auteur.

s) Infinité de la grâce habituelle dans le Christ. C’est le corollaire de tout ce qui précède. — a. La grâce d’union, étant infinie, communique aux actions et. en général, aux propriétés de la personne de l’Homme-Dieu une dignité et une valeur infinie. A ce titre la grâce habituelle dans le Christ possède une infinité d’ordre moral. Cf. Salmanticenses, disp. XV, dub. unie, n. 2 ; Gonet. disp. XIII. a. I, i ; 1, n. 12 ; Hugon, De Verbo incarnate, p. 172 ; Le mystère de l’Incarnation, p. 222. °j. Si l’on considère la grâce du Christ dans son être physique, elle est finie aussi bien que le sujet qui la reçoit. Cf. S. Thomas, IIP, q. v, a. Il ; Salmanticenses, loc. cit.. n. 0 ; Gonet, loc. cil., n. 1. y. Si enfin on la considère comme grâce, on peut la dire infinie, en ce sens qu’elle n’est pas limitée, possédant « toutes les perfections qui appartiennent â

l’essence de la grâce…. la glace ayant été accordée

a l’âme du Christ comme au principe universel de toutes les grâces que devait obtenir lanal are humaine ; comme si nous disimis ipie la lumière du soleil est infinie, non selon son être, mais selon la nature de sa lumière, parce qu’il a tout ce qui peut appartenir a

ire de la lUl I lOt. rit., cf. (< net,

loc. cit., n i qu’il en suit (le l’exemple de la

lumière du soleil, ce troisième aspect de l’infinité de la

habituelle du On ist mrril i

attention, car, à son sujet, le cardinal BUlot, se deman VIII — Il