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1131 JÉSl S-CHRIST ET LES D0C1 MENTS DE L’AGE APOSTOLIQ1 I 1132 loi que le Christ demeure éternellement, i Joa., xii, 34 ; cf. Targ. Jonath., 1s., ix, 6. Pour la bibliographie générale, se reporter à Fils de Debu, coi. 2 : i ? : i. II. LE VERBE OU 10008. — Nous avons fait observer plus haut, col. 1125, que ni la « Sagesse », ni la « Parole n’ont été. dans L’Ancien Testament, rapprochée* du Messie. Leur théologie marque une voie parallèle à la voie du messianisme, mais sans point de jonction. Cette assertion est peut-être plus vraie encore de la théologie du Verbe ou Logos dans le judaïsme alexandrin. Kl pourtant, à cause de l’influence qu’a pu exercer la philosophie alexandrine sur la rédaction de certains écrits du Nouveau Testament, et très particulière meut sur les concepts de Fils (Col., ileb., ) ou de Verbe (Joa.), il est indispensable, avant d’aborder l’étude de Jésus-Christ dans le Nouveau Testament, de connaître la pensée des Juifs alexandrins et notamment de l’hilon. L’étude a été faite à lus de Dieu, t. v, eol. 2373-2386. Nous ne devons ici qn’en résumer les conclusions. > Le logos philonien (le seul qui intéresse directement la théologie de Jésus-Christ), est conçu comme un intermédiaire entre la divinité transcendante et le monde, et plus particulièrement l’homme. Il est la première des puissances intermédiaires entre Dieu et le monde ; il est le premier des anges, que Philon identifie avec « l’ange du Seigneur » dont parle l’Ancien Testament. A la manière platonicienne, le Logos, par rapport au monde, est une idée ou plus exactement l’idée exemplaire du monde, la synthèse, l’ensemble et aussi la source de toutes les idées particulières, modèles des différents êtres. A la manière stoïcienne. le Logos, comme les puissances, n’est pas seulement une idée, mais il devient une force, une loi puissante qui régit le monde, non abstraitement, mais physiquement, donc le lien qui en enchaîne les éléments et la force, l’énergie qui, tout entière en chaque partie, remplit tout, pour être la cause de tout ce qui se produit de bien dans le monde et dans l’homme. Tel est son rôle, cosmologique et physique. Au point de vue religieux, le Logos devient révélateur, et intermédiaire de culte, d’ascension vers Dieu. C’est pal’lui que les sages rendent leur culte à Dieu et, personnifié, il devient le grand prêtre, le suppliant du monde, ixé-ur t ç, . Toutefois ce rôle religieux ne doit fias être exagérée. « De tous les passages où le terme bLè’zr l ç, est appliqué au Logos, on n’en trouve qu’un où soit exprimé une idée de médiation ; encore s’agit-il d’un être intermédiaire, remplissant une fonction cosmologique cuire Dieu et le monde, el non d’un médiateur, réconciliant Dieu et les hommes. » I.cbrclon. Les origines du doyme de lu Trinité, Paris, 1919, p. 578-57’J. I.e point le plus délicat a élucider dans la théologie de Philon est de savoir si le Logos est un intermédiaire réel ou une abstraction personnifiée ? Les auteurs sont en désaccord sur la réponse a faire à cette question. Le P. Lagrange tendrait plutôt a admettre le caractère réel de l’intermédiaire, a cause de son identification avec l’Ange de Jahvé. Revue biblique, 1910, p. 590 ; le I’. Lebreton, penche visiblement pour L’abstraction personnifiée, "P. « 7., p. 229-235 ; M. Tixeront reconnaît que la pensée <UPhilon est volontairement imprécise, et qu’on se tromperai ! en disant que le LogOS est une personne concrète, mais qu’on exagérerait en disant qu’il est une pure abstraction. Quoi qu’il en soit, la concep lion philonienne du Logos, ne saurait être assimilée a ta conception chrétienne du Verbe Incarné, dont la personnalité vivante unit réellement dans le même sujet les dru infiniment distants, Dieu et l’homme. Aussi bien, seule l’œuvre divine de l’incarnation pouvait-elle olïrir à l’intelligence humaine une solution nette et précise. La pensée chrétienne comme celle de Philon se propose un but identique : l’union à Dieu. Philon prétend y parvenir par le Logos, et pour cela, il le conçoit intermédiaire entre Dieu et l’homme, et il l’imagine si grand que le Logos puisse remplir la distance infinie qui sépare ces deux termes et les faire toucher l’un à l’autre, comme dit Philon lui-même, « par leurs extrémités ►. Mais ce n’est là qu’une imagination : si la distance est infinie, quel intermédiaire pourra la combler ? S’il est Dieu, il nous est inaccessible ; s’il est créature, Dieu demeure hors de son atteinte. Philon ne peut résoudre la difficulté : il l’esquive en disant que le Logos n’est « ni incréé, connue Dieu, ni créé comme nous ». Qu’est-il donc ? La révélation chrétienne nous apporte la réponse : elle va rassembler sur un seul et même être toutes les données éparses dans l’Ancien Testament et dans la théologie juive. L’intermédiaire entre Dieu et l’homme pour toucher à ces deux termes par leurs extrémités, sera Dieu et homme. Le Christ Jésus nous apparaîtra, réunissant dans l’unité de sa personne, la divinité et l’humanité. Au lieu d’un Logos qui ne peut se définir que par des abstractions et qui n’a aucun point de contact avec le’Messie promis par Dieu a Israël, Jésus-Christ, Verbe incarné. Fils éternel du Père, parlera dans l’Évangile comme Dieu et comme homme. Il manifestera, dans son unique personne, la vie du Verbe et la vie du Messie, réalisant ainsi en lui-même concrètement les deux notions que la révélation de l’Ancien Testament avait fait connaître aux hommes, sans néanmoins leur en dévoiler encore la mystérieuse affinité.


