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[SIDORE DE l’I-.l.l SE SAINT

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d’une pari l’immixtion du pouvoir civil dans une question d’ordre dogmatique, et n’était pas sans connaître d’autre part les préventions de saint Cyrille, chargé de présider le concile. Les représentants de l’empereur ne ralliaient pas leur sympathie a l’égard de Nestorius. ussi l’abbé de l’eluse demanda-t-il par lettre à Tluodose le Jeune d’écarter ses représentants et d’assister lui-même à la réunion des évêques pour éviter tout danger ultérieur. Epist., 1. 321. Par contre, saint Cyrille, très anime contre Nestorius. était capable de prendre une décision nb irato. Que fait Isidore ? Très courageusement il lui écrit : La prévention ne voit pas clair ; mais l’antipathie ne voit goutte. Si donc vous voulez éviter ce double défaut, ne portez pas de sentences violentes, mais soumettez les imputations à un jugement juste et intègre… Beaucoup de ceux qui ont été convoqués à Éphèse vous accusent de poursuivre et « le venger des ressentiments personnels plutôt que de chercher avec droiture les intérêts de Jésus-Christ. Il est, disent-ils. le neveu de Théophile, il imite sa conduite. Comme l’oncle a répandu sa fureur contre l’illustre Jean, inspire et ami de Dieu, de même le neveu cherche à se faire valoir et à se glorifier, bien qu’il y ail une grande différence entre les accusés. » Epist., i. 310, P. G., t. i.x x viii, col. 361. La condamnation et la déposition de Nestorius furent suivies d’un désaccord fâcheux entre Cyrille et Jean d’Àntioche ; les esprits s’échauffaient de part et d’autre. Isidore, estimant que le patriarche d’Alexandrie montrait trop d’opiniâtreté, le conjure de ne pas tourner contre le corps de l’Église la vengeance d’une injure personnelle, de mettre un terme a ce schisme et de ne le point perpétuer sous prétexte de religion. Epist., i, 370. Mais, apprenant plus tard que Cyrille avait écrit aux Orientaux pour se réconcilier avec Jean d’Antioche, et sachant que les plus avancés du parti alexandrin étaient persuadés que leur patriarche, en acceptant le symbole d’union, avait cédé sur quelque point de doctrine, il lui écrit de nouveau : « Vous devez demeurer toujours invariable, sans trahir par crainte l’intérêt du ciel, ni paraître contraire à vous-même. Car si vous comparez ce que vous venez d’écrire avec vos écrits antérieurs, vous verrez que l’on peut vous accuser de complaisance, de légèreté OU de vaine gloire, au lieu de persister jusqu’au bout et d’imiter ces illustres champions qui ont mieux aimé passer toute leur vie loin de leur pays que de prêter seulement l’oreille à une opinion erronée. Epist., i. 32 1. col. 369.

6°.S’a mort. La reconciliation de Cyrille avec Jean d’Antioche ayant eu lieu en 433 ou 131, Isidore vivait encore à cet te date. Prolongea-t-ilsa vie jusqu’à l’époque où vint en discussion l’hérésie d’Eutychès ? Tillemont, Mémoires, t. xv, p. 1 17, el Ceillier, Histoire générale des auteurs sucrés et tccl., Paris, 1858-1868, t. xui. p. 603, croient qu’Une mourut pasavant 1 19. H est certain que,

sans nommer Butychès, Isidore a condamne a plusieurs

reprises l’erreur de ceux qui mêlaient ci confondaient

dans le Christ les deux natures OU qui ne lui en attribuaient qu’une seule. Epist., i, 102, 323, 405, 419, 416. Il est certain aussi qu’il n’a pas fait la moindre allusion auBrigandage d’Éphêse. Et dès lors, sans être certaine,

la dale de la mort d’Isidore de l’eluse, en 11’. », reste vraisemblable. Son nom a été inscrit au catalogue des saints, et sa fêle se célèbre, tant en Occident qu’en Orient, le 1 février.

11. Œuvres, i" Ouvrages supposes <m perdus. La manière de parler de læundus, Defensio Iriuin capital .il. 1. P. /… t. i.xvii, col. 573-574, n’autorise pas a rangei Isidore de l’eluse parmi les biographes de saint Jean Un vsostome, d’aillant plus qu’Isidore lui même,

sollicité » ar Symmaque de lui raconter la’tragédie « de

lean Chl 5 osloinc, répond qu’il ne le peut, que cela de

passe son esprit, el il se contente simplement de rappe ler la haine dont il fut poursuivi par Théophile d’Alexandrie et la mort en exil qui le rangea parmi les bienheureux. Epist.. i, 152.

