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staté plus haut, voir col. 1194, Jésus, en accomplissant dos miracles, se proposait d’exciter la fui de ses auditeurs, d’abord on sa mission messianique, ensuite on sa propre personne. Bien que les miracles ne prouvent pas directement la divinité du Sauveur, ils conduisent nécessaire nent à la croyance on cette divinité et c’est la que Jésus voulait amener finalement ses auditeurs. col. 1196. Il n’est pas inutile toutefois do préciser ici comment le Jésus de l’Évangile a pu être tout ensemble, pour ses contemporains, objet de connaissance directe ej sensible et objet de foi. L’objet de la connaissance directe et sensible était, en Jésus-Christ, l’humanité visible, palpable, vivante, susceptible de progrès, telle que nous l’avons décrite plus haut. Mais par de la cette humanité existait, dans le même Christ terrestre, l’objet île la foi chrétienne. Cet objet, c’est le mystère, révélé aux hommes par l’enseignement, les paroles et les actes île Jésus, enseignement qu’appuyaient, pour déterminer la volonté des contemporains de Jésus à l’acte de foi. les miracles, les « signes » accomplis par le Sauveur. Le mystère de Jésus est triple, correspondant aux trois aspects de sa personnalité. C’est d’abord, le mystère du Christ préexistant de toute éternité, et que Jésus a plusieurs fois révélé dans l’évangile : Anlcquam Ahraham /ieret, ego sum. Joa., viii, 58 : mystère que saint Paul et saint Jean mettront en un relief saisissant. C’est ensuite le mystère de l’incarnation du Fils de Dieu en Jésus-Christ avec les conséquences dogmatiques qu’il comporte, principalement l’union hypostatique. C’est enfin le mystère du Christ glorieux, ressuscité d’entre les morts : la vision du Christ ressuscité ne pouvait, même chez ceux qui eurent le bonheur d’être témoins des apparitions, être incompatible avec la foi au mystère du Christ glorieux : les témoins de la résurrection, en effet, n’ont jamais pleinement vu et compris l’état dans lequel Jésus se trouvait après sa mort et celui qu’il revêtit en entrant dans la vie glorieuse. Cf. S. Thomas. Sum. theol, III », q. lv, a. 2, ad 2um. Nonobstant la vision du Christ terrestre, il y eut toujours chez les contemporains de Jésus, place pour la foi « en JésusChrist. Fils unique de Dieu, Notre-Seigneur, qui a été conçu de l’Esprit-Saint, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et est descendu aux enfers, est ressuscité des morts le troisième jour et est monté aux cieux ». Même les événements les mieux caractérisés au point de vue historique, comme la naissance, les souffrances, la crucifixion, la mort sont objets de foi, parce que l’aspect visible qu’ils prennent en l’humanité du Sauveur n’épuise pas leur réalité, attendu qu’ils sont la naissance, les souffrances, la crucifixion, la mort non d’un homme ordinaire, mais d’un Homme-Dieu. Et par là est rendue manifeste l’inanité et la fausseté de la distinction introduite entre le Christ historique et le i Christ de la foi », distinction qui n’a de valeur que dans la mesure ou le Christ dit historique ne serait pas Dieu incarné. C’est donc, pour ainsi dire, de plain pied que nous passons de l’histoire du Christ dans l’Évangile à la foi au Christ dans la primitive église aussitôt après l’ascension.

3. Le sens général de la prédication apostolique dans les Actes des Apôtres ou les épltres, autres que celles de Paul et de Jean. - Nous u-streignons à ces documents l’expression de la foi de la primitive église, parce que c’est là qu’elle se manifeste dans sa plus grande simplicité et qu’elle apparaît courue la continuation même de la foi qui s’exhale des récita dos synoptiques. Toutefois, cette croyance de l’Église primitive revêt deux formes assez différentes l’une extérieure, apologétique dans la prédication des apôtres et notamment dans les discours do Pierre, do Paul ot

d’Etienne, l’autre, plus intime et [tour ainsi dire cultuelle, exprimant cett croyance d’une manière plus simple et plus directe La prédication, on effet, ne pouvait, s’adressant à dos gens à convertir, que proposer la vérité d’une façon prudente et réservée : i tout orateur soucieux do convertir ne conduit cpte pai degré les âmes à la vérité ; il ne les jolie pas d’emblée dans l’inconnu et ne leur révèle que les mystères qui leur sont accessibles »..1. Lebrcton, Les Origines du dogme de la Trinité, p. 324.

