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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. L’AME Dl CHRIST

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recommandations qu’il avait faites à se*, apôtres,

de s’en aller prêcher dans le plus simple appareil : ni bâton, ni provisions, ni d’argent, pas de rechange pour la tunique ni les sandales. Mat th.. x, 9 ; Marc., vi, 8, 9 ; Luc, ix, 3 ; x, 4. — c) La nourriture de Jésu : Christ devait se composer des aliments les plus communs, ceux qu’il nomme lui-même dans une île ses instructions, le pain d’orge, le poisson, les œufs. Matth., vii, 9, 10 ; Luc. xi, 11, 12. Les apôtres allaient quelquefois eux-mêmes chercher ces provisions, Joa., iv. 8 ; et ils les emportaient avec eux quand c’était nécessaire, Marc. vin. M : mais ordinairement de saintes femmes pourvoyaient à ce soin. Luc. vin. 3. Les apôtres disposaient de quelque argent pour acheter le nécessaire Joa., VI, (>, 7 : mais Judas fut chargé de tenir la bourse et de faire certains achats. Joa.. Mil, 29. Noire-Seigneur accepta parfois des invitations à des festins. Matth., ix, 9-17 ; Luc, vii, 36 ; xiv. 1 : xix, 1-10 ; Joa., ii, 2 ; xii, 1-10 ; certains esprits étroits ont pu s’en scandaliser et l’appeler ( gourmand et buveur de vin ». Matth.. xi, 19 ; Luc, vu. 34. d) L’Évangile ne parle pas souvent du repos de Jésus. Une lois, fatigué du chemin, il s’assied près du puits de Jacob, Joa., iv, 6 ; pendant une traversée du lac de Tibériade, il dort dans la barque, la tête appuyée sur un coussin. Matth., viii, 21 ; Marc, iv, 38 ; Luc, vm, 23. Mais, par contre, l’Évangile relate les nuits fréquemment passées en prière, Luc, vi, 12 : cf. v, 1(5 ; xi. 1 ; Marc, i, 35.

5. Enfin, la réalité du corps de Kotre-Seigneur est encore al testée par les infirmités corporelles qui sont requises pour que le Christ pût réparer en souffrant pour nous. Cf. Luc, ix, 22 ; xvii, 15 ; xxiv, 26, 40 ; AcL. xvii, 3 ; 1 Pet., ii, 21 ; iv, 1, etc. Il ne s’agit pas, évidemment, des infirmités qui, en conséquence du péché originel, amènent une déformation dans la nature humaine, mais simplement des conditions physiques qui rendent possible la souffrance. Le Sauveur, en conséquence, de son humanité, a connu la faim, Matth., iv, 2 : Marc, iii, 2d et vi, 31, la soif, Joa.. iv. 7 et xix. 28, la fatigue après une longue marche, Joa., iv. Ci. le besoin de sommeil. Matth.. viii. 21 : Mari’., iv, 38 ; Luc, viii, 23. Comme nous, il a aussi été’sujet à la mort, dont la vue anticipée lui a causé une vive

répugi : e, Matth., xxvi, 37-42 ; Marc, xiv, 33-39 ;

Luc. xmi. 11-11. Toutes ces indications seront plus tard exploitées par la théologie. Voir col. 1327.

; " L’âme du christ. 1, A plusieurs reprises, le

divin Mailre. parle de son âme : Joa., xii, 27 : < mon ànie I L//, ) est troublée i ; Matth., XX, 28 : « le Fils de l’homme est venu donner son âme (<ja>x^1 v) " c’est-à-dire, sa vie ; Matth., XXVI, 38 : ( mon aine est triste jusqu’à la mort » ; Luc, xxxiii, 46 : < je remets mon esprit (7TveG(uc) entre vos mains. » Les écrivains sacrés la mentionnent directement, racontant que Jésus connut dans sou esprit t (tô> TTVEÛfvaTl), Marc, il, 8 ; qu’il frémit, qu’il fut troublé < dans son esprit Joa.. m, . ;  :  ;  : xiii, 21 ; qu’il gémit < dans son esprit Marc, viii, 12 ; qu’il < rendit l’esprit (to 77Vïôu.a). Matth.. xxvii, 50 ; Joa., i. 30. Mais c’est surtout indirectement que nous connaissons [’existence de l’âme de Jésus, par les manifestations de son activité naturelle et surnaturelle.’J. La sensibilité de son âme se inanité- le. par les émotions, joeuscs ou tristes, douces ou pénibles, et SUTtOUt par les émotions douloureuses qu’a ressenties le Christ.- n) Disons tout d’abord que, nonobstant les émotions même les plus vives, l’âme tle Jésus

se i édail toujours pleinement ; rien d’excessif n’y

isait, et tout y était dans l’ordre. Tel se mollira JésUS a (icthséinanC, où les émoi ions de son âme furent

