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    1. JÉSUITES##


JÉSUITES. VUE D’ENSEMBLE DU MOUVEMENT DOCTRINAL

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leurs aines. Sous cet aspect, et en ce sens, le second siècle est, par rapport au premier, une période d’assimilation. C’est aussi une période de vulgarisation. On veut éviter les redites et les pertes de temps qu’entraînait le mélange des questions théologiques et des questions philosophiques dans la Somme de saint Thomas ; K-s longs commentaires et les Disputationes de large envergure font place à des compositions où l’on vise beaucoup plus à la brièveté, à la clarté, à l’ordre logique et a la valeur relative des questions pour l’époque et pour les pays. De là viennent les abrégés de toute sorte : Manuels ou Cours, présentés sous ce titre ou sous d’autres équivalents : Traclalus theologici, Instilutiones théologies ?, Theologia, soit simplement, soit avec des épithètes qui déterminent le genre spécial, parfois un peu encyclopédique, de ces cours, par exemple celui des jésuites de Wurzbourg, intitulé Theologia dogmatica, polemica, scholastica et moralis et honoré de cet éloge : ’Omnium finis et digna corona », par le P. Christ. Pesch, Prmlection. es dogmaticæ, t. i. n. 54.

Les auteurs sont de toute nationalité : Italiens, comme Sl’orza I’allavicini, Home. 1628, ete ; Dominique Viva, Padoue, 1712. Espagnols : Martin de Esparza Artiada, Home, 1662 ; Jean-Baptiste Gormaz, Augsbourg, 1707 ; Jean l’Iloa, Augsbourg, 1719 ; Jean Morin, Vienne, 1720 ; Jean-Baptiste Gêner, Home, 1767. Allemands : Christophe Ilaunold, Ingolstadt, 1659-1670 ; Antoine Liber, Vienne, 1747 ; Jos. Monscheim, Dilligen, 1703 ; Antoine Mayr, Ingolstadt, 1729 ; Henri Kilner et autres auteurs de la Theologia dogmatica polemica, scholastica et moralis, Wurzbourg, 1700. Français : Georges de Rhodes, Lyon, 1061 ; Edmond Simonnet, Nancy, 1721 ; Paul-Gabriel Antoine, Pont-à-Mousson, 1723. Belges, comme Jacques Platel, Douai, 1661. Anglais, comme Thomas O.ompton ou Carleton, Liège, 1658, 1662,

A coié des cours complets, les traités particuliers se multiplient en très grand nombre. Certains ont attiré l’attention par le nom de leurs auteurs ou l’originalité de leurs vues, comme VJEnigma sacrum et la Yita abscondiia, Home. 1717. 1728, de l’espagnol Alvare Cienfuegos, professeur au Collège romain, puis cardinal en 172( ». Voir t. n. col. 2511. D’autres ont leur place dans l’histoire des dogmes par l’in lluence exercée, comme l’ouvrage classique du sicilien lienoit Plazza, Causa immaculatæ conceptionis sanctisstmse Matris Dei Mariée, Palerme, 1717.

D’une façon plus générale, la mariologie traitée

avec prédilection par le bienheureux Pierre Canisius,

Suarez et autres grands théologiens, continue à se

développer avec une richesse dont on peut se faire une idée en jetant un coup d’cail sur le répertoire spécial du P. Sonunervogel, Bibliotheca Muriana de la Compagnie de Jésus, Paris, i.xii.").

La philosophie se présente à peu pics dans les même conditions que la théologie scolastlque. Des nombreux cours et traités, des nombreuses éludes sur

les philosophes anciens, des nombreux commentaires sur leurs écrits qu’on trouve signalé* dans la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t., col. 521-26, 15, beaucoup sont de l’époque présente : mais très peu SOrtent du commun. Au moins est-il juste d’en relever quelques-uns : en Italie, Sylvestre Maurus, Aristolelis opéra quæ exstani omnia bien paraphrasi, ac litteræ perpetuo inhserente explicaiione illuslrata, Rome, 1668 ; en Espagne, Louis de Lossada, Cursus philosophicus regalis collegii Salmanticensis, Sala manque, 1724, 1730, 1735 ; en Allemagne, Jean-Baptiste Tolomei, créé cardinal en 1712, Philosophia mentis etsensuumsecundum utramque Aristolelis metho iium pertractala, ihetaphgslce et empirtee, Augsbourg. Antoine Mayr, Philosophia pertpatettca anti quorum prineipiis et recentiorum experimentis confirmata, Ingolstadt, 1739.

