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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE >E> MIRACLES

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dants était une cause de la puissancejmlraculeuse de Jésus : les pouvoirs de Jésus étaient partout les mêmes. car ce sont des pouvoirs divins, totalement indépendants des volontés et des circonstances humaines. Mais les guérisons étant des actes moraux, Jésus exige dans les malades des dispositions morales. Si. par les prodiges, il ne pouvait atteindre le but spirituel et moi al qu’il se proposait, il se refusait à les accomplir. La foi des malades n’est donc pas la cause de leur guérison par Jésus, mais une simple condition morale dont la haute convenance ne saurait échapper à quiconque prend l’Évangile tel qu’il nous est présenté, c’est-à-dire « a considérant Jésus-Christ comme le vrai Fils de Dieu auquel il faut croire pour être sauvé. La cause efficiente des guérisons reste la puissance communiquée par Dieu au Sauveur.

b) Le thaumaturge considéré en lui-même. Dans l’accomplissement de sa mission, Jésus s’est constamment montré digne de l’intervention divine dont il était le digne instrument. a. Jésus est l’instrument de Dieu.c’est lui-même qui l’affirme, en réfutant l’invraisemblable allégation des pharisiens mettant au compte de Beelzebub et des esprits malins certains miracles du Sauveur. Matth., xii, 21 sq. ; cf. Marc, iii, 21 sq. ; LUC, XI, 15 sq. : Joa.. viii. IX. Jésus est l’ennemi né du démon : tout ce qu’il fait est pour l’honneur et la gloire de Dieu, son Père. La théologie aura à préciser la nature des relations qui unissent Jésus à Dieu dans la manifestation extérieure de sa puissance Ihaumaturgique. Nous n’avons ici qu’à relever les traits que nous fournissent les évangiles. Deux séries parallèles de textes s’offrent à nous, ceux où il apparaît que Jésus opère des miracles de sa propre autorité : c’est sa volonté qui est la cause efficiente du prodige. Matth., vm. 2-3 : Marc, i, 40-41 ; Luc, v, 12-13 ; cf. Luc, vu. 11. Les démons comprenaient bien que Jésus agissait d’autorité : les paroles de la tentation le supposent expressément ; Matth., iv, 3, 6 ; Luc, iv. 3, ! » ; et la foule, témoin de guérisons et délivrances merveilleuses ne l’entendait pas autrement : « Quelle parole est celle-ci ? Car il commande avec autorité et avec puissance aux esprits impurs, et ils s’en vont. » Luc, iv, 3(5. Cependant une autre série de textes nous laisse voir que Jésus chassait les démons i par l’esprit », « par le doigt de Dieu, Matth.. xii, 28 ; Luc. xi. 20 ; il lève les veux au ciel avant de rendre l’ouïe et la vue à un sourd-muet, Marc, vii, 34 ; avant de multiplier les pains et le poisson, Matth.. xiv. 19 ; Marc, vi. Il : Luc. ix. l(> : ou bien, avant de ressusciter Lazare, il remercie Dieu d’avoir exaucé la prière qu’il lui avait adressée au sujet de son ami. Joa., xi, 41. Et, suivant l’impulsion donnée par le Sauveur, les foules rendent parfois grâces à Dieu, à l’occasion des miracles accomplis par Jésus. Matth.. XV, .’il : Luc. xviii. 43, etc. Ces deux points de vue ne sont pas contradictoires : le dogme de l’union hypostatique en résout facilement l’antinomie apparente, en distinguant en Jésus la di nilé et l’humanité, la divinité agissant comme cause principale, l’humanité agissant comme instrument. Lorsque Jésus permet que les miracles s’accomplissent au contact de son humanité (imposition des mains. Marc. VI, "> : Luc. xiii. 13 : toucher, Matth.. m. 15 ; ix, 29 ; xiv, 36 ; Marc, iii, ni ; Luc. i. 19, etc. ; simple frôlement du corps. Matth., i. 20-21 ; Marc. v. 27-30 ; Luc, viii, 15-46), c’est pour affirmer ce caractère Instrumental de son humanité dans l’accomplis Sèment « les miracles. Et la foule reconnaissait qu’il sortait de lui une vertu qui guérissait » les malades. Luc. vi. 19.

b. L’action thaumaturgique, telle qu’elle apparaît en Notre-Seigneur, est tout a lait digne de Dieu, soit qu’on la rapporte directement a Dieu, soit qu’on l’attribue à rinstrument qu’était l’humanité du Sauveur.

