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JÉS1 S-CHRIST. LES

PROGRÈS

DOGMA riQl ES l LTÉRIE1 RS

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ce qui relève du Verbe, et la chair ce qui relève de la chair. » A la question posée : Y a-t-il en Jésus-Christ une ou deux opérations, un ou deux vouloirs ? le concile répond :

Nous glorifions dans le même Notre-Seigneur Jésus-Christ ] notre vrai Dieu, deux opérations naturelles, sans division, sans changement, sans partage, sans confusion. à savoir : une opération divine et une opération humaine… Nous n’accorderons pas qu’il n’y a qu’une opération naturelle de Dieu et île la créature, ne voulant ni élever la créature a la hauteur de l’essence divine, ni rabaisser la sublimite de la nature ili ine au niveau des créatures. Car nous

reconnaissons qu’à un seul et même être appartiennent et

les miracles et les souffrances, mais selon l’élément propre a chacune des natures dont il est composé et dans lesquelles

l a l’être, comme dit l’admirable Cyrille. Maintenant donc,

absolument l’incontusion et l’indivision, nous proclamons pour résumer le tout, ce qui suit : Croyant que l’un de la sainte Trinité est, après l’incarnation, Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre vrai Dieu, nous disons qu’il y a en lui deux natures irradiant dans son unique hypostase, en laquelle il a manifesté, non pas apparemment, mais véritablement. dans tout le cours de son existence incarnée, et les miracles et les souffrances ; la différence naturelle (de nature) dans cette unique hypostase se reconnaissant a ee fait que l’une et l’autre nature veut et opère ce qui lui est propre avec le concours de l’autre. De cette façon donc, nous proclamons et ileux vouloirs et deux opérations naturelles concourant ensemble au salut du genre humain. Denzinger Bannwart, n. 2D2. Cavallera, n. 7 1 1. Trad. du texte cité à Constantinople [III concile </e>, t. iii, col. 1268-1269.

On recourra à l’article Constantinople (III" concile de), t. iii, col. 1260-1273, pour l’exposé du dogme défini en ce concile. Il suffit ici de faire observer comment la conclusion dogmatique : dualité d’opérations suit dualité de nature, nonobstant l’identité de la personne qui maintient la coordination des opérations divine et humaine, devient dogme elle-même par le fait de la proposition authentique de l’Église. On remarquera aussi que le principe rappelé par le concile après saint Cyrille d’Alexandrie relativement aux miracles et aux souffrances du Christ est fécond en conséquences, les théologiens les tireront plus tard pour expliquer la coexistence en Jésus-Christ de sentiments et de passions contraires. Voir plus loin, col. 1330.

11° Le X Ve concile de Tolède (688) reprend, au sujet de la constitution interne du Christ, la formule : duæ naturee, très subslantia avec la défense de saint Julien, l’n siècle plus tard, à propos de l’adoptianisme, le concile de Francfort (794) mettra en garde les évêques espagnols contre une formule susceptible d’interprétation erronée. Cf. Hypostatique (Union), t. vii, col. 507-508. Denzinger-Bannwarl, n. 294, 312 ; Cavallera, n. 747-7 -lit.

12° Désormais, les formules de foi subséquentes n’apporteront aucun progrès nouveau, aucune précision nouvelle, sauf sur trois points principaux qui vont être incessamment signalés. Cf. profession de foi de Léon III (809), Cavallera, n. 750 ; de saint Léon IX 3), Denzinger-Bannvart, n. 344 ; Cavallera, n. 761 ; définition du IV* concile de Latran (1215), Denzinger, n. 429 ; Cavallera, n. 760 ; profession de foi de Michel Paléologue (1274), Denzinger, n. 402 : Cavallera, n. 761 ; décret pour les Jacobites, concile de Florence (1438-1445), Denzinger. n. 708-710 ; Cavallera, n. 769770 ; profession de foi imposée aux orientaux par Benoit XIV (1743), Denzinger, n. 1462, 1463, 1101 ; Cavallera, n. 715 lin. Voir dans Cavallera, divers autres documents de moindre importance : n 692, Gélase, (402-100), Traité des deux natures ; cf. Denzinger. n. 168 ; n. 700-701, Anastase II à Laurent de Lignido (497) ; n. 704, l’Église orientale au pape Symniaque, sur les formules ex duabut et in ilimbus natnriï (512) ; n. 705, Jean II ad unatore » (534), sur « la formule : l’nus de Trinitnle passus est ; cf. Deq xinger-Bannwart. n. 201 et ici col. 595 ; n. 720 lage I" (557), lettre a Cliildebert ; n. 722, GrégOll Grand ; n. 746, s. Léon il (682), trois lettres : i) a l’empereur Constantin ; 2) aux évêques d’Espagne ; 3) au roi d’Espagne, Ervige ; n. 757-760, profession de foi de Nicéphore, patriarche de Constantinople, a Léon III.

