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JÉSUS-CHRIST. SA MANIFESTATION HUMAINE


de protestants, II. Wendt, Die Lehre Jesu, 2e édit., Gœttingue L901, p, 124 ; Dalman, Die WorteJesu, Leipzig, 1898, t. i. p. 202-204 ; 231 : Spilta, Streitfragen der hichteJesu, Gœttingue, 1907, p. 157-172, et même Keim, Geschichte Jesu, 1. 1. p. 326-328

Mais comment devons-nous établir la filiation davidique de Jésus-Christ ? Devons-nous accepter les généalogies dressées par saint Matthieu et par saint Luc.’Les rationalistes ont accumulé contre elles tant d’objections : on les dit contradictoires, parce qu’elles ne concordent pas entre elles : Inutiles, parce qu’elles aboutissent à Joseph, qui n’est pas le vrai père de Jésus, ou, si Jésus doit être dit lils de David par Joseph, inconciliables avec le dogme de la conception virginale <lu Sauveur : impossibles à vérifier et, somme toute, établies après coup pour justifier devant la conscience chrétienne la descendance davidique de Jésus-Christ. Nous retrouvons ici encore les noms de l.oisy. a. Réville, 0. Holtzmann, .J. Weiss, etc. Il n’appartient pas au théologien de discuter dans le détail ces objections, aussi vieilles que l’Église et déjà proposées par Celse, Julien l’Apostat et Fauste le manichéen. On se reportera à l’art. Généalogie de JéSUS-Christ dans le Dictionnaire de la Bible, t. III, col. 166, pour avoir les solutions des diverses dillicultés. Ce qu’il importe de remarquer, au point de vue de la réalisation des prophéties, c’est que, même en admettant que les deux généalogies de Matthieu et de Luc soient par Joseph et n’indiquent pour le père légal qu’une filiation davidique légale, il n’en est pas moins vrai que Jésus, par Marie, possède une filiation davidique naturelle. Une tradition très ancienne, reçue par saint Ignace d’Antioche, Ad Eph., xviii, 2 : Ad Trall., ix, 1 ; Ad Snujrn., i, 1, éclit. Funk. Paires apostoliei, Tubingue, 1901, p. 227, 249, 277 ; par saint I renée, Conl. Hsereses, t. III, c. xvi, n. 2 ; c. xvii, n. 1 ; P. G., t. vii, col. 921, 929 ; par saint Justin. Dialog., n. 43, 15, 100, 120, P. (, .. t. vi. col. 567, 572, 709, 753 ; par Tatien, Dia/essaron, 5, 13 ; parTertullien, Adi>. Marcionem, 1, III, c. xvii, xx ; l. IV, ci ; I. V, c. viii ; De came Christ Lc. xxii.P. L., t. ii, col. 373, 378, 391, 521, 831 ; et plus tard, par Eusèbe, Demonsl. evang., I. VII, e. iii, n. 10, P. G., t. xxii. col. 565, nous atteste que Jésus, par M arie, est, selon lu chair, de la race royale de David. S’il n’est point probable que les mots èÇ otxou Aa’jelS Luc, i, 27, tombent sur la Vierge ou sur Joseph et la Vierge conjointement, il est certain que Luc suppose à la vierge Marie une origine royale, i, 32, (> !  : et saint Paul l’insinue également, Rom., i. 3 : II Tim., ii, .S ; Ileb.. vii, 14. il semble donc que soit condamnée d’avance la thèse des néo-critiques, rattachant Marie à la tribu de Lévi. II. Kwald, Die drei ersten Evangelien, 1850, p. 180 ; F. Spitta, Der Brief des Julius A/ricanns. Halle. 1877, p. II ; il. J. Holtzmann, Die Synoptiker, p. 310 ; J. Weiss, Die Schriften des S. T., t. i. p. Ilii, etc. La parenté de Marie avec Elisabeth, Luc, i, 36, laquelle comptait parmi les filles d’Aaron, prouve simplement qu’un mariage avait été contracté auparavant par un membre de la famille de David et de la Vierge et une descendante d’Aaron. Depuis longtemps, saint Augustin, Contra Fauslum, I. XX III. c. hv, i. avait réfuté ce sophisme de Fauste. P. /… t. m.ii. col. 1(17. 471.

