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JESUS-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE DES MIRACLES


On se reportera, sur ce point, aux ouvrages spéciaux. .T. Smit. De dtemoniacis in historia evangelica, Rome, 1913, p. 146-172 ; de Grandmaison, art. cité, col. 14571400 : L. Cl. l’illion. Les miracles de N.-S. Jésus-Christ, t. ii, en entier. Notons simplement quelques conclusions indiscutables.

a. En ce qui concerne les expulsions de démons, il faut reconnaître que les quatre cas de possession nommément désignés dans l’Évangile. Marc., i, 23-28 ; cf. Luc. iv. 33-37 : Matth.. vin. 20-34 : cf. Marc.. 1-20. et Luc vrn, 26-39 ; Matth.. xv. 21-28 ; cf. Marc, vu. 24-30 ; Matth.. xvii. 1 1-21 : cf. Marc, ix, 18-29 et Luc. ix. 37-42, supposent la réalité de l’expulsion du démon. D’ailleurs Jésus délègue le pouvoir de guérir et d’exorciser. Marc. m. 15 ; vi, 7 : et lui-même est venu sur terre détruire les œuvres du diable, I. Joa., m, 9. La lutte entre Jésus et le démon, symbolisée par l’antagonisme de la lumière et des ténèbres, du royaume de Dieu et du royaume du prince de ce monde, des serviteurs du roi (messianique) et des serviteurs de ce monde, ne s’explique que par l’existence très réelle et très personnelle d’esprits, malins ou impurs, exerçant leur activité visible dans le corps et par la voix de certains hommes. Que toutes sortes de maladies psychiques aient pu être, au temps du Christ, rangées parmi les possessions diaboliques, la chose n’est pas impossible. Sous l’influence des superstitions étrangères, les Juifs ont pu exagérer singulièrement l’étendue de ce mal et le nombre des cas qui en relèvent. Toutefois, ce n’est pas une raison pommer a priori les guérisons de possédés. Les exorcismes des démons, à l’aide de procédés superstitieux ou magiques, existaient à coup sûr et Jésus y fait allusion. Matth., xii, 27. Et l’hypothèse d’un démonisme purement apparent est la plupart du temps exclue par les formules employées dans les récits évangéliques, par l’attitude et le langage même du Sauveur. Les unes et les autres ne sauraient se comprendre sans l’action ou la présence des esprits malins et impurs. De plus la simplicité, la rapidité, la stabilité, la durée de ces guérisons psychiques, non moins que leur portée spirituelle et religieuse en démontrent le caractère miraculeux et surnaturel. L. Cl. Fillion, op. cit., t. ii, p. 240-201 : IL Lesêtre, art. Démoniaques, dans le Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. 1374 sq. ; L. de Grandmaison, art. cité, col. 1460-1464.

b. En ce qui concerne les guérisons corporelles, plusieurs constatations s’imposent à la seule lecture des textes sacrés. — C’est d’abord la multiplicité des guérisons de ce genre, Matth., iv. 23-24 ; viii, 16-17 ; xiv. 35 ; xv, 30-31 ; xxi, 14 ; Marc, i, 32-34 ; v, 10 ; vi, 54-50 ; Luc, iv, 40 ; v, 17 ; ix, 11 ; Joa., vi, 2, etc. C’est ensuite la variété des maladies guéries : les vingt cas spéciaux rapportés par les évangélistes comprennent des infirmités multiples, fièvre, lèpre, paralysie totale et partielle, hémorragie d’un genre particulier, cécité, surdité, mutisme, hydropisie, blessures, etc., quelques-unes réputées incurables ou très difficilement guérissables ou même mettant le patient en péril imminent de mort. — Notons de plus que les procédés employés par Notre-Seigneur pour guérir les malades n’avaient aucune relation directe, aucune analogie naturelle avec les résultats produits. « Souvent, il se contentait d’une parole, qui exprimait son intention d’accomplir la guérison. Matth., viii, 13 ; xii, 13 ; Marc, ii, 11 ; Joa., v, 8, etc. Fréquemment aussi, il imposait les mains aux infirmes, Marc, vi, 5 ; vii, 32 ; Luc, iv, 40 ; xiii, 13 ; ou bien, il les touchait doucement, prenant parfois l’organe malade comme objet de ce contact salutaire. Matth., viii, ’.', . 14, 15 ; i.x, 29 ; xx, 34 ; Marc, i, 41 ; Luc, xiv, 4 ; xxii. 51. Il lui arrivait parfois de lever les yeux au ciel, en signe de prière. Marc, vii, 34. En deux circonstances, il mit un peu de