12° Les trois points sur lesquels le dogme de Jésus-Christ accuse un progrès après le vir’siècle sont les suivants :

1. Jésus-Christ, comme homme, n’est pas le Fils adoptif de Dieu. C’est toute la question de l’adoptianisme au viir siècle. Voir ce mot. t. i, col. 403-413.

2. Jésus-Christ, dans l’unité de sa personne divine, forme un tout substantiel : l’union hypostatique n’est donc ni extrinsèque, ni accidentelle. C’est toute la question du néo-adoptianisme du xiie siècle et des erreurs d’Abélard. Vcrir Abélakd (articles condamnés par Innocent II), t. i, col. 43, sq. ; Adoptianisme au xiie siècle, t. i, col. 413-418 ; Hypostatiqui (Union), t. vii, col. 512-517 et les condamnations portées par Alexandre III, t. i, ccl. 416-417. Ici, le progrès dogmatique se continue au xive, xvie et xviie siècles sur un triple objet. On voit s’éliminer et perdre toute probabilité théologique : l’opinion téméraire de Durand de saint Pourçain, selon laquelle Jésus-Christ, comme homme, en vertu des grâces conférées avec l’union hypostatique, serait aussi fils adoptif de Dieu ; l’opinion fausse de Suarez, selon laquelle Jésus aurait, vis-à-vis de Dieu le Père, une double filiation naturelle ; sur ces deux premiers points voir Adoptianisme (Nouvelles controverses depuis le A/I’e siècle), t. i, col 418-421 ; l’opinion erronée de Hardouin et Berruyer, selon laquelle il y a en Jésus-Christ deux filiations naturelles, l’une existant dans la personne du Verbe, par rapport au Père, l’autre réalisée dans l’humanité de Jésus, par rapport à la Trinité tout entière. Sur ce dernier point, voir Hyeostatique (Union), t. vii, col. 549-554.

3. Les décisions antiapollinaristes avaient établi que dans l’humanité de Jésus l’âme prise par le Verbe était non seulement principe vital, mais encore principe raisonnable. Le IVe concile de Constantinople en 870, avait, dans son onzième canon (8e grec), interdit la doctrine de la dipsychie dans l’homme. Voir t. iii, col. 1299-1301. L’unité de l’âme humaine implique deux conséquences : l’information du corps humain par l’âme raisonnable et intellective ; l’identité du principe intelligent et du principe vital dans l’homme.

La première conséquence a été authentiquement promulguée par le concile de Vienne (1312) comme une vérité de foi divine et catholique.

Nous confessons que le Fils unique de Dieu., a pris dans le temps et dans le sein virginal [de Marie) pour les élever à l’unité de sou hypostase et de sa personne, les parties de notre nature [humaine], unies ensemble, et par lesquelles, lui, existant en soi vrai Dieu, est devenu vrai homme, à savoir le corps passible et l’aine intellective ou rationnelle informant Braiment par elle-même et essentiellement le corps même. Denzinger-Bannwart, n. H$0 ; Cavallera, n. tôt.

Cette âme, forme du corps humain, est l’âme immortelle et numériquement nmltipliable et multipliée selon le nombre des corps auxquels elle se trouve unie. L’âme de Jésus-Christ lui appartient donc en propre et singulièrement. Ve concile de Latran, Denzinger-Bannwart, n. 738. Sur tous ces points, voir Forme m corps humain, t. vi, col. r> t * 588.

La deuxième conséquence esi déduite, comme une vérité théologiquemenî certaine, de La condamnation, par Pie IX. des erreurs de Gûnther, Baltzer et Knoodt.

Voir FORMI l’i CORPS in MAIN, col. 559.>l

a dire qu’on ne puisse signaler

d’autres précisions dogmatiques : mais elles sont, rela-