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JÉRÔME (SAINT). L’ÉTERNITÉ DES PEINES


quand même un ange viendrait la contredire, elle reste Immuable, garantie qu’elle est par le témoignage de Paul : Attamen scito romanam fidem, apostolica voce laudalam, ejusmodi prwstigias non recipere ; etiamsi angélus aliter annunliel quant semel prsedicatum est, Pauli aucioritale munilam non posse mutari. » Apol. adr. libr. Rufini, 11, t. xxiii, col. 466. On a reproché à Jérôme i ce mi’il avait écrit contre Helvidius, pour défendre la perpétuelle virginité de Marie : mais est-ce que Damase, le virginal gardien de la virginité doctrinale de l’Église, a trouvé quelque chose à y reprendre ? » Epist.. xi.vm, ad Paru., 18, t. xxii, col. 508.

Nous avons parlé, col. 895, du malheureux schisme d’Antioche, où les questions de terminologie et de doctrine théologiques se mêlaient aux rivalités de personnes. On a vu comment Jérôme inclinait fortement du côté de-l’évêque Paulin et combien vivement il désirait le maintien des anciennes formules trinitaires. Néanmoins c’est de Rome qu’il attend une direction sûre et obligatoire ; et il la suivra, il le promet, quoi qu’il en puisse coûter à son amour-propre et même à sa raison. « J’ai cru, écrit-il au pape Damase, qu’il était de mon devoir de consulter la Chaire de Pierre et cette foi romaine louée par l’Apôtre ; je cherche la nourriture de mon âme là où j’ai reçu autrefois la robe du baptême. Vous êtes la lumière du monde, vous êtes le sel de la terre. Votre grandeur m’effraie, mais votre bonté m’attire. C’est au successeur du Pêcheur et au disciple de la croix que je m’adresse. Ne voulant point d’autre chef suprême que le Christ, je me tiens en communion avec votre Béatitude, c’est-à-dire avec la Chaire de Pierre, c’est sur cette pierre, je le sais, que l’Église a été bâtie : Ego nullum primum, nisi Christum, sequens, Bealitudini tuée, id est, Cathedræ Pétri, communione consocior ; super illam pelram eedifleatam Ecclesiam scio. Celui-là est un profane, qui mange l’agneau pascal hors de cette demeure. Si quelqu’un n’est pas dans l’arche de Noé, il sera submergé par le déluge, t Conséquent jusqu’au bout avec ses principes, leur immolant donc ses sympathies et opinions propres, Jérôme continue : i Je ne connais point Vital, je rejette Mélèce, j’ignore Paulin. Quiconque n’amasse pas avec nous dissipe ; quiconque n’est pas au Christ est à l’Antéchrist. » Sans doute, ce n’est pas avec joie, ce n’est pas même sans faire violence à scs sentiments intimes, qu’il accepterait l’expressiondes trois hyposlases, il le déchire d’un ton amer, presque hautain ; mais plus sa répugnance est vive, plus aussi, en la

surmontant, il reconnaîtra le principe d’autorité cl la nécessité absolue de l’obéissance. Q devrait nous suffire, poursuit-il, d’affirmer une substance et trois trois personnes subsistantes, parfaites, égales, coéternelles. il n’y a donc pas lieu, sauf votre avis, de parler de trois hypostases, mais d’une seule. » Toutefois la conclusion dernière, la résolution pratique reste toujours celle d’une soumission inconditionnelle ; < Décide / de grâce, s’il vous plaît, ci je confesserai sans crainte trois hypostases : Je supplie votre Béatitude, par le Sauveur crucifié, par la Trinité consubstantielle,

de m’adresser par écrit l’autorisation soil de luire, soil

d’employer cette formule. Epist., w, t. xxii,

col. :  ;  : >."> sq. Comme la réponse de Damase se faisait

attendre et que, de Imites parts, le solitaire de C.halcis était sollicité, tourmenté même, une nouvelle supplique, parti ! pour Rome, plus pressante encore que la première ; el elle redisait le même nommage à la

primauté : i Au milieu des trois factions qui s’clïorccut de m’at I iiei a elles, au milieu des moines qui m’entourent ei dont l’ancienneté tend à m’en imposer, je ne cesse de crier : Celui là est mon homme, qui se lient uni a la Chaire de Pierre : Ego intérim elamito : si quis

cathedra Pétri jungitur, ille meus est. C’est pourquoi je conjure votre Béatitude de nie faire savoir par une lettre avec qui je dois vivre en communion dans ces régions syriennes. Ne dédaignez pas mon âme ; leChrist est mort pour elle, i Epist., xvi, col. 358.

