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JÉSUS-CHRIST. LE CORPS DU CHRIST


pas l’égalité divine comme une proie, niais il se dépouille lui-même, | en] prenant la forme de l’esclave et devenant semblable aux hommes : et reconnu homme, par ses dehors (lesquels manifestaient la réalité de sa nature), il s’abaissa, se faisant obéissant jusqu’à la mort et jusqu’à la mort de la croix, i I’hil.. h. 6-8. Cf. Hypostatique (Union), t. vii, col. 447-4 19.

La formule : èv a’J7Ô> xoCTOUceï -âv -6 7r).Tjpw[ix tîjç 0sôt/ ; to ; a<o[iaTixwç, Col., n. 9, est significative par l’emploi d’une part du mot ->.r, p<ou.’z si en vogue plus tard parmi les gnostiques et d’autre part de l’adverbe si énergique uojjxaTixûç. Elle montre que saint Paul, en affirmant la réalité de l’humanité du Christ, par rapport à notre rédemption, entendait fermer la bouche au docétisme. auquel il fait une évidente allusion dans I Tim., vi, 20. ("est contre cette « science qui n’en mérite pas le nom, » qu’il affirme solennellement « qu’il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus (fait) homme : i |1, Sc(t7)Ç ©sou xal àvôpcoTTcov avGpcorcoç Xpurràç’Lqaoûç, I Tim., a, 5.

3. Cette préoccupation antidocète, nous la retrouvons plus accusée encore, chez saint Jean. L’affirmation solennelle du début de son évangile : Le Verbe s’est fait chair (c’est-à-dire : homme) et il a habité parmi nous, i vise nettement et explicitement la réalité de l’humanité du Sauveur. Voir Incarnation, t. vii, col. 1446-1447, et Hypostatique (Union), ibid., col. 446-447. Mais dans les épîlres, c’est bien le docétisme qui est combattu : « Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas ce Jésus n’est pas de Dieu, c’est celui de l’Ant ichrist. i I Joa., IV, 3. « Plusieurs séducteurs ont paru dans le monde ; ils ne confessent point Jésus comme Christ venu en chair : c’est là le séducteur et l’Antichrist. » II Joa., 7. Ces allusions au docétisme naissant font comprendre le début île la l r’épître : Ce qui était dés le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nus yeux, ce que mais avons contemple et ce que nos mains ont touché du Verbe île pie. » C’est encore une attestation de la réalité de l’incarnation qu’on trouve dans ce verset : » C’est lui qui est venu par l’eau et le sang. Jésus-Christ, non dans l’eau seulement, mais dans l’eau et dans le sang, i 1 Joa., v, (i : allusion évidente au baptême du Christ et à sa passion non moins qu’à l’eau et au sang sortis du côté de Jésus en croix. Cf. Lebreton, Les origines du dogme île la Trinité, Paris. L910, p. I27-I2.S. D’ailleurs le réalisme intransigeant de saint Jean, en ce qui concerne la chair du Christ, est une des notes caractéristiques de son évangile spirituel. Le chapitre vi, dans le discours eucharistique qu’il contient, est significatif à cet égard. Saint Jean y accentue le caractère physique de l’union du fidèle au Christ : » Si VOUS ne mangez la chair du Fils de l’homme et si ous ne buvez sou sang. VOUS n’avez pas la vie en vous, i Joa.. VI, 54. Et la chair du Christ est pour la chair de l’homme le gage d’une i ésurreel ion glorieuse.. 55. I.’eucharistie est une telle preuve de la réalité de la chair du Christ que précisément les doceles s’abstiendront de prendre part au banquet sacré, parce qu’ils ne croient pas a l’humanité du Sauveur. S. limace. Snu/rn., vii, 1. Cf. Lebreton, <>i>. cit.. p. 10$1-$205.

Entrons dans quelques détails particuliers, plus significatifs, pour mieux marquer la realité de l’humanité du Christ, soit dans son corps, soit dans son aine.

1 ! " Le corps du Christ. 1. C’est par le mot chair

que saini Jean, nous lavons vii, désigne l’humanité,

puce que la chair est la portion visible de celle humanité ; saiul Paul nous dit également que le Christ pacifie par le sang de sa croix, » réconcilie - dans le COrpS de Sa chair.’Col., I, 20, 22 ; Jésus n’a 1 il pas

participé i à la chair et au sang » afin de détruire par la mort celui qui avait l’empire de la mort’? lleb., Il, 14. Nier la réalité du corps du Christ, ce ne serait pas seulement rejeter la réalité de son humanité complète et parfaite dont nous venons, en traits généraux, de démontrer l’existence, ce serait encore s’inscrire en faux contre la multitude des détails relevés par les évangélistes touchant les gestes habituels, les mouvements familiers du Sauveur.

