Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/595

Cette page n’a pas encore été corrigée
1171
1172
FÉSUS-CHRIST. SA MANIFESTATION DIVINE


jour chez le* exégètes. Tout d’abord, on peut parler de quatre cousins maternels, (ils de Marie et de Clopas-Alphée, cette Marie étant sœur de la sainte Vierge. Mais il faut pour cela identifier Clopas et Alphée, admettre que deux sœurs aient pu porter le même nom dans la même famille, et traduire dans Joa., xix. 2.">, Mapia r, toû KLw— à comme une apposition de r) àSeXqjr ; T/jç [x/jTpôç aÙTOÛ. D’autres auteurs. insistant sur ce fait que lorsque la mère des « frères du Seigneur » est expressément nommée, Matth., xxvii, 56 ; Marc. xv. 40, on ne trouve plus que deux noms : Jacques et Joseph, déduisent que les frères du Seigneur n’étaient pas tous parents au même degré, lit. à cause de la difficulté d’admettre deux sœurs portant le même nom, on fait des frères du Seigneur des cousins paternels, en dissociant, dans Joa.. xix, 25, Marie de Clopas et la sœur de la sainte Vierge. Et l’on émet l’hypothèse, que i Joseph (époux de la sainte Vierge) avait un frère : Clopas et une sœur : Marie, femme d’Alphée. Dans cette hypothèse. Mapfa f) toû KXw7îà est à traduire Marie sœur de Clopas, et Map (a 7) toû’Iaxoj(30u, Marie, mère de Jacques. On voit que ce sentiment n’admet pas l’identification de Clopas et d’Alphée. De Clopas seraient nés Siméon et Jude, tandis que de Marie seraient nés Jacques et Joseph. (Test la combinaison suggérée par le témoignage d’Hégésippc. celle aussi qui donne le plus facilement satisfaction aux textes du Nouveau Testament. » A. Durand, art. cité, col. 146.

3. Un mot. pour terminer la question de la famille de Jésus, est nécessaire au sujet de la parenté de Marie et d’Élisaheth, mère de Jean le Précurseur. Nous avons déjà effleuré la question à propos de l’origine davidique du Sauveur. Voir col. 1112. Elisabeth était de Famille sacerdotale, « des Biles d’Aaron ►, Luc, i. 5. Elle est cependant parente de Marie, mère de Jésus, Luc. i, 3(>. Les lévites ayant le droit de prendre femme dans toutes les tribus, on conçoit facilement qu’Elisabeth, de la tribu de Lévi et de la descendance d’Aaron par son père, pouvait être du côté maternel, parente de la sainte Vierge : il suffit, pour expliquer ce fait, que leurs mères ou leurs grand’nièrcs aient épousé, l’une un membre de la tribu de Juda, l’autre, un membre de la famille sacerdotale Voir Dictionnaire de la Bible, art. Elisabeth, l. ii, col. 1689.

Sur les « Frères du Seigneur : S. Thomas, Suin. theol., III 1, q. xxviii, a. 3, ad.’i "" ; /n IV Sent.A. IV.dist. xxx, q.n, a. 3, ad I "" ; Compendium théologies, c. i l x.wn ; In enang. Matilm-i. v. xii. One ; Jn Joannts evangel., en, lect.n ; c. vii, lect. i ; In epist. ad Galatas, lect., On ; Suarez, De mgsteriii vitee Christi, disp. Y, sect. i. édit, Vives, t. i. p. 9097 ; Denya Petau, De incarnatione Verbi, I. XIV, <-. m ; Ch. Pesch, Preelectiones dogmaticee, t. iv, Fribourg-en-Brisgau, 1909, n. 606 ; Janssens, Tractatus de Deo homlne, part. II. Fribourg-en-B., 1902, p. 294-298 ; a. Sanda, Synopsis théologies dogmalicee specialis, t. ii, Fribourg-en-B., 1922, §243 ; Van Noort, De Deo redemptore.n. 209 ; Lépicier, Trait, de sancto Joseph, Paris, 1908, part. II, a. 7, q.n ; Tanquerey, Synopsis théologies dogmaticee specialis, Paris, 1913, t. i, n. 1250, etc.

