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i ÉS1 I I I. S. LA THÉOLOG 11’. MORALE

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pires, ggmnasia, mores re/eUuntur, Homo. 1649 ; B. Duhr, Jesuiten-Fabetn, r Mit., Fribourg-en-Brisgau, 1904 ; Alex.

Brou, Les Jésuites de lu légende, Paris, 1906.

x. i. i i ; 1 1 1 ; î.i i.

III. LA THÉOLOGIE MORALE DANS LA COM-PAGNIE de Jésus. — 1. Importance de la théologie morale dans la Compagnie de Jésus (col. 1069). II. Son objet (col. 1073). III. Sa méthode (col. 107-1). IV. Sou esprit (col. 1076). V. Ses thèses caractéristiques (col. 1083). VI. Ses principaux représentants(col. 1088).

I. Importance »e la théologie morale dans la Compagnie pic Jésus. — 1° Les Jésuites et le ministère des confessions. — Four apprécier comme il convient le développement pris par la théologie morale dans la production littéraire de la Compagnie de Jésus, il faut avoir présente à l’esprit la place faite au ministère des confessions dans l’activité apostolique de l’Ordre. De par la volonté de saint Ignace, cette place est de premier rang. Non seulement le saint fondateur désire que -es religieux se confessent eux-mêmes chaque semaine au moins, Const., III, i. 11. — sxpius in hebdoniailu confiteri eonducet, dira plus tard Aquaviva, Reg. sacerd., n. 3 : InstiL, t. ii, p. 138, — mais il veut qu’entrés dans une société dont le but est le bien des âmes, ils soient toujours prêts à aider le prochain à se réconcilier avec Dieu. Cette pensée s’accuse avec relief en de nombreuses pages des documents dont l’ensemble forme Vlnslitutum. Bulles Regimini : Inslit., t. ii, p. 6 ; Cum inter cunctas, ibid., p. 12 ; Licel debitum, ibid., p. 18, etc. — Fxerc. spirit., Annotatio 18, Confessionis generalis et communionis usus, ibid., t. ii, p. 392, 396. — Examen générale, iv, 15, 22 ; v, 5 ; vi, 2. — Const., IV, proœm. A ; vui, 4 : xvi, 1 ; VII, iv, 5. — Résumant tous ces textes, la 8e règle des Prêtres s’exprime ainsi : Omnes ii quibus ex obedienlia confessiones audiendi sanctum munus commillitur, multum ad id officii studeanl, et lamquam noslri Institua valde proprium magni facianl. Instit., t. ii, p. 138 On trouvera, tant chez les polémistes protestants, entre autres J. Daillé, De sacramentali sive auriculari lulinorum conjessione, Genève, 1661, t. IV, c. ii, iii, viii, que sous la plume des jésuites eux-mêmes, par exemple Imago primi sœculi S. J., 1640, p. 369-374, des témoignages concordants sur le zèle effectif déplové dans ce sens. Cf. Dœllinger, t. i, p. 20-23.

2° L’étude de la morale à l’intérieur de la Compagnie.

— On ne pouvait insister si fort sur l’administration du sacrement de pénitence sans exiger des sujets une forte connaissance de la théologie morale et sans les mettre à même de se l’approprier. Une telle nécessité ne s’imposât-elle pas d’elle-même, saint Ignace l’eût bien aperçue au seul souvenir du jugement dont il avait été l’objet à Salamanque, en 1527, lorsque, tout en l’autorisant à continuer ses catéchismes et à donner les Exercices, on lui avait interdit de se prononcer sur la gravité des péchés, tant qu’il n’aurait pas passé quatre ans à étudier la théologie. Monum. hist., Monum. Ignatiana, ser. IV, t. i, p. 77-79. Nous ne savons à quel résultat put parvenir le saint en fait de science morale ; mais il est intéressant de noter que I.ainez, son successeur comme général, s’était acquis dans ce domaine une particulière compétence. Voir dans J. Lainez, Disputationes Tridentinæ, édit. Grisar, Inspruck, 1886, t. ii, le texte jusqu’alors inédit de plusieurs traités de morale (surtout De usura, p. 227-321, De simonia, >. 322-382), et dans Monum. hist., Lainii Monum., t. ii, p. 711, un grand nombre de consultations sur des cas de conscience. « In confessionibus, disent les Constitutions, IV, vin, 4, D, >t celer eludium scholaslicum tt casuum conscieniite, [irwsertim restitutionis, conveniet compendium aliquod casuum et censurarum quæ reser vantur, habere… ; ac brevem interrogandi meihodum de peccatis et eorum remediis ; et instruciionem ad bene ac prudentcr in Domino, sine damno suo et cum proximorum utilitale, hoc officium exercendum… » C’est en vue de ce dernier point que saint Ignace lit composer par Polanco un Direciorium brève ad con/essarii ac con/itentis nuinus reele obeundum, Couvain, 1554, premier ouvrage de morale émané de la Compagnie. Même préoccupation dans : Reg. sacerd., n. 11, InstiL. t. ii. ]>. 138 ; Ratio de 1586 dans Pachtler, Ratio sludiorum et Institutioncs sclwlasLcac in Germant » vigentes, t.n.p. 1 19 ; //is/ru(rf.d’Aquaviva, iv, n.2 ; xx. n.6, Instit.. t. ii, p. 3Il et 337 ; Congrcg.. IX, d. 8, Instit., 1. 1, p. 626 ; Circulaire du P. Centurione, 9 août 1756, Pachtler, t. iii, p. 133.

