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Bcation de Jésus, vu. 39 ; mi. ll>. Cf. Lopin. La valeur historique du quatrième évangile, t. i. p. 599-600. D’autre part. les sainte-- onmirs ne touchaient-elles pas les pieds de Jésus ? Matth., xxviii, 9. La raison

de la défense faite par Jésus à Madeleine est tonte différente et d’ordre moral et mystique. Jésus voulait vraisemblablement lui signifier que les anciennes

relations ont cessé avec la mort et que de nouvelles, tontes spirituelles doivent exister désormais après la résurrection.

2. Doctrine de saint Paul. - La doctrine de saint Paul dans I Cor., xv. confirme renseignement des évangiles sur l’état du corps ressuscité de Jésus. Pour saint Paul la résurrection de Jésus est non seulement le gage, mais encore l’exemplaire et le modèle de la nôtre. Cf. F. Pral. La Théologie de saint Paul, Paris. 1908, 1. 1. p. 186 ; F. Tillmann, Die Wiederkunft Christi nach den paulinischen Prie/en. dans les Biblischc Sludien. Fribourg-en-B., 1909. t. xiv, fasc. 1 et 2. p. 172. 178. Ce que dit saint Paul des corps gloriliés. I Cor., xv. 35-58. peut donc s’appliquer, en quelque mesure, au corps ressuscité de Jésus. « Si la résurrection répond à nos aspirations les plus intimes, le mode dont elle s’accomplira déconcerte notre imagination. Nous n’avons aucune idée d’un corps organique éternellement incorruptible. Nous ne concevons pas la vie sensible sans changement, ni le changement sans altération. Quand la mort a semé aux quatre vents du ciel cette poignée de poussière qui fut notre corps, où retrouver ces atomes épars engagés en mille combinaisons nouvelles et comment les empêcher i e se disperser encore ? Telle est l’objection que Paul prévoit et résout d’avance : « Comment les morts ressuscitent-ils, et dans quel corps viennent-ils ? » I Cor., xv, 35. Il est évident que notre corps doit subir une transformation profonde, il doit revêtir la forme du Christ qui « transfigurera le corps de notre humiliation », notre corps dans l’état de misère et d’épreuve, « pour le rendre conforme au corps de sa gloire ►, Phil., iii, 21, c’est-à-dire à so’n corps glorifié, transfiguration, si l’on considère que la personnalité sera élevée et ennoblie sans être détruite, transformation, eu égard à la nouvelle forme surnaturelle du corps ressuscité. L’Apôtre explique cette transformation ou cette transfiguration par l’exemple du germe. » F. Prat., op. cit., p. 191. Le grain jeté en terre ne pourrit pas et ne se dissout pas tout entier ; de sa dissolution même sort un germe vivant qui, produisant un organisme nouveau, continuera en quelque sorte l’être individuel dont il est issu. Il n’y a pas à proprement parler de création nouvelle dans la résurrection : il y a analogie avec la loi de la reproduction que Dieu a établie pour les plantes au moment de la création. Il y aura identité essentielle entre le corps mis en terre et le corps ressuscité, bien que l’état du corps ressuscité soit nouveau. Cette diversité des états successifs du même corps n’est pas un obstacle a la résurrection ni une difficulté à la toute-puissance divine. Saint Paul, pour le démontrer, indiqueles diversités des organismes qui peuplent l’univers, la terre et le ciel. v. 39-41. Dieu a donc des ressources infinies pour ressusciter les hommes dans un état différent de leur corps terrestre. Le corps semé a l’état de corruption, de déshonneur et de faiblesse, ressuscite incorruptible, glorieux et plein de force, i 42-43. Le corps semé, « ’est le corps non pas mis au tombeau, mais venu en cette vie, et ce corps est corruptible, déshonoré, c’est-à-dire sujet aux misères de la vie, infirme et animal. Cf. Tobac. I problème de la justification dans saint Paul, Louvain, . p. 83. Le corps ressuscité jouira de l’incorruptibilité, de la gloire, de la force. Ces différences des deux corps proviennent d’une première et radicale

