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JÉSUS-CHRIST. LA VIE JOURNALIÈRE 1)1 CHRIST
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foule, avant de commencer son discours sur la montagne. Luc, vi. 20. La voix de Jésus savait prendre

les diverses intonations humaines, traduisant ainsi les sentiments cle l’âme humaine « lu Sauveur : i tour à tour, elle se faisait ferme et sévère, lorsque Jésus était contraint d’adresser un reproche, Matth., iv, l.

G, 10 ; xvi. l-l. 23 ; ou d’intimer un ordre à l’accomplissement duquel il tenait. Mare., i. 25, 43 ; i. 39 ; terrible pour prononcer un réquisitoire, Matth.. xxiii. ou une sentence de damnation, id., xxv, 41 ; en d’autres circonstances, ironique et méprisante. Matth.. iv. 1-10 : xxi. 27 ; Mare., m. 17 ; Lue., xiii. 15-16, 32 : autoritaire. Matth.. xxi. 1’.' : Mare., v. Il : Luc. vu. 1 I ; Joa., xi. 43 ; joyeuse. Matth.. vin. 10-11 ; Mare… 20-31. ou triste. Matth.. xi. 20 : Mare., x. 23-25 ; Joa., xiii. 27. infiniment tendre. Matth.. xxv. 31-40 ; Joa., i. 20-27. l-’illion, op. cit., p. 386-390.

3. Quant aux traits physkjues de Jésus-Christ, nous en sommes réduits aux conjectures ; à cause dis., lu. 13-liii. 12. voir eol. 1121. un assez, grand nombre d’auteurs des premiers siècles avaient imaginé que Jésus était laid de visage, petit, sans aucune distinction extérieure. Ainsi pensaient saint Justin. Dialog., n. 11. P. G., t. vi. col. 505 ; Clément d’Alexandrie, Strom.. 1. VI. c. xvii : Psedag., 1. III. c. 1, n. 3. P. G., t. ix. col. 381 ; t. vin. col. 557 ; Tertullien, De carne Christi. c. m : Adv. Judœos, c. xiv, P. L.. t. ii, col. 801, 679 ; et plus tard saint Basile et saint Cyrille « l’Alexandrie. Au cours des siècles, l’opinion contraire a prévalu, s’autorisant de Ps., xliv, 3, epai déclare le Messie le plus beau des fils des hommes, > et après saint Jérôme. Epist. lxv ad Principiam uirginem, n. S ; Comm. in Matth.. I. IX.c.ix. v 9, P. L., t.xxii, col. 627 ; t. xxvi. col. 57 : saint Augustin, De Trinilate, I. VIII, c. iv. n. 7. P. /… t. xlii. col.’.1.51 ; et, chez les grecs, saint Jean Chrysostome, In Mtdlhxum homilix, xxvii. n 2 P.’L. t. i.vii. eol. 310. les grands théologiens l’ont accueillie presque unanimement. Cf. S. Thomas. Sum. theol., UL. q. xiv. a. 4, et Comm. in ps. xliv-, Suarez, De incarnatione, disp. xxxii, sect. 2. D’après Legrand, De incarnatione, rliss. ix, le Christ n’était ni beau ni laid. Thomassin, De incarnatione, I. IV, c. vu. est partisan de la laideur. L’évangile nous dit simplement « iue le Verbe incarné nous est apparu i plein de grâce et de vérité », Joa., i, 14, que les foules l’entouraient, pleine d’admiration pour. « les paroles de grâce qui sortaient de sa bouche ►. Luc. iv. 22. Faut-il entendre ce mot grâce, en un sens plénier, qui inclue la grâce corporelle ? L’ascendant exercé par Jésus sur les foules semble bien suggérer cette interprétation. Voir Mgr Landriot, Le Christ et la tradition, Paris, 1865, t. ii, p. 291-294. F. Vigouroux, Le nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, p. 402-405 ; J. A. Van Steenkiste, De pidchriludine Jesu corporali, dans son Evangelium sec. Matth.. Bruges, 1882, t. iv, p. 1464-1468. Il est inutile de rappeler que nous ne possédons aucun portrait authentique de Jésus-Christ : les plus anciennes images peintes dans les catacombes sont des œuvres d’imagination, et, d’ailleurs ne sont pas antérieures au iv siècle ; voir Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, art. Catacombes (Art des), t. n. col. 2777. Il « si pareillement difficile de dire quel élément historique peut exister dans la légende de la face de Jésus-Christ reproduite sur le voile de Véronique, ou de l’empreinte laissée par le corps du Sauveur sur le sain ! suaire. Même en ne reconnaissant pas l’authenticité d « -s reliques « pion nous présente sous ces noms, notre piété envers Jésus-Christ n’a rien a perdre. Par ailleurs il n’esl pas besoin d’être un critique bien audacieux pour déclarer apocryphes, le portrait et la lettre envoyés par Noli c-Seigneui a Abgar, les images attribuées a Nicodème, ; i saint

DICT. DE THÉOL. (A 1 11’. I..