A plusieurs reprises déjà nous avons eu l’occasion de signaler le caractère « spirituel » et « moral » des miracles du Maître : nul désir d’ostentation, nulle manifestation d’égoïsme n’y apparaît. Dans la presque totalité de ces miracles, la haute sainteté de Jésus resplendit par le but moral et spirituel qui est nettement poursuivi par lui. A peine pourrait-on citer un ou deux ras d’apparence contraire : d’apparence, disons-nous, car, en réalité, le but moral existe. La perte, pour leurs propriétaires, des pourceaux dans le corps desquels s’étaient enfuis les démons expulsés par Jésus, ne soulève pas. au point de vue de la justice, une difficulté telle, qu’on ne puisse y trouver d’excellentes et plausibles solutions. < Il est des cas. dit le protestant Godet, où le pouvoir, par sa nature même, garantit le droit. ► F. Godet. Commentaire sur l’évangile de saint Luc, Xeuchâtel. 1872. 2° édit., t. 1. p. 183. Quant à la prétendue colère de Jésus, inspiratrice du miracle du figuier desséché, Marc, xi, 13 sq. (outre que ce sentiment passionnel a pu exister légitimement en Jésus. voir col. 1330) elle n’enlève rien de la portée morale de l’acte du Sauveur, portée mise en vif relief par Bossuet, Méditations sur l’Évangile, dernière semaine, 20e jour. Lu réalité, les miracles de Jésus sont un enseignement comme sa prédication orale : habent enim (miracula), si intelligantur, linguam suam. Sam quia ipse Christus Verbum Dei est, etiam faclum Ycrbi verbum md>is est. S. Augustin, Tract, in Joannem, tract. XXIV. c. ii, V. /… t.xxxv, col. 1593. I enseignement . contenu dans les faits miraculeux, saint Jean saura le dégager parfois dans son évangile spirituel : la guérison de l’aveugle-né nous fait mieux connaître Jésus, lumière du monde ; la résurrection de Lazare nous montre en Jésus, la résurrection et la vie. Très rarement celle interprétation existe chez les synoptiques, quoiqu’on la puisse déjà trouver dans Luc, . lo. à propos de la pêche miraculeuse : < Désormais lu seras pêcheur d’hommes. » Puissances, 8uvàtxsi.ç, parce qu’ils ne peuvent être accomplis que par Dieu ou au nom de Dieu, les miracles de Jésus sont donc encore signes, ar^zlr., de réalités plus hautes, de vérités plus sublimes, se rattachant à la prédication du Messie. Ils sont le symbole de l’œuvre spirituelle de Jésus ; ils sont déjà le « royaume de Dieu 1 en actes. Cf. L. de Grandinaison, op. cit., col. 1469-1470.

3. Influence des miracles sur ceux qui en lurent témoins, relativement à la révélation du Messie, Fils de Dieu. — Cette analyse nous fait conclure avec Bossuet : « Tout se tient en la personne de Jésus-Christ, sa vie, sa doctrine, ses miracles. La même vérité y reluit partout : tout concourt à y faire voir le Maître du genre humain et le modèle de la perfection. » Discours sur l’histoire universelle, part. 11, c. xix. En soulageant les misères du corps, Not re-Seignenr se propose un but plus élevé, spirituel. Et l’étude de La pensée du Christ dans l’Évangile nous amène à conclure, avec saint Thomas d’Aquin, que Le Verbe incarné est venu 1 afin de faire des miracles, pour l’utilité des hommes, principalement en ce qui regarde le salut des aines. 1 Snm. Iheol., IIP. q. XXXV, a. 1. ad ! ’"". Mais pour découvrir Ici pleinement la pensée du Maître, il nous faudra recourir tout aussi bien au quatrième e angile qu’aux synoptiques,

i l Le but que se propose Jésus est défini à plusieurs reprises. Les. œuvres l que je fais rendent de moi le témoignage cpie c’est le Père qui m’a envoyé. » Joa., v. 36. Le Messie, dans l’idée que s’en faisait les.luils. devait prouver sa mission par des prodiges. Joa.. vii, 31. Jésus se | ropose donc, avant tout, de révéler par ses 1 œuvres » la légitimité de sa mission, c’est-à-dire de se révéler lui-même Comme le Messie. C’est ainsi, nous l’avons déjà vu. cf. col. I 18(>, qu’il se révèle aux disciples de Jean hésitants, et envoyés vers lui par le