2. Ils nous le montrent. en elïcl. dans diverses attitudes ; tantôt debout, Marc, iv, 39 ; Luc, viii, 24 : Joa.. vii, 27 : xiv..’il : tantôt assis. Mat th.. v. 1 ; xin. 2 ; xxiv, 5 : XXVI, 55 ; Marc, iv, 1 ; xii. Il : xiii, 3 ; Luc, IV, 20 : v, 17 ; Joa.. îv. Il : nui. 2. Parfois, il est étendu sur un divan, selon la coutume d’alors, pour prendre ses repas, Matth.. xxvi, 7 : Marc, xiv, 3 ; Luc, vii, 37 ; xi. 37 : Joa.. xiii, 1-1 ; ou bien il dort allongé sur le pont d’une barque, la tête appuyée sur un coussin. Marc, iv, 36. S’il prie, il est ou agenouillé, Luc, xxii, 41, ou prosterné par terre. Matth., xxvi. 30 : Marc. xiv. 35. Ses mains rompent les pains avant de les distribuer. Matth.. xiv.ltl : xv, 36 : XXVI, 26 et passades parallèles de Marc et de Luc ; Luc, xxiv. 30 ; prennent la coupe consacrée et la liassent aux apôtres, Mal th.. xxvi. 27 : Marc. xiv. 29 ; Luc, xxii. 17 : bénissent les petits enfants. Matth., xix, 13, 15 : Marc, x, 16 ; Luc, xviii, l.">, et les disciples, Luc, xxiv, 50 ; louchent les malades pour les guérir, Matth.. viii. 3 ; 15 ; ix. 29 ; xx. 34 ; Marc, i. 31 : viii, 23 ; Luc. iv. 10 ; v, 13 ; xxii, 51, etc. : et les morts pour les ressusciter, Matth.. ix. 5 : Marc, ix, 41 ; Luc, vu. Il : viii. 5 1 ; chassent les vendeurs du temple et renversent les tables des changeurs, Matth., xxi, 12 ; Marc, xi. 15 ; Joa., ii, 15 ; lavent humblement les pieds des apôtres. Joa., xiii. 5. Son corps tout entier se meut. « soit lorsqu’il se baisse et saisit saint Pierre qui s’enfonçait dans les eaux courroucées du lac, Matth., XXV, 31 ; soit lorsqu’il place à ses côtés, pour donner une leçon aux Douze, un petit enfant qu’il baise affectueusement, Matth.. xviu. 2 : Marc, ix. 35 ; xiii, l(i ; Luc. ix..17 : soit lorsqu’il se penche et écrit avec son doigt sur le sol, en face des accusateurs de la femme adultère. Joa., %iu. S ; soit lorsqu’il tourne le dos vivement à l’un de ses interlocuteurs, pour marquer son mécon teiitement, Matth., XVI, 23 ; Marc. viii. 33 : Luc. îx. 55 ; ou qu’il se retourne vers ses auditeurs pour donner plus de poids à ses paroles. Luc. vu. 9 ; x. 23 : xiv. 25 ; xxui, 28 ; cf. Matth.. ix, 22 : Luc. vii. Il : Joa., i. 38. Le plus émouvant de lous ses gestes fut certainement celui qu’il lit sur la croix, en inclinant la tête au moment où il exhalait son dernier soupir. Joa.. xix. 30. Que de fois aussi, les évangélistes ont noté les regards de Jésus ! Regard droit et bien en face, sur Simon, la première fois que Jésus le rencontra. Joa.. i. 42 ; regard pénétrant et douloureux sur le même apôtre dans la cour du palais de Caïphe après le reniement, Luc. xxii, 61 ; regard rempli de tendresse sur le jeune homme riche, mais lâche. Marc. x. 21 ; regard brillant de colère sur ceux qu’aveugle l’incrédulité, Marc, m. 5 ; regard aimable SUT Zacliéc. Luc. xix. 15 ; regard bon sur l’hémorrhoïsse, Marc.. 32 ; regard mélangé de tristesse et d’admiration sur les riches qui jettent avec ostentation leurs aumônes et la pauvre veuve qui dépose timidement son obole. Maie., xii. Il 12 ; regards pleins d’une muette indiquai ion. au soir de son entrée triomphale, condamnant les abus qui s’étaient Introduits dans les parvis

du temple, Marc, xi. 1 1 : regards admirables d’extase, quand le Christ levait les yeux au ciel pour prier Dieu. Matth., xiv, 19 ; Marc.vi, 11 : vu. 31 : Joa.. xi. Il : x

. i. Jésus aimait a regarder ses apôtres et ses, i ciples avant de leur parler, Matth., xix. 26 ;.Marc. m. 51 ; iii, :  ;  ; i ; x, 27 : Luc. VI, 20 ; et il regardait ainsi la