Les textes du’testament îles douze patriarches, Siméon, 7 ; (.ad. 8 ; l.évi. 2 ; Dan..". : Joseph. 19, rattachant le Sauveur à la tribu de Lévi, attribuent à Jésus une

origine lévitique au sens spirituel, pour désigner qu’il sera aussi prêtre. Mais il est selon la chair de la tribu

de Juda. Juda, 19, La double origine est bien exprl mée dans le Testament de Siméon : Le Seigneur fera sortir de Lévi un prêtre, et de Juda, un roi, Dieu

et homme. Sutla convenance de l’origine davidique

du Sauveur, et, par elle, de l’incarnation par voie de

génération humaine, voir Incarnation, t. vii, col. 1 170.

3° Jésus homme, soumis aux lois qui régissent le déneloppement de l’humanité. — Notre-Seigneux Jésus-Christ, dès les premiers instants de son existence, apparaît homme comme les (mires hommes soumis aux mêmes développements. — 1. Conçu par la vierge Marie, il naît a Bethléem, après les neuf mois de gestation exigés par les lois naturelles. Dès l’instant de la conception et de la naissance se vérifie la parole de saint Paul, habita inventas ut homo. l’hil.. n. 7. Cette parole se vérifie aussi dans la marche de la croissance humaine de Jésus, mieux relatée par saint Luc que par les autres évangélistes. Avant même de signaler les progrès intellectuels et moraux de l’Kufanl-Dieu, Luc indique les différentes phases de son développement physique, nous le montrant tour à tour à l’état d’embryon dans le sein de sa mère, i, 42, ppécpoç èv rf) y.oiXta ; petit enfant, tô raiStov, ii, 17.27, 40 ; cf. Matth., ii, 13-14 ; 20-21 ; et enfant, jracïç, ii, 13. La croissance physique est expressément marquée pour Jésus, ii, 40, comme elle avait été marquée pour. Jean-Baptiste, i. 8, réalisant la prophétie d’Isaïe. i.iu, 2. Jésus grandit donc et se développe d’après les conditions ordinaires.

2. Bien plus l’évangéliste parle d’un accroissement analogue dans sa vie intellectuelle et morale. Au v. 10, il avait simplement affirmé que « le petit enfant croissait et se fortifiait, plein de sagesse, et [que] la grâce de Dieu était en lui ; » mais au t. 25, avec plus de netteté, il affirme que Jésus avançait en sagesse et en âge (en taille) et en grâce devant Dieu et devant les hommes. » Les paroles de Luc ne peuvent s’entendre que d’un développement réel, progressa : et cette affirmation, sous un certain rapport, marque mieux, semble-t-il. la réalité de l’incarnation du Verbe, Dieu sans doute, mais homme aussi. Mais, sous un autre rapport, cet accroissement intellectuel et moral ne va pas sans faire difficulté, car, en raison de l’union hypostatique, l’intelligence du Christ n’at-elle pas obtenu du premier coup, la plénitude de son objet, la sainteté de Jésus n’a-t-elle pas été parfaite ? Nous aurons â résoudre plus loin le problème théologique que soulève cette difficulté ; mais retenons, comme acquise, l’assertion d’un’progrès réel dans la science expérimentale du Christ, et dans l’exercice extérieur des vertus. Cf. s. Thomas, Sum. theol., III », q. xii, a. 2, ad 1° » >. Cette solution, provisoirement retenue, il devient facile d’exposer, au point de vue historique et exégétique, à la lumière de l’évangile, interprété par les l’ères et par les théologiens, ce que fut le progrès intellectuel et moral du Christ enfant. Problème délicat entre tous, que jusqu’ici, aucune pensée humaine n’a pu résoudre d’une manière complètement satisfaisante, » avoue un protestant orthodoxe plein de foi, le D r Keil, Kommentar aber die Evangelien tics Mariais und des Lukas, Leipzig, 1879, p. 244.

3. Sans doute, une âme aussi parfaite que celle du Christ n’a pas eu réellement de maître, selon l’aeccplion habituelle du mot. Cependant comment ne pus admettre, sur le développement de sa science expérimentale, l’influence du milieu dans lequel Jésus a vécu et grandi, l’influence de la Palestine en général, de la Galilée et de Nazareth plus particulièrement, de Nazareth où devait s’abriter et se recueillir toute la vie cachée du Sauveur. celle influence qui explique l’amour de Jésus pour son peuple et sa patrie ? D’autre part, que de sujets de comparaisons, ulilisés

plus tard dans les discours du Maître, et empruntés a la nature, si riante et si riche, des environs de Naza

reth. Partout, dans la nature. Jésus contemple les vestiges du Dieu tout puissant et infiniment bon.

Mat th., vi, 26-30. Le monde des plantes et des anl-