II. JÉSUS-CHRIST ET LES DOCUMENTS DE L’AGE apostolique.


I. Considérations préliminaires.
II..Manifestation humaine de.lesusChrist (col. 1140).
III. Manifestation messianique et divine de Jésus-Christ (col. 1172).

I. Considérations préliminaihl.s. — 1° Les sources. — C’est à dessein que nous —, oulons restreindre, dans cette étude théologique, nos sources aux écrits inspirés du Nouveau Testament. Outre que le caractère même de l’étude nous y invite, le peu d’utilité des autres sources nous dispenserait d’y recourir. 1. Sans doute, les documents d’origine non chrétienne, les témoignages de Josèphe, Ant. jud., XVIII, m, 3 ; XX. ix, 1 (le second seul est certainement authentique) ; de Pline le jeune, Epist., t. X, xcvn ; de Tacite, Annal., xv, 44 ; de Suétone. Vita Claudii, xxv ; les traits satiriques de l’épicurien Lucien à l’adresse du « sophiste crucifié i, dans son ouvrage, La mort de Pérégrin ; le pamphlet de Celsc, dont Origène nous a conservé de nombreux extraits, ont une valeur incontestable pour attester ou confirmer le fait de l’existence de Jésus-Christ ; mais ils ne nous apportent aucun fait nouveau digne de retenir notre attention. Voir ces textes dans Kireh, Enehiridion fontium historiée ecclesiastica antiques, n. 5-7 ; 22-24 ; 28 ; 31 : 33-34. Sur l’ensemble de ces lestes, Kurt Llnck, De anliquisstmis veterum quæ ml Jesum Nazarenum spectant testtmontis, dans Religtonsgeschichtliche Versuche mut Vorarbetten, (iiessen, in :  ;, t. i. rase. 1. Sur les témoignages de Josèphe : Bohle, Flavius Josephus ûber Christus und <lic Cliristen, Brlxen, 1896 ; et spécialement sur l’authenticité du preti i ici. M. I’.ni kitt, JoSepltUS and Christ, mémoire publie dans les Actes du l F’congrès international <f Histoire des rehgions tenu à Leide fTheologisch Tljdschrlft, 1913), p. Fiant ; a. Eiarnack, ihr jiidtsche Geschichlschretber Josephus und Jésus christus, dans Internationale Monatschrifi fiir wissenscha/t. Kunsi und Teknik, 1913, t. vu. p. 1037 sq. ; el F. liâmes, The contemporaru Revtew, janvier mil, contre l’authenticité, Mur Battffol, i-e silence (hJosèphe ; dans Orpheus ei V Évangile, Paris, 1910, p. 1-24.