On n’a pas plus de raison de voir un ouvrage spécial dans le II pôçlvjp’.>.}. v ;.q ue lui attribueÉvagre.W.JS., i, 15 P. G., t. lx.xxvi. col. 2464. Car ce titre s’explique suffisamment par l’ensemble des lettres adressées par l’abbé de Péluse au patriarche d’Alexandrie. D’ailleurs Isidore n’a point consacré son activité littéraire à des travaux de longue haleine, bien qu’il nous apprenne qu’il avait écrit deux traités : l’un, contre les Grecs Aoyo ; -poç "EXÀr, vaç, dans lequel il réfutait l’objection contre la Providence tirée de la prospérité des méchants et de l’épreuve des justes. Epist., ii, 137, et où il battait en brèche la mantique grecque, Epist., ii, 228 ; l’autre, qu’il qualifie de XoyîSiov, sur la non-existence du destin, r : epi toG [fi [zlva.i el(Lap(i.évi)v, Epist., ni. 253, et dont on peut regarder la lettre au sophiste Harpocras, Epist., m. 154, comme le résumé ou le sommaire. Dupin a cru que ces deux titres ne concernaient qu’un seul et même ouvrage. Nouvelle bibliolh. des auteurs eccle’s., Paris, 1693-1696, t. iv, p. 4. Tillemont se contente de dire à propos du premier : « Je ne sais si c’est le même ouvrage, qu’il appelle autre part un livre, ou plutôt un petit livre contre le Destin. » Mémoires, Paris, 1701-1709, t. xv, p. 117 S’ilen étaitainsi, on se demande pourquoi, s’adressant au même correspondant, Isidore lui aurait désigné le même traité sous deux titres différents. Quoi qu’il en soit, rien ne nous est parvenu d’Isidore sous l’un ou sous l’autre de ces titres ; mais on peut s’en faire une idée par les argu ments qu’il fait valoir sur les mêmes sujets dans plusieurs de ses lettres.

Les lettres.

1. Leur nombre. — Isidore de Péluse

est, parmi les anciens, celui don ton possède le plus grand nombre de lettres. Sa vaste correspondance semble avoir absorbé toute son activité littéraire. Elle fut recueillie de bonne heure, notamment au couvent des Ascémètes de Constantinople, dans quatre manuscrits contenant chacun 500 lettres. Nous en avons pour témoin un contemporain de l’abbé de Péluse, le comte Irénée, qui, après en avoir cité quelques unes dans sa Tragédie, s’exprime ainsi, d’après la traduction latine de l’auteur anonyme du Sgnodicon adversus Tragœdium Irenœi, i, I’. G., t.Lxxxrv, col.587 : lias omnes beati Isidori presbyteri et abbatis PelusioUc exeerpsiet transluli ex epistolis cjus duobus mtllibus, quæ siiut per quingentenas distribuer in Aceemetensis momislerii codicibus veluslissimis quatuor. Y en avait-il d’autres encore ? C’est probable. Suidas prétend qu’Isidore en écrivit trois mille sur l’interprétation de certains passages de l’Écriture, sans compter d’autres ; et Nicéphorc Calliste va jusqu’à dix mille. Quoi qu’il en soit, nous n’en possédons actuellement que 2012, et plus exactement 1997, parce que quelques-unes sont dédoublées, tandis que d’aut res sont répétées.

2. Leur découverte et leur publication. - Quoi qu’en ait prétendu l [eumann, Dissertatio de Tsidoro Pelusiota et ejus epistolis, Gc&tttngæ 1737, dont les arguments ont

été relûtes par Nicinacr, De Isidori PelUSiotSS l’ila. sr ri plis et doctrina, Halle, 1825, P. CI. i. xx vin. col. 3839. il faut les tenir pour authentiques. Elles n’ont été découvertes et publiées que peu à peu dès la fin du xvie siècle, l.e bénédictin Jacques de Hilly († 1581) en découvrit, le premier, 1213, qu’il traduisit en latin. en les faisant suivre de deux livres de remarques, le tout publié après sa mort, en trois livres : S. Isidori Pelusiotse epistolarum amplius mille ducentorum, libri très, Paris, 1585. Quelques années plus tard, lefjurisconsulte Conrad RittershU) s en trouva 230 autres dans un manuscrit de Bavière, qu’il traduisit également en latin et dont il forma le IV « livre qu’il publia avec les trois précédents : s. Isidori Pelusiotse, de intcrprelatione