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JÉSUS » CHRIST. LES FRÈRES DU SEIGNEUR

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2. En divers endroits des écrits du Nouveau Testament, Matth.,

, 16 ; xiii, 55 ; Mare. m. 31 ; vi.

3 ; Lue., viii, 19 : Joa., n. 12 : vu. 3 : Aet.. t, 14 ; 1 Cor.. i. 5 ; Gal., i. 19, on trouve la mention des t frères de Jésus, dont Matth.. m. 55 et Mare., vi, 3, nous citent les noms. Jacques, Josepb (Josës d’après Mare). Simon et Judas. Ces deux évangélistes nous parlent même des « sœurs de Jésus, id., ibid. ; Saint Epiphane, Hær.. Lxxviii, n. 7. P. G., t. xi.vni, eol. OIS. en signale deux qui se seraient appelées Salonié et Marie. D’autre auteurs les nomment Anna et Salonié, ou encore Esther et Thamar. Cf. Théophylacte, In Matthxum, c. xui, ꝟ. 55, P. (, ’.. t. c.xxiii. col. 293-294 : In Epist. ad Galalas, c. î. v. 19. P. G., t. c.xxiv. eol. 968. De plus, Flavius Josèphe, Antiquitates jud., 1. XX. c. ix. n. 1. rapporte que, vers l’an 02, « fut mis à mort Jacques, le frère de Jésus, qui est appelé le Christ. » Eusèbe lait mention, à la suite d’Hégésippe des descendants de Jude, qui était, selon la chair frère du Sauveur. II. E.. I. III, c. xix, xx. P. < ;., t. xx, eol. 251. Mais pour interpréter correctement cette appellation, il faut tenir compte d’autres données évangéliques. Parmi les saintes femmes qui se tiennent au pied de la croix se trouve Marie, mère de Jacques, Luc, xxiv, 10, que saint Matthieu dit être mère de Jacques et de Joseph, xxvii, 50, et plus expressément encore saint Marc, mère de Jacques le mineur et de Joseph, xv, 40. D’autre part, saint Jean affirme de cette même Marie qu’elle était la sœur de la mère de Jésus, xix, 25, et pour la désigner plus expressément il la nomme Mapîoc T) Toù KXcorâ. Ce Cléophas est vraisemblablement le même qu’Alphéc, Luc., vi. 15 : cf. Act., i, 13 ; Matth., x, 3 : Marc. m. 18. Voir ci-dessus, col. 273. Mais « Marie de Cléophas » signifie-t-il Marie épouse de Cléophas ? Quand les évangélistes énumèrent les apôtres, ils groupent invariablement trois noms qui font penser aux < frères du Seigneur », Jacques d’Alphée, Jude de Jacques (S. Matthieu et S. Marc : ’Thaddée, Lebbée) et Siméon le Cananéen ou le Zélote. Siméon est désigné par Hégésippe, comme un fils de Cléophas, et, ajoute l’historien, « il fut constitué évêque de Jérusalem ; à l’unanimité, on lui donna la préférence, parce qu’il était un autre cousin du Seigneur. > Eusèbe, II. P., t. III, c. xi, et 1. IV. e. xxii. P. G., t. xx, coi. 245 et 380. Il semblerait doue, d’après ces documents, que les frères du Seigneur, enfants de Marie, femme de Cléophas, sœur de la sainte Vierge, fussent des cousins de Jésus-Christ. Cette explication, n’est pas acceptée par tous.

a) Signalons d’abord, bien qu’elle ne soit fias, dans l’ordre chronologique, la première, l’explication d’Helvidius, que nous connaissons surtout par saint Jérôme, De perpétua virginilale beulu* Maria advenus Helvidium, P.L., t. xxiii, col. 193-206, et par saint Augustin. Hær., lxxxiv, P. /… t. xi.ii, col. 46. Helvidius, voir t. vi, col. 2141-2141, niait purement et simplement la virginité perpétuelle de Marie, et entendait en son sens littéral et strict l’expression : frères et sœurs de Jésus. Helvidius se réclamait de Tertullien et de Vietorin de Pettau. Sur la doctrine de Tertullien, voir d’Alès, La Théologie de Tertullien, Paris, 1905, p. 196. Il est bien difficile de défendre Tertullien avec.1. B. Lightfoot, dans son commentaire sur l’épître aux Calâtes, The Brethren of the Lord, Londres, 1900, p. 252, et saint Jérôme l’abandonne comme hérétique. Quant à saint Vietorin de l’ettau, nous ne connaissons sa doctrine sur ce point que par Helvidius et saint Jérôme : or, ce dernier nie catégoriquement que l’évêque de l’ettau ait parlé des enfants de Marie ; il s’est servi uniquement de l’expression évangélique : l’es fi du Seigneur. ( m n’a pas de raisons de révoquer en doute l’assertion de saint Jérôme. Quani à Hégésippe que Zahn, Brader und Vetter Jesu, dans Forschungen

