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10’ISIDORE DE SÉVILLE SA [NT

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Forschungen : ur dculschen Geschichte, 1875, t. xv, p. 289-3C0.

18° Historia de regibus Gothoruni. Wandalorum et Sueuorum. < le résumé historique, tout à l’honneur de l’Espagne dont il célèbre la richesse, la fécondité et la gloire, est d’une valeur inappréciable et constitue la source principale pour l’histoire des Visi goths, depuis leurs origines jusqu’à la cinquième année du règne de Suintila, en <i’21. c’est-à-dire pendant 256 années ; pour l’histoire des Vandales, depuis leur entrée en Espagne sous Gundéric, en 408, jusqu’à l’invasion de l’Afrique et la défaite de Gélimer, en 522 ; et enfin pour l’histoire des Suèves, qui, entres en Espagne en môme temps que les Alains. les Vandales, s’y maintinrent Jusqu’en 585, lors de leur incorporation au royaume des Goths. Cf. llertzberg, Die Historien und die Chroniken des Isidurus von Seoilla, Gcettingue, 1874.

19° De L’iris illustribus. — Sur une liste de 46 noms, dont il est question dans ce traité, treize appartiennent à des auteurs espagnols, ce qui nous vaut des renseignements précieux sur plusieurs évêques d’Espagne, antérieurs au viie siècle. On y trouve une note sévère sur la mort d’Osius et un éloge mérité de Léandre au sujet de son influence religieuse et de la part qu’il prit à la conversion des Goths.

III. Doctrine.

Observation préliminaire.


Sur l’Ecriture, le dogme, la morale, la discipline et la liturgie, saint Isidore a résumé la science de son temps ; mais c’est moins sa pensée qu’il nous donne que celle des autres. Il s’est contenté d’être l’écho de la tradition, dont il a pris soin de recueillir et de reproduire les témoignages, et, à ce point de vue, son œuvre est des plus précieuses : c’est celle d’un disciple très averti, d’un témoin autorisé, mais ce n’est pas celle d’un initiateur ou d’un maître. S’en tenant trop exclusivement à sa méthode de collectionneur et de rapporteur, il n’a pas donné, dans quelque œuvre originale et forte, toute la mesure de son talent. Dans ces conditions, il serait difficile de parler de son enseignement personnel ; il suffira de signaler quelques points particuliers sur lesquels son témoignage est bon à recueillir ou à propos desquels il a été l’objet d’accusations injustifiées.

Sur récriture.

1. Le canon. — Par trois fois,

saint Isidore a donné le catalogue des livres de la Bible. Etym., vi, i ; In libros Vctcris et Novi Testamenti proc27nia, prol., 2-13 ; Deofjiciis ccclesiasticis, I. xi, P.L., t. lxxxiii, col. 150-160. 229, 746. Pour l’Ancien Testament, c’est la liste du Prologus galealus. Aux trois classes des protocanoniques, livres historiques, prophétiques et hagiographes. Isidore joint celle des

dent rocanoniques, la Sagesse, l’Ecclésiastique, Tobie, Judith et les deux livres des Macchabées, parce que l’Église, dit-il, les tient pour des livres divins. Pour le Nouveau’l’est aiuent. c’est l’indu evangelicus ou les quatre Evangiles ; l’ordo aposlolicus : les quatorze Èpttres de salnl Paul, les sept I -’.pitres catholiques range es dans l’ordre suivant : Pierre, Jacques, Jean et.Unie. fin les Actes et l’Apocalj pse.o dernier livre était

encore contesté en Espagne, mais Isidore eut soin, au IV’coin île de Tolède, de faire porter ce décret : ° I.’autorité de plusieurs conciles et les décrets s nodaii

pontifes romains déclarent que le livre de l’Apocalj pse

est de Jean I’I, aiigelisle et ordonnent de le recevoir parmi les livres divins. Mais il a beaucoup de gens qui

contestent son autorité et qui ne veulent pas l’expliquer dans l’Église (le bii’ii. Si désormais quelqu’un ne

le reçoit pas ou ne le prend pas pour texte d’explication pendant la messe, de Pâques a la Pentecôte, il sera

eeo unie. >. (.an. 17.

2. I. aspiration. Saint Isidore affirme le fait de l’inspiri n divine de ions les auteurs sacres, mais

san i I r la nature ; il SC contente de dire : Auc t, , i earuma m Scripturarum Spiritus Sanetus esse créai tur ; ipse enim scripsil qui prophetis suis scribenda dielavit. De offlc. eccle.. 1, xii, 13, P. /… t. i.xxxiii, col. 750. Quant au rôle et a la part de l’écrivain sacré dans la rédaction de son œuvre, il n’en parle pas, cette question n’ayant pas encore’été pleinement élucidée.

