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JESUS-CHRIST. LA THÉOLOGIE PAULINIENNE


enfants ont participé à la chair et au sang, il y a lui-même également participé… Nulle part il ne vient au secours des anges, mais c’est la race d’Abraham qu’il vient secourir. D’où il a dû être en tout semblable à ses frères, afin de devenir auprès de Dieu un pontife miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple, il, 11. 1 I, lti-17 : c f. v. 7 : | our devenir médiateur, il a fallu que Jésus s’incarnât : entendons cette nécessité d’une nécessité hypothétique, en raison du plan divin de la rédemption, (".’est pourquoi le Christ, bien qu’élevé au-dessus des anges en raison de la nature divine, i, 13, cꝟ. 7-8, subit, dans sa nature humaine, une phase d’humiliation qui le place au-dessous des anges, ii, 7.

Il faut également insister sur l’expression : « semblable en tout à ses frères i. Cette affirmation est précisée par iv, 15. Au c. ii, v. 10, l’auteur de l’épître avait énonce la convenance des souffrances du Christ : « Il convenait à Celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui conduisait plusieurs enfants à la gloire, de consommer par les souffrances l’auteur de leur salut. » C’est pour nous délivrer de la crainte servile de la mort que Jésus subit librement la mort, ii, 14 : < lui prenant nos misères et nos infirmités, il se met en état de mieux connaître nos besoins et nos faiblesses, de mieux comprendre nos tentations et nos défaillances, d’y compatir enfin dans ce tempérament achevé qui sait éviter à la fois l’excès d’indulgence et l’excès de rigueur (jxsTpi.o7Ta0s : v). » Prat, op. cit., t. i, p. 529.Cf. ii, 18 ; iv, 15 ; v, 2. Une limitation cependant s’impose à cette ressemblance, dont la convenance s’imposait ; le Christ n’a pu, en compatissant à nos infirmités et en éprouvant comme nous toutes sortes de tentations, connaître la souillure du péché, iv, 15. Le pontife ne saurait avoir de péché, lui qui doit Offrir le sacrifice pour les péchés des autres : autrement il aurait besoin, lui aussi, d’autres prêtres pour suppléer à son insuflisance. vii, 26.

c) Prêtre, appelé par Dieu. — Pour supplanter Aaron et sa descendance, régulièrement investi par Dieu du sacerdoce, il fallait un appel spécial de Dieu. Tel fut le cas de Jésus-Christ, v, 4-0 : « Ce n’est pas le Christ qui s’est glorifié lui-même pour devenir pontife, mais c’est celui qui lui a dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui. » Cf. Ps. cix, 3. Par cet appel. Dieu lui a conféré le sacerdoce suprême. Le Fils est Fils de toute éternité ; mais les paroles du psalmiste se rapportent au moment où il prend la nature humaine. Donc, en se faisant homme, il est par le fait même consacré prêtre. Les théologiens traduiront plus tard cette vérité en affirmant que le Christ a reçu l’onction sacerdotale par le fait même de la grâce de l’union hypostatique, par lequel il acquiert toute puissance relativement aux fonctions sacerdotales. Dieu lui-même a sanctionné par un serment le sacerdoce du Christ, ce qu’il n’avait point fait pour les prêtres de l’ancienne loi, vii, 17-22. Ce serment, emprunté au Ps. cix, 4, marque le transfert du sacerdoce aaronique en Jésus-Christ ; mais ce n’est pas une simple substitution de personnes ; il y a vraiment changement du sacerdoce lui-même, vii, 11-12 ; 20-22 ; viii, 0-7 ; 13. J.e nouveau sacerdoce est < selon l’ordre de Melchisédech ».

d) Prêtre i selon l’ordre de Melchisédech ». — Melchisédech est la figure du Christ-prêtre. L’expression

prêtre selon l’ordre de.Melchisédech », appliquée au Messie futur est tirée du Ps. ux, I. On la retrouve dans Heb., , 6, lo ; m. 10 ; vii, il. 17. Sur Melchisédech, figure de Jésus-Christ, voir Hébreux (Épttre aux), I VI, col. 2105-2100. Trois circonstances ont été mises en relie ! par l’auteur de l’épttre : l’élyinologie des noms, la conduite d’Abraham à l’égard du prêtre-roi de Salem et le silence de l’Écriture relativement a son origine, ". Melchisédech signilie < roi de justice » et

