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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LA THÉOLOGIE PAULINIENNE

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p. 169-171 ; et Koltzmann, N. T. Théologie, t. ii, p. 55.

b) Jésus, chef des hommes et des anges : sa primauté sur toutes choses. a. Parce qu’il est le nouvel Adam. Jésus-Christ est le cliej des hommes, à qui il communique la vie de la grâce. Cette nouvelle donnée de la christologie paulinienne se rapporte au Christ mystique, qui ajoute au Christ naturel. Verbe Incarné, prêtre-victime du Calvaire, le corps mystique de l’Église « complétant son chef et complétée par lui ». Sur la dénomination du Christ, étendue au corps mystique, cf. Gal., m. 1 iï : I Cor., xii. 12. Dans cette qualité de chef du corps mystique. Paul n’attribue pas seulement à Jésus-Christ une prééminence quelconque sur les hommes. Col. n. 10 : si Jésus est la tête du corps, de l’Église ►, Col., i. 18, c’est parce que l’Église, formée des chrétiens, trouve en lui non seulement prééminence et supériorité, mais i influx vital et communauté de nature, principe d’unité et mesure de perfection. » F. Prat. La théologie de S. Paul, t. i, p. 121. C’est le sens exprès qu’on trouve dans Eph., î. 22-23 ; v, 23 éclairés par Col., ii, 19, et Eph., iv, 15-16. Cf. Abbott, Epistles to the Ephesians and to the Colossians. Edimbourg, 1897. p. 271-272 : 123-128. La tête est. aux yeux de Paul, le centre de la personnalité, le lien de l’organisme et le foyer de tout influx vital. Ce rôle de chef ou de tête dans le corps mystique des chrétiens fait mieux comprendre certaines formules pauliniennes : revêtir le Christ, Gal., iii, 27 ; être greffé dans le Christ, Rom., xi, 24 ; être créé dans le Christ, Eph.. n. 10 ; être en participation du Christ, I Cor., i. 9. etc., et plus simplement, être de Jésus-Christ ou dans Jésus-Christ. Sur l’emploi de cette formule, voir Deissmann. Die neutestamentliche Formel < in Christo Jesu », Marbourg, 1892 ; et sur sa signification, voir E. Prat, op. cit., t. i, p. 424-426 ; NoteT, 434-436 ; t. ii, p. 422-424 ; Lebreton, Origines du dogme de la Trinité, p. 355-356. Sur l’enseignement général de saint Paul, touchant l’Église, corps du Christ, voir Église, t. iv, col. 2150-2151.

Précisons cependant avec le P. Lebreton, op. cit., p. 358 que « Jésus n’est pas seulement ni surtout (pour saint Paul) l’homme idéal qu’il s’efforce d’imiter, ni l’ami qu’il est impatient de rejoindre ; c’est la source de vie, c’est le chef dont il est membre. Mais, d’autre part, il faut bien le remarquer, la personne historique de Jésus ne s’évanouit pas dans cette doctrine : pour être « esprit vivifiant » et principe de toute vie, le Christ n’a pas dépouillé sa réalité concrète et n’a pas été réduit à un symbole mystique. Les textes… le disent assez : c’est dans la mort de Jésus que le chrétien a été baptisé, Rom., xiv, 7-9 : et c’est dans sa résurrection qu’il ressuscite, II Cor., v, 14-15. L’épître aux Romains insiste plus encore sur cette vérité et fait mieux entendre la continuité de la vie du Christ sur terre et de sa vie dans les fidèles : tout le genre humain apparaît comme concentré en deux hommes réels, Adam et Jésus-Christ. Il n’y a point seulement en ce monde deux forces abstraites, chair et esprit, mort et vie, mais il y a avant tout deux hommes, deux chefs de l’humanité : de l’un vient la mort, de l’autre la grâce et la justice ; et la source de cette action mortelle et vivifiante, c’est la désobéissance de l’un et l’obéissance de l’autre. - Rom., v, 12-21. Cf. ci-dessus, col. 1228.

b. Le rôle de chef de l’humanité se complète, pour saint Paul, par celui de soutien du monde : l’action du Christ s’étend à toutes créatures. S’il est vrai que le monde a été créé pour l’homme, il n’est pas difficile de concevoir que, du fait de la chute de l’homme, il a été dévié de sa fin et asservi à la vanité et que seul le relèvement de l’homme peut l’en affranchir. J. Lebreton, op. cit., p...71. L’œuvre du Christ incarné

sera donc la restauration et en même temps la consommation de l’œuvre du Christ préexistant : « Tout a été créé par lui et pour lui. » Col., i, 16. Il faut donc absolument allirmer que le Christ possède la primauté sur toutes choses. Eph., i. 21-23 ; Col., i, 18. Ce n’est pas seulement comme Dieu que le Christ possède cette primauté, c’est aussi comme homme, et saint Paul affirme en un parallélisme saisissant la primauté du Christ sous ces deux aspects, l.e P. Prat, op. cit., t. ii, p. 215-216, a bien mis en relief le parallèle intentionnellement sans doute institué par saint Paul :

