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11’rÉSUS-CHRIST. LES RECITS DE L’ENFANCE

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plus parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps, s. 20. Les événements s’accomplissenl comme l’avait inédit l’ange, corroborant ainsi

l’autorité de sa parole et attestant la crédibilité de la mission du précurseur et de la dignité messianique de Celui qu’il venait annoncer.

b) Niais il y a plus ; une autre apparition du même ange Gabriel, à Marie, la fiancée de Joseph, nous ouvre des horizons nouveaux sur la dignité du Messie futur. Après une salutation des plus flatteuses pour Marie. Luc, i. 28-30, le messager divin, rappelant eu quelques mots plusieurs prophéties messianiques, eu annonce la réalisation dans le fils que concevra la Vierge : Voici, dit-il. que tu concevras dans ton sein, et tu enfanteras un tils. et tu lui donneras le nom de .lesus. Il sera grand, il sera appelé LE FILS DO TRÈS-HAVTeX le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père et il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de lin. ꝟ. 31-32. En ces quelques mots, nous trouvons d’abord l’annonce de la réalisation de la prophétie d’Isaïe, vii, 14, et l’affirmation de l’origine davidique du Messie. Mais il convient surtout de retenir la révélation authentiquement faite de la divinité du Messie. Jusqu’alors, en effet, la filiation divine du Messie futur avait été laissée dans l’ombre par les prophètes de l’Ancien Testament. Mais iei nous trouvons une affirmation directe, tombée du ciel, et attestant que celui qui doit naître sera le Fils de Dieu. La locution : i il sera appelé », xXr ( Orja£- : ai., revient à dire : non seulement il sera le fils du Très-Haut, mais il sera reconnu et traité comme tel. Le nom de Très-Haut i S^irroç, est l’équivalent de l’hébreu Êliyôn et apparaît assez fréquemment dans la Bible pour exprimer la grandeur de Dieu, Gen., xiv, 18 ; l’s., vii, 18 : Marc, v, 7 : Luc.vni, 28 ; Act., vii, 48 ; lleb.. vii, 1. etc. Une question posée à l’ange par Marie, désireuse de savoir comment sera sauvegardée sa virginité, appelle une réponse qui, éclaircissant le mystère, insiste davantage encore sur le sens absolument propre dans lequel il faut entendre que le Messie futur sera « fils de Dieu i

L’Esprit Saint surviendra en toi

et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre ; C’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.

Le mode absolument surnaturel de la maternité de Marie exclut toute coopération humaine, et ce n’est pas en vain que l’ange représente la naissance du Messie comme un déploiement de la force du Très-Haut, car le mystère de l’incarnation, l’union du Verbe avec notre nature, est la manifestation d’une énergie absolument divine. Aussi, conçu par la vertu de Dieu, le fils de Marie sera une chose tout à fait sainte, ftyiov. De plus, il sera Dieu, lui aussi, et reconnu comme tel. Il ne s’agit plus ici d’entendre l’expression t Fils de Dieu. dans un sens large, comme lorsqu’elle s’appliquait, analogiquement à de simples humains qu’une grâce spéciale rapproche à un titre quelconque de Dieu, cf. Gen., vi. 2 : l’s., xxviii, 1 ; lxxxi, 6 ; Esttær, xvi, 16 ; Job, i, 6 ; Luc, xx, 35-36 ; Rom., iv, 1-2 : viii, 15-10 ; Gal., iii, 26 ; IV, G. 7 ; I Joa., iii, HO, etc. ; mais elle comporte un sens bien déterminé, dépassant en précision celui qu’avait pu entendre du ie futur le psalmiste lui-même. Ps., ii, 7 ; cf. col. 1118. Il s’agit ici d’une filiation proprement divine. Bien plus, malgré la particule oVj xa.1 qui semblerait indiquer que la filiation divine est une conséquence de la conception virginale, il faut entendre que celui que Marie doit concevoir et enfanter est déjà Dieu avant qu’il soit question de conception surnaturelle. Cf. Durand. L’enfance’/< Jésus-Christ, Paris, 1908,