pourtant si viveSJ Cf. Matth., xxvi, 36 16 ; Marc,

xrv, ꝟ. 12 : Luc, wii, .".’.t 16. Et Jésus lui-même

montre comme il contrôle et domine immédiatement sa sensibilité. Joa., xii, 27-28. Le calme de Jésus est toujours parfait et admirable : calme au milieu de la tempête, Matth.. viii. 24-26 ; Marc, iv, 37-39 ; Luc, vm. 23-25 : calme en face des démoniaques qui interrompent sis discours, Marc, i, 22-26 ; Luc, iv, 3335, etc. ; calme devant ses adversaires qui l’insultent ièrement, Matth., ix, 3 ; Luc, vii, 49 ; xi, 45 ; xiii. 14 ; Joa., vii, 20, etc., ou qui veulent le frapper. Luc. i. 28-30 ; Joa., vii, 30 ; viii, 59, etc. On pourrait citer d’autres exemples, la réponse du Sauveur aux menaces du tétrarque llérode Antipas, Luc, xiii, 3233 ; sa réponse à l’orgueilleux Pilate, Joa., xix, 11 ; le calme serein avec lequel il s’avance à la rencontre de ses bourreaux. Matth., xxvi. 45-46 ; la paix dans laquelle il rend son dernier soupir. Luc, xxiii. 1(>, etc.

lis ovations populaires ne l’atteignent pas plus que l’ingratitude des hommes. Il n’est point sans ressentir les unes et les autres… ; mais sa belle âme planait au-dessus… A son entrée triomphale à Jérusalem, il se possède comme devant les tribunaux, et l’Hosanna au lils de David ne trouble pas plus sa sérénité que les cris tumultueux de la foule au prétoire. » Mgr Landriot, Le Christ de la tradition, t. ii, ]). 348-349. — b) Néanmoins, Jésus a connu dans une certaine mesure les émotions violentes et douloureuses. lue lois, saint Marc, iii, 5, lui attribue un sentiment de colère ; mais plusieurs fois l’indignation paraît dans les menaces proférées par le Messie, Matth., ix, 30 ; xi. 2(1-21 ; xvi. 23 ; xxi, 19 : xxiii, 1-39 ; Marc, i, 25 ; vm, 33 ; ix, 21 ; x, 14 ; xi, 14 ; Luc, IV, 35 ; ix. 55 ; xi. 39-52 ; xiii. 15, ou encore dans les actes de répression ouverte auxquels il se livre sur les vendeurs du temple. Matth., xxi, 12-13. C’est surtout â Gethsémani et au Calvaire que le Sauveur fait la douloureuse expérience de la crainte, de l’effroi, de la tristesse et du dégoût : ccepit contrislari et mœstus esse, Matth., xxvi, 38 ; ccepit paverc et lœdcrc, Marc, xiv, 33 ; factus in agonia, Luc, xxii, 43. « Mon âme est triste jusqu’à la mort », s’écrie Jésus lui-même. Matth., xxvi, 38. Et c’est un cri de détresse qui s’échappe de ses lèvres, au moment d’expirer : Eli, EU, lamma sabacthanif Matth., xxvii, 16. Com ment de tels sentiments de tristesse pouvaient-ils s’accorder avec l’état de bonheur que l’union hypostatique devait créer dans l’âme de Jésus ? La théologie devra répondre à cette question. — c) D’autres sentiments très humains et d’ordre sensible paraissent encore dans l’âme du Sauveur : la joie. Luc, x, 21 ; l’admiration et l’étonnement. Matth., viii, 10 ; Marc, vi, 0. C’est la meilleure preuve que la présence de la divinité, bypostatiquement unie â l’humanité, n’entravait nullement le cours normal des phénomènes humains dans l’âme de Jésus.

3. L’intelligence du Sauveur. - a) Le divin Maître s’est proclame la - lumière du monde », Joa., viii, 12 ; il esi la vraie lumière qui éclaire tout homme venant eu ce monde, i. 9. A la lumière du Christ s’opposent les ténèbres de l’erreur et du mal, Joa., i, 5 ; iii, 19 ; cf. Matth., vi. 22-23 ; Luc. xxii, 53. L’intelligence humaine du Sauveur a été le phare de cette lumière de vérité. La science du Christ a été aussi parfaite que le requérait sa mission. II est venu sur terre i plein de grâce et de vérité. » Joa., i. 14. Et lui-même déclare à Nicodème : Nous parlons de ce que nous savons, nous attestons ce que nous avons vu. » Joa., iii, 11. Il s’agit ici des hauts mystères, cachés dans la science divine elle-même. Et Jésus atteste qu’il a reçu communication de ces mystères : i Personne n’a jamais vu Dieu, dit-il : le Fils unique, qui est dans le sein du l’ère, a lin même révélé les mystères divins. » Joa., i, 18. D’ailleurs le prophète lsaïe avait prédit que se reposerait sur le Messie l l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et l’esprit de science… »