différence sur laquelle il faut insister : le corps mortel est Ç’v.’- v psychique : le corps ressuscité est itveu{jumx6v, spirituel. pneumatique ». Le corps. matière organisée, durant cette vie mortelle est psychique, c’est-à-dire i formé par et pour une âme. destine a servir d’organe à ce souffle de vie a pelé V’j/r, qui a préside a son développement. F. Godet, Commentaire sur la première épître aux Corinthiens Neuchâtel, 1887, t. ii, p. 108..Mais, une fois ressuscité, le corps deviendra spirituel t non pas aérien ou éthéré, d’après le sens étymologique d’esprit, ni même sem blable aux esprits célestes dans sa manière d’être et d’agir, … niais dominé par l’Esprit de Dieu qui l’informe dans sa vie surnaturelle, comme l’âme le meut et le pénètre dans sa vie sensible. > F. Prat. op. cit.. p. 1’.1$1-$293.

Toutefois, l’Esprit de Dieu qui anime le corps ressuscite doit être conçu non comme étant Dieu directement, mais comme un élément supérieur émané de Dieu et agissant en vertu de l’Esprit divin. Il y a deux espèces de corps, le psychique et. le pneumatique, tout comme il y a deux Adams (de qui nous tenons la vie). Le premier nomme, Adam, est devenu une âme vivante, Gen., ii, 7, parce qu’il a été créé psychique, animal ; niais le second Adam, Jésus, chef de l’huma nité régénérée est devenu esprit vivifiant, soit à son incarnation, soit plus probablement à sa résurrection. En vertu de la génération naturelle nous tenons du premier Adam un corps terrestre, /oïx.ôv, psychique, qui appesantit l’âme et l’entrave dans ses opérations ; en vertu de la descendance naturelle, nous recevrons du second Adam un corps céleste, sTtoupxviov, spirituel, pareil au sien. I. Cor., xv, 45-49.

Ces allirmations nous permettent de conclure qu’à la résurrection, le corps de Jésus a subi, non pas seulement un réveil ou une réanimation, mais une véritable transformation, la mort n’ayant d’ailleurs accompli en lui aucune œuvre de dissolution. Mais la pensée de saint Paul l’éclairé d’un jour nouveau dans la deuxième épître aux Corinthiens. Il déclare nettement, v. 1-4, que le corps glorifié est une maison nouvelle destinée à remplacer notre maison terrestre, une maison éternelle déjà construite par Dieu et qui existe dans le ciel. Nous la revêtirons comme un vêtement nouveau qui n’est que le corps céleste, préexistant auprès de Dieu et que notre âme nue revêtira au jour de la parousie. Cf. A. Lemonnyer, Les Épîtres de saint Paul. Paris. I" partie, p. 201-203. Notons les deux idées : maison et vêtement. Le terme maison est employé pour marquer la permanence éternelle d’un état qui durera toujours par opposition à la situation transitoire et provisoire d’ici-bas : le terme vêtement sert à caractériser la transformation du corps à la résurrection. Cf. Le Camus. L’Œuvre des apôtres, t. iii, p. 258, note 1. Cette transformation n’est autre que la réception d’une qualité nouvelle, du vêtement de gloire que nous prendrons à la, résurrection générale. Cette interprétation est confirmée par Phil., ni, 20-21, où saint Paul écrit que Jésus reformera le corps de notre humiliation cou formément à son corps de gloire ; le corps de gloire du Christ, n’est pas autre que son corps mortel glorifié. Le corps glorifié manifeste IT’.spnt qui est en Jésus-Christ, qui est Jésus-Christ. II Cor., iii, 17 : qui est en Jésus-Christ comme principe vivifiant el animant, principe d’une vie nouvelle et transcendante, d’une nouvelle Vie déjà réalisée dans les âmes et qui doit s’étendre plus tard a toute la nature La coin munication de l’espril « lu Christ commence au bap

tême, qui résurrection avec le chrisi Rom.

vm. 9-13.

Nous pouvons conclure que la pensée de l’apôtre

sur la nature du corps glorieux de Jésus ressuscité,