Dès l’origine deux institutions, inspirées, semble-t-il, d’une tradition des frères prêcheurs, répondent effectivement à ce souci : le cours biennal de cas de conscience pour les scolastiques théologiens et la conférence hebdomadaire de cas de conscience pour les prêtres.

1. Il y avait dans les couvents dominicains, pour les aspirants au sacerdoce qu’on ne jugeait pas à propos d’envoyer dans un studium, un enseignement de cas de conscience dont devaient profiter aussi les religieux formés. Mortier, Histoire des Maîtres généraux des Frères Prêcheurs, t. v, p. 47-48, 97, 151, 433. Déjà en 1259 le chapitre général de Valencienncs, auquel saint Thomas avait pris une part active, s’était préoccupé de la question : Si non possunt inveniri lectores sufficientes ad publiée legendum, saltem provideatur de uliquibus qui legant privalas lectiones, vel hislorias, vel 8UMMA.M de CASiBUS (vraisemblablement la Somme de saint Raymond), vel aliquod hujusmodi, ne fralres sint otiosi. Mortier, loc. cit., t. i, p. 565. Que saint Ignace ait connu ou non cette pratique dominicaine, le fait est qu’il adopta pour les siens une réglementation très semblable. Tous les sujets ne peuvent s’appliquer avec profit aux études spéculatives, mais tous doivent recevoir avant leur sacerdoce une solide formation in iis quæ ad doctrinam confessionibus utilem pertinent. Ce bagage n’est pas moins indispensable aux futurs coadjuteurs spirituels qu’à ceux qui deviendront profès. Const., IV, v, 2, D ; vin, 4, D ; xiii, 4, E. Aussi, dans le plan d’études élaboré sous les premiers généralats et consacré par le Ratio studiorum, remarque-t-on, en doublure de l’enseignement scolastique, un cours régulier de cas de conscience, dont le périodicité, d’abord variable, se fixe vite à une ou deux classes quotidiennes, durant deux ans, et dont le professeur, tout en ayant spécialement la charge de ceux qui ne font pas de théologie scolastique, ies casistx ou casuislæ, voit cependant casuistes et théologiens se réunir à certains jours sous sa chaire, l’attention soutenue par la perspective d’un examen final. Lainez, De sacrée theol. studiis, dans Monum. pivdag. S. J., p. 520-521 ; Congre g. II(1565), d.69, Instit., t. i, p. 500 ; E. Mercurian, Ordinal io de promovendis ad ordines sacras (1576), InstiL, t. ii, p. 255 ; Maldonat, Visilalio collegii Paris., (1579), Monum. pœdag., p. 715 ; Régulée provincialis, n. 56, InstiL, t.n, p. 82 : Ratio de 1586, Pachtler, t. ii, p. 7X-79. 119-124 ; Ratio de 1599, Requise pi ovincialis, n. 9 § 1, 12, 19 g 4, Pachtler, t. ii, p. 236 sq. ; InstiL, t. ii, p. 171 sq. ; Congrcg. VII (1615), d. 33, ibid., 1. 1, p. 598 ; Congreg. XIII (1687), d. 16, ibid., t. i, p. 066 ; divers autres documents dans Pachtler, t. iii, p. 133, 179, 187, 193,

.-)3, 391, 443.

2. I.a conférence des cas de conscience est née du besoin d’entretenir chez les prêtres cette science de la morale a laquelle les supérieurs de l’ordre tiennent tant. On la voit fonctionner de très lionne heure, même dans les maisons les moins nombreuses, tantôt tous les