ur Geschichle dus S. T. Kanons, t. vi, fasc. 2, 1900,

et Herzog, La virginité de Marie après l’enfantement. dans Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1907,

p. 321, veulent interpréter dans le sens d’I lelvidius, il est impossible de démontrer positivement que, cet écrivain ait enseigné celle erreur : bien plus, certaines île ses expressions conduisent à une conclusion tout opposée. Voir Neubert, Marie dans V Église anlénicéenne, Paris, 1908, p. 198 sq. Quelques années après Helvidius, la même thèse fut reprise par un moine romain, nommé Jovinien. Voir Haller, Texte und Untersuchungen, t. xvii, fasc. 2, 1899. Au iv siècle, saint Ambroise qui réfuta Jovinien, De irai, virg., c. v-xv, P. L., t. xvi, col. 313-318. taxe de sacrilège l’entreprise de l’évêque hérétique Bonose pour accréditer les idées dl lelvidius. Voir t. ii, col. 1028. Jovinien avait été condamné dans un synode de Milan, et le pape saint Silice avait aussitôt ratifié la condamnation et excommunié l’hérétique et ses adhérents. Bonose, l’année suivante (391) fut condamné au concile de Capoue. Denzinger-Bannwart, n. 91. Cf. P. L., t. xvi, col. 1123, 1125, 1172. De nos jours, la thèse d’I lelvidius est, à des degrés divers, reprise par un certain nombre d’auteurs non catholiques. Voir en particulier, A. Edersheim, The Life and limes of Jésus the Messlah, t. i, p. 251, 304 ; J. B. Mayor, The Brethren of the Lard, dans le Dictionary of the Bible de Hastings, 1. 1, p. 320, et, du même auteur, Epislle of S. James, 1892 et deux articles dans The Expositor, 1908, p. 16, 163 ; Realencgclopadie fur protest. Théologie, art. Maria, t. xii, p. 309 et Joseph, t. ix, p. 361. K. Hase, Geschichle Jesu, 2e édit., p. 07 ; Reuss, Histoire évangélique. Paris. 1X70. p. 137 ; A. Loisy, Evangiles synoptiques, Ceffonds, 191)7. 1. 1, p. 291 ; et Quelques lettres, Paris, 1908, p. 155 ; Maurenbrecher, Weihnachtsgeschichten, Berlin, 1910, p. G ; S. Reinach, Orpheus, Paris, p. 329 ; Pfannmuller, Jésus im Urleil der Jahrhunderte, Leipzig, 1908, p. 0 ; B. Weiss, Leben Jesu, Berlin, 1882, t. i, p. 270-271, etc. Quelques auteurs cependant, comme Renan, Lightfoot et Harris, sans admettre la virginité de Marie post partum, ne retiennent pas la solution d’Helvidius pour vraie. Le point particulier de la virginité de Marie post partum sera étudié à Marie,

b) Une solution, qui eut, pendant quelques siècles, droit de cité dans la théologie catholique, est celle que popularisa d’abord le Protévangile de Jacques et qui fut reprise par Or i gène. Les frères de Jésus seraient des enfants que saint Joseph aurait eus d’un premier mariage. Le document apocryphe fait, en effet, dire à Joseph : « J’ai des fils et je suis vieux ; elle (Marie) est jeune, » ix, 2 ; cf. xvii, 1-2 ; xviii, 1. Cette affirmation a pour objet de sauvegarder la virginité de Marie. Il en était de même, au témoignage d’Origène, In Matth., e. xiii, ꝟ. 55, tome X, v. xvii, P. G., t. xui, col. 876-877, pour l’Évangile de Pierre, aujourd’hui perdu. Le grand exégète d’Alexandrie crut devoir se rallier à ce sentiment : il a, ce faisant, le désir de mettre hors de cause la perpétuelle virginité de la mère de Jésus. Lue. <it.. et In Lucam, homil. vii, P. ( ;., t. xiii, col. 877-878. On retrouve ce sentiment un siècle plus tard, dans saint Hilaire, Comm. in Matthseum, c. i. n. 3-4, P. L., I. ix, col. 922 ; puis chez saint Epiphane, Hær. Lxxviii, n. 7, P. G., t. xi.ii. eol. 7H9 : clieI. saint Grégoire diNysse, In Christi resurrectionem, Orat. a, P.’/'.. t. xi.vm. col. 618 ; chez saint Cyrille d’Alexandrie, in Joannem, t. VII, c. ui-v. P. r, ., ’t. i.xxiii, col. 636-637.

Chez ces auteurs, la pensée est sans ambiguïté. Il n’en esi pas de même chez Clément d’Alexandrie, Eusèbe et saint Justin. Busèbe, II. E., I. il. c. i, P. <’, ., t. xx, roi. 133, rappelant que Jacques, dil le frère du Seigneur, était appelé (ils de Joseph, i n’entend pas

ment parler d’une filiation naturelle ; bien