roi de Salem, i roi de paix ». Le règne du Messie doit être le règne de la paix et de la justice. Melchisédech est prêtre-roi ; prêtre et roi sera le Christ, dont l’auteur de l’épître associe presque toujours la royauté et le sacerdoce (àpy.spe’jç), cf. col. 1117. — b. Melchisédech bénit Abraham, Gen., xiv, 18-19, et Abraham lui pair la dîme. v. 20. Cf. Heb., vii, 1-2. La bénédiction est accordée par le supérieur, vii, 7 ; le paiement de la dîme est un indice de sujétion. Par le double geste de Melchisédech et d’Abraham s’affirme donc la supériorité île Melchisédech, et, à plus forte raison de celui dont il est le type. Heb., vii, 4-11. — c. Le silence de l’Écriture touchant Melchisédech, qui est « sans père, san^ mère, sans généalogie ; n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie, » Heb., vii, 3, est encore plus significatif. Il marque que le sacerdoce de Jésus est possédé à titre personnel et non par voie d’héritage, et que. par conséquent, sa descendance du sang de Juda ne pourra mettre obstacle à ce sacerdoce, ’toutefois, il faut que la prérogative du sacerdoce aaronique soit abolie pour qu’existe le nouveau sacerdoce, vii, 11-12. JésusChrist est donc exclusivement prêtre selon l’ordre de Melchisédech : S’il était sur la terre (c’est-à-dire s’il était de l’ordre d’Aaron), il ne serait pas même prêtre, d’autres étant déjà chargés d’offrir les dons selon la loi, » viii, 4. Melchisédech est aussi le type du Christ-prêtre par l’éternité du sacerdoce, éternité figurée par l’absence de généalogie dans des jours sans lin ni commencement, qui est un des traits de la figure du roi-prêtre de Salem. Le Christ est prêtre in utcrimm. v, 6 ; vi, 20 ; vii, 17, 21 ; in perpeluum, mi. : î : cf. vii, 25. Entendons toutefois que ce sacerdoce, qui a commencé en Jésus-Christ avec l’incarnat ion, serae éternel » comme l’union hypostatique elle-même, c’est-à-dire ne finira jamais ; et cela, parce que Jésus le possède < non selon la disposition d’une loi charnelle, mais selon la puissance d’une indissoluble vie, » vii, 10. La loi charnelle fait prêtres ceux qui naissent du sang d’Aa ron ; l’union hypostatique indissoluble fait le sacerdoce sans terme de Jésus. Les prêtres selon l’ordre d’Aaron disparaissent, i empêchés qu’ils sont par la mort ; mais [Jésus ] détient un sacerdoce inamovible, pane qu’il demeure à jamais… toujours vivant afin d’interpeller pour nous, » vii, 23-25. Jésus n’a exerce par lui-même qu’une fois son sacerdoce, en s’immolant d’une immolation surabondante pour la rémission des péchés ; mais il est prêtre et demeure prêtre dans l’éternité. Sur l’éternité du sacerdoce du Christ, on trouvera plus loin, col. 1338, les explications des théologiens. Jésus fut prêtre dès le premier instant de sa vie mortelle, bien qu’il n’ait exercé son sacerdoce qu’à la croix. Cette dernière remarque suffit a montrer qu’en représentant Melchisédech comme le type de Jésus-Chr.st, l’auteur de l’épître aux I [ébreux ne pouvait s’arrêter à l’offrande’du pain et du vin. Gen., iv. 18, ( omme type de l’Eucharistie. Il n’exclut pas sans doute l’Eucharistie, a laquelle il fait probablement allusion, xiii, 10, mais, « tout occupé qu’il est à démontrer que le Christ consomme à jamais les élus par un seul sacrifice, que l’offrande pour le péché devient inutile dès que le péché est surabondamment expié, que l’insul Qsance des anciens sacrifices ressort Justement de leur

répétition, il ne pouvait mettre eu relief l’oblalion qui se répèle et la victime qui s’Immole périodiquement sur l’autel, sans s’obliger à expliquer comment le sacrifice eucharistique reproduit, commémore et ne multiplie pas le sacrifice sanglant du Calvaire. » F. Prat, a/), cit., p. 531.

Sur la cbrlstologie de l’Épi tre aux Hébreux, voir Lebreton, Le » origines du Dot/me de la Trinité, Paris, 1919, i>. 109 s(|. : el note G., p. 570 sq. ; F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, 1. 1, p. 197-550 ; V. Thalhofer, Die Opferlehre des Hebràerbrtefs, Dllltngen, is.")0 ; J. Cor-