Un fait plus important se rapporte à cette époque : l’apparition de la philosophie nouvelle avec les « Essais » de Descartes, 1037, etc. Cette philosophie nouvelle compta parmi ses principaux adversaires deux jésuites français : Pierre Bourdin (| 1653), septième objection ou dissertation touchant la philosophie première, et Gabriel Daniel, Voyage du monde de Descartes, Paris, 1090. Quoi qu’il en soit des cas particuliers, comme celui du P. Yves André, l’ordre dans son ensemble ne pouvait avoir qu’une attitude d’hostilité à l’égard d’un système dont les principes étaient en contradiction manifeste avec ceux de la philosophie péripatéticienne et thomiste. Sur la demande de la XIV’Congrégation générale, le P. Michel-Ange Tamburini. nommé général le 31 janvier 1706, fit un catalogue de trente propositions cartésiennes dont renseignement était prohibé dans les chaires de la Compagnie. Voir C. de Rocheniontcix, Le Collège Henri I Y de La Flèche, 1. 1, p. 60-89, Le Mans, 1889.

Si les écrivains jésuites de cette période cèdent la palme en plusieurs points à leurs grands aînés, en d’autres pourtant ils la leur disputent. Dans le champ du droit canonique, des commentateurs plus nombreux et de plus grand renom apparaissent, comme Henri Pirhing, Dillingen, 1071 ; Jacques Wiestner, Ingolstadt, 1717 ; François Schmalzgrueber, Ingolstadt, 1728 ; Joseph Biner, Augsbourg. 1754. A la seconde moitié du xvir siècle, appartiennent la plupart des nombreux ouvrages du P. Philippe Labbe, et spécialement la collection des conciles généraux et particuliers de France, qu’il publia en collaboration avec le P. Gabriel Cossart ; ouvrage considérable, dont une nouvelle édition fut donnée en 17Il par le P. Jean Hardouin, sur l’ordre de l’Assemblée du Clergé de France de 1085. Des travaux semblables furent publiés pour l’Allemagne, par Joseph Hartzheim, Cologne, 175963, et pour la Hongrie, par Charles PeterITv, Vienne, 1700-09.

Les études palristiques ne sont plus illustrées par un Pelau, mais le mouvement dont ce grand homme cl ses contemporains avaient été les initiateurs, se développe ; et bien qu’à cette époque les principaux représentants de la grande érudition palristique et ecclésiastique se rencontrent parmi lés bénédictins de France, la Compagnie de Jésus présente des noms dignes d’être associes aux leurs ; tels, en dehors de Philippe Labbe déjà mentionné, les PP. Pierre PoUS-Sines, Pierre François (’Juillet et Jean (iarnier. lui Italie, Sforza Pallavicini, professeur au Collège romain et cardinal en 1650, s’immortalise par son Isloria ilel Concilio ili Trento, Home. 1656. Enfin de nombreuses éludes de détail sur la vie, les écrits et la doctrine des saints Pères ou sur des faits Importants de l’histoire de l’Église sont provoquées, comme on le verra plus loin, par les controverses de l’époque, surtout le jansénisme et le gallicanisme.

Tout cet ensemble de travaux témoigne assurément d’une grande activité littéraire. Gênée pendant la période d’attaques et de persécutions que traversa l’ordre sous les pontificats de Clément Xlll et de Clément IY, cette activité n’en continua pas moins

jusqu’à l’heure de la suppression, en 1773, comme

l’attestent les multiples ouvrages publiés encore peu danl le quarl de siècle qui précéda ce i riste événement. Alors même brilla en Italie un homme d’une érudition et d’une fécondité merveilleuse, François Antoine Zaccaria tt 177.’)). doublement remarquable, et par

ses travaux personnels, nombreux et variés, et par son

Thésaurus theologicus, Venise, 1762, précieux recueil

d’études spéciales, empruntées aux meilleurs théologiens de son siècle ou des siècles antérieurs.