3. L’interprétation.

Isidore connaît la multiple signification du texte sacré ; il sait qu’on peut l’entendre au sens littéral ou spirituel, au sens propre ou métaphorique. Scriptura non solum historialitvr sed rtiam nujsterio sensu, id est spiritualiler. sentienda est. De fide cath., II. xx, 1, P. L., t. lxxxiii, col. 528. Scriptura sacra ralione triparlita intelligitur ; d’abord secundum litteram sine alla fii/urali intenlione ; ensuite, secundum figuralem intelligenliam absque aliquo rerum respeclu ; enfin, salva hislnrica rerum narratione, mqstira ralione. De ord. créât., x, 6-7, P. L., t. lxxxiii, col. 939. Pour l’intelligence des passages les plus obscurs, il rappelle, à la suite de saint Augustin, mais sansy’oindre les judicieuses réflexions de l’évèquc d’Hippone dans son De doclrina christiana, III, xxx-xxxvii, 42-56, les sept règles du donatiste Tichonius. Sent., I, xix, P. L., t. lxxxiii, col. 581-586.

Sur le dogme.

Deux points de doctrine ont paru

répréhensibles dans saint Isidore : l’un sur la prédestination, l’autre sur la transsubstantiation ; qu’en est il’.'

1. La prédestination.

Saint Isidore parle dans un passage de la gemina prwdeslinatio, sive ekclorum ad requiem, sive reproborum ad morlem. Sent., II, vi, 1, P. L., t. lxxxiii, col. 606. Hincmar de Reims, au IXe siècle, a conclu de là que l’évèquc de Séville était un successeur des Gaulois qu’avait combattus saint Aug stin dans son Z> prædeslinatione sanctorum et son De bono perseverantiæ. C’est bien à tort, car il n’y a pas de preuve que le prédestinatianisme ait paru en Espagne, soit de provenance gauloise, soit d’ailleurs. L’erreur, des prédestinatiens du ixe siècle fut de croire que Dieu prédestine les pécheurs, non seulement à la damnation, mais aussi au péché. Or, saint Isidore distingue avec raison l’une de l’autre ; il nie la prédestination au péché ; car Dieu ne veut pas le péché, il ne fait que le permettre ; et s’il est question de l’endurcissement ou de l’aveuglement du pécheur, il faut prendre garde au rôle négatif de Dieu. Obdurare dicitur Dcus hominem, non ejus jaciendo duritiam, sed non auferendo cam, quam sibi ipse nutrivit. Non aliter et obcivcare dicitur quosdam Deus. non ut in eis eamdem ipse csecilalem jac.al sed quod pro eorum inutilibus merilis cacitatem eorum ab eis ipse non auferat. Sent.. 11, v, 13. P. L., t. i.xxxiii. col. 605. Quant à la prédestination à la peine, Isidore l’enseigm- : Miro modo uquus omnibus Condilor « //os prudeslinartdo pfset Unit, alios in suis moribus pruvis justo judicio derelinqu.it ; quidam enim gratissimx misericordieeejus prsevenientis dono salvantur, effecli vasa misericordiæ ; quidam vero reprobi habiti ad peenam pra destinaii damnantur, effeeii vasa irse. Différent., 11. xxxii, 117-1 18. P. L., t. i.xxxiii.col. 88.

Au sens propre et rigoureux qu’il aura dans la langue théologique, le mol d prédestination ne s’applique qu’à certaines créatures raisonnables qui doivent avoir ire du ciel en partage : c’est la prescience, non des mérites de la créature, mais des bienfaits de 1 heu : c’est le plan éternel de Dieu statuant en lui-même l’obtention du ciel pour ceux qui, en effet, doivent un jour cl pour l’éternité, être admis a ce bonheur. Il ne s’applique au pécheur que dans un sens impropre ; car la réprobation implique dé la part de Dieu deux choses, d’abord a permission de la faute, ensuite la volonté de la punir. Dieu permet le péché : pourquoi ? C’est le grand mystère, dont il n’est point permis de demander compte à Dieu : et Dieu très justement châtie le pèche non pardonné et non expié. Cf. Arevalo, wlana, part, l c. xxx, n. 1-14, P. /…t. lxxxi, col. 150 :