2° La croyance de l’Église naissante en Jésus-Christ. Fils de Dieu. — Voir Fils de Dieu, t. v. col. 23972399.

3° La croyance de l’Église naissante en Jésus-Christ, homme, est mise en relief par la prédication apologétique de la mîssianité du Sauveur. Aussi bien, le Christ venait à peine de disparaître pour remonter au ciel, et nombreux étaient les témoins qui l’avaient vu ot avaient conversé avec lui. Il suffisait donc, pour affirmer l’humanité du Verbe incarné, de rappeler « le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, à commencer du baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé d’au milieu de nous. » Act., i, 21-22. Ce temps est celui de la « manifestation » du Christ, I Pet., i, 20, de Jésus de Nazareth « qui a passé en faisant le bien et guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable. » Act., x, 38. Saint Pierre, Act, il, 30 ; saint Paul, Act., xiii, 23, rappellent la filiation davidique de Jésus. Mais ils reportent surtout la pensée de leurs auditeurs à la passion du Sauveur, prédite par les prophètes, Act., iii, 18 ; xvii, 3 ; xxvi, 23 ; aux souffrances qu’il a endurées pour nous, nous laissant un exemple, I Pet., n 21 ; iv, 1, 13 ; v, 1 ; à la crucifixion, Act., ii, 36 ; iv, 10 ; x, 40 ; à la mort sur le bois de la croix, Act., v, 30 ; x, 39 ; xiii, 28-29, cf. Jac, iv, 11, à cette mort qu’a absorbée le Christ, I Pet., iii, 21, pour nos péchés, qu’il a chargés sur son propre corps, ii, 24. Les Juifs ont tué Jésus, Act., ii, 23 ; iii, 15 ; vii, 52, et son corps fut mis au sépulcre, xiii, 29. Nous sommes arrosés du sang, I Pet. i„ 2, du sang précieux, i, 19, de Jésus, notre Seigneur et Sauveur. II Pet., i, 11 ; iii, 2, 18. Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Act., ii, 24, 31, 32 ; iii, 15, 26 ; iv, 10 ; v, 30 ; x, 40 (discours de saint Pierre) ; xui, 30 sq. (de saint Paul) ; cf. iv, 33 ; xvii, 3, xxvi, 23 ; I Pet., i, 21 ; iii, 18, 21. L’insistance des apôtres à souligner la résurrection de Jésus-Christ, outre le but apologétique qu’elle poursuit, marque bien la foi de l’Église naissante au Christ glorifié. Le livre des Actes ne débute-t-il pas d’ailleurs par l’histoire de la glorification du Sauveur dans l’ascension ? i, 9-11. Saint Pierre qui avait été témoin de la gloire de la transformation, II Pet., i, 17 ; revient à plusieurs reprises sur la révélation de la gloire du Sauveur, I Pet., iv, 13 ; v, 2, modèle et cause de notre gloire, v, 10 ; cf. i, 19 ; assis à la droite du Père, Act., ii, 33 ; v, 31 ; I Pet., iii, 22, Jésus voit les puissances et les vertus se soumettre à lui. I Pet., iii, 22. M*is le corps glorifié de Jésus est bien son corps : il a été vu après la résurrection, Act., xiii, 30 ; car Dieu a donné à Jésus ressuscité « de se manifester… aux témoins préordonnés… à nous, qui avons mangé et bu avec lui, après qu’il fut ressuscité des morts, t Act., x, 41.

L’Église naissante connaît aussi la perfection Intérieure, morale et surnaturelle, do cette humanité du Christ Jésus. C’est un homme juste et saint, iii, 14 (discours do Pierre) ; vu. 52 (d’Etienne) ; iii, 30 sq. (de Paul) ; cf. I, Pet. m. 15, véritable agneau sans tache et sans souillure, id., i. 19 ; homme que Dion a autorisé par les miracles et les merveilles accomplies par lui au nom do Dieu. Aol., ii, 22. Il a été « oint par Dieu d’Esprit Saint et do puissance. » x, 38 II a passé’lisant le bien, x, 38. Pierre parie de sa « longanimité..