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JÉS1 S-CH U [ST ET LE DOGME

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N’éritô. ce n’est pas seulement, chez saint Jean, la véracité de l’enseignement, wi. 7 : xvii, 17. mais c’est encore et surtout la réalité divine. Avant Jésus, tout était ombre ; en lui est apparu la réalité. Mais cette réalité s’étend a ceux qui acceptent son enseignement et quittent les ténèbres pour venir à la lumière. Dr même que Jésus est la lumière vraie », ses disciples seront de i vrais adorateurs », iv, 23 : ils connaîtront la vérité et la vérité les délivrera, un, 32. Us accomplissent la vérité, m. 21 : I Joa., i. G ; ils viennent de la vérité et lui appartiennent, xvin. 37 ; 1 Ioa., ii, 21 : ni, 1*1. Cette réalite divine, possédée par les hommes, commence par la loi. par laquelle nous connaissons la vérité qui conduit à la vie éternelle, iii, 18. 36 : v, 2-4 : vu. 38 ; x, 25-28 ; et. vi, 69-70 ; xvii, 3 ; c’est là vraiment l’œuvre de Dieu. vi. 29 : mais elle suppose aussi, dans les œuvres et dans l’âme du disciple du Christ, la charité, xv. 7-10, 12. et surtout I Joa., iv. 12 : v. 2t. C’est une pénétration totale de l’âme par Dieu. Cf. Joa.. XTV, 23. Demeurer dans la vérité. demeurer dan » le Christ, demeurer dans la charité. c’est tout un. « Quiconque confesse que Jésus est le Fils de Dieu. Dieu demeure en lui et lui en Dieu. Quant à nous, nous avons connu la charité que Dieu a pour nous, et nous y avons cru… Qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui. I Joa, iv, 15-16 ; cf. Jca., xv, 7-10. Or, la vérité comme la charité se sont manifestées dans l’incarnation, et Jésus lui-même, pour affirmer la réalité de son incarnation est venu sur terre avec l’eau et le sang, I Joa., v. 6. l’eau de son baptême, le sang de sa passion, et, en même temps, l’effusion de l’eau et du sang, sortant du côté du Christ mort en croix. Et le triple témoignage de l’Esprit, de l’eau et du sang, atteste l’incarnation du Fils de Dieu. v. 8.

4 Conclusion : le rédlisme de saint Jean. — La doctrine, spir tuelle entre toutes, de la vie, de la lumière, de la vérité, aboutissant à la réalité de l’incarnation nous amène à constater dans l’évangile « spirituel » un réalisme intransigeant relativement à la christologie. Dès le prologue, le Verbe qui est en D eu, qui est Dieu, en qui se trouve la lumière et la vie, ce Verbe s’est fait chair (le mot chair marquant ce qu’il y a de plus matériel dans l’humanité) et a habité parmi nous. Dans la promesse de l’Eucharistie, c’est le mépris de la chair et l’estime exclusive de l’esprit qui s’afiirme. « C’est l’esprit qui vivifie, la chair ne sert de ri en. vi, 04 : mais en même temps, Jésus, au scandale des Juifs incrédules et des disciples hésitants, déclare péremptoirement : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous, i vi. 54 ; cꝟ. 55, 56, 57, 59. C’est encore le ouci d’affirmer la réalité de la chair et de la mort du Sauveur qui fait relater à saint Jean la soif ressentie par le Sauveur en croix et le coup de lance du soldat, entrouvrant le côté du Christ et faisant jaillir de la plaie le sang et l’eau, xix, 28-29, 34. Le même souci, dans les récits de la résurrection, oii Jésus apparaît comme dégagé des lois de la matière, xx. 19, pousse l’apôtre Jean à spécifier qu’il montra a ses apôtres ses mains et son côté. » Ce réalisme ne s’explique que par le mystère du Verbe incarné. Jésus unissant en lui la nature divine et la nature humaine, et les unissant dans une seule personne, eu vertu de l’union hypostatique : le première épître johannique contient les plus belles manifestations de la foi primitive en l’incarnation. N’oublions pas que « est un témoin de la vie historique de Jésus qui écril ceci : « Ce qui élait fies le principe, ce que nous avons en tendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce q le nos mains ont touché du Verbe de Vie car la Vie s’est manifestée ti nous avons vu et nous attestons et nous vous annonçons

