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émettant dos nouveautés moins propres à fortifier cette doctrine qu’à l’obscurcir et à en fausser le vrai sens. Voir J. M. Prat. Histoire du I’. Ribadeneira, Taris. 1862, p. 167.

Au catalogue dont nous venons de parler, le P. Piceolomini joignit diverses prescriptions d’ordre pratique. Pour éviter les pertes île temps et les difficultés causées par le manque d’ordre, les professeurs devraient s’en tenir à la distribution des matières contenues dans le Ratio studiorum et aux questions traitées par l’auteur dont ils se servaient comme texte. On devrait éviter de revenir en théologie sur ce qui aurait été vu en philosophie, et. réciproquement, s’abstenir en philosophie d’empiéter sur le domaine de la théologie. En vue de mieux assurer l’uniformité de doctrine, des principes étaient posés pour déterminer ce que, en cas de conflit entre les professeurs et le préfet des études. il fallait considérer comme nouveauté et, à ce titre, rejeter. Enfin, un catalogue ou elenchus quæstionum était proposé, indiquant ce qu’il fallait traiter dans les diverses parties de la Somme théologique, en conservant le même ordre. L’expérience avait déjà montré combien il était difficile de composer un document de ce genre qui pût jouir d’une valeur universelle et permanente ; elle le montra de nouveau, car peu de temps après, en 1682, on demandait déjà dans la XII* Congrégation générale, décret 56, n. 3, la rédaction d’un nouvel Elenchus qui fût mieux au point : Xovus et accuratior index fiai.

2° Le nouveau Ratio studiorum, 1832. — Pendant l’espace de temps qui s’écoula ensuite jusqu’à la suppression de la Compagnie de Jésus par Clément XIV, en 1773, lien de substantiel ne fut ajouté aux règles et ordonnances fixées jusqu’alors. La doctrine commune de l’ordre resta, en philosophie, celle d’Aristote et, en théologie, celle de saint Thomas. Ce qui n’excluait pas le souci d’une certaine adaptation consistant à présenter l’ancienne doctrine d’une manière plus appropriée aux besoins du temps.

Quand, après un demi-siècle de suppression, la Compagnie de Jésus eut été rétablie dans le monde entier par Pie VII, en 1814, l’un des principaux soucis de ses chefs fut de réorganiser les études. Tous se rendaient compte de la nécessité qui s’imposait de mettre l’ancien Ratio en harmonie avec les exigences des temps nouveaux. Agréé et demandé par la XXe Congrégation générale, en 1820. le travail de révision commença sous le généralat du R. P. Fortis et s’acheva sous celui du R. P. Jean Roothan. Envoyé à la Compagnie avec une lettre-préface, datée du 25 juillet 1832, l’ouvrage fut examiné dans la XXII Congrégation générale : sous réserve d’une révision finale où l’on tiendrait compte des observations déjà faites ou qui pourraient encore être faites, le Père général fut autorisé à promulguer le nouveau Ratio, désormais obligatoire. Institution Soc Jesu, Florence, 1892, t. iii, p. 158.

Les modifications introduites dans ce code scolaire sont en dehors de notre sujet ; on n’y trouve aucun changement substantiel ni même notable dans les prescriptions relatives à l’enseignement de la théologie et de la philosophie ; la chose est visible à l’œil nu quand on examine le rapprochement des deux textes fait par le P. Pachtler, op. cit., t. ii, p. 234 sq. S’il va dc-ci de-la quelques recommandations nouvelles, elles sont d’ordre pratique, comme d’éviter de perdre le temps dans des questions inutiles afin d’étudier plus à fond les problèmes importants que des erreurs nouvelles soulèvent, ou de donner davantage, en philosophie, a l’étude des Sciences positives, physiques et mathématiques. De même, dans les Congrégations générales de la nouvelle Compagnie, on rencontre bien des prescriptions ou des résolutions d’ordre discipli naire pour l’organisation des études ou le développement de certaines sciences devenues plus importantes, comme le droit canonique, la patrologie, l’archéologie, la liturgie, la critique historique, les langues orientales et autres sciences dont l’élude ( st recommandée, comme propre à mieux expliquer et défendre les dogmes eux-mêmes. Congrég. XXV, en 1906, décr. 12, n. 5 ; mais rien de nouveau quant aux principes directeurs de l’enseignement théologique ou philosophique. La XXIe Congrégation générale, en 1829, prescrit de maintenir la théologie scolastique ; la XXII’". en 1859, de conserver la forme syllogistique et l’usage du latin ou d’y revenir, là OÙ l’usage serait tombé en désuétude. Deux documents méritent d’être mentionnés à part.

VI. Les récentes directives.

1° Le bref a Gravissime Nos » de Léon XIII, 1892. — L’encyclique ^Elerni Palris publiée par Léon XIII le 1 août 1879, en vue de restaurer dans toutes les écoles catholiques la philosophie chrétienne d’après saint Thomas d’Aquin, ne pouvait que renforcer et accentuer dans la Compagnie de Jésus, le mouvement de réaction thomiste, que plusieurs de ses membres, les Kleutgen, les Schrader, les Cornoldi, les Liberatore et autres avaient secondé ou même provoqué. L’ordre tout entier représenté par la XXIIIe Congrégation générale, réunie en 1883, tint à protester, décret 15, d’une façon officielle et solennelle, de sa pleine adhésion à la direction donnée à l’Église par son chef. L’assemblée renouvela, en recommandant de les observer avec le plus grand soin, les prescriptions contenues dans les Constitutions et dans les décrets de la Ve Congrégation générale, d’après lesquelles les nôtres doivent regarder saint Thomas comme leur docteur propre et le suivre en théologie scolastique. Elle renouvela également l’obligation, énoncée dans le décret 36 de la XVIe Congrégation et le décret 13 de la XVIIe, de s’en tenir à la philosophie scolastique comme préparation la meilleure aux études théologiques. Les professeurs de physique expérimentale devaient tenir compte de ces décrets et ne rien affirmer qui fût en contradiction avec le système scolastique sur les principes et la composition intrinsèque des corps. En même temps, pour favoriser l’union et la concorde des esprits, la Congrégation avertissait tout le monde, professeurs et étudiants de théologie ou philosophie, d’éviter une confiance excessive en leur propre jugement et de ne pas enseigner témérairement ou à la légère, comme vraie et légitime doctrine de saint Thomas, des interprétations nouvelles et purement subjectives, mais bien plutôt d’estimer beaucoup et de consulter avec soin les excellents docteurs de la Compagnie, loués et approuvés dans l’Eglise ; docteurs qui ont mérité d’être recommandés par les pontifes romains et par des hommes d’une très grande érudition, comme des disciples de saint Thomas, très attachés à ce maître, comme de sages interprètes et même comme des lumières de la sainte Eglise. Décret 18.

Léon XIII allait bientôt confirmer d’une façon notable l’ensemble de ces recommandations par le bref Gravissime Sus, adressé au général dela Compagnie de Jésus, le 30 décembre 1892, Le titre même de ce document en indique l’objet général : Lilleræ nposlolicæ quibus constitutiones Societatis Jesu île doclrina S. Thomas Aquinalis profllendaconfirmantur. Léon I II rappelait sou désir de restaurer dans les écoles catholiques la philosophie de saint Thomas d’Aquin et la demande de collaboration que, pour réaliser ce projet, il avait adresséeau ordres religieux. Dans le dessein de mieux assurere ! de régler d’une façon plus précise l’aide qu’il désirait obtenuet qu’il attendait de la Compagnie de Jésus eu particulier, il rappelait tous OCUmentS contenus dans les Constitutions de saint