salive sur la langue d’un muet, Marc, viii, 23, et sur les yeux d’un aveugle. Joa., ix. 0. Kit tous ces procédés, point de remèdes proprement dits. L’onction d’huile, par laquelle les apôtres, au nom du Christ, guérissaient les malades, Marc, vi, 13, n’était pas davantage un remède Tous ces procédés sont des symboles, et rien de plus, physiquement incapables, par eux-mêmes, de produire la saute’-. Ainsi l’imposition des mains, dont usa si souvent le Sauveur, ne faisait qmmanifester la communication du bienfait surnaturel accordé par Jésus aux malades. CI. Marc, v, 23 ; vi. 5 ; vii, 32 ; viii, 22 ; Luc, iv, 30. Le contact de Jésus n’était qu’un symbole de la « vertu » qui s’échappait de lui, Luc, vi, 19 ; viii, 46 ; Marc, v, 30, et les malades y recouraient fréquemment. Marc, iii, 10 ; vi, 56 ; Matth., xiv. 30. Cette vertu, 8’jvx ; i.t, < ;,

force i, n’est pas autre chose que le pouvoir d’opérer des guérisons miraculeuses ; saint Luc, d’ailleurs, emploie volontiers le substantif Hjj%a.iç en ce sens. Luc, v, 17 ; vi, 19 ; viii, 46 ; ix, 1 ; Act., iii, 12 ; iv, 7 ; vi, 8. — Soulignons ensuite le caractère instantané et, en même temps, complet de ces guérisons. Instantanéité. Marc, i, 31, 42 ; Luc, viii, 44 ; xiii, 13 ; Matth., viii, 13 ; Joa., iv, 50-53 ; v, 0 ; ix, 0. « D’une manière régulière, les évangiles représentent comme immédiat, comme réel et point illusoire, l’effet de la parole ou de l’attouchement » de Jésus. Keim, Geschichle Jesu von Nazara, Zurich, 1872, t. ii, p. 153-154. Une seule exception, celle de l’aveugle de Bethsaïda, Marc, viii, 22-26 ; la lenteur et les progrès de cette guérison devant aider au développement de la foi chez ce malade. — Il est inutile d’insister sur le caractère intégral de ces guérisons, qui sont complètes et sans retour de la maladie.

— Rappelons enfin que ces faits sont attestés de manière à satisfa’re toute critique. La simplicité des récits non moins que la publicité des miracles (lesquels eurent tous lieu devant plusieurs témoins et quelquefois devant les foules nombreuses, Matth., iv, 24-25 ; vm, 16-17 ; Marc, ii, 2-4 ; iii, 3 ; ix, 10 ; Luc, v, 18-19 ; vi, 19, etc.) témoignent de leur vérité historique. Et puisque d’autre part, ils nous apparaissent comme humainement inexplicables, il faut en conclure que Jésus les accomplissait par la force de la puissance divine.

c. Les miracles et la foi. — La foi joue un certain rôle dans les guérisons opérées par Jésus-Christ : il importe de préciser, à l’aide du texte évangélique.le sens et la portée de ce rôle, que nous trouverons très dénaturé par les rationalistes et les néo-critiques. Souvent Jésus exige des malades la foi, comme une condition préalable nécessaire à leur guérison, Matth., ix, 28-29 ; ’Marc, v, 30 ; ix, 22 ; Luc, viii, 50 ; Joa., v, 0, ou tout au moins il se propose, en les guérissant, de faire naître la foi dans leur âme. Marc, vii, 32-35 ; vm, 22-26 ; Joa., ix, 5-7. La foi anime les malades ou les personnes qui les amènent a Jésus : le paralytique de Capharnaum, Matth., i, 2 ; Marc, ii, 3-5 ; Luc, v, 18-19 ; le centurion, Matth., viii, 5-10 ; Luc, vii, 1-9 ; l’hémorrhoïssc, Marc, v, 28 ; la Chananéenne, Matth., xv, 22-28 ; Marc, vii, 25-29 ; les foules elles-mêmes qui’i jettent aux pieds » du Sauveur leurs malades. Cf. Matth., iv, 28 ; xv, 30 ; Marc, iii, 10 ; Luc, vi, 18, etc. Et Jésus loue la foi qui les anime. Matth., ix, 22-23 ; cf. Marc, v, 31 ; Luc. viii, 18 ; xvii, 10 ; xviii. 11-42. Réciproquement, l’absence de foi attriste l’âme de Jésus, Matth., xvii, 10-17 ; cf..Marc, ix, 18 et Luc, ix, 41 ; Luc, viii, 25, cf. Matth., viii, 20 et Marc, iv, lu ; Matth., xiv, 31 : Joa., iv, is. ci, précisément, parce que les habitants de Nazareth se montrèrent particulièrement incrédules vis a vis de Jéius, i il ne fit pas là beaucoup de miracles à cause de leur incrédulité. » Matth., xiii, 58, cf. Marc, vi, 5-6. Il n’apparaît nullement par là que la foi des malades ou de leurs répon-