Primauté du C.hkist selon Primauté ou Cniusr selon

LA NATURE DIVINE DANS LA NATURE HUMAINE DANS

LA CRÉATION : L’ÉGLISE :

-voTOTrjy.o ; rrâo-r, ; xTt<x£i ; npiottStoxo ; ex t<5v vexpûv’tCol., 1, 15). Christ premier- (Col., i, 18), né.

iv a-J : (i> ixTÎ<r8Y) ?à îrdtv7a.., 71 âv’> ; y ; 0|Aev 7r, v àitoX’JTpcoo’tv TcivTa èv aJToi auvéffTïixev (Eph., 1, 7). (Col., r, 16, 17). Ordre de la

cause formelle ou exem plaire.

cà itàvra Si’aûtoû sVccarai ôi’a-Jto-j àitoxaTa).).x : a : (Col., 1, 16). (Col., i, 20).

5 ; ’o-j -i Ttàvxa (I Cor., viii,

6). Ordre de la cause effi ciente.

tx TtàvTOt… eîç aJTÔv sxTitTTat tx-xvtx ï !  ; aOrdv (Col., 1, 20). (Col., i, 16). Ordre de la

cause finale.

D’ailleurs tout en distinguant, et d’après la pensée de saint Paul lui-même, les relations qui conviennent au Christ, comme Dieu, dans sa préexistence, et comme homme ou Verbe incarné, dans sa vie humaine, terrestre et glorieuse, nous savons que la communication des idiomes permet de transférer au Christ-Dieu les rôles et attributions du Christ-homme et réciproquement ; d’ailleurs toutes les relations du Christ sont coordonnées entre elles et orientées vers une même foi, et par suite de cette unité, la primauté du Christ s’affirme purement et simplement ; un mot la résume : Kûpioç’Iy)o-o>jç, Jésus est Seigneur. Act., xvi, 29 ; Rom., x, 9 ; I Cor., xii, 3, etc.

Cette « seigneurie » que l’Église naissante confessait déjà en Jésus-Christ, voir Fils de Dieu, col. 23982399, exprime bien la primauté sur toutes choses du Christ, Dieu sans doute, mais homme aussi. Le Christ est Seigneur, parce qu’il est d’avance le juge de tout et de tous ; il « éclairera ce que les ténèbres cachent et manifestera les secrets des cœurs. » I Cor., iv, 5. Le < jour du Seigneur », I Cor., iv, 5 ; v, 5 ; II Cor., i, 14, I Thess., v, 2 ; II Thess., ii, 2 : la < parousie du Seigneur », I Thess., ii, 19 ; iii, 13 ; v, 23 ; II Thess., ii, 1 ; 1’ « épiphanie du Seigneur ». I Tim., vi, 14 ; cf. II Thess., i, 7, désignent le jour du jugement, qui est aussi le « jour du Christ Jésus », Phil., i, 6, 10 ; ii, 16 ; le « jour de N’otrc-Seigneur Jésus-Christ ». I Cor., i, 8 ; II Cor, I, 14. Mais dès maintenant, le Seigneur est le maître de tout et de tous, « des morts et des vivants ». Rom., xiv, 7-9. Son domaine est absolu : les siens sont ses esclaves. Rom., i, 1 ; I Cor., vii, 22 ; Gal., i, 10 ; Eph., vi, 6 ; Phil., i, 1 ; Col. iv, 12. Les autres ont pour « seigneur » le péché, Rom., vi, 14, 17, 20 ; la mort, Rom.. v, 14 ; 17 ; vi, 9 ; la loi, Rom., vi, 1 ; Gal., iv, 5 ; iii, 23 ; mais de cette servitude le Christ nous a rachetés, comme par un affranchissement sacré, pour nous faire siens. Gal., iv, 4-5 ; cf. iii, 13 : I Cor., vi, 19-20 ; vii, 23. Sur l’expression àrfoppav tiutjç de ces deux derniers textes, voir A. Deissmann, Lichl vom Oslen, Tubingue, 1908 p. 240 sq. L’esclavage du Seigneur est en réalité la liberté ; liberté qu’il ne faut plus perdre pour redevenir les esclaves des hommes. I Cor., vii, 22-21 ; cf. Gal., ii, 4. Tous les chrétiens ont l<- même maître, Rom., x, 12 : Eph., vi, 9 ; Col., iv, 1, et c’est à lui seul