La ligne de conduite et de croyance qu’il avait adoptée pour lui-même et qu’il suivait fidèlement, Jérôme l’inculquait aux autres ; et cette pleine soumission de cœur et d’esprit qu’il témoignait à Damase, il la savait due au pontife romain comme tel, quel que fût son nom, quelle que fût sa personne. Traçant à Démet riade une sorte de programme ou de règle de vie à l’usage des vierges chrétiennes, il lui disait : « J’allais presque oublier ce qui estmarecommandation principale. Quand vous étiez enfant, l’évêque Anastase, d’heureuse et sainte mémoire, gouvernait l’Église romaine. Alors s’éleva des régions de l’Orient une furieuse tempête, une hérésie, qui menaçait de souiller et d’ébranler cette foi immaculée qui a été louée par l’Apôtre. Mais ce pontife, très riche dans sa pauvreté, avec une sollicitude tout apostolique, sut écraser aussitôt la tête de l’hydre pernicieuse et faire taire ses horribles sifflements. Si j’en crois mes craintes et même certaines rumeurs, les germes empoisonnés survivent en quelques personnes et tendent à se multiplier. C’est pourquoi, d’un cœur qu’anime à votre égard un sentiment de pieuse charité, je vous rappelle qu’il faut vous attacher à la foi de saint Innocent, qui, successeur et fils du pontife nommé ci-dessus, occupe la Chaire apostolique ; gardez-vous, si prudente et si avisée que vous vous estimiez, d’accueillir une doctrine étrangère, i Epist., CXXX, 16, col. 1120.

3° Affirmations ou opinions qui appellent des réserves. — 1. Malgré son application à interroger les sources de la foi. Jérôme était homme et, comme tel, sujet aux influences humaines très diverses qui conduisent à l’erreur. Laissons de côté des inexactitudes et des opinions erronées sur des questions de faits ou de détails, inexactitudes et opinions imputables en partie à la multiplicité de ses occupations ou à la précipitation avouée de plusieurs de ses travaux. Mais est-il étonnant que, même en des matières intéressant la religion et la croyance religieuse, il n’ait pas toujours saisi clairement toute la vérité, qu’en quelques cas il se soit trompé de bonne foi’.' Il s’est manifestement trompé touchant le canon des livres de l’Ancien Testament, comme on peut le voir au mot Canon, t. ii, col. 1577, 1578 : et ici on peut soupçonner la tradition juive d’avoir obscurci à ses yeux la lumière de la tradition catholique. Nous avons signalé plus haut, col. 965 sq., les incertitudes qui subsistent sur sa pensée concernant le droit divin de l’épiseopat unitaire et monarchique.

2. Éternité des peines de l’aube vie. Sa doctrine

eschalologiquc n’est pas non plus très claire ni très cohérente dans toutes ses parties : et quand on en considère l’ensemble, on est porté à en faire remonter la responsabilité à Origène : même lorsqu’il eut secoué avec celai l’autorité doctrinale de l’illustre Alexandrin, des traces d’origénisme demeurèrent peut être dans son esprit, lai présence de certains passages de ses (’(Mils, on est fondé’a se demander s’il ne doutait pas. sinon de l’éternité des peines de la vie future en gl rai. du moins de leur éternité pour les pécheurs baptisés qui n’auraient pas été saisis par la mort dans l’incrédulité, l’apostasie ou le blasphème. Pour la réponse

à celle question, il n’y a pas unanimité parmi les

théologiens et exégètes catholiques. Produisons les

principales pièces du pro< i

Dans son Commentaire sur Isole, i.xvi. 21. t. xxiv, col. 678, Jérôme parle de i ceux qui croient que les tourments îles damnés prendront fin un jour, » il rapporte les endroits de l’Écriture qu’on invoque en