Luc et les achéropita. MarUCChi, Eléments d’archéologie chrétienne, 1. 1, Paris-Rome, 1900, p. 31 1. Voir

ABGAR, t. 1, eol. 07-73 et dans le Dictionnaire d’archëo logie, l’article Abgar ( Légende « P). Les descriptions de la physionomie « le Notre-Seigneur, celle « le saint Jean Damascène, Epist. ad Theophilum, n. 3-4, P. G., t.xcv col. 319 : celle de Nicéphore Callisle. Hisl., 1. I. e. i. ; cꝟ. 1. 11. c. vu. xi.iii : I. VI, C. xv. P. G’., t. c.xi.v.eol.747 ; et celle, très certainement apocryphe, de Publius Lentulus, cf. Fabricius, Codex apocryphus Novi Testamenti, Hambourg, 1719, t. i, p. 301-310, semblent, à cause de leur ressemblance, procéder d’une source commune antérieure. La statue, élevée par l’hémorrhoïsse de l’évangile, â Panéas, en l’honneur du Christ, au dire d’Eusèbe, H. E., t. I, c. xiii, P. G., t. x, col, 120 sq., si tant est que celle statue ait représenté le Christ, a pu servir de modèle aux images orientales et aux nouvelles images introduites en Occident â la fin du ive siècle.

Sur la physionomie de Jésus : Philpin de Ri 1ère, La physiologie du Christ, Paris, 1899, p. 250-270 ; Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2 édit., p. 386-388 ; E. von Dobschiltz, Christusbilder. Untersuchungen zur christlichen Légende, dans les Texte und Untcrsucliungen, t. xviii, 1899 ; F. X. Kraus, Real-Encyklopâdie der christlichen Alterthùmer, t. ii, p. 7-28 ; Hastiuns, Dictionary of Christ and the Gospels, t. i, p. 308-31 G ; Gliiekselig, Studien ùber Jésus Clu-istus und sein wahres Ebenbild, Prague, 1863 ; Ch. Mariamis, Jésus und Maria in ihrer àusscren Gesialt und Schônheit, Cologne, 1870 ; G. -A. Muller, Die leibliche Gestalt Jesu Christi, Graz, 1909. Voir également, parmi les rationalistes, K. Hase, Geschichte Jesu, Leipzig, 1891, p. 321-330 ; Th. Keim, Geschichte Jesu von Naxara, Zurich, 1867, t. i, p. 459-464 ; et Farrar, The Life o/ Christ in Art, Londres, 1894 ; J. L. French, Christ in sacred Art, Londres, 1900.

1. Il convient d’ajouter ici quelques traits relatifs â la vie journalière du Christ. — a) A l’annonciation Marie habitait Xazareth : c’est donc là qu’eut lieu l’incarnation ; la naissance du Sauveur doit être placée â Bethléem, cf. col. 1141. Après le retour d’Egypte, Joseph lixa le séjour de la sainte famille à Nazareth, Matth., ii, 12-13, où Jésus vécut jusqu’au moment de sa vie publique. Pendant sa vie publique, le Sauveur n’a plus de demeure fixe : Capharnaùm, que saint Matthieu, ix, 1, appelle < sa ville » était le centre principal d’où rayonnait son activité. Joa., ii, 12 : Matth., iv, 13. Sans doute, un disciple y avait-il mis une maison â sa disposition. Mais le divin Maître dut recevoir fréquemment l’hospitalité. L’Évangile nous en cite quelques exemples : Simon le pharisien, Luc, vii, 36-50 ; Simon le lépreux, Matth., xxvi, 67 ; Marc, xiv, 3 ; Joa., xii, 1-3 ; Zachée, Luc, xix, 1-10 ; le propriétaire du Cénacle. Matth., xxvi, 18 ; Marc, xiv, 13-15 ; Luc, xxii, 11, 12. Mais, dans ces exemples, il ne s’agit pas d’une hospitalité prolongée, telle qu’on la soupçonne exister là où Nicodème vint trouver Jésus « de nuit », Joa., iii, 2, et surtout chez Lazare et ses sœurs. Souvent aussi, quand le Maître se retirait loin des villes et des bourgades, il pouvait dire « pie le Fils de l’homme n’avait pas où reposer sa tête, tandis « pie les chacals ont leur tanière el 1rs oiseaux leur nid. Matth. vin, 20 ; Luc, ix, 58. — b) Le costume du Sauveur ressemblait a celui du commun des Galiléens, avec le turban Ilot tant d’usage invariable parmi ses compatriotes et indispensable sous le climat de Palestine, surtout en voyage. Jésus avail uni’tunique sans couture. Joa., iii, 2. ;. Pour tout le reste, couleur, forme, non, en sommes réduits.< de simples probabilités. Les chaussures étaient des sandales retenues par des cour-Matth. , iii, 1 1 ; Marc, t, 7 : Luc, m. 16 ; Jo

27. Nous sommes certain toutefois « pie la plus grande

simplicité régnait dans le vêtement du Christ : il avail dû mettre pour son compte personnel en pratique les

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