p. 156. Le message de l’ange Gabriel à Marie constitue la première révélation positive et authentique de la divinité du Messie, révélation à laquelle se reportera d’instinct la foi des évangélistes et des premiers chrétiens. Cf. Mai’c.. i, 1. El ici encore, un signe apporte la crédibilité du mystère révèle : i Voici, dit l’ange à Marie. qu’Elisabeth ta parente, a conçu elle aussi, un tils dans sa vieillesse et ce mois est le sixième de celle qui est appelée stérile : car il n’y a rien d’impossible à Dieu, i Luc. i, 36-37. Saint Matthieu nous rapporte, eu termes moins expressifs, la même révélation de la divinité du Messie. Aussi nettement que Luc. il avait affirmé la conception virginale, i, 18 ; et, après avoir relaté le trouble de Joseph trouvant sa fiancée enceinte, il rappelle le signe divin qui ramena la paix dans le cœur du saint patriarche, l’apparition de l’ange, assurant à Joseph que ce qui a élé engendré en Marie est du Saint-Esprit. Puis, invoquant la prophétie dlsaïe il en montre l’accomplissement dans la naissance de l’Emmanuel. La scène de l’annonciation, chez, saint Luc. n’est pas seulement utile pour nous faire connaître la première révélation de l’origine divine du Messie : c’est tout le mystère de l’Hommc-Dicu qui nous y est présenté. Son rôle messianique de Sauveur de l’humanité est tout particulièrement précisé par l’ange dans le nom qu’il assigne au Messie et dans l’explication qu’il do ne de ce nom : « Tu concevras… et tu enfanteras un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. » Luc, i, 31. « Tu lui donneras le nom de Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés. » Matth., i, 27. Jésus signifie en effet « Jahvé sauve ». La forme hébraïque complète du mot est Jehôchouah, par abréviation, Jechouah, dont les Grecs ont fait’IyjooOç et les Latins Jésus. A lui seul, ce nom désignait donc en abrégé la grâce de salut dont le Messie était le porteur pour l’humanité tout entière. Ce n’était pas un nom nouveau : plusieurs personnages de l’antiquité israélite, Josué, l’auteur de l’Ecclésiastique, et d’autres, demeurés inconnus, l’avaient déjà porté. Cf. Luc, iii, 29 ; Col., iv, 11. Mais seul, le vrai Jésus, le vrai Sauveur, devait en réaliser pleinement la signification.

c) La Visitation de Marie à Elisabeth est encore l’occasion d’une double manifestation surnaturelle, l’esprit de prophétie s’emparant successivement d’Elisabeth et de la vierge Marie. A Elisabeth, dont l’enfant tressaille en son sein en présence de Marie, l’Esprit-Saint révèle soudain la faveur incomparable dont la mère de Jésus a été l’objet, et, sous le coup d’une violente émotion, l’épouse de Zacharie s’écrie :

Tu es bénie entre les femmes

et le fruit de ton sein est béni. [moi ?]

Et d’où me vient que lanière démon Seigneur vienne a

Car voici, dès que la voix de ta salutation a retent i a mon

l’enfant a tressailli de joie dans mon sein, [oreille],

Et bienheureuse celle qui a cru que s’accompliraient

les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur.

Luc., i, 12-45.

Le dernier verset fait une allusion évidente au mystère de l’annonciation qu’Elisabeth ne peut connaître que par voie de révélai ion : nouveau mol if de crédibilité de ce mystère et de toutes les vérités qu’il comporte, Mais le v. 13 est une nouvelle affirmation inspirée de la divinité du Messie : Elisabeth salue sa parente du titre de Mère de son Seigneur, iJ.ixtç ToGxuplou Marie (et non Elisabeth, comme l’affirment, à la suite d’une remarque d’Origène, mais à tort, nombre de critiques moderne, ; voir, sur ce point, Ladeuze, R d’histoire ecclésiastique, 1903, p. 623-644, et, dans Fillion, Vie de S. -S. Jésus-Christ, t. i, appendice xix, il i, un bon résumé et une bibliographie suffisante de la question), Marie répond aux louanges d’Elisabeth par le Magnificat, dans lequel, avec l’aveu des grandes