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JÉS1 S-CHRIST. LE DOGME AL" IIIe SIÈCLE


à la divinité incorruptible et immortelle, la chair de l’homme, le Christ a guéri les blessures de l’humanité, De antichristo, n. 4, ibid, p. 6 ; en mourant sur la croix, il a rendu la vie à ceux qui l’avaient perdue ; sa mort est le prix dont il paya la rançon de l’homme, id., n. 26, ibid., p. 19 ; In Danielem, ii, 36 : iv, 57 ; t. i a p. 112, 332, etc. »

3. Saint Cyprien.

Saint Cyprien n’a pas traité ex professo le dogme de Jésus-Christ ; mais ce dogme est supposé dans nombre de ses écrits. En orientant le chrétien vers la connaissance du Christ, Cyprien rappelle ce que fut la carrière du Christ, Testimonia ad Quirinum, 1. II : le Christ est la Sagesse de Dieu, c. i, ii, par qui tout a été fait ; le Verbe de Dieu, c. m ; l’Illuminateur et le Sauveur du genre humain, c. v ; le Médiateur, c. x ; le Juge à venir, c. xxviii, le Roi, xxix, xxx, P.L., t. iv, col. 696, 697, 698, 699-700 ; 704-705 ; 719 ; 720-724 ; il demeure l’Intercesseur (advocatus) des pécheurs auprès du Père. Epist., lv, n. 18, édit., Hartel, t. iii, p. 637. Cf. d’Alès, La théologie de S. Cyprien, Paris, 1922, p. 2-3.

4. Novatien.

Dans le De Trinitate de Novatien, on relève des éléments du symbole romain. Hahn, op. cit., § 11 : « La règle de la vérité exige qu’avant tout nous croyions en Dieu le Père et Seigneur toutpuissant ; la même règle de la vérité nous enseigne, après la foi au Père, à croire aussi au Fils de Dieu, Jésus-Christ, Notre-Scigneur et Dieu… Mais l’ordre de la raison et l’autorité de la foi… nous avertit ensuite, après cela, de croire au Saint-Esprit. » c. ix, P. L., t. iii, col. 900. D’ailleurs la doctrine de Novatien sur le dogme de Jésus-Christ est très ferme ; elle s’appuie sur l’enseignement de l'Église romaine : « La sainte Écriture annonce que Dieu est le Christ, tout aussi bien qu’elle annonce que cet homme lui-même est Dieu ; elle décrit Jésus-Christ homme, tout autant qu’elle décrit le Seigneur Christ Dieu. » Id., C. XI, col. 904. Novatien appuie beaucoup sur la dualité des natures : pour exprimer l’incarnation, il se sert des expressions : assumpsit carnem, suscepil hominem, subslanliiun hominis induit, etc. ; c. xiii, xxi, xxii, xxiii, col. 907908 ; 927-928 ; 930 ; 932. Il précise les formules qui attribuent la mort et les souffrances de Jésus à Dieu. c. xxv, col. 934-936 Combattant les modalistes, il remarque que l’homme en Jésus n’est pas Fils de Dieu, natur aliter, principaliter, mais consequenter, c’està-dire conséquemment à son union avec le Verbe. Celte filiation generala, mutuata, c. xxiv, col. 934, n’est pas la filiation adoptive, mais la filiation naturelle, acquise conséquciiiinent a l’union. Cf. 'fixeront, op. cit., t. i, p. 411-411.

5. Ne voulant ici cataloguer que les témoins autorisés de la foi catholique, nous passerons sous silence Comrnodien, Arnobe et Lactance, voir t. vi, col. 150 ; t. iii, col. 417 ; t. i, col. 1986. Signalons simplement la brève profession de foi de saint Denys pape : « Il faut croire en Dieu le Père tout-puissant et en Jésus Christ son Fils, et au Saint-Esprit ». Denzinger-Bannwart, n. 51, et la déclaration dogmatique attribuée a saint Félix et reçue plus tard, au concile d'Éphèse, comme l’expression de la foi catholique, Voir t. v, col. 2129.

II. LES BÉRÉSlES. l" En Occident. 1. L’adop tianisme romain, relit' à l’adoptianisme d’Antioche par le nom d’Artémon, voir t. i, col. 2022-2023, enseigne à la suite de ébionites que Jésus, fils de la vierge Marie, n’est qu’un homme, élevé par l’adoption divine à la dignité de Fils de Dieu. A son baptême dans le Jourdain, le Christ, c’est à-dire l’Esprit Saint, < escendit sur lui en tonne de colombe et lui communiqua les pui sauces ($uvà(Jt.eiç) dont il avait

besoin pour i emplir sa mission C st seulement après avoir ainsi r eu L’Esprit qu’il put accomplir des miracles. Voir I Iyposi ai n.n i (Union), t. vii, col 164 465. Cette doctrine, soutenue par Théodote le corroyeur, fut reprise par le second Théodote, le banquier. Cf. Tixeront, op. cit., 1. 1, p. 349-352.

