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    1. IISIITI##


IISIITI.S. THÉOLOGIE ASCÉTIQUE. PRATIQUES

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mulli nonumbuluntes sed saltantes in via De/, postquam mullum temporis vitæ suæ conlemplationi dederunl, vacui rirtulibus inveniuntur… sed super arenam (abncarunt.

2° Un autre procédé, qui trouve son application dans les exercices de piété comme dans les œuvres de zèle, l’est de ne compter sur le secours de Dieu qu’après avoir fait ce qui dépend de soi, sous l’influence de cette grâce initiale qui ne fait jamais défaut. On peut dire que tonte la spiritualité de saint Ignace est dominée par ce principe : Facienli quod in se est Deus non denegat graliam ! Qu’il s’agisse de combattre des habitudes mauvaises ou d’avancer dans la perfection, il prescrit avec insistance l’usage de l’examen particulier, ce moyen par excellence d’intensifier l’effort de l’homme en le concentrant et en le régularisant. A qui veut recevoir les lumières du ciel et les excitations de la grâce, il ne dit pas de se tenir dans une expectative béate, U ne conseille pas d’attendre Dieu, d’écouter Dieu, de laisser faire Dieu ; il recommande de se disposer à cette intervention divine, en faisant tout ce qui dépend de lui, comme si Dieu ne devait rien faire ; il i appelle que le meilleur moyen d’obtenir les grâces que nous voulons, c’est d’utiliser les grâces que nous avons. Exerccre se, disponere se, adjuvarc se, voilà les conseils qu’il donne au début des Exercices. Avec saint Augustin, il sait que Dieu n’aide d’ordinaire que ceux qui s’aident eux-mêmes, et il semble constamment nous jeter cette consigne du bon sens chrétien : Aide-loi et le ciel t’aidera. Mais quand Dieu daigne récompenser des efforts généreux et persévérants, soit en faisant briller quelque lumière devant l’intelligence, soit en accordant quelque consolation au cœur, soit en excitant quelque bon mouvement dans la volonté, saint Ignace veut qu’on s’arrête pour recueillir ces lumières et savourer ces consolations aussi longtemps qu’elles dureront. C’est en ce sens, mais uniquement en ce sens, qu’il faut écouter Dieu et laisser faire 1 >icu dans la prière.

> Un troisième procédé, plus important et non moins caractéristique que les précédents, c’est de ramener tout le travail de la perfection à l’imitation de Jésus-Christ. On sait que dans les Exercices saint Ignace ne procède ni par dissertations ni par exhortations ; immédiatement après les purifications du début, il conduit son disciple à l’école de Jésus-Christ, pour ne plus l’en laisser sortir. Il lui indique le moyen le plus simple, le plus pénétrant et le plus fructueux de contempler et d’étudier ce divin exemplaire, mais il se garde bien de faire lui-même cette étude à sa place, il se conforme le premier au conseil qu’il donne à tout directeuj d’âmes, de ne pas s’interposer entre le Créateur et lu créature. Il l’arrête successivement devant chacun des giands mystères de la vie et de la passion de Notrc-Seigneur ; il lui conseille de contempler les personnes, d’écouter les paroles, de considérer les actions, puis de s’appliquer à lui-même les réflexions qu’il fera ou que l’Esprit Saint lui suggérera, de s’arrêter le plus possible aux sentiments que lui inspirera cette considération, enfin de tirer de toul cela quelque fruit pour son avancement spirituel. Inspice et fac secundum excmplar quod libi in monte monslratum est, semble-t-il lui dire ; puis il le laisse à son initiative et à sa générosité, il l’abandonne en toute confiance à l’action de la g) âce.