P. Corluy, Les frères de N.-S. Jésus-Christ, dan-, les Études, 1878, i, p..">, 1 15 ; Cornely, Introductio specialis in Itbros. T., Paris, 1885, t. iii, p. 595-602 ; F. Vigouroux, Les frères du Seigneur, dans Les Livres saints et lu critique rationaliste, Paris, 5’édit., 1901, t. v, p. 397-420 ; Schegg, Jacobus der Brader des Herrn und sein Brie/, Munich, 1883 ; Th. Calmes, U évangile selon S. demi, Pari’.. 1904, ». 175 ; Neubert, ’Marie dans l’Église anténlcéenne, Paris, 1908, p. 190-208 ; A. Durand, Les Frères <iu Seigneur, dans la Revue biblique, 1908, p. 8-35 et, en appendice, dans l’JSnfanee de Jésus-Christ tTaprt < les Évangiles canoniques, Pai is, 1908 ; Lagrange, Évangile selon s, uni Mure. Paris, 1911, note, p. 72-89 ; Ami du Clergé, 1912, p. 289-301 ; Fouard, La VU de. s. Jésus-Christ, Paris, 1904, t. t, p. 145-448 ; Flllion, Évangile telon S. Matthieu, Paris, 1898, p. 283 ; VU PV.-.s. Jésus-Christ, Paris, l’.rj^, (. i, ]). 379-383 ; et

appendice XXV, p. 553-555. Voir également A. Durand, Frères du Seigneur, dans le Dictionnaire apologétique de la Foi catholique, t. ii, col. 131-148 ; et, dans le Dictionnaire

de ta Bible, les articles Alphée, t. i, col. 418-419 ; Cléophas, t. H, col. SOT ; Frères de Jésus, col. 2 103-2405 ; Jacques (saint) le mineur, t. iii, col. 1084-1088 ; Joseph (saint), col. 16731674 ; Jade, col. 1806-1807. Voir IIii.viuius, t. vi, col. 21412111, et JACQUES (Epttrede saint), ci-dessus, col. 272-274. On a cité au cours de l’article, les auteurs protestants et rationalistes qui ont renouvelé de nos jours l’hérésie belvidienne, Citons, à rencontre, mais avec la thèse d’Origène, Renan, Les Frères du Seigneur, dans Les Évangiles, Paris, 1877, p. 537 sq. ; J. B. Lightfool, dans son commentaire sur l’épîtreauxGalates, Brelhren 0/ Oie Lard, Londres, 1900, p. 252 sq. ; Harris, The Brethren u/ the Lord, dans le Dictionary o/ Christ and the Gospels, t. i, p. 232 sq.


III. Manifestation messianique et divine de Jésus-Christ.

L’humanité du Christ, si parfaite au point de vue intellectuel et moral, est déjà par elle-même une manifestation vivante de la transcendance de sa personnalité. Et rien qu’en considérant La perfection des sentiments qui ont animé le Christ pendant sa vie et à l’heure de son sacrifice on souscrit volontiers à la profession de toi quelque peu emphatique du vicaire savoyard : i Si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu. » Mais le théologien ne saurait se contenter de ce point de vue superficiel : il doit étudier, jusque dans ses nuances les plus délicates, la manifestation messianique et divine de Jésus.

I. CARACTÈRE « ÉCONOMIQUE » DE CETTE MANI-FESTATION. — 1° Les Pères de l’Église, notamment les Pères grecs, sont unanimes à remarquer le souci pédagogique de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la révélation de sa personnalité. Les auditeurs du Christ diffèrent profondément les uns des autres par leur préparation, leur acquit, leur valeur morale. « Le Seigneur tient le plus grand compte de ces dispositions et y adapte son enseignement : il se révèle plus explicitement aux disciples privilégiés dont il veut faire ses apôtres : il est plus réservé vis à-vis de la foule ; en face des pharisiens, qui n’ont pas l’excuse de la bonne foi et de l’ignorance, il garde moins de ménagements, et quand leurs attaques le provoquent à se découvrir, il ne s’y refuse pas toujours entièrement. Il faut remarquer, de plus, que la révélai ion du Fils de Dieu n’a jamais eu la forme d’un enseignement systématique ; elle s’est poursuivie au contact des mille rencontres que le hasard ou plutôt la Providence faisait naître. Les évangélistes ont été trop respectueux de ces réalités divines et aussi trop dominés par elles, pour les ramener à une forme schématique ; et, à travers ces épisodes, si chargés de vérité et de vie, mais si divers, il est impossible d’imaginer un projet rectiligne et d’en projeter ici le plan. »

i Cependant. si l’on ne prétend pas à trop de rigueur, on peut distinguer, dans l’enseignement du Christ, plusieurs phases successives qui initient progressivement ses disciples à la révélation du mystère. La prédication île Jésus, au début, a surtout le caractère d’un enseignement moral : mais, dès cet le période, le C.hrist apparaît au centre de celle religion qu’il prêche : comme Maître dès cette vie, comme Juge au dernier jour, il saisit les aines avec un Ici empire que l’on est amené à reconnaître en lui une autorité qui lui appartient personnellement et qui est vraiment divine. A côté de celle prédication morale, on peut relever, surtout dans les conversations privées avec des disciples ou des controverses avec les pharisiens, des déclaralions plus directes, ou Jésus, se présentant connue le

Fils de l’homme, tait entrevoir son rôle messianique ; .i pari ir de la scène de Césarée de Philippe, ces commu nical ions de iennent très fréquentes et très explicites :

elles prédisent clairement aux apôtres les souffrances et