2. Le monarchianisme patripassien dont les principaux défenseurs furent Praxéas, Noet, Épigone, Cléomène et enfin Sabellius, est à proprement parler une hérésie trinitaire. Il maintient l’unité, la « monarchie » divine en niant la distinction des personnes. C’est, en réalité, le Père qui est descendu dans le sein de la Vierge, qui est né, et, en naissant, est devenu Fils, son propre Fils à soi, procédant de luimême. Cf. Hippolyte, Philosophumena, t. x, n. 10. 27, P. G., t. xvi, col. 3420, 3440 ; Tertullien. Ado. Praxean, c. x, xi, cf. i, ii, P. L., t. ii, col. 165, 166, 154-157. C’est donc le Père qui a souffert et qui est mort (de là le nom de patripassianisme) : ipsum dicit patrem… passum. id., ibid., c. i, cf. c. xiii, col. 156, 169. Mis en face des textes qui établissent la distinction des personnes, les modalistes essaient de les expliquer en disant qu’en Jésus-Christ, le Fils, c’est la chair, l’homme, Jésus. tandis que le Père est l'élément divin uni à la chair, c’est-à-dire le Christ, ut seque in una persona utrumque distinguant patrem et filium, dicenles filium carnem esse id est hominem, id est Jesum, patrem autem spiritum. id est deum, id est Christum, id., ibid., n. 27, col. 190. Le patripassianisme est la forme primitive du sabcllianisme ; voir ces deux mots.

En Orient.

 1. L’adoptianisme de Paul de Samosate à Antioche. — Voir Hypostatique (Union), t. vii,

col. 465, 466. — 2. Le nestorianisme (avant la lettre) d’Hégémonius, dans les Acta disputationis sancti Archelai canx Mancle. Sur les formules un peu surprenantes qu’on trouve dans ce texte et qui font penser à une première ébauche de la chri tologie antiochienne. l’essentiel a été dit t. vi, col. 2113-2115. Au c. lx. Mani reproche à Archélaiis de faire de Jésus le Fils de Dieu par adoption et non par nature. A quoi Archélaiis répond en distinguant le fils de Marie du Christ de Dieu qui est descendu sur lui : « Il y a celui qui est né fils de Marie… Jésus. Mais c’est le Christ de Dieu qui est descendu sur celui qui est de Marie… Ressuscité des enfers, Jésus fut enlevé là où le Christ, fils de Dieu, régnait. » édit. du Corpus d.- Berl ii, p. 87.

/II. CO.Vd.US/O.V doctrinale. — A la fin du me siècle « des questions relatives à l’incarnation, deux seulement ont été expressément traitées et résolues : celle de la divinité de Jésus-Christ contre les adoptianistes, et celle de la réalité de son humanité contre les docètes. » Tixeront, op. cit., p. 512. Les problèmes soulevés par la question de l’union hypostatique ne seront mis en plein jour que plus tard, et c’est alors seulement qu’ils recevront de l’apollinarisme, du monophysime et du nestorianisme des solutions Incomplètes ou hétérodoxes. Mais il n’est pas nécessaire que ces hérésies se manifestent pour que la foi de l'église en un seul Jésus-Christ, à la fois Dieu et homme soit implicitement professée par tous. Les expressions et les formules consacrées par les conciles postérieurs ne sont pas encore en usage, mais, nous avons déjà pu le constater, voir Hypostatique (Union), l. vii, col. 453-456, la doctrine de l’unité personnelle el « le la dualité des natures de Jésus-Christ est reconnnuc et acceptée dans sa substance. Déjà, en effet, avec l'Église romaine, les fidèles récitent le symbole de la foi chrétienne : « Credo in Deum, patrem omnipotentem ; et in Jesum Christum filium ejus uniciim Dominum noslrum, qui indus est de. Spiritu sancto ex Maria virgine, cruciftxus sub Pontio Pilato et sepulius, lertia die resurrexit a mariais, ascendii in ccelos, sedet ad dexleram Putris, inde ventants est judicare, vivos et morluos : e In Spiritum sanctum, sanctam Ecclesiam remissionem peccatorum. carnis resui rectioneni. i Voir t. i, col. 1661.