On s’est demandé si, au lieu de faire contempler ainsi les scènes évangéliques, il ne sciait pas préféi able de faire contempler ce qu’on a appelé r Intel leur de Notre-Seigneur, c’est à-dire évidemment le principe <|ui le tait agir ci les sentiments qui raniment vis de son Père, vis-à-vis des hommes et de toutes les créatures. Autant que personne, saint Ignace étall persuadé que la vraie contemplation « loi t

aller jusqu’à l’intime de Notre-Seigneur et pénétrer jusqu’à son divin Cœur ; il fait demander constamment cognitionem intimamDomini qui pro me faclus est homo ; mais il a pensé que rien ne nous révèle l’Intérieur de Jésus comme les mystères de sa vie, et que c’est précisément pour nous aider à découvrir les sentiments de son âme que Jésus a voulu pratiquer en quelque sorte sous nos yeux, toutes ces vertus qui en sont la manifestation sensible. Nous ne sommes pas des anges, et c’est par les sens que s’alimente régulièrement notre vie intellectuelle.

III. Les Pratiques.

Aux pratiques de piété déjà en usage dans l’Église, la Compagnie de Jésus en ajouta un certain nombre d’autres, dont quelques-unes, avant surtout d’être universellement répandues, ont donné à sa spiritualité une physionomie spéciale.

Au premier rang de ces pratiques, il faut placer l’oraison mentale, l’examen de conscience et la retraite spirituelle, qui sont regardés à bon droit comme des éléments essentiels dans la spiritualité de la Compagnie. On s’accorde même à reconnaître que si ces exercices ont été adoptés de toutes parts, au cours de ces derniers siècles, l’influence de la Compagnie n’y est pas étrangère. Nous dirons bientôt un mot de cette influence.

Ce qui est certain c’est que saint Ignace a été le premier à tracer des règles précises et complètes pour faciliter l’usage et assurer le succès de ce triple exercice, et que depuis longtemps c’est à cette triple source que ses disciples vont régulièrement puiser de quoi entretenir leur vie spirituelle.

Pour être moins répandue, c’est cependant sur le même plan que ces trois pratiques spirituelles qu’il faut mettre celle de l’élection, à laquelle saint Ignace attachait une importance de premier ordre, et autour de laquelle il a tout fait converger dans son livre des Exercices. Il savait, en effet, (m’en maintes circonstances où le devoir ne s’impose pas d’une manière évidente, nous avons à prendre des déterminations et parfois des déterminations fort importantes, qu’il s’agisse de nos intérêts personnels ou des intérêts de ceux dont nous avons la charge. Mais, pour se déterminer dune façon raisonnable et surnaturelle, il faut délibérer, recourir aux lumières de la foi, aux lumières de la raison et aux lumières de l’expérience. C’est pour diriger cette délibération que l’ascète de Manrôse a tracé ces îègles d’élection, qui permettent de suivre en toute confiance le parti auquel on s’est arrêté, avec la persuasion [ondée d’être dans la voie voulue par la Providence.

L’histoire ne permet pas de passer ici sous silence la place considérable qu’occupe dans la spiritualité de la Compagnie de Jésus, le zèle qu’elle a déployé et pour la pratique de la communion et pour le culte du Sacré-Cœur. C’est ce zèle qui lui a valu tant de haine et tant d’attaques de la part du jansénisme. Depuis le P. Salmeron, un « les premiers compagnons de saint Ignace, qui développa dans ses commentaires sur l’Évangile toutes les raisons qu’on peut alléguer en faveur de la fréquente communion, jusqu’aux jésuites qui de nos jours ont préparé ou défendu les décrets de Pie X sur la communion fréquente des fidèles et la communion des enfants arrivés à l’âge de discrétion, on peut dire que la Compagnie, par ses écrivains et par ses apôtres, n’a jamais cesse de réagir contre le rigorisme qui s’opposait à l’accès de la Table sainte.

Quant au culte du Sacré-Cœur, les jésuites onl reçu, par l’intermédiaire de la sainte visitandine de Paray, la mission de le propager, et il faut reconnaître qu’ils s’j sont vaillamment employés, Par la plume, par la parole, ils onl expose, expliqué, défendu ce culte réservé à ces derniers siècles. C’est à cette dévotion qu’ils ont, semble i il. consacre la meilleure pari cl