la vie éternelle, qui était pics du Père et nous est ap|ui rue, ce que nous avons vu et en endu, nous mi l’annonçons ». Il s’agit doue, si l’on veut rester dan la foi véritable qu’insp re l’esprit de Dieu, de ne p détruire ou diviser Jésus-Christ.’Tout esprit qui cou fesse que Jésus-Christ est venu dans la chair est d Dieu, el tout esprit qui divise Jésus | qui ne confesst pas que Jésus est venu dans la chair | n’est point de Dieu, et celui-là est l’Antéchrist, t iv, 3. Et déjà, malheureusement, dès le ie siècle i beaucoup d’imposteurs se sont introduits dans le monde, lesquels ne confessent pas que Jésus-Christ est venu dans la chair ; ceux-là sont des imposteurs et des antéchrists. II Joa., 7.

Voir Fils de Dieu, i. v, col. 2397, 2406.


III. JÉSUS-CHRIST ET LE DOGME.

Les derniers textes que nous venons de citer vies épîtres I johanniques, surtout I Joa., i, 1, attestent avec une évidence complète que le Christ de la foi est bien celui qui a vécu et s’est manifesté historiquement aux hommes comn12 le Verbe de vie. Paul et Jean ont cer tainemsnt ajouté quelques traits ou du moins accen1 tué certaines lignes de la figure auguste du Sauveur : mais le portrait tracé par les synoptiques n’a pas été modifié. Voici maintenant que le Christ des livres inspirés du Nouveau Testament est livré à la tradition vivante de l’Église. Cette tradition, on le sait, n’est autre que le magistère infaillible : elle gardera donc jalousement dans toute sa pureté le divin portrait. La foi des fidèles, guidée par l’enseignement officiel, se fixera en des formules qui, elles aussi, pour ont acquérir précision et clarté, mais jamais ne se contrediront l’une l’autre. Ces formules traduisent extérieurement le dogme, dont le sens, exprimant l’objet matériel de notre foi, ne saurait varier tout en progressant. Étudier ici la vie du dogme de Jésus Christ serait impossible ; d’une part, on ne saurait la circonscrire dans les limites, — si extensibles soient-elles — d’un article de dictionnaire ; d’autre part on serait obligé de lomqer dans mille redites inutiles. Cette vie, en effet, a déjà été ou sera étudiée d’une , façon fragmentaire sans doute, mais plus immédiatement utilisable, dans les articles concernant les hérésies christologiques ou les conciles ayant trait au dogme de l’incarnation. Nous nous contenterons donc ici de brèves indications, utiles à la fois pour synthétiser l’histoire de ce dogme et pour diriger le lecteur dans se recherches. Nous établirons surtout le progrès des formules qui traduisent le dogme catholique, l. Les deux premiers siècles — II. Le troisième siècle (col. 1251). — III. Le quatrième siècle (col. 1257). — IV. Progrès dogmatiques postérieurs (col. 1266).

I. Le dogme de Jésus-Christ dans lks deux PBJ MlEliS SIÈCLES. — I. LES PREMIÈRES FORMULES DE la FOI. — - 1° La catéchèse primitive. L’existence

d’une catéchèse primitive, contenue dans un forum laire oral rédigé par les apôtres, ne semble pas pouvoir être révoquée en doute. Elle est supp » sée par Luc, i,

Act.. xviii, 25 ; I Cor., iv, 17 ; xiv, 19 ; xv, 1-11 :

Gal., vi. (i ; Rom., vi, 17 : lleb., vi, 1-2 et sans doute I Thess.. iv, 1 ; Il Thess., ii, 15 ; iii, 6 : Rom., xvi, 17 : Act., xviii. 2°). Cl. Prat, L" théologie de suint Paul, t. u. Noie li. 1. Sur le contenu de cette catéchèse, au point de vue historique et dogmatique, voir Prat, ibid., 2. Au point de vue historique, elle devait renfermer îles développements assez considérables touchant la vie de Jésus, ses actions, ses discours. C’étaient les-rà reepl’Iijooû de Act., xviii, 25.

Au point de vue dogmatique, Seeberg a essayé d’en déterminer les éléments constitutifs, d’après saint Paul, I Cor., xv. 3 sq., complété par quelques autres passages de ses épîtres d Tim., iii, 13 ; II